Histoires Politiques  du Syndicalisme Malien, de ses Origines à nos Jours
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Histoires Politiques du Syndicalisme Malien, de ses Origines à nos Jours , livre ebook

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Description

L'auteur donne sa vision sur les origines lointaines du syndicalisme en Afrique occidentale française et au Mali. Il permettra aux futurs syndicalistes d'avoir une orientation plus conforme au contexte du pluralisme politique, du libéralisme, de la mondialisation, et de l'obligation de renforcement de la démocratie interne condition sine qua none du syndicalisme libre.

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Publié par
Nombre de lectures 26
EAN13 9782296993006
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Dans la même collection…
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Sidibe
Histoires Politiques du Syndicalisme Malien, de ses Origines à nos Jours
Tropique Editions L’Harmattan
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Du même auteur :
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Livre 1, Editions du Tropique, 20xx. Livre 1, Editions du Tropique, 20xx. Livre 1, Editions du Tropique, 20xx. Livre 1, Editions du Tropique, 20xx.
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© Tropique Editions xxx xxx xxxx
© L’Harmattan, 2012 5-7 rue de l’École Polytechnique 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN ; xxx-x-xxx-xxxxx-x EAN : xxxxxxxxxxxxx
Sommaire
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è 1 PARTIE
NAISSANCE ET ÉVOLUTION DU MOUVEMENT SYNDICAL MALIEN è DE LA FIN DU 19 SIÈCLE è AU DÉBUT DU 20 SIÈCLE.
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INTRODUCTION
Qu’on le veuille ou non, le syndicalisme est devenu partout dans le monde et en Afrique, un phénomène marquant de l’évolution politique, économique et sociale, amenant les économistes, les politologues, les historiens et les philosophes à l’analyser avec plus ou moins de bonheur. Au-delà de sa structuration institutionnelle et géographique, de ses méthodes et stratégies de mobilisation et d’intervention mises à nu sous différentes facettes, l’opinion commune n’a de visibilité du syndicalisme, que sa contribution à arracher des augmentations de salaires, et donc à réduire les inégalités, à instaurer plus de justice dans les rapports professionnels. Ainsi a été explorée dans de nombreux pays, l’histoire du syndicalisme faite de méandres divers et variés, dont chacun représente une caractéristique remarquable de l’action syndicale. Du réformisme à l’anarcho-syndicalisme en passant par le syndicalisme révolutionnaire, l’action syndicale étale une complexité, telle que les analyses pour la cerner, tombent en désuétude pour peu que le moindre petit jalon de l’évolution socio-économique et politique, échappe à l’attention. C’est dire toute la difficulté qu’il y a, à vouloir brosser les péripéties du mouvement syndical. C’est pour esquiver la caducité vite réalisée des théories et analyses sur le syndicalisme, qu’il serait prudent d’isoler une de ses facettes, aux fins d’un minutieux diagnostic. Au Mali les publications sur le mouvement syndical sont rares. Si à cela il y a des causes liées à la faiblesse de la classe ouvrière d’où découle une insignifiante exacerbation des rapports de forces entre le capital et le travail, réduisant le bouillonnement social, si intéressant pour les chercheurs et analystes, il faudra y ajouter d’autres éléments. L’interaction syndicat-politique qu’ a entraîné les travailleurs ou leurs dirigeants au cœur des décisions politiques, a rendu le mouvement syndical malien, peu attrayant pour les chercheurs, au profit de la politique devenue prééminente dans la vie sociale. Il en est résulté sinon un vide du moins une rareté de la documentation dont certains éléments ont été rendus aux flammes aux lendemains du coup de 1 force du pouvoir militaire contre l’UNTM en 1968 et en 1970 . Tout cela rend encore plus complexe toute étude du syndicalisme dans notre pays.
1. Suite à la prise du pouvoir par l’armée le 19 novembre 1968, les militaires ont emporté des archives, des procès-verbaux de réunion, des correspondances, des livres (jugés communistes), des films. Ces épisodes seront reproduits en 1970 lors de la crise entre le pouvoir militaire et les syndicats, notamment le SNEC.
