Histoire de la pluriactivité
230 pages
Français

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Histoire de la pluriactivité , livre ebook

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Français

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Description

Ce livre retrace la longue histoire de la pluriactivité en France et révèle une réalité beaucoup plus complexe, faite d'un foisonnement de trajectoires. Il fait ainsi apparaître quelques grands types qui ont marqué notre passé, tels le journalier-propriétaire, le tisserand-manoeuvrier, l'artisan-colporteur ou encore l'ouvrier-paysan. Une partie est consacrée à la place méconnue que la pluriactivité a tenue dans les courants d'idées politiques, économiques et sociaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 63
EAN13 9782336287584
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Jean-Yves DARTIGUENAVE, Christophe MOREAU et Maïté SAVINA, Identité et participation sociale des jeunes en Europe et en Méditerranée , 2013.
Agnès FLORIN et Marie PREAU (Sous la dir. de), Le bien-être , 2013.
Jean-Michel BESSETTE, Bruno PEQUIGNOT (dir.), Comment peut-on être socio-anthropologue ? , 2012.
Yves LENOIR, Frédéric TUPIN (dir.), Instruction, socialisation et approches culturelles : des rapports complexes , 2012.
Yolande RIOU, L’identité berrichonne en question(s). De l’Histoire aux histoires , 2012.
Pierre VENDASSI, Diagnostic et évaluation : la boîte à outils du sociologue , 2012.
Isabel GEORGES, Les nouvelles configurations du travail et l’économie sociale et solidaire au Brésil , 2012.
Pascal BRUNETEAUX et Norah BENARROSH-ORSONI, Intégrer les Roms ? Travail militant et mobilisation sociale auprès des familles de Saint-Maur , 2012.
Mélody JAN-RÉ (dir.), Représentations. Le genre à l’œuvre, volume 3 , 2012.
Mélody JAN-RÉ (dir.), Créations. Le genre à l’œuvre, volume 2 , 2012. Mélody JAN-RÉ (dir.), Réceptions. Le genre à l’œuvre, volume 1 , 2012.
Bruno LEFEBVRE, Ethnographie des travailleurs en déplacement, Voyages en Europe sociale , 2012.
Christophe DARGERE, L’observation incognito en sociologie. Notions théoriques, démarche réflexive, approche pratique et exemples concrets, 2012.
Dominique JACQUES-JOUVENOT, Gilles VIEILLE-MARCHISET (dir.), Socio-anthropologie de la transmission , 2012.
Monique DOLBEAU, La mémoire de métier. Enquête sur le maréchal-ferrant , 2012.
Claude GIRAUD, Que faisons-nous lorsque nous organisons ? , 2012.
Titre
Jean-François Boudy







