Amour, islam et mixité
120 pages
Français

Amour, islam et mixité , livre ebook

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120 pages
Français

Description

Ce livre tente de comprendre comment les couples musulman/non-musulman parviennent à faire cohabiter leurs différences et créer une vie commune stable et harmonieuse. Après avoir esquissé les principales conclusions des théories relatives aux processus interculturels, cette étude amène le lecteur à travers l'analyse approfondie de quelques cas au cœur des processus de construction des couples mixtes : des difficultés du travail sur soi de chacun, des fermetures et des ouvertures réciproques.

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Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 29
EAN13 9782296508842
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

a Marîa Chrîstodoulou
e n c h a n g e m e n t Amour, islam et mixité I s l a m s
L a c o n s t r u c t i o n d e s r e l a t i o n s a u s e i n d e s c o u p l e s m u s u l m a n / n o n  m u s u l m a n
Aou, îslà Ét îxîtÈ La construction des relations au sein des couples musulman/nonmusulman
Islams en changement
CollÉçtîo dîîgÈÉ à FÉlîçÉ DàssÉtto, É çollàboàtîo àvÉç là dîÉçtîo du Cîsoç (UCL)
CÉttÉ çollÉçtîo vîsÉ À ÈsÉtÉ Ét dîfusÉ àuès d’u làgÉ ublîç dÉs tàvàux otàt su l’îslà àvÉç uÉ àttÉtîo à-tîçulîèÉ àux çhàgÉÉts É çous dàs lÉ odÉ çotÉ-oàî. LÉs tÉxtÉs sot îssus dÉ ÉçhÉçhÉs uîvÉsîtàîÉs, dÉ ÈoîÉs dÉ àïtîsÉ ou dÉ çolloquÉs àtîçulîèÉÉt oîgîàux ou lÉ tÉàî ÈtudîÈ, là çààçîtÈ îtÉÈtàtîvÉ ou lÉu àot dÉ sythèsÉ. LÉs tàvàux ÈsÉtÈs ovîÉÉt dÉ doàîÉs dîsçîlîàîÉs dîvÉs : àthoologîÉ, soçîolo-gîÉ, syçhologîÉ, doît, sçîÉçÉs olîtîquÉs, sçîÉçÉs dÉs Élî-gîos, îslàologîÉ.
1.FÉlîçÉ DASSETTO,La rencontre complexe. Occidents et islams,4. 2.FÉlîçÉ DASSETTO,Discours musulmans contemporains. Diversité et cadrages,. 3.Youous LAMGHARI,L’islam en entreprise. La diversité culturelle en question,. 4.Màîà CHRISTODOULOU,Amour, islam et mixité. La construction des relations au sein des couples musulman/nonmusulman,.
AmOUR, ISLàm eT mIxITé La construction des relations au sein des couples musulman/nonmusulman
Maria Christodoulou
©HARMATTAN / ACADEMIA s.à. Gàd’PlàçÉ  B-4 Louvàî-là-NÉuvÉ
D//4/4 ISBN : 978-2-8061-0083-2
Tous doîts dÉ Éoduçtîo, d’àdàtàtîo ou dÉ tàduçtîo, à quÉlquÉ oçÈdÈ quÉ çÉ soît, ÈsÉvÈs ou tous àys sàs l’àutoîsàtîo dÉ l’àutÉu ou dÉ sÉs àyàts doîts
Imprimé en France
www.eDITIOnS-àcàDemIà.be
Remerciements
Je tiens à remercier Alain Reyniers, pour sa disponibilité, ses conseils précieux et son inaltérable sens de l’humour. Je remercie chaleureusement Brigitte Maréchal, pour la confiance manifestée à l’égard de mon projet de recherche, ainsi que le Centre inter-disciplinaire d’études de l’Islam dans le monde contemporain (CISMOC) sans lequel cette publication n’aurait pu avoir lieu. J’exprime également ma gratitude à Felice Dassetto, qui a accepté de publier ma recherche et qui m’a accompagné tout le long du processus. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à tous mes interlocu-teurs sans qui ce travail n’aurait pas abouti. Je les remercie pour le temps et la confiance qu’ils m’ont accordée et pour l’accueil chaleureux qu’ils m’ont assuré. Je témoigne également toute ma sympathie à Zaffira et Véronique, mes deux intermédiaires et amies, qui m’ont soutenue dans ma recherche d’interlocuteurs. Enfin, je remercie mon frère Georges, pour la relecture atten-tive de mon travail.
Introduction
Comment se construit la vie commune de deux personnes ne partageant pas les mêmes références culturo-symboliques ? Quelle importance joue l’identité ethnoreligieuse et ethnocultu-relle dans le couple ? En quoi, finalement, l’étude des couples musulman/non musulman en particulier est-elle aujourd’hui intéressante ? Voilà une série de questionnements à l’origine de ce travail qui espère offrir des éléments de réponses et susciter de nouvelles réflexions sur la mixité conjugale et sur l’identité musulmane. L’objectif de cette recherche est donc d’apporter une réflexion sociologique sur la manière dont les références culturo-1 symboliques et la culture d’origine de chacun des partenaires – les descendants d’immigrés musulmans nés en Belgique et leur partenaire d’origine belge – s’expriment au contact de l’autre culturellement et religieusement différent d’une part, et de saisir les processus interculturels par lesquels les partenaires gèrent ces différences d’autre part. La question de départ –comment se cons-truit l’interculturalité au sein des couples musulman/non musulman ?est certes générale mais résume assez bien le double intérêt pré-sent dans la problématique – la cohabitation interculturelle et l’identité musulmane – et marque le point de départ d’un cheminement intellectuel ainsi que l’émergence progressive d’une série d’interrogations plus affinées. En sociologie de l’immigration comme en sociologie de la famille, en ce qui concerne le cas français du moins, l’étude sur le couple mixte a avant tout porté sur la fonction intégratrice de la mixité conjugale. Elle a notamment trait aux relations entre les membres des familles immigrées, mais non pas sur les dynami-1  Par culture d’origine, on entend la culture et les valeurs transmises par les parents immigrés à leurs enfants. On explique notre propos à l’aide du concept d’identité ethnoculturelle.
