L emprise de la gestion
314 pages
Français

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Description

Cet ouvrage fournit des regards sociologiques sur les articulations complexes entre "violences" et "acteurs, pratiques et dispositifs de gestion", dans les sphères marchandes et non marchandes (groupes industriels, secteur associatif, santé). Il revient sur les trois niveaux autour desquels la violence s'articule : 1. les transformations macro-politiques, 2. l'exercice de la violence managériale pour rendre ces décisions opérationnelles, 3. la violence symbolique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 129
EAN13 9782296809987
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'EMPRISE DE LA GESTION
La société au risque des violences gestionnaires
Logiques sociales
Série Sociologie de la gestion
Dirigée par Marie Benedetto-Meyer,
Salvatore MAUGERI et Jean-Luc METZGER

Dernières parutions
Marie BENEDETTO-MEYER, Salvatore MAUGERI et Jean-Luc METZGER (dir.), L'emprise de la gestion. La société au risque des violences gestionnaires , 2011.
Jean-Luc METZGER et Marie BENEDETTO-MEYER (dir.), Gestion et sociétés : regards sociologiques , 2008.
Salvatore MAUGERI (dir.), Au nom du client. Management néolibéral et dispositifs de gestion , 2006.
Valérie BOUSSARD V. (dir.), Au nom de la norme. Les dispositifs de gestion entre normes organisationnelles et normes professionnelles , 2005.
Valérie BOUSSARD et Salvatore MAUGERI (dir.), Du politique dans les organisations , 2003.
Image de couverture : William A. Bouguereau, Oreste poursuivi par les Furies, 1862. http://www.mediterranees.net
Sous la direction de
Marie Benedetto-Meyer, Salvatore Maugeri
et Jean-Luc Metzger




L'EMPRISE DE LA GESTION
La société au risque des violences gestionnaires
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55068-1
EAN : 9782296550681
LISTE DES AUTEURS
Claire BELART, doctorante en sociologie. Laboratoire Clerse, université de Lille 1. ATER, école centrale de Lille.
Marie BENEDETTO-MEYER, sociologue, chercheur au laboratoire SENSE d'Orange Labs.
Marie-Christine BUREAU, chargée de recherche, chercheur au LISE (UMR CNAM/CNRS).
Olivier CLEACH, sociologue, enseignant-chercheur au Groupe de Recherches en Sciences Sociales, associé à l'Institut d'Éthique Appliquée (IDEA), Université Laval de Québec.
Jean-Pierre DURAND, Professeur de sociologie à l'Université d'Evry et directeur du Centre Pierre Naville.
Jean-Marc FRIDLENDER, sociologue, membre de l'AFS.
Olivier GUILLAUME, sociologue, chercheur membre-partenaire du LISE (UMR CNAM/CNRS).
Elisabeth LONGUENESSE, sociologue, chercheur CNRS, associée au Laboratoire Printemps, Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines, Directrice du Département scientifique des Etudes Contemporaines à l'Institut Français du Proche-Orient (Ifpo), Beyrouth, Liban.
Salvatore MAUGERI, sociologue, maître de conférences à l'Université d'Orléans.
Jean-Luc METZGER, sociologue, chercheur au laboratoire SENSE d'Orange Labs, associé au Centre Pierre Naville et au LISE (UMR CNAM/CNRS).
Elodie RAIMOND, doctorante à l'Université Toulouse Le Mirail.
Barbara RIST, Maître de conférences en sociologie au CNAM, membre du LISE (UMR CNAM/CNRS).
Karen ROSSIGNOL, Docteur en Sociologie, chercheur au Centre de Recherche Public Henri Tudor, Luxembourg.
Selma VENCO, sociologue du travail, Professeur (master-doctorat) à lÚNIMEP et chercheuse à l'Universidade Estadual de Campinas, São Paulo, Brésil.
INTRODUCTION
Marie Benedetto-Meyer, Salvatore Maugeri et Jean-Luc Metzger

