Le travail au noir
196 pages
Français

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Description

Le travail non déclaré est une plaie, tant pour les économies que pour les travailleurs eux-mêmes. Cet ouvrage enquête sur les raisons qui incitent salariés, petits indépendants ou personnes bénéficiant d'aides sociales à travailler au noir. Il en rapporte les problèmes, les dangers et les avantages, ainsi que les contextes, les logiques, la place de l'honneur et de la dignité, les histoires personnelles qui prévalent pour y entrer et les innombrables difficultés pour en sortir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296475748
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le travail au noir
Pourquoi on y entre, comment on en sort ?
Collection Questions Sociologiques
Collection dirigée par François Hainard et Franz Schultheis

Questions sociologiques rassemble des écrits théoriques, méthodologiques et empiriques relevant de l’observation du changement social. Elle reprend à la fois des travaux élaborés dans le cadre de l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel et émanant du réseau de différentes institutions partenaires.
Cette collection se veut délibérément ouverte à une grande diversité d’objets d’étude et de démarches méthodologiques.

Derniers ouvrages parus
Coord. par BASTIEN Clément, BORJA Simon, NAEGEL David, Le raisonnement sociologique à l’ouvrage, 2010 NEDELCU Mihaela, Le migrant online. Nouveaux modèles migratoires à l’ère du numérique, 2009
SCHULTHEIS Franz, FRAUENFELDER Arnaud, DELAY Christophe et al. Les classes populaires aujourd’hui, 2009 BELLEAU Hélène, et HENCHOZ Caroline (sous la direction de), L’usage de l’argent dans le couple : pratiques et perceptions des comptes amoureux, 2008
HENCHOZ Caroline, Le couple, l’amour et l’argent : La construction conjugale des dimensions économiques de la relation amoureuse, 2008 DELAY Christophe, FRAUENFELDER Arnaud, SCHULTHEIS Franz, Maltraitance : contribution à une sociologie de l’intolérable, 2007
BURTON-JEANGROS Claudine, WIDMER Eric LALIVE D’EPINAY Christian (éditeurs), Interactions familiales et constructions de l’intimité, 2007
FRAUENFELDER Arnaud, Les paradoxes de la naturalisation, 2007 FELDER Dominique, Sociologues dans l’action. La pratique professionnelle de l’intervention, 2007
VUILLE Michel et SCHULTHEIS Franz (sous la direction), Entre flexibilité et précarité, 2007 NEDELCU Mihaela, HAINARD François, Pour une écologie citoyenne. Risques environnementaux, médiations et politiques publiques, 2006
PLOMB Fabrice, Faire entrer le travail dans sa vie, 2005 NEDELCU Mihaela, La mobilité internationale des compétences. Situations récentes, approches nouvelles, 2004
Jérôme Heim, Patrick Ischer, François Hainard
Le travail au noir
Pourquoi on y entre, comment on en sort ?
L’Harmattan
.
© L’Harmattan, 2011 5-7,
rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55613-3
EAN : 9782296556133
Remerciements
Cet ouvrage n’aurait paru sans le précieux concours de nombreuses personnes.
En premier lieu nous aimerions remercier chaleureusement les hommes et les femmes ayant des activités de travail non déclarées et qui ont su nous faire confiance en acceptant de partager leurs histoires personnelles, leurs motivations et leurs contraintes.
Nos remerciements vont aussi à Gaël Curty qui a conduit des entretiens et, avec quelques étudiants, a participé à leur retranscription. Notre gratitude va à Pascale Gazareth pour la relecture attentive du manuscrit et ses judicieux conseils, ainsi qu’à Maryline Sutterlet, notre dévouée et patiente secrétaire, pour la mise en forme du texte prêt à l’édition.
Nous sommes également reconnaissants envers les professionnels de cette question, participants avisés à l’entretien collectif et à la table ronde organisés dans le cadre de cette recherche.
Enfin, nous savons gré à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel pour son soutien à la publication et au FNS, Fonds national suisse de la recherche scientifique, pour le financement du projet.