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L’origine du manque d’intérêt pour le mouvement syndical malien étant son positionnement rapproché du phénomène politique, c’est donc dans les rapports de l’unique Centrale du pays jusqu’en 1998 avec les partis politiques, qu’il faut cristalliser l’observation, pour pouvoir rendre compte de son évolution. De toute évidence, cela permettra de tirer d’intéressantes leçons sur l’avenir du monde du travail, sur les perspectives d’animation d’un front social dont l’adhésion à des valeurs comme la démocratie et la république est déterminante dans la réalisation de la croissance, du développement, de la paix, ainsi que dans la promotion des droits et libertés de l’homme et des idéaux humanitaires. Le rythme effréné que la mondialisation imprime à la marche du monde vers le libéralisme tout crin, incite à se demander en effet, comment les peuples généralement sans voix, ni représentation véritable, vont pouvoir se faire entendre, faire respecter et humaniser leur société. Dans le tourbillon des avancées néolibérales, le syndicalisme pourrait être la clé entre les mains de la société civile, pour l’obtention des améliorations du niveau de bien-être des travailleurs et des populations, pour privilégier ainsi la quête de progrès social et environnemental sur celle de la rentabilité du capital. A l’heure où de plus en plus de penseurs s’accordent sur l’inutilité des organisations syndicales dans le marché du travail, l’on est en présence des défis pour 2 les dirigeants syndicaux . Ces défis enflamment le regard sur l’avenir, sur aiguisent les interrogations sur la capacité des travailleurs à jouer le rôle historique que l’humanité progressiste et non libérale attend d’eux. Seules les organisations de travailleurs assainies, débarrassées des boulets de la compromission politique, offriront aux nations des soupapes de sécurité et de paix. Préalable à l’utilisation de la démocratie, le multipartisme qui s’instaure partout n’est nullement une condition suffisante. Il faut au mouvement syndical africain travailler et accélérer la constitution d’une société civile forte, qui ne soit pas forcément « petite et moyenne bourgeoise » tournée vers les fondements économiques, politiques, sociaux et culturels qui ont fait l’Occident d’aujourd’hui. Il faut plutôt une société civile, véritable masse humaine, indemne des clichés exotiques, où paysans pauvres, ouvriers, travailleurs de toutes catégories, intellectuels divers, les femmes, les jeunes sauront se mobiliser contre tous les relents néolibéraux
2. Les associations professionnelles, certaines ONG jouent de plus en plus des fonctions de défense des intérêts des catégories professionnelles, grignotant sur le pouvoir syndical.
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qui parsèment les choix des dirigeants africains actuels, aux fins de basculer l’Afrique hors des serres du sous-développement. Il faut au mouvement syndical africain, retrouver la hardiesse, l’opiniâtreté de ses pionniers anticoloniaux pour s’opposer à la dépersonnalisation de l’Afrique et de ses valeurs. Les notions de propriété, de terre, de pouvoir, de force de travail, de droits ne sont plus abordées sous les angles de l’histoire et de la culture des peuples, mais sous le prisme de la logique occidentale. Il est vrai qu’une telle entreprise apparaît de plus en plus comme utopique, compte tenu de l’exacerbation de nationalismes étriqués, jaloux et concurrentiels et de la déconfiture syndicale due au manque d’efficacité, à la perte de crédibilités, au dépeuplement du militantisme syndical, si vivace pendant la remise en cause du système colonial. A défaut pourtant de cette « révolution syndicale », l’Afrique et ses legs ancestraux seront absorbés dans l’uniformisation taillée par la globalisation pour toute la planète terre. Le Mouvement Syndical Malien, ne sera pas absent de cette croisade historique, tant qu’existera la nation malienne. Il est impérieux d’élucider ses histoires politiques, afin