L insertion socioprofessionnelle des jeunes, une urgence?
237 pages
Français

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L'insertion socioprofessionnelle des jeunes, une urgence? , livre ebook

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Description

Depuis les années 1970, les plans gouvernementaux visant à améliorer l'insertion socioprofessionnelle des jeunes sortant du système scolaire sans diplôme se succèdent sans grand succès. Pourtant à l'aube de ce XXIe siècle, à des degrés divers, l'ensemble de la jeunesse rencontre des difficultés d'accès à un emploi durable. L'auteur avance des mesures concrètes rendant effective l'insertion socioprofessionnelle de la jeunesse dans la société contemporaine.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 152
EAN13 9782336257815
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'insertion socioprofessionnelle des jeunes, une urgence?

Roland Smolar
© L’HARMATTAN, 2008 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wandoo.fr
9782296074163
EAN : 9782296074163
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace Introduction Première partie - Historique des mesures d’insertion socioprofessionnelle des jeunes
Chapitre 1 - Des premières diffcultés aux Travaux d’utilité collective Chapitre 2 - Du Contrat emploi solidarité au Contrat d’insertion professionnelle Chapitre 3 - Le programme Nouveaux Services emplois jeunes Chapitre 4 - Du trajet d’accès à l’emploi au Contrat première embauche, les mesures éphémères
Deuxième partie - Les mesures pour l’insertion des jeunes sont-elles adaptées ?
Chapitre 5 - Évaluation des politiques publiques d’insertion des jeunes Chapitre 6 - Autonomie financière et exercice de la citoyenneté
CONCLUSION - Jeunesse : devoir d’avenir ou expérimentation d’un droit social réduit ? ANNEXE I BIBLIOGRAPHIE LISTE DES SIGLES REMERCIEMENTS
Pour Monique.
« La France n’est pas assez riche d’enfants pour en négliger un seul »
(Préambule à l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs.)
Introduction
Pourquoi cette étude sur l’évolution des politiques d’insertion sociale et professionnelle des jeunes ? Une double approche nous a motivé : une activité professionnelle tournant autour de la formation professionnelle et l’accès à l’emploi pendant une trentaine d’années et un engagement militant dans le domaine syndical, politique et associatif, depuis le début des années 1960.

De plus, bien qu’une génération sépare les problèmes de la jeunesse d’aujourd’hui de la génération descendue dans la rue en 1968, certaines similitudes sont à noter entre les crises traversées par les jeunes à ces deux moments de notre histoire.

1968, c’est la conjonction d’une crise qui concerne l’ensemble de la jeunesse, crise des mœurs, crise morale : le modèle des valeurs transmises issues de la Résistance est en complète contradiction avec le comportement de la société durant les guerres de décolonisation d’Indochine, puis d’Algérie. Dans le même temps, cette génération ressent les premiers retournements de la situation économique, avec les difficultés d’insertion rencontrées par les nouveaux entrants sur le marché du travail. Les premiers plans sociaux d’envergure sont antérieurs à la première crise pétrolière, ils ont lieu avant 1968 : Sud Aviation à Toulouse, Rhodiaceta à Besançon, Saviem à Caen (dans ce dernier conflit on assiste pour la première fois à un rapprochement entre les travailleurs en grève et le mouvement étudiant).

Malgré une inflation et des taux de croissance encore élevés jusqu’à la fin des années 1970, l’élite intellectuelle investie dans le mouvement de 1968 a pu trouver une place, à l’issue des évènements, correspondant au rang social d’origine et/ou aux diplômes acquis (l’itinéraire d’un bon nombre d’anciens militants maoïstes et, à un degré moindre, d’anciens militants du mouvement trotskiste souvent issus des classes bourgeoises, est à cet égard très significatif).

Si l’évolution des mœurs a permis de résoudre une bonne partie des difficultés rencontrées par la jeunesse la mieux à même de s’insérer dans la société, compte tenu de son niveau de formation, il n’en va pas de même dès avant 1968 pour les moins qualifiés. Peu à peu, ce sont tous les sortants du système scolaire et tout particulièrement ceux sans diplôme pour qui l’insertion sociale et professionnelle devient de plus en plus difficile.