Alors que la lutte contre le travail au noir est devenue une priorité des gouvernements occidentaux (Williams 2008), la Suisse s’est récemment dotée d’une nouvelle loi sur le travail au noir visant à réprimer plus efficacement ce type de fraude au fisc et aux assurances sociales et ainsi recouvrer le manque à gagner pour l’Etat. L’instauration de cette loi est justifiée par le gouvernement en raison de l’augmentation du travail non déclaré. Celui-ci serait dû aux difficultés grandissantes de certaines parties de la population à s’insérer dans le monde du travail dans un contexte de fragilisation de la condition salariale. Les différentes formes d’économie informelle qui émergent de cette situation et dont le travail au noir n’est qu’une manifestation parmi d’autres, peuvent être vues comme des stratégies individuelles face au dénuement. Or, ces pratiques de survie (Crétieneau 2007) sont sanctionnées pour violation des droits sur le travail (Heim et al. 2010a).
Faisant suite à une préoccupation des auteurs datant d’une vingtaine d’années (Hainard et al. 1990 ; Hainard et Plomb 2000 ; Crevoisier et al. 2007), cette recherche vise à comprendre dans quelle mesure le travail au noir peut permettre à des individus rencontrant des difficultés d’insertion économique et sociale, d’éviter une marginalisation. Nous avons affaire, pour la grande majorité de nos enquêtés, à des salariés ou à de petits indépendants que l’on peut qualifier de « working poor », dans le sens où le revenu tiré de leur activité déclarée ne suffit pas toujours à éviter la précarité. Afin d’appréhender les différentes stratégies individuelles nous nous attachons premièrement à comprendre les circonstances – en nous penchant sur les parcours biographiques – et les motivations qui ont conduit des individus à recourir au travail au noir. Les justifications du non-respect des lois en travaillant au noir nous permettent également de mesurer le rapport aux règles et aux institutions étatiques qui les appliquent. Deuxièmement, nous décrivons l’accès et l’organisation du travail au noir afin d’en saisir les apports et les limites pouvant mener à la cessation de ces pratiques non déclarées et éventuellement faciliter l’accès à une activité déclarée. Au terme de ce travail, les analyses sociologiques du travail au noir que nous produisons nous conduisent à considérer des pistes de réflexion sur la problématique du travail au noir et sa répression.
PREMIERE PARTIE : INTRODUCTION GENERALE
1. L’économie informelle et le travail au noir : un état de la recherche
Le travail au noir est un phénomène complexe qui s’inscrit dans ce qui est communément nommé « économie informelle » depuis une quarantaine d’années. Or, cette catégorie peine à être définie et clairement délimitée, ne serait-ce que parce qu’elle est relative au contexte politique et juridique des pays dans lesquels opèrent les différentes formes d’activités qu’elle recouvre. Avant d’aborder les questions de définition du travail au noir, il convient d’explorer quelques recherches qui ont été effectuées sur cette thématique de l’économie dite informelle, d’abord en situant son développement dans un contexte sociopolitique caractérisé par une fragilisation de la condition salariale et ensuite en tentant d’en saisir sa délimitation et ses caractéristiques.
1.1. Problématique de l’économie informelle dans un contexte de fragilisation de la condition salariale
L’économie dite informelle ou souterraine n’est pas un phénomène récent puisqu’elle apparaît dès les « premières tentatives d’organiser socialement les échanges marchands par l’intermédiaire d’institutions plus ou moins contraignantes et régies par une autorité centrale » (Fortin 2002: 2). Dans son histoire des marchés noirs, Sédillot (1985) rapporte par exemple que la fraude fiscale était pratiquée dans la Chine ancienne dix mille ans avant notre ère. Néanmoins, l’intérêt pour cette thématique n’est apparu qu’à la fin des années 1970. Celle-ci a dans un premier temps été débattue par les économistes et sociologues du développement pour les pays du Tiers-Monde, puis des pays de l’Est (Gaudin et Schiray 1984). Le terme même d’économie informelle revient à l’anthropologue Keith Hart lorsqu’il cherchait à comprendre l’économie de rue à Accra, la capitale du Ghana (Hart 1973) et fut par la suite repris par le Bureau International du Travail. La crise économique qui a frappé le monde occidental dès les années 1980 a contribué à renforcer les recherches sur ce thème, notamment en rapport avec l’économie domestique, communautaire et associative dont l’importance croît tandis que ralentit celle de l’économie officielle. Parallèlement, le mouvement féministe, en posant

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