qu’elles servent de leçons aux bataillons d’un syndicalisme futur, dont la gestation, commencée depuis mars 1991, inquiète par la reproduction fidèle des mêmes fautes et carences qui ont rendu impossible l’éclosion d’un syndicalisme libre, indépendant, crédible. Certes, Mamadou Seyba Traoré, dans son ouvrage, à travers une chronologie fiable, a rendu compte des luttes syndicales pour l’octroi d’un Code du Travail en Afrique Occidentale Française de 1952 à 1956, et abordé les débuts de l’ère d’indépendance. Mais dans ses propos, l’accointance de la Centrale syndicale avec les pouvoirs politiques reste opaque. L’ouvrage Histoire du Mouvement Syndical Africain de 1790-1929 du Professeur agrégé Iba Der Thiam remue le passé lointain de l’exploitation coloniale et rappelle quelques évènements du marché du travail à Kayes, mais en pendants du syndicalisme dans son pays le Sénégal. Dans Syndicats Africains à Vous Maintenant, Gérard Kester de l’Institut des Sciences Sociales de la Haye et le malien Ousmane Oumarou Sidibé, maître de conférences à la Faculté des Sciences Juridiques Economiques de l’Université de Bamako, ancien ministre, ont évoqué le rôle des syndicats en Afrique et singulièrement le rôle de l’UNTM dans l’avènement de la démocratie et la consolidation de la è 3 République. Mais l’ouvrage n’explore pas les dédales de la collaboration è politique de l’UNTM avec les régimes ayant précédé la 3 République.
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Luttes et Organisations des Travailleurs Africains avant 1945 de Heinz Deutschland est remarquable par la clairvoyance des analyses sur la lutte des africains contre l’exploitation coloniale et pour l’éclosion d’un mouvement ouvrier et syndical africain. Mais il se situe à l’époque coloniale, et n’aborde pas la période veille des indépendances et l’ère de la souveraineté. Etant une vision générale sur le continent, il ne rend compte du syndicalisme malien que de façon fragmentaire. Le travail entreprit ici porte essentiellement sur le Mali, même si souvent, la situation africaine sera évoquée. De façon spécifique, il aura démontré d’abord l’absurdité des assertions qui font de l’Afrique précoloniale une série de groupes humains sans économie, sans organisation ni sociale et culturelle ni politique. Tel est « Histoires Politiques du syndicalisme malien de ses origines à nos jours ». Cela veut dire, qu’une revue sur les démêlées politiques de l’UNTM et/ou du SNEC qui en était la locomotive, avec le régime de l’USRDA, sera projetée, suivie des rapports avec le CMLN, et enfin avec l’UDPM. Ce dernier point trouve sa boucle dans les évènements de mars 1991. Sans s’attarder exagérément sur les changements d’orientation, du reste en cours è dans la 3 République, il s’agira vers la fin, de camper le syndicalisme dans un contexte national, marqué par la démocratie pluraliste, la décentralisation d’une part, et dans le contexte de la mondialisation et de l’intégration sous-3 régionale sous un libéralisme triomphant, d’autre part . La plongée du regard dans le passé colonial, si succincte soit-elle, va permettre de suivre le sillage syndical à travers les péripéties de la domination, puis de la remise en cause de la colonisation. Elle indiquera que sous tous les cieux, dans quelque parcelle du temps que ce soit, le syndicalisme se créé beaucoup plus sur les distorsions de rapports de travail, que sur les incitations ou décisions juridiques et politiques autorisant les travailleurs à s’organiser. Le syndicalisme malien et africain en général n’a pas failli à cette constance. Il sera montré clairement que le syndicalisme malien embryonnaire au début de l’exploitation coloniale a vite fait son évolution pour devenir le boulet de canon qui va pulvériser la colonisation avec à ses côtés la politique. Il est l’œuvre des travailleurs.
3. Les travailleurs au Mali avaient toujours cherché à créer et à maintenir une centrale è syndicale unique, c’est avec la III République que des scissions ont été faites.
