Après la révolution du capital
269 pages
Français

Après la révolution du capital , livre ebook

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269 pages
Français

Description

L'ouvrage prend acte de la révolution du capital, qui a affecté nature et êtres humains, et supplanté la révolution prolétarienne : sa domination est désormais perçue massivement comme une fatalité qu'il suffirait de contrôler. Cette situation inédite rend caduque l'alternative réforme/révolution, et incite à reconsidérer la portée politique de l'action directe, telle que la lutte contre les OGM ou contre le nucléaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 106
EAN13 9782296182653
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Après la révolution du capital@
L'HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
harmattan 1@wanadoo.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-04167-7
EAN : 9782296041677JACQUES W AJNSZTEJN
Après la révolution du capital
L 'HARMATTANTemps critiques
Collection dirigéepar
Jacques Guigou et Jacques Wajnsztejn
Avec le déclin du rôle historique des classes, la critique de la société
capitalisée ne peut plus trouver l'essentiel de ses références dans les
pratiques du mouvement prolétarien comme elle l'a fait depuis le début
du ~ siècle jusque dans les années 1970.
Aujourd'hui, même si les replis identitaires perdurent, si les intégrismes
communautaires se renforcent en réaction à la domination planétaire de
l'économie, on assiste aussi au retour d'une critique qui ne se limite pas
au cercle étroit des "théoriciens", ni à une réflexion universitaire
entachée de ses implications à l'État. Cette critique exprime concrètement
aussi bien le refus du despotisme du capital que sa conséquence, la
contrainte du travail.
Déjà parus
J.Guigou et J.Wajnsztejn, L'évanescence de la valeur. 2004.
J.Guigou, J.Wajnsztejn (dir.), Violences et globalisation. 2003.
J.Wajnsztejn, Capitalisme et nouvelles morales de l'intérêt
et du goût. 2002.
J.Guigou, J.Wajnstejn (dir.), La valeur sans le travail. 1999. J.Wajnsztejn (dir.), L'individu et la communauté
humaine. 1998.Il est désormais dépourvu de sens de se
demander dans quelle mesure l'enseignement
de Marx et d'Engels est, à notre époque,
théoriquement recevable et pratiquement
applicable. Toutes les tentatives pour rétablir
la doctrine marxiste comme un tout et dans sa
fonction originelle de théorie de la révolution
sociale de la classe ouvrière sont aujourd'hui
des utopies réactionnaires. Le premier pas à
faire pour remettre debout une théorie et une
pratique révolutionnaires consiste à rompre
avec ce marxisme qui prétend monopoliser
l'initiative révolutionnaire et la direction
théorique et pratique.
Karl Korsch
Dix thèses sur le marxisme aujourd'hui
(1950)PARTIE I
ALIÉNATION, EXPLOITATION, DOMINATION
Trois concepts à préciser
Notre raisonnement sur l'Homme est mis en perspective
historique. Ce n'est pas une vision anthropologique. Nous n'avons
pas un discours sur l'origine, mais nous refusons une conception
de l'Histoire qui n'envisage l'évolution des rapports sociaux qu'à
partir du modèle du capitalisme industriel et d'une critique de
l'exploitation. En effet, l'Histoire n'est pas réductible à l'histoire du
capitalisme lue à travers la grille d'interprétation marxiste d'un
matérialisme historique qui tracerait les grandes étapes du
développement de l'espèce. Ce modèle suppose une succession
mécanique des modes de production, décidant de ce qui relève de
la pré-histoire ou de l'Histoire, ce qui relève de l'humain ou des
classes. Marx était bien conscient de certaines difficultés à ce
sujet, lui qui a tour à tour élaboré des analises en termes
d'aliénation, d'exploitation ou encore de domination.
1 On peut repérer trois périodes dans l'œuvre de Marx. Dans ses écrits
d'avant les Grundrisse, il donne la primauté aux rapports d'aliénation;
dans les les textes sur les classes et l'Etat, il privilégie les
rapports de domination, puis avec Le Capital, ce sont les rapports
d'exploitation qui deviennent prépondérants. Quand un concept traverse
les œuvres, il lui arrive parfois de ne pas lui donner le même sens comme
pour l'aliénation dans les Manuscrits de 1844 qui a une fonction