La différenciation sociale était cependant forte, dans les années appelées par J. Fourastié les Trente Glorieuses (de la fin des années 1940 au milieu des années 1970), entre les jeunes issus des couches populaires, ceux provenant des couches moyennes (enfants d’employés, de commerçants, agents de maîtrise...) et les enfants de la bourgeoisie industrielle, commerciale ou intellectuelle. Cette différenciation sociale se caractérisait notamment par les établissements scolaires fréquentés : cours complémentaires pour les uns, lycées pour les autres. Les cours complémentaires s’arrêtant à la fin de la troisième, ceux qui étaient tentés de rejoindre le lycée en seconde pour obtenir le baccalauréat, permettant l’accès aux études supérieures, devaient très souvent abandonner les études : ils rencontraient d’importantes difficultés d’adaptation à la forme de scolarité en cours dans les lycées.

Le nombre d’enfants issus des classes populaires dans les universités est resté inférieur à 5 % jusqu’au début des années 1960. La promotion intellectuelle des enfants des classes populaires passait par les grandes écoles et était réservée à une infime minorité, celle réussissant une scolarité parfaite. Les travaux des sociologues, notamment ceux de R. Baudelot et C. Establet, ont suffisamment montré le rôle de reproduction sociale de l’école pour qu’il ne soit pas nécessaire d’insister sur ce point.

La différenciation jouait également sur le mode de vie, les loisirs, l’habillement... C’est seulement au début des années 1960 que l’on assiste à un début d’homogénéisation des comportements de la jeunesse à travers ce que l’on a appelé la « culture yéyé ».

Jusqu’au début des années 1960, l’insertion sociale et professionnelle des jeunes ne posait pas de difficultés particulières. Les jeunes qui abandonnaient leurs études trouvaient aisément un travail salarié et pouvaient au cours de leur vie professionnelle, s’ils en avaient la capacité et le désir, progresser à l’intérieur de l’entreprise ; les nombreux échelons hiérarchiques existant dans les modes d’organisation des entreprises facilitaient la progression sociale. Par ailleurs, la promotion sociale était accompagnée par des crédits spécifiques de la formation qui ont été par la suite en régression constante. Ainsi, D. Balmary, ancien délégué à l’emploi, déclarait à la commission parlementaire chargée d’examiner l’utilisation des crédits de la formation professionnelle en 1994 :

« Il y a du trop peu dans le domaine de la promotion sociale et professionnelle [...] préserver des éléments de promotion sociale, c’est là quelque chose de nécessaire à la fluidité sociale. »

Cette fluidité sociale existe-t-elle encore de nos jours pour les jeunes ? Ce manque de fluidité dénoncé par D. Balmary n’est-il pas un des éléments clés de ce que l’on nomme la crise de la jeunesse ?

Il n’est pas étonnant dès lors de constater que les premières réponses apportées par les pouvoirs publics aux difficultés d’insertion sociale et professionnelle aient été dans la mise en place de dispositifs de formation pour élever le niveau de qualification des jeunes non diplômés ou ayant un faible niveau de formation niveau V 1 ou infra. Ainsi, on peut considérer que la mise en œuvre du premier programme en faveur d’une meilleure insertion des jeunes ne remonte pas au plan Barre de 1978 mais au début des années 1970, avec la mise en place de préformations de jeunes demandeurs d’emploi s’adressant aux jeunes de 16 à 18 ans sortis du système scolaire sans aucun diplôme. Des stages de six mois organisés par l’Association pour la formation des adultes (AFPA) visaient à donner aux jeunes les bases de connaissances générales considérées comme nécessaires (calcul, français) et une initiation à une famille professionnelle (BTP, métallurgie, etc.) ; l’objectif était qu’à l’issue du stage, le jeune puisse entrer dans une formation qualifiante aboutissant à un diplôme reconnu dans la convention collective de la branche professionnelle.

Dans une première partie, les mesures prises par les gouvernements successifs en faveur de l’insertion des jeunes seront étudiées chronologiquement.

Les plans pour l’emploi ont eu en général des visées globalisantes pour favoriser une meilleure adéquation entre l’offre et la demande de travail, même

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