Management de la distribution
192 pages
Français

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Management de la distribution , livre ebook

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Description

La distribution, un secteur lourd de l'économie nationale, est traité ici sous de multiples angles : celui des mythes et des images qui prévalent dans les discours académiques profanes, celui de l'emploi et de la diversité, celui du web et de la distribution virtuelle. Des réflexions sont conduites sur l'innovation et les nouvelles figures du client-consommateur, sur la logistique et sur les pays émergeants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296481701
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Management de la distribution
Sous la direction
de Camal Gallouj et Marie-Hélène Vigliano
Management de la distribution


L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr


ISBN : 978-2-296-56311-7
EAN : 9782296563117
Présentation
Camal GALLOUJ, Marie-Hélène VIGLIANO
La distribution est un secteur « lourd » de l’économie nationale. Pour autant, et nous y reviendrons, ce secteur reste encore trop largement sous-investi par les chercheurs en particulier en sciences de gestion 1 . Il est par exemple significatif de noter qu’il n’existe à ce jour, et sur ce champ, aucune revue académique en langue française (alors qu’on peut en compter plus d’une dizaine en langue anglaise). Dans une telle perspective, cette nouvelle livraison de « Marché et Organisations » est donc particulièrement bienvenue. En effet, ce dossier consacré spécifiquement au management de la distribution permet de montrer toute la richesse et la diversité des travaux français sur la question.
Le dossier comprend au total huit contributions originales.
Dans la contribution introductive (Camal Gallouj et Marie-Hélène Vigliano), nous revenons de manière critique sur un certain nombre de mythes et d’idées reçues concernant la distribution. Ces mythes et idées reçues peuvent, selon nous, constituer un élément d’explication de la faiblesse (quantitative) des travaux sur la distribution, tout comme ils jouent un rôle dans la faible attractivité (souvent évoquée) de ce secteur pour les jeunes diplômés.


Philippe Fache et Matthias Waelli reviennent quant à eux sur le cas de la diversité dans la grande distribution. Ils interrogent les trajectoires d’emploi et l’intégration professionnelle des femmes et des personnes handicapées et, sur cette base, tendent à nuancer l’exemplarité souvent évoquée du secteur.
Souheila Kaabachi, pour sa part, tente de montrer que la distribution reste, à l’inverse, exemplaire en matière relationnelle ; en particulier dans ses pratiques d’intégration de plus en plus poussée du client dans la stratégie et le processus d’innovation des enseignes.
Camal Gallouj, Faïz Gallouj et Marie-Hélène Vigliano considèrent la question de la performance dans le grand commerce.
Ils montrent que les approches traditionnelles en termes de productivité sont souvent inadaptées et contre-productives dans ce secteur spécifique où l’on a d’énormes difficultés à définir précisément l’output. Les auteurs appellent ainsi à la généralisation d’une approche plus diversifiée et large de la performance qui tienne compte de dimensions (relationnelles, civiques, sociales et sociétales ou encore d’innovation) qui sont encore aujourd’hui largement oubliées dans les travaux académiques.
Odile Chanut et Gilles Paché se concentrent sur les démarches de mutualisation des ressources logistiques initiées par la grande distribution. Ils analysent en détail ces démarches et s’interrogent sur la possible émergence d’un modèle invariant dans les stratégies logistiques émergentes, qui serait transversal à la grande distribution et aux réseaux contractuels (franchises en particulier).
Abdelmajid Amine revient sur la place de la distribution dans les pays émergents. L’auteur analyse de manière fine et en deux temps le phénomène de modernisation de la distribution dans ces pays. Dans un premier temps, il met en évidence les dynamiques de développement de cette distribution tout en revenant sur les freins possibles à la modernisation locale. Dans un second temps, il aborde les impacts de la grande distribution sur la filière et les pratiques de consommation locales.
Ritha Sabri et Karim Messeghem complètent le cadre général proposé par Amine en présentant une analyse détaillée d’un grand groupe de distributeur dans un pays émergent (Maroc).
Ces auteurs montrent en effet comment le groupe Marjane, en s’appuyant sur une politique efficace d’accompagnement, a su 8 créer, valoriser et développer des relations originales avec les petits producteurs locaux. Cette politique d’accompagnement a contribué en retour à améliorer très nettement la légitimité de l’enseigne dans l’environnement commercial local et national.
Enfin, Jean François Lemoine nous rappelle que les recherches en distribution intègrent désormais la question des « magasins virtuels » et que les problématiques du virtuel et du réel sont finalement très proches. Cet auteur discute le concept d’atmosphère du site web et développe un modèle démontrant l’influence de ce concept sur les réponses émotionnelles et comportementales des internautes.