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ques conjugales, exclusivement étudiées dans le cas des couples dits français (Santelli, Collet, 2003 : 2-3). En revisitant les diffé-rentes approches du couple mixte adoptées auparavant, les auteures constatent que peu de place fut accordée au vécu subjec-tif de ces différences culturelles ou religieuses, ce que ce présent travail tente d’analyser. Après la Seconde Guerre mondiale, la Belgique, comme la plupart des pays européens ravagés par la guerre, a fait appel à une main-d’œuvre étrangère pour reconstruire le pays dans le cadre du plan Marshall. Suite à la tragédie minière survenue en 1956 à Marcinelle, dont une part importante des victimes était italienne, le gouvernement italien exprima de nouvelles exigen-ces en matière de sécurité sociale pour protéger ses travailleurs expatriés (Manço, 2000 : 18). La Belgique se dirige alors vers d’autres pays plus dociles avec lesquels elle signe des accords (Espagne, Grèce, Tunisie, Algérie, Yougoslavie) dont le Maroc et la Turquie en 1964. D’autres accords bilatéraux suivent avec l’Algérie en 1968 et la Tunisie en 1969. Des bureaux de recrute-ment s’ouvrent au Maroc et, pour attirer les migrants, la Belgique autorise, contrairement à ses voisins, le regroupement familial (Attar, 1992 : 295). Il est intéressant de noter qu’une des raisons pour lesquelles la main-d’œuvre marocaine fut privilégiée par l’État belge au détriment de la main-d’œuvre algérienne lors des accords de 1964 était le caractère apolitique, religieux et soumis de la population marocaine (Frennet-De Keyser, 2003 : 11). En effet, durant cette période, l’islam n’est pas encore réellement visible dans l’espace public ; quelques salles de prières ouvrent leur porte dans des bâtiments désaffectés et la pratique religieuse reste confinée dans l’espace privé (Manço, 2000 : 23), « ce qui a pour corollaire une certaine individualisation et privatisation de la pratique » (Sierens, 1991 : 106). Ce n’est qu’à partir des années 1970 que la dimension reli-gieuse des populations marocaines et turques prend une vérita-ble ampleur et ce, en raison du « réveil islamique » des pays musulmans et du désir des musulmans de réaffirmer leur iden-tité religieuse face à un Occident perçu comme envahissant (Dassetto, 2004 : 26). Au-delà des influences internationales tou-tefois, la visibilisation croissante de l’islam est surtout due à diverses autres raisons telles que l’impossibilité du retour au pays des travailleurs immigrés, pour des raisons financières dues à la crise, et en conséquence la prise de conscience de l’installation
Introduction
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définitive, la féminisation progressive déclenchée par la politique de regroupement familial et l’apparition de la « seconde » géné-ration de musulmans nés sur le sol belge qui réveillera l’inquiétude des parents quant à la transmission de la culture d’origine (Manço, 2000 : 24 ; Ouali, 2004 : 27 ; Bousetta et Maréchal, 2003 : 7 ; Torrekens, 2005 : 4). Les primo-migrants, les pères de cette « seconde » génération, touchés par le chômage suite à la crise pétrolière de 1973, et analphabètes pour la plupart, vont voir leur rôle depater familiasancré dans la culture – fortement d’origine – s’effriter progressivement (Manço, 2000 : 24). Le besoin d’une structure religieuse répondra notamment à cette perte d’autorité des pères, qui prendront l’initiative de développer des lieux de socialisation religieuse, des associations de mosquées et des cours de Coran à destination de leurs enfants (Manço,ibid. ;Dassetto et Maréchal, 2007 : 9). Si la visibilité de l’islam s’accroît, c’est que la religion constitue le matériau principal par lequel les immigrés extra-européens vont affirmer leur conscience ethnique et dénoncer l’isolement spatial et la marginalité sociale dont ils font l’expérience (Bastenier, 2004 : 233). Dans les années 1980, avec le développement de la notion d’intégration, le gouvernement belge décide de faciliter l’accès à la nationalité en établissant un code de la nationalité en 1984 permettant ainsi à l’État belge de mieux contrôler les flux migra-toires et de doter les travailleurs immigrés et leurs enfants d’une identité juridique (Rea et Biétlot, 2007 : 150). En 1986, la commu-nauté marocaine représente 14,5 % de la totalité des naturalisa-tions, contre 4,7 % pour la communauté turque et 1,6 % pour les Algériens (Attar, 1992 : 306). Les années 1980 sont également marquées par les revendications identitaires des jeunes de « seconde » génération en quête de reconnaissance sociale. Contrairement à leurs parents, primo-migrants qui considéraient leur installation comme provisoire et qui se contentaient de mener une vie convenable, les jeunes nés en terre d’immigration revendiquent une citoyenneté à part entière au même titre que les jeunes « blancs de souches ». Victimes de relégation scolaire et de discrimination professionnelle, les jeunes n’hésitent pas à extérioriser leur colère face à une société qui les rejette, à travers le rap et le tag mais aussi par des émeutes comme celles qui ont eu lieu à Bruxelles en 1991 (Manço, 2000 : 24-25 ; Ouali, 2004 : 36-37). Cependant, certains jeunes tentent de s’extraire des traditions religieuses trop rigides transmises par leurs parents, originaires
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