1. VIOLENCE AU TRAVAIL ET PHENOMENE GESTIONNAIRE : QUELLES ARTICULATIONS ?
En avril 2009, avait lieu le troisième congrès de l'Association Française de Sociologie (AFS). Son thème était « Violences et sociétés ». Dans ce cadre, le Réseau Thématique Sociologie de la gestion (RT 30) avait organisé plusieurs sessions dont cet ouvrage reprend huit contributions. La question de la violence entre en résonnance forte avec les thèmes traités jusqu'ici au sein du réseau.
C'est pourquoi cet ouvrage collectif doit d'abord être envisagé comme une contribution complémentaire à l'effort d'analyse sociologique du phénomène gestionnaire, que le RT mène depuis sa création en 2002. Après avoir examiné la gestion comme l'expression de rapports politiques au sein des organisations - rapports souvent justifiés par la référence idéologique au marché et aux pressions exercées par « les marchés » -, nous nous proposons ici de réfléchir aux effets de violence dont le fait gestionnaire est porteur.
Conformément à la thématique générale du congrès, la question principale qui nous a guidés était de savoir si les pratiques gestionnaires et la mise en œuvre des principes et dispositifs de gestion exercent des formes de violence dans les organisations, mais aussi plus généralement dans la société. Et dans cette perspective, quel regard sociologique peut-on porter sur les articulations complexes entre « violences » et « acteurs, pratiques et dispositifs de gestion » ? Avant d'entrer plus avant dans l'exposé de cette problématique, il est nécessaire de préciser ce que nous entendons, d'une part, par gestion – ou plus globalement par phénomène gestionnaire – et, d'autre part, par violence(s).





Une définition du phénomène gestionnaire
Le terme « gestion » et l'ensemble du vocabulaire qui s'y rapporte sont apparus et se sont développés dans le champ de l'entreprise à la charnière du 19e et du 20e siècle : on songe naturellement d'abord à Taylor et Fayol, mais aussi à tous ceux qui, moins connus, ont, à la même époque, jeté les bases de la gestion.
Toutefois, les principes qui l'inspirent ont d'abord été élaborés au sein de l'administration des Etats-nations, au fur et à mesure de leur consolidation.
Ce qui, selon nous, constitue la gestion, dans une perspective sociologique, c'est avant tout une logique , un ensemble de principes d'action présentés comme rationnellement fondés, réputés optimiser l'utilisation de ressources pour économiser et/ou accumuler du capital . Ce capital peut être proprement financier, mais il peut également concerner d'autres réalités (sociales, humaines, psychologiques, cognitives, affectives, etc.), elles-mêmes appelées à être converties en capital financier.
Cette logique gestionnaire permet d'appliquer aux différentes réalités sociales les modes de raisonnement employés pour les investissements économiques : le personnel devient un coût financier dont il faut optimiser l'emploi, les savoirs et savoir-faire sont considérés comme un capital cognitif ou du « capital humain », les relations et les collectifs comme du capital social, différentes espèces de capitaux qu'il faut rentabiliser en en contrôlant finement la consommation. Il n'est pas jusqu'à la lutte contre les discriminations et pour le respect de la diversité, ou encore la préservation des « ressources » naturelles qui ne puissent se voir appliquer ces mêmes principes.
Cette définition permet de distinguer :
a) les pratiques informelles d'organisation, mises au point par des collectifs de travail. Par exemple, les enseignants, les soignants ou les chercheurs n'ont pas attendu « l'invention » de principes et d'outils de gestion pour « s'organiser efficacement » dans la réalisation de leurs activités. L'efficacité est alors définie par les professionnels eux-mêmes, de façon qualitative, en prenant en compte l'activité dans sa totalité et dans une perspective durable. Métier, travail et organisation sont intégrés en une dynamique qui fait sens ;
b) des pratiques proprement gestionnaires - et des dispositifs de gestion qui en relèvent -, qui se distinguent par la volonté de contrôler toujours plus finement l'emploi des ressources économico-financières, au moyen de principes présentés comme scientifiquement fondés. Le phénomène gestionnaire se présente ainsi clairement comme « extérieur » aux pratiques des acteurs qu'il vient bousculer.
Rendant l'objet « gestion » indépendant d'un type d'instrument (il ne se limite pas à l'informatique, par exemple), d'un groupe professionnel (il déborde les seuls experts dûment recensés sous cette appellation), ou d'une sphère d'activité (il ne se réduit pas à la comptabilité ou à la GRH), cette définition permet de considérer que l'on peut « gérer », au sens défini plus haut, toutes les activités et les relations sociales, qu'elles soient ou non marchandes, professionnelles ou domestiques, associatives ou artistiques.
Par exemple, avec la Loi organique des lois de finances (LOLF) et la Révision générale des politiques publiques (RGPP), les administrations publiques et les collectivités locales se voient sommées de s'organiser selon les mêmes principes de parcimonie et de performance que ceux réputés en vigueur dans les entreprises.
De même, avec l'introduc

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