La formation d une élite ouvrière
321 pages
Français

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La formation d'une élite ouvrière , livre ebook

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Description

La tradition est longue où, pour apprendre le métier, l'apprenti faisait patiemment compagnonnage avec le maître de l'oeuvre, pour ensuite cheminer le Tour de France du savoir-faire. Lorsque l'industrie a besoin de spécialistes en grand nombre, elle organise l'apprentissage aux métiers pour des bataillons d'ouvriers. C'est sans doute pendant la période dite de Vichy que l'apprentissage trouve sa pleine réalisation. L'ouvrage parcourt avec minutie l'histoire d'une transformation sociale qui a pour enjeu la formation professionnelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2005
Nombre de lectures 460
EAN13 9782336258362
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoire et mémoire de la formation
Collection dirigée par Jacky Beillerot (1939-2004) et Michel Gault
L’éducation des adultes, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, s’est développée à partir de la Révolution de 1789 avec pour premier objectif de pallier l’absence ou les insuffisances de la formation initiale. Elle a connu d’importants changements avec la formation professionnelle des adultes, le développement de l’enseignement technique, la montée de l’éducation populaire... jusqu’à devenir véritablement un fait social à partir de la loi fondatrice de 1791 qui en assure le développement. Au sens large du terme, elle est théorisée dès l’Antiquité et apparaît plus actuelle que jamais avec des notions comme celle de l’école de la deuxième chance, de l’éducation permanente et de la formation tout au long de la vie, ou encore de la formation de soi.
La collection Histoire et mémoire de la formation constitue un instrument de référence, d’information et de réflexion, pour les formateurs et les chercheurs concernés par ce domaine d’activités et de pratiques.
Déjà paru
Jean MAISONNEUVE, Psychosociologie et formation, 30 ans de formation relationnelle en groupe , 2004.
Annie TSCHIRHART, Quand l ‘ Etat discipline l’Ecole . Une histoire des formes disciplinaires entre rupture et filiation, 2004.
Emmanuel de LESCURE ( coordonné par .), La construction du système français de formation professionnelle continue , 2004.
Michel BOULET-Nelly STEPHAN, L’enseignement agricole en Europe : genèse et évolution , 2003
Bernard PASQUIER, Voyages dans l’apprentissage, Chroniques 1965-2002, 2003.
Marc LOISON, Ecole, alphabétisation et société rurale dans la France du Nord au XIXème siècle, 2003.
Christophe WOLF (dir.), Traité d’anthropologie historique, philosophies, histoires et cultures, 2002.
François F. LAOT, 40 ans de recherche en formation d’adultes (1960-2000), 2002.
La formation d'une élite ouvrière
Industries électrique et gazière 1940 - 1970