HISTOIRE DE LA PLURIACTIVITE


Du polisseur de pierres au webmaster
Copyright





© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 9782336287584
INTRODUCTION
A Paris, au musée d’Orsay, est exposé un tableau d’Alfred Roll daté de 1887, intitulé Manda Lamétrie, fermière . On y voit une jeune femme dans un pré, à côté d’une vache. Elle tient un seau rempli de lait. Cette personne est donc visiblement une éleveuse. Rien n’indique qu’elle avait d’autres activités, ni d’autres sources de revenus. Or on sait qu’elle gagnait aussi sa vie en pêchant les crevettes et en surveillant les résidences secondaires du voisinage 1 . Elle était pluriactive. Cette peinture apparaît comme un symbole du statut de la pluriactivité : bien présente, mais souvent cachée.
L’idée de ce livre provient de ce décalage. Il suffit de se pencher sur notre passé pour relever l’existence de cumuls d’activités à de nombreuses époques et à de nombreux endroits. Malgré cela, ce fait ne prend qu’une place limitée dans les travaux anciens comme dans les ouvrages récents, où l’on relève le plus souvent une étrange absence de la pluriactivité 2 . Lorsqu’il est étudié, c’est en général comme un symptôme, ou un indicateur de situations plus globales, et non pour lui-même. Pourtant, des historiens que l’on va retrouver dans les pages qui suivent soulignent que les cumuls d’activités sont une donnée très ancienne, et suffisamment importante pour que l’on puisse considérer qu’ils sont une composante à part entière de notre histoire. Leur étude serait donc susceptible d’éclairer certains aspects de celle-ci. Par exemple, de comprendre comment, pendant des siècles, des paysans ou des ouvriers ayant des ressources réputées insuffisantes pour vivre ont néanmoins pu s’en tirer. Mieux connaître notre passé est ainsi une première raison pour s’intéresser à cette pratique. Mieux déchiffrer le présent en est une seconde. Etudier l’histoire de la pluriactivité peut nous permettre de jeter un œil neuf sur la genèse de phénomènes actuels, nous fournir des clefs pour appréhender certains aspects de notre société et nous éclairer sur des questions qui nous préoccupent de nos jours. Et aussi de répondre à cette interrogation : « ces temps, plus ou moins anciens, où la pluriactivité était si bien accordée aux conditions générales de l’activité économique et de la vie sociale qu’elle en paraissait évidente, sont-ils réellement révolus ? » 3 . Invoquée à l’appui de plusieurs politiques publiques, cette pratique séculaire est en effet également un phénomène actuel, qui est au cœur de certaines mutations en cours. Connaitre le parcours de la pluriactivité et ce qui le détermine nous met en mesure de mieux évaluer sa place aujourd’hui. Pour toutes ces raisons, une plongée dans le passé des cumuls d’activités fournirait probablement aussi d’utiles repères pour esquisser certains traits de notre avenir.
Mais il faut au préalable cerner les limites de l’exercice. La première est le risque d’anachronisme. Le cumul d’occupations ou d’emplois est peut-être vieux comme le monde, mais la pluriactivité, en tant que concept lié, en France, à l’existence de régimes juridiques fondés sur une base professionnelle, est une invention moderne. Le terme lui-même remonte sans doute à une cinquantaine d’années. On mesure combien il peut être malaisé de l’utiliser pour traiter de situations modelées par des contextes tout à fait différents.
Une seconde embuche se présente : comment retracer l’histoire d’un sujet que chacun interprète à sa manière ? Définir la pluriactivité, ainsi qu’on a coutume de le faire, comme l’exercice de plusieurs activités, simultanément ou successivement dans un laps de temps réduit (l’espace d’une année en général), est une tautologie d’une fausse simplicité. Il n’y a pas en effet de contenu unanimement accepté de ce terme. On lui attribue des sens multiples traduisant des conceptions parfois très différentes. Complication supplémentaire, ce phénomène est désigné sous des appellations diverses (double-activité, polyactivité, multiactivité, occupations ou genre de vie mixtes, etc.). Or parfois celles-ci sont interchangeables, parfois elles désignent des réalités dissemblables. Bornons nous ici à évoquer brièvement les deux questions majeures qui se posent 4 :
– faut-il analyser la pluriactivité comme une pratique individuelle, ou comme un phénomène collectif ? Chacune de ces conceptions a sa légitimité. L’approche individuelle, centrée sur la personne exerçant conjointement plusieurs activités, apparaît de prime abord la plus logique. Mais on peut aussi considérer que le niveau pertinent est celui d’entités plus vastes (couple, famille, exploitation) et dont les membres ont des occupations différentes, car celles-ci ne sont pas indépendantes : elles créent, au sein de ces structures prises globalement, des interactions visibles dans le partage des rôles ou dans les flux financiers internes. Or, selon l’optique retenue, l’importance du phénomène, sa place, sa signification, seront très différentes.
– quels types d’occupations prend-t-on en compte pour reconnaitre une situation de double activité ? On ne retient en général que des activités exercées à titre professionnel ou lucratif. Mais, en fonction de l’idée générale que l’on se fait de cette pratique, il arrive que l’on admette des occupations donnant lieu à un simple dédommagement (comme de nos jours certaines fonctions électives), des occupations bénévoles, des passe-temps, pourvu qu’ils occupent un temps suffisamment important. De même, selon les cas, on accepte ou on rejette les activités simplement occasionnelles ou irrégulières. Comment, d’autre part, faut-il

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