Créoles, écologie sociale, évolution linguistique
242 pages
Français

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Créoles, écologie sociale, évolution linguistique , livre ebook

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Description

Cet ouvrage, fondé sur des cours donnés au Collège de France, constitue une mise au point critique sur les travaux les plus récents de la créolistique. L'auteur vise à combattre une forme de marginalisation des études créoles qui sont, au contraire, un des lieux majeurs de l'avancée des sciences du langages. En effet la créolistique génétique nous montre comment des parlers nouveaux se forment et contribuent à la diversification langagière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2005
Nombre de lectures 178
EAN13 9782336281841
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Langues et développement
Dirigée par Robert Chaudenson
La collection Langues et développement a été créée en 1988 par Robert Chaudenson dans le cadre d’un programme de recherche intitulé Langues africaines, français et développement dans l’espace francophone . Ce programme LAFDEF a permis la publication de nombreux ouvrages, réalisés le plus souvent par des chercheurs du Nord et du Sud, engagés dans les projets ainsi financés. L’idée, clairement mise en lumière par le titre même de la collection, est que le développement, quelle que soit l’épithète qu’on lui accole (exogène, endogène, auto-centré, durable, etc.), passe inévitablement par l’élaboration, la compréhension et la transmission de messages efficaces et adaptés, quel que soit le domaine concerné (éducation, santé, vulgarisation agricole, etc.). Ce fait montre toute l’importance des modes et des canaux de communication, c’est-à-dire des langues. On peut donc dire que le développement dépend, pour une bonne part, d’une connaissance précise et d’une gestion éclairée des situations linguistiques.
Déjà parus dans la même collection
Chaudenson Robert (éd.), L’Europe parlera-t-elle anglais demain  ? 2001.
Chaudenson Robert et Calvet Louis-Jean (éds.), Les langues dans l’espace francophone : de la coexistence au partenariat , 2001.
Tirvassen Rada (éd.), Ecole et plurilinguisme dans le Sud-Ouest de l’océan Indien , 2002.
Carpooran Arnaud, Ile Maurice : des langues et des lois , 2002.
Chaudenson Robert, La créolisation : théorie, applications, implications , 2003
Ndaywel E N’Ziem Isidore, Les langues africaines et créoles face à leur avenir , 2003.
Rakotomalala Dorothée, Le partenariat des langues dans l’espace francophone  : descriptian, analyse, gestion , 2004.
Kube Sabine, La francophonie vécue en Côte d’Ivoire , 2004.
Créoles, écologie sociale, évolution linguistique
Cours donnés au collège de France durant l'automne 2003

Salikoko S. Mufwene
www.librairieharmattan.com e-mail : harmattanl@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747591188
EAN : 9782747591188
A tous mes collègues francophones, surtout les plus défavorisés, et à ceux qui sont privés de la plateforme d’expression dont je dispose
Sommaire
Collection Langues et développement - Dirigée par Robert Chaudenson Page de titre Page de Copyright Dedicace Table des Figures AVANT-PROPOS - POURQUOI CE LIVRE ? CHAPITRE 1 - QUELQUES MYTHES ET FAITS SUR LES CRÉOLES — UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE CHAPITRE 2 - QUELQUES MYTHES ET FAITS SUR LES CRÉOLES — UNE PERSPECTIVE NOTIONNELLE CHAPITRE 3 - L’HISTOIRE DES LANGUES DU MONDE À LA LUMIERE DE CELLE DES CRÉOLES CHAPITRE 4 - LA MORT DES LANGUES : LEÇONS DES TERRITOIRES CRÉOLOPHONES CHAPITRE 5 - EN CONCLUSION — HALTE A LA MARGINALISATION DES ETUDES ET DES VERNACULAIRES CREOLES BIBLIOGRAPHIE INDEX AGENCE INTERGOUVERNEMENTALE DE LA FRANCOPHONIE
Table des Figures
Figure 1
AVANT-PROPOS
POURQUOI CE LIVRE ?
En linguistique le statut des parlers créoles et des pidgins 1 demeure ambivalent jusqu’à aujourd’hui. Bien que ceux-ci soient reconnus comme langues, ils sont considérés par beaucoup de linguistes comme moins naturels, voire anormaux au regard des autres variétés langagières. Parce que, selon la doctrine reçue, ces vernaculaires seraient presque les seuls à être dérivés des contacts de langues, leur développement apparaît aux yeux de ces chercheurs comme nécessitant une explication toute particulière, pour ne pas dire exceptionnelle. Minoritaires par rapport au nombre des langues parlées dans le monde (plus ou moins 150 par rapport à un total d’approximativement 6000-7000 langues 2 ), ces parlers sont souvent traités comme étant de peu de pertinence pour la recherche linguistique dominante, surtout pour les études « formelles » ou « théoriques » telles que la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. Ainsi des faits intéressants attestés parmi leurs structures, telles que les « séries verbales » ou encore le clivage du prédicat, sont moins cités dans la recherche en « linguistique théorique », à moins qu’ils aient été étudiés indépendamment dans d’autres langues