explicative pour l'humanité se réalisant dans l'activité (auto-aliénation)
alors qu'elle revêt la forme de l'aliénation du travail pour le prolétariat et
celle de l'asservissement au capital à partir des Grundrisse.
91. L'antériorité de l'aliénation
1.1. Généralité de J'aliénation
L'aliénation est une perte et si rien de ce qui se perd ne se
retrouve vraiment à un niveau supérieur, dans une autre activité,
un dépassemenf, tout ce qui se perd n'est pas irréversiblement
perdu à condition de resituer historiquement cette aliénation dans
l'histoire de l'humanité et de ne pas appréhender l'Histoire d'une
manière linéaire et progressive. On ne peut pas connattre ce
qu'était la pensée collective des communautés primitives, mais on
peut comprendre un certain développement de l'activité humaine
en partant de l'analyse des sens; voir que l'aventure humaine est à
la fois processus de l'émergence des sociétés hiérarchisées
(priorité est donnée à la vue et à l'ouïe sur le toucher) et
d'émancipation vis-à-vis des sens. L'homme (au sens d'espèce) se
distingue progressivement de tout ce qui n'est pas lui, mais
comme il n'a pas de représentation de lui-même, c'est par
différence avec la nature et les autres espèces vivantes qu'il se
définit concrètement, et cela dès les communautés primitives
comme le montrent les systèmes de parenté qui excluent tout
rapport automatique entre statut et fonction d'un côté, caractères
bio-physiques de l' autre3. Cela permet de saisir le mouvement
qu'on a appelé Progrès comme une suite de pertes pour aboutir au
règne de la conscience. L'homme n'est homme que parce qu'il
s'aliène dans le rapport à l'autre (voir les affres de l'amour), que
parce qu'il s'aliène dans l'activité4.
Cela permet aussi de saisir ce que le mouvement actuel vers le
virtuel doit à un certain rapport à la nature extérieure conçu
comme construction d'une seconde nature. Le processus
d'artificialisation de la vie n'est pas nouveau et on peut dire qu'il
2
C'est un premier accroc à la pure logique dialectique.
3 Dans notre Capitalisme et nouvelles morales de l'intérêt et du goût.
L'Harmattan (2002), nous avons essayé de montrer comment les
nouveaux particularismes radicalisés (féministes, homosexuels,
antispécistes,) retrouvaient des pratiques proches mais dans une
perspective individualiste de sortie de la nature, de négation de l'espèce
et d'abandon de l'humanité comme communautédes hommes.
4
C'est le sens de notre concept "d'aliénation initiale", développé avec
Charles Sfar dans les n02 et 4 de la revue Temps critiques et repris dans
le second volume de l'anthologie La valeur sans le travail. L'Harmattan.
1999.
10est une des caractéristiques de l'espèce humaine. Celle-ci, tout en
ayant une "nature" (prématuration, cérébralisation et conscience
de sa finitude pour ne prendre que trois déterminations de
l'hominisation) est prise de distance avec la nature extérieure qui
n'est pas simplement "l'environnement" des autres êtres vivants.
Dans cette prise de distance est incluse la participation à un monde
que l'espèce crée et reproduit. Mais ce processus n'a pas la même
ampleur ni les mêmes conséquences quand il se développe dans
les conditions techno-scientifiques du monde actuel. Conditions
qui visent non seulement la maîtrise totale de cette nature
extérieure, mais encore la maîtrise d'une nature intérieure (à
travers les bio-technologies) entraînant une redéfinition de cette
"nature humaine" . La direction prise par ces nouvelles
technologies rendrait alors absolu ce qui n'était que partiel et
progressif avec la technique.
Le sujet s'efface devant l'individu qui doit alors subjectiviser un
rapport objectif avec la technique: une artificialisation des
processus de vie, un développement des prothèses et des
combinatoires inter-spécistes qui altère la conscience des limites
de l'espèce. Cela indique aussi que le rapport social n'est pas que
rapport social de production entre deux pôles, capital et travail; il
est aussi rapport à la nature extérieure et par exemple il y a eu une
tendance des hommes à vouloir se libérer de la nature extérieure
perçue comme contrainte et cela s'est fait au travers du
capitalisme, mais avec l'approbation des deux grandes classes

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