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En abordant, cette étude, il s’agit d’abord de désincruster des esprits, l’assertion qui elle-même n’est que le prolongement de la théorie civilisatrice de la colonisation, selon laquelle le travail, le syndicalisme ont été introduits en Afrique, grâce à la volonté humaniste de l’administration coloniale, depuis la Métropole jusque dans les colonies. Une fois les choses remises à leur place, il s’agira de mettre en évidence qu’au contraire le contexte colonial a été si discriminatoire si déshumanisant pour les travailleurs noirs, que le syndicalisme africain en général et malien en particulier a pris dès l’envol un pli politique qui a oblitéré les chances d’émergence d’un syndicalisme libre et démocratique. Toute la période postcoloniale offre malheureusement les spasmes de la politisation du syndicalisme dont l’étalage sera fait à travers quelques décisions et évènements. Sans doute, cet ouvrage ne verrait pas le jour si de nombreux camarades ne m’avaient exhorté à prendre la plume et à témoigner. Le doyen Sory Macalou, ancien Secrétaire Général du Syndicat National du Bâtiment-Bois et Matériaux de Constructions, membre du bureau exécutif de l’UNTM. Mamadou Lamine Diarra, ancien secrétaire général du SNEC et feu Ousmane Niaré, ancien secrétaire général du SYNAPRO, qui ont mis à ma disposition, leurs archives personnelles, ou m’ont consacré de précieux moments de discussions, m’ouvrant le contenu de leurs mémoires si remplis. Issaga Traoré, Boubacar Hamadoun Kébé, Aly Niane, ont été mes plus proches complices dans les actions ourdies, pour entraîner l’UNTM dans la contestation du régime. D’autres comme Mamadou Bâ Traoré, Ibrahima Koné, Ibrahima Diakité, Fatoumata Siré Diakité, Ballatigui Sacko, Jean Pierre Coulibaly, Mamadou Koutia Diawara ont tous été d’un courage patriotique pour avoir osé étaler au grand jour leur appétit démocratique et susciter par leur adhésion, l’engagement des syndicats du Mali, dans la lutte contre la dictature. Bravo aux uns et aux autres. DiangoTounkara, Cheick Tidiani Diallo, Baba Sy et Amadou Keïta, tous anciens syndicalistes, m’ont aidé dans les recherches. Que tous acceptent notre reconnaissance et l’expression de notre sincère amitié.
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CHAPITRE I : LA PÉRIODE PRÉ-SYNDICALE
I. CRÉATION ET ORIGINES DE LA POLITISATION DU SYNDICALISME
1. La co-gestation syndicalisme et anticolonialisme
La nuit des temps enveloppe du noir profond, les origines du syndicalisme malien, son évolution, le statut des employés, dans la mesure où l’absence de recherche, ne cède en rien, à l’indigence d’archives. Même è si on ne peut encore parler de syndicat à la fin du 19 siècle et début du 20ème siècle, le cadre et les contenus de la lutte des travailleurs africains et soudanais apparaissent comme des embryons, non seulement d’un 1 mouvement syndicat véritable, mais aussi des germes de la politique .
1.1. L’intrusion du capitalisme dans l’économie traditionnelle africaine
Dans sa totalité, l’Afrique a connu le régime économique d’autosuffisance avant l’intrusion brutale en son sein du modèle économique européen.
1. Nous parlerons des lettres à caractère syndicale et politique dès les débuts de l’invasion et de l’exploitation coloniales.