Une des raisons principales de cet état de fait est que les créolistes — c’est-à-dire ceux qui étudient le développement et/ou les propriétés structurelles des créoles ou des pidgins — soulignent rarement la pertinence de leurs analyses pour la linguistique générale et ses débats théoriques actuels. Rares sont les travaux, surtout ceux qui traitent de l’évolution linguistique, qui établissent un rapport entre la créolistique et la linguistique historique et/ou la linguistique génétique. Cette omission est d’autant plus frappante que, tout comme la linguistique génétique, ce que j’appelle la créolistique génétique (Mufwene 2001) nous montre comment des parlers nouveaux se forment et contribuent à la diversification langagière. Une autre raison importante du peu d’intérêt général pour les hypothèses sur les structures et l’évolution des parlers créoles tient au fait que leur statut scientifique reste « minoré », comme si on pouvait tout aussi bien exclure la créolistique de la linguistique sans avoir à en subir de graves conséquences quant à notre connaissance des langues du monde ou du langage humain.

D’autre part, certains linguistes tels que Bickerton (1990) et McWhorter (2001) prétendent que les créoles et les pidgins peuvent, d’une part, nous instruire sur l’origine du langage dans l’espèce humaine et, d’autre part, nous montrer comment une langue pourrait se reconstruire en un parler nouveau une fois qu’elle se serait « pulvérisée » au point où on ne pourrait ni la reconnaître ni l’utiliser. Les parlers créoles et pidgins nous donneraient donc, selon eux, une idée de l’origine rudimentaire des langues modernes non-créoles et non-pidgins. Ils nous renseigneraient ainsi sur l’infrastructure fondamentale d’une langue humaine. Cette infrastructure aurait donc la capacité de survivre à ladite « pulvérisation » d’une langue, déjà bien développée au moment où elle était mise à la disposition de ceux qui l’ont transformée. Ainsi, depuis Bloomfield (1933), les structures des créoles ont même été comparées à celles innovées par des enfants pendant la phase du langage enfantin. Cette hypothèse a donc suggéré particulièrement à Bloomfield, ainsi qu’à Bickerton et McWhorter (parmi beaucoup d’autres créolistes), que les créoles auraient été développés par les enfants, par opposition à leurs parents qui auraient produit seulement des pidgins. Selon Bickerton (1990), ces derniers n’auraient pas de structures et ne seraient pas viables comme langues, surtout pas comme vernaculaires, ce qui aurait incité les enfants dans ces situations de contact à les transformer en systèmes identifiables comme des créoles.

Tous ces propos soulèvent des questions sur la spécificité tant des situations où se sont développés les créoles et les pidgins que sur la capacité mentale de leurs « créateurs. » Encore faut-il commencer par nous interroger sur les structures des créoles et des pidgins. Y a-t-il des structures particulièrement « créoles » ? Est-il vrai que les pidgins n’ont pas de syntaxe et représentent un état « chaotique » des langues dont ils sont issus ? Peut-on identifier un parler comme « créole » ou comme « pidgin » seulement sur la base de ses structures ou de son « manque de structure » ? Les systèmes dits « créoles » sont-ils vraiment rudimentaires ? N’y a-t-il pas d’autres langues qui ont des structures semblables ? Si c’est le cas, ces langues auraient-elles la même genèse que les créoles ? Au fond, en quoi les autres langues qui ne partageraient pas la genèse et les structures associées aux créoles se distingueraient-elles de ceux-ci ?

C’est à toutes ces questions et à bien d’autres encore que je m’attelle dans ce livre. Je questionne et vérifie dans quelle mesure certaines des affirmations faites par les linguistes sur les parlers créoles et pidgins sont fondées, y compris celle disant que les créoles se seraient développés à partir d’ancêtres pidgins. Je montre quels aspects de ces analyses ne sont pas corroborés par l’

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