La Nouvelle Revue de L inde n°3
147 pages
Français

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La Nouvelle Revue de L'inde n°3 , livre ebook

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Description

L'industrie du tourisme est toujours à la recherche de contrées inconnues, de territoires vierges, de nouveaux espaces ouverts à la découverte. Les agences de voyage spécialisées dans la découverte multiplient leurs offres à destination de l'Inde. L'Inde, par-delà les clichés, offre une diversité de visages déconcertante. L'Inde vit sur elle-même, pour elle-même et en elle-même, et non pour le bénéfice du touriste. On dit que le tourisme tue l'âme d'un pays... pas celle de l'Inde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2010
Nombre de lectures 64
EAN13 9782296699441
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉDITORIAL
L’industrie du tourisme est toujours à la recherche de contrées inconnues, de territoires vierges, de nouveaux espaces ouverts à la découverte, de plages qui n’ont pas encore été envahies par le club Méditerranée. C’est pourquoi les agences de voyage spécialisées dans la découverte multiplient leurs offres à destination de l’Inde.
Car l’Inde, par delà les clichés, offre une diversité de visages déconcertante. Elle peut apparaître comme le pays du folklore par excellence, le paradis du touriste ou son enfer, le lieu des traditions qui perdurent ou d’une occidentalisation accélérée, surchargée de foules qui se déversent dans ses rues et ses artères, ou déserte à perte de vue en ses endroits les plus reculés : vous trouverez toujours des montagnes qui ne sont habitées que par des autochtones, des plages désertes – en Orissa par exemple – ou bien des villages où nul Occidental ne s’est encore aventuré. L’Inde est à la fois le pays des grands monuments que l’on visite, des grands espaces que l’on explore, des industries de pointe qui rivalisent avec l’Occident et des populations tribales à peine sorties de l’âge de pierre ; le pays du mysticisme et du commercialisme le plus âpre.
Mais ce qui est frappant, c’est que l’Inde vit sur elle-même, pour elle-même et en elle-même – et non pour le bénéfice du touriste, comme c’est le cas de nombreuses destinations touristiques d’Asie. Prenez la foire aux chameaux de Pushkar, au Rajasthan, sans doute un des événements indiens les plus vantés de par le monde. Les dizaines de milliers de touristes qui y affluent depuis vingt ans n’ont rien changé au fait que chaque novembre, les paysans du Rajasthan continuent de vendre ou échanger leurs chameaux et de prier au fameux temple Brahma, sans se préoccuper des ferengis (étrangers). Ou bien Bénarès, aujourd’hui renommée Varanasi, où chaque matin, des sadhous (moines hindous) imperturbables, continuent de faire leur pranayama, malgré les centaines de touristes japonais, bardés de caméras vidéos, qui passent en barque sur le Gange.
Alors que la mondialisation bat son plein et intègre toujours plus l’Inde au marché des échanges planétaires, les festivals religieux continuent de drainer leurs millions d’enthousiastes, indifférents aux changements qui ébranlent le monde.
On dit que le tourisme tue l’âme d’un pays, ce n’est pas le cas de l’Inde où les visiteurs étrangers ne représentent qu’une faible part de l’activité touristique (3,5 %) ; ce sont d’abord les Indiens qui partent à la découverte de leur pays, plus de 166 millions chaque année. Car l’Inde s’occupe d’elle-même d’abord, elle roule comme un fleuve immense aux multiples ressacs, portée par une vitalité toujours recommencée. On pourrait dire de ce pays ce qu’un poète russe jadis dit du sien : « L’Inde, on ne peut la comprendre, on ne peut que la croire. »
Bon voyage en Inde.
François Gautier,
Rédacteur en chef LNRI


Écrivain, journaliste et photographe,
François Gautier a été durant huit ans
le correspondant du Figaro en Inde et en Asie.
Il est l’auteur de plusieurs livres sur l’Inde :
Un autre regard sur l’Inde (Le Tricorne, 1999)
Swami, PDG et moine hindou (J.P. Delville, 2003)
La caravane intérieure (Les Belles Lettres, 2005)
Des Français en Inde (France Loisirs, 2008)
L’INDE
INCROYABLE !


Par
Jean-Dertis Ardoin


Deux cents emplois, des études de journalisme, des passions et des hobbies éclectiques, Jean-Denis Ardoin, qui vit en Inde depuis 27 ans, a finalement posé son parcours atypique dans le « management » en particulier au sein de sa petite entreprise d’édition internationale. Il nous explique ici que l’Inde est au bord d’une double explosion touristique : une marée montante du tourisme intérieur qui commence à submerger les effectifs modestes de touristes étrangers, une diversification radicale des destinations, des itinéraires et des centres d’intérêt. L’Inde est donc confrontée à un véritable défi d’organisation et d’infrastructure.