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Caractérisé par la production de la presque totalité des biens nécessaires à la survie de l’unité sociale de base, la famille, à partir des ressources naturelles, adapté aux besoins, le régime économique d’autosuffisance alimentaire entrait en interaction avec les autres activités sociale, religieuse, politique pour établir l’équilibre entre l’homme et la nature et entre les 2 hommes . Dans son désir d’ouvrir le continent au commerce avec l’Europe, la colonisation a entrepris d’inciter les populations à produire, à vendre et à acheter selon les besoins de l’économie européenne. Si avant ce commerce s’opérait sous forme de troc, l’introduction et l’usage de la monnaie version occidentale pour animer les échanges, payer l’impôt de capitation, vont 3 établir pour l’Afrique un destin nouveau, celui de l’économie de marché . La prolifération des sociétés commerciales et la multiplicité des intermédiaires syriens, libanais n’ont pas suffi à emballer les populations à abandonner le régime traditionnel d’autosuffisance pour se faire embaucher comme main d’œuvre salariale dans les plantations et sur les grands chantiers. Le besoin d’argent reste lié surtout au paiement de l’impôt. Il a fallu donc passer par la contrainte, le travail forcé pour entamer la mise en valeur des potentialités, accélérer l’exploitation économique. La dynamique du changement de régime économique va embrayer une dynamique sociale, prélude à un choc de civilisation, à un moment où les amertumes de la traite des esclaves, des massacres coloniaux bouillonnent encore dans les cœurs et les esprits. L’économie de marché venait désarticuler l’harmonie des relations sociales, politiques et religieuses des populations en faveur d’un modèle où l’économie est nettement distincte 4 des autres activités sociales et destinées à gagner de l’argent avant tout . La construction des voies de communication (routes, ponts, ports, chemins de fer) la culture dans les plantations etc., pour impulser le développement du capitalisme vont causer des trépidations qui fermenteront la riposte 5 inorganisée d’abord, puis méthodiquement élaborée par les populations .
2. INADES-Formation, les Transformations Economiques (1) N° d’impr. 40024 p.13 Imprimés en Côte d’Ivoire. 3. Idem p.42 et 43. 4. COQUERN-VIDROVITCH (C) : Afrique Noire : Permanences et Ruptures p 215. 5. Ibidem.
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1.2. Les Associations Professionnelles : riposte à l’exploitation
En effet, l’introduction des modes de production occidentaux par la colonisation triomphante, l’implantation du salariat, n’ont pas manqué d’éclore des antagonismes, des conflits individuels ou collectifs avec l’administration ou les employeurs blancs. Déjà, de violentes réactions, soldées par des morts d’hommes suite à des répressions aveugles, avaient accompagné les réquisitions obligatoires pour la construction des chemins 6 de fer, des routes et ponts, des édifices publics . Ce qui se passe au Soudan (Mali) n’est que le fac-similé de ce qui prévaut dans d’autres régions du continent. Ainsi, A Londres dans « Terre d’ébène » a-t-il pu écrire : « J’ai vu en d’autres endroits comment on construit des chemins de fer. J’ai vu comment on y préparait, avant le commencement des travaux, un équipement et un matériel appropriés. Mais ici, le nègre sert de machine du camion, de la grue. Et si c’était le moins du monde possible, on l’utilisait aussi comme explosif c’est une dure vérité a dit un chef d’équipe blanc, mais les machinismes ne sauraient remplacer le nègre. Elles coûteraient des 7 millions. Il n’y a rien de tel que le moteur à bananes » . De 1892 à 1906, des cheminots, originaires de Saint-Louis du Sénégal affectés à Kayes, vont déposer les statuts et la liste des membres du bureau 8 d’une organisation auprès du Gouverneur de Haut Sénégal-Niger . La reconnaissance en 1907 de l’Association des Ouvriers Sénégalais de Kayes, 9 qui a fonctionné jusqu’en 1913 où elle a apporté des modifications à ses statuts, peut être considérée comme la première étape de l’émergence du syndicalisme ouvrier au Soudan, donc au Mali. La hardiesse des actions et revendications de l’association des ouvriers sénégalais de Kayes va faire merveille. Sur tous les chantiers, les travailleurs noirs vont s’organiser en associations sur des bases géographiques ou ethniques, autour d’objectifs d’assistance mutuelle, de nécessités culturelles et sociales. Ce réflexe,
6. Ibidem. 7. A Londres : journalistes français cité par Heinz Deutschland dans luttes et organisations des travailleurs africains avant 1945 p.13 8. KEÏTA Rokiatou N’DIAYE : Kayes et le Haut Sénégal-Niger (Thème de Doctorat) c’est l’appellation d’un vaste territoire couvrant tout le Mali actuel, des régions du Sénégal, Mauritanie, Burkina Faso ayant pour capitale Kayes. 9. Iba Der Thiam : Histoire du Mouvement Syndical Africain 1790-1929 p.64.
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