Jean-Marc Huguet
© L’Harmattan, 2005
9782747577175
EAN : 9782747577175
Sommaire
Histoire et mémoire de la formation - Collection dirigée par Jacky Beillerot (1939-2004) et Michel Gault Page de titre Page de Copyright Préface Introduction 1 - L’esprit de la Révolution nationale 2 - L’extension des centres d’apprentis 3 - La reprise en main par la profession 4- L’institutionnalisation des écoles de métiers 5- Des témoins de l’histoire Conclusion Bibliographie Remerciements
Préface
Les recherches de Jean-Marc Huguet explorent un pan encore peu exploré de l’histoire de la formation : la mise en place des centres d’apprentissage des industries électrique et gazière depuis le gouvernement de Vichy, au lendemain de la Libération et jusqu’aux années soixante-dix.
L’auteur tresse avec acuité et finesse des discours, des faits et des témoignages qui constituent des angles de vue sur une réalité multiforme : des proclamations vichyssoises et des divergences idéologiques de prises de pouvoir et des tournants organisationnels. Les expériences qu’en firent les jeunes apprentis ou moniteurs qui sont entrelacées dans le récit historique donnent une saveur particulière à cette lecture. Derrière les projets grandioses à visée génératrice qui s’appuient sur des réseaux d’acteurs dans le courant d’un « maréchalisme » empreint de scoutisme catholique, nous voyons se dessiner la silhouette de jeunes apprentis. Certains semblent ballottés par les événements et passés au crible de leurs capacités sociotechniques ou punis pour des broutilles, d’autres prêts à s’en tirer sans trop d’intoxication idéologique et à partir vers d’autres aventures comme Jack le Parisien, champion de l’autodidaxie.
Si le projet d’une éducation totale de la jeunesse fait frémir, sa réalisation fait parfois sourire, tant le bricolage prime et les courants s’affrontent : fervents de la vie rurale contre l’apprentissage technique (la fameuse méthode Carrard), mystiques contre laïcs, partisans du sport (méthode Hébert) ou des veillées éducatives, du folklore. Les premières promotions ne sont guères gâtées sur le plan de l’acquisition technique et retapent les bâtiments ou se livrent aux travaux agricoles en souffrant parfois de la faim. Des marges de manœuvre existent pourtant, laissant à quelques innovateurs l’occasion d’expérimenter une pédagogie pour la technique.
L’auteur nous sensibilise aux différents acteurs qui prennent la prépondérance, tandis que d’autres perdent du terrain : la discipline n’est pas aussi rigoureuse à Gurcy qu’à la Pérollière, les rapports de force dans la zone Sud se révèlent différents de ceux de la zone occupée. Les deux écoles concurrentes ne relèvent pas exactement du même projet. C’est de Gurcy que vient l’idée de l’autodiscipline sur le modèle anglo-saxon, expérimenté à l’École des Roches et qui porte cette idée à sa plus haute expression à la Libération, dans un climat fort différent.
Jean-Marc Huguet aime suivre à la trace et redessiner sous nos yeux des réseaux : dirigeants, anciens scouts de mêmes accointances idéologiques, anciens de « Supélec » ou du collège Stanislas qui partagent les mêmes visions sur la régénération de la jeunesse et « le rôle social de l’ingénieur» comme l’ouvrage éponyme de Georges Lamirand, le secrétaire d’État à la Jeunesse. L’histoire du Comité Sully est de ce point de vue très éclairante.
Certains centres comme celui de Sainte-Tulle sont au contraire sur l’initiative de syndicalistes et de résistants et ne seront officiellement reconnus qu’après la guerre.
Mais partout dès 1943, les formateurs techniques venus de l’industrie tendent à prendre le pas sur les idéologues du secrétariat d’État à la Jeunesse.
Quand le tournant est pris, à la Libération, de nationaliser les industries électrique et gazière, certaines initiatives sont déjà éprouvées, certains hommes sont déjà en place pour encadrer l’apprentissage. Comme l’écrit en 1946 le sociologue Georges Friedmann dans la revue Esprit : « À dire vrai, ce qui a été fait devait être fait et cela n’est pas condamnable parce que Vichy l’a fait. D’autres auraient dû le faire et ne l’auraient peut-être pas fait mieux. »
De fait, l’industrie nationalisée manque de personnel compétent et les dirigeants voient dans la formation l’occasion de créer une véritable culture d’entreprise. L’enthousiasme de la Libération n’est pas dénué de moralisme et le relais est pris en douceur. À Gurcy et à La Pérollière, on laisse de côté les ferveurs de la ruralité qui font trop vichystes et on développe la pédagogie active, les caisses de Gurcy, en faisant l’expérience de l’autodiscipline et de la vie de groupe. Les spécificités des centres d’apprentissage sont ainsi préservées avec quelques concessions à l’enseignement technique de l’Éducation nationale. Mais la formation à Électricité de France et Gaz de France garde son autonomie et sa pédagogie propre, qui s’ouvre à l’intervention des psychosociologues de la Cégos. Au point que le centre expérimental de Gurcy devient un modèle national et international sous l’impulsion de Raymond Lambert, le champion de « l’humanisme technique ».
Les témoignages que Jean-Marc Huguet a recueillis avec beaucoup de tact ouvrent un autre pan de l’histoire qui se prolonge au-delà des années soixante. Il laisse au lecteur la latitude de sentir le passage du temps, d’éprouver le travail de la mémoire des témoins pour rendre hommage aux anciens des centres d’apprentissage et des centres de formation, Jean-Marc Huguet parvient à faire œuvre d’historien tout en laissant s’exprimer une sensibilité psychosociologique et un attachement aux acteurs de l’Électricité de France et du Gaz de France. C’est toute l’originalité de son travail.
Anne Vincent-Buffault
Introduction
L’histoire de la formation est faite, ni plus ni moins que d’autres, de mythes qui se construisent par la transmission de génération à génération. Les mythes ont une fonction de régulation sociale importante. L’édifice symbolique qu’ils représentent peut être vécu comme sacrilège lorsque le travail de l’historien s’intéresse de près à la mémoire archivée, au patrimoine d’une entreprise qui, par la froideur de l’écriture, rappelle l’agencement des trous de mémoire d’une réalité à l’autre.
Une fois le travail commencé, l’enquête historique obéit à sa propre logique et s’efforce à une prise de distance pour répondre au souci de l’objectivité. Notre propre histoire dans l’Institution de formation des entreprises de l’Électricité et de Gaz

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