I l y a quelques décennies, on aurait pu brosser à grands traits un tableau du tourisme en disant que pour l’Occident, dans les grandes lignes, il s’agissait surtout d’aller respirer le bon air de la mer ou de la montagne et d’entreprendre une activité physique, ludique ou sportive, alors que pour les Indiens le tourisme représentait principalement les pèlerinages.

Or à l’heure actuelle, côté occidental, les voyages sont devenus plus abordables, on fait déjà du sport toute l’année, avec la télé et internet il est maintenant possible de mieux cibler et préparer son séjour : on veut donc tout naturellement découvrir autre chose de la vie. Côté indien, l’évolution semble avoir été plus lente et hormis les escapades internationales de quelques minorités nanties on pouvait avoir l’impression que pas grand-chose n’avait bougé.
Pourtant, il y a des faits et des chiffres troublants : en 2007, le ministère indien du Tourisme annonce 5,37 millions de touristes étrangers (estimation), apportant en Inde environ 11,75 milliards de dollars, et mentionne pour 2008 une estimation d’environ 530 millions de touristes indiens (supposés passer à 595 millions en 2008). Même si l’on peut s’attendre généralement à une baisse de touristes en 2009, du fait de la crise et en réaction aux attentats de Mumbai, cela fait quand même plus de 100 touristes indiens pour un touriste étranger !
Qui sont donc ces touristes indiens, qu’est-ce qui les fait bouger et pourquoi ? Nous n’avons que peu de détails sur leurs déplacements mais on trouve néanmoins quelques éléments de réponse dans un rapport du NCAER [National Council of Applied Economic Research – institut indien de recherche économique]. Apparemment le principal objet du tourisme n’est plus le pèlerinage (seulement 14 % des voyages) mais plutôt les célébrations familiales (mariages, naissances, décès, fêtes religieuses, etc. – environ 59 % des voyages). Le reste des voyages, soit environ 27 %, concerne pour 6 %, les vacances, pour 8 %, les voyages d’affaires et pour 13 %, toute une diversité de déplacements spécifiques.
Si le tourisme indien est maintenant principalement le fait de migrants professionnels, c’est plus le reflet d’une Inde en mélange que d’une Inde en mouvement. Il n’en reste pas moins que si l’on ajoute les quelque 36 millions de vacanciers de 2007, les quelque 83 millions de pèlerins et les 47 millions de voyageurs d’affaires nous avons quand même un total de 166 millions d’indiens qui sont occupées à visiter l’Inde. C’est assez respectable !

On peut noter par ailleurs que beaucoup de données contextuelles lourdes comme la démographie indienne, une forte croissance économique du pays, l’expansion des classes moyennes qui en résulte, et les politiques délibérées des différents gouvernements au centre comme dans les États, se conjuguent suffisamment pour garantir une tendance durable à l’accroissement de ces chiffres à moyen terme.

Il faut donc prendre note que ces 166 millions deviendront sûrement 200 puis 250 millions de visiteurs d’ici quelques années. Et si l’on veut anticiper le mouvement pour ne pas être débordé, il ne reste plus qu’à déterminer maintenant où souhaitent se rendre ces voyageurs.

La tendance naturelle est d’une certaine manière assez claire si l’on peut dire : non pas tant sur un choix précis de destinations, que sur des approches à multiples centres d’intérêts, multiples activités, multiples géographies. Le zapping touristique en quelque sorte ! Nous n’essaierons donc pas de dégager des typologies, des circuits, des thèmes, des segments de marché : nous laisserons cela aux professionnels et aux intéressés. Nous allons plus simplement tenter de voir quelles conséquences on peut tirer de cet état de fait.

Déjà, simplement au vu des chiffres concernés, au vu de leur progression prévisible, on s’attend assez clairement, tant du côté des pouvoirs publics que du côté des professionnels, à la multiplication des destinations et des saisons, à la déclinaison complète des événements culturels (expositions, festivals, musées, ateliers, etc.). L’Inde doit faire passer ses lieux de visites touristiques d’un ordre de grandeur de quelques milliers à un ordre de grandeur de quelques dizaines de milliers, voire de quelques centaines de milliers !

Mais même avec tout cela, l’approche ne concerne encore que le tourisme traditionnel. Et cela ne suffit plus : le tourisme médical est en plein essor (une chaîne d’hôpitaux indiens vient de signer des contrats avec une des grandes compagnies d’assurances de l’Amérique du Nord pour opérer ses malades à prix indien), le tourisme humanitaire, écologique, spirituel, professionnel, etc., sont &#

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