1 Et ce constat est valable même si l’on élargit le champ d’analyse à des disci-plines proches comme l’économie ou encore la sociologie.
IMAGES ET FIGURES DU GRAND COMMERCE DANS LES RECHERCHES EN SHS
Camal GALLOUJ, Marie-Hélène VIGLIANO
Malgré sa contribution importante, tant à l’emploi qu’à la valeur ajoutée nationale, le grand commerce fait encore aujourd’hui figure de parent pauvre de la recherche en SHS. Plus encore, une analyse approfondie des travaux existants sur la question révèle une certaine méfiance des chercheurs vis-à-vis de ce secteur. Cette méfiance transparaît nettement au travers de la prévalence d’un certain nombre de mythes et d’images qui traversent l’essentiel des travaux en question. C’est à l’analyse de ces diverses images que nous consacrons ce court article.
Au total, on peut relever cinq images ou mythes fondateurs : l’image du secteur résiduel et parasitaire ; l’image de la faible intensité capitalistique, l’image de la faible contribution à l’innovation, l’image des « petits boulots » et enfin, l’image du secteur prédateur.

L’IMAGE DU SECTEUR RÉSIDUEL OU PARASITAIRE

L’économiste Patrick Messerlin (1982), dans son remarquable ouvrage La Révolution commerciale , note : « Si la place du commerce est aussi méconnue des Français, c’est que son rôle n’est pas compris. Les Français perçoivent le commerce comme une activité parasite de l’économie nationale. Pour eux, le commerçant ne produit rien. Il achète pour revendre, il fait des profits sans transformer les produits qui lui passent par les mains. »
L’image ou le mythe du secteur résiduel ou parasitaire, mis en avant par Messerlin n’est pas nouveau. Il trouve ses origines dans les fondations même de l’économie politique. Déjà au XVIIIe siècle, Jean-François Melon, en qualifiant les commerçants de « vendeurs de tout et faiseurs de rien », s’inscrivait très nettement dans une image négative du commerce. Cette image continue cependant d’être d’actualité auprès de certains courants de pensée économique dits « néo-industrialistes » qui considèrent que les activités industrielles sont à la base de la dynamique économique (elles sont les seules activités motrices) et qu’elles permettent une certaine expansion du tertiaire. Ainsi, encore aujourd’hui, on peut lire sur le site du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi 1 : « L’industrie est une composante importante et essentielle de l’économie française. Elle a un effet d’entraînement sur l’ensemble de l’activité économique, en particulier les services et le commerce. » Dans cette conception des choses, la distribution comme les services dans leur ensemble, pèseraient sur le fonctionnement de l’économie et ne se justifieraient que par leur capacité à maintenir l’emploi. Cette conception est régulièrement relayée par la classe politique ( cf . encadré 1).


Encadré 1 : Deux exemples de conceptions néo-industrialistes

Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’Économie, exprimait en 1998 les inquiétudes suivantes : « Personne ne peut penser qu’on puisse distribuer sans avoir produit. D’ailleurs, la gauche s’enracine dans une tradition qui est celle de la production. Notre effort doit se porter d’abord sur la production et, notamment, la production industrielle, sur la création de vrais emplois qui sont des emplois directement productifs... » ( Le Monde , 1998)

Quelques années après, Nicolas Sarkozy, lui-même ministre de l’Économie, déclarait, en s’adressant aux employés d’Alstom : « Il faut une industrie française

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