Journal d un coach
178 pages
Français

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Journal d'un coach , livre ebook

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178 pages
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Description



Ce livre est un témoignage à plusieurs voix – la relation de coaching racontée in vivo, à partir du jeu des histoires parallèles (celle du coaché, celle du coach). Formée au coaching après vingt-cinq ans de journalisme, Laure Dufresne rend hommage à ces hommes et ces femmes qu’elle a accompagnés – et qui l’ont accompagnée – durant les premières années de sa pratique du coaching de vie.



Partant du constat que l’outil le plus “performant” du coach est son enfant blessé, elle s’attache à faire partager des bribes d’histoires de vie à travers le récit de cette thérapie pour bien-portants qu’est le coaching. En y mêlant son vécu personnel, de manière à rendre intelligible et sensible la relation intuitu personae, sans que le coach se hisse dans la position de « celui qui sait ». Elle tient à faire apparaître ici ses erreurs et ses apprentissages, il ne s’agit pas pour elle de démontrer la virtuosité d’un quelconque art du coaching mais de « donner à voir et à entendre » – de l’intérieur – le processus à l’œuvre. Et de diffuser de l’empathie.


Si t ous les professionnels de l’accompagnement peuvent se reconnaître dans ce récit et s’identifier au coach dans son cheminement avec le coaché, ce livre s’adresse aussi plus largement à tous ceux qui ont seulement entendu parler du coaching.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2013
Nombre de lectures 54
EAN13 9782818804537
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Titre
JOURNAL D’UN COACH
« Je ne ferais pas l’Atlantique en solitaire » et autres récits croisés de l’intime
e Coach certifié par le Dôjô (Paris 5 ), ex-membre ICF (International Coach Federation),Laure Dufresne s’est spécialisée dans le storytelling accompagné. Elle est aussi formatrice « Communication et management ». Elle est joignable via son site internet (www.dusensetdesvies.fr) et à l’adresse laure.dufresne@maxima.fr
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©Maxima, Paris 2014 ISBN EPUB 9782818804537
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Il y aurait toujours cette mémoire, cette solitude : cette neige dans tous les soleils, cette fumée dans tous les printemps.
Jorge Semprun,L’écriture ou la vie
Prologue
ui sont-ils ? Qu’est-ce qui les pousse à franchir le seuil, à s’asseoir face à moi dans un psycQhiquement bien-portants. Leur demande peut paraître banale. Selon moi, elle ne l’est fauteuil, à parler d’eux-mêmes comme jamais peut-être ils ne l’ont encore fait ? Il leur faut du courage. S’ils vont voir un coach et non un psy, c’est qu’ils se savent jpoint que je suis chaque fois frappée par la diversité sans cesse renouvelée de leursamais. Au histoires de vie, la vivacité de l’expérience, l’extrême cohérence de leur trajectoire – y compris les errements et les échecs. Les effets intimement liés à des causes identifiées ou non – ce qui n’empêche pas les bégaiements rageurs de l’impuissance et de la pensée magique. Mon propos est aujourd’hui de rendre hommage, en respectant leur anonymat, à certains de ceux qui sont venus vers moi en confiance – un « compliment » à la manière de l’époque classique. J’aime leurs mots, leur inventivité à dire, parfois drôle, pittoresque, toujours sensée. Restituer l’intégralité d’un accompagnement serait malaisé et fastidieux. Il s’agit ici de récits ramassés où apparaîtra, mieux que la démarche elle-même, l’évolution de la relationintuitu personae.d’angélique, rien de spectaculaire dans ce qui se veut non pas une Rien démonstration – d’un quelconque « art du coaching » – mais une invitation à l’empathie. A ces femmes et ces hommes que j’ai rencontrés, j’ai offert ma tendresse et ma maladresse. Celle-ci d’autant plus évidente – à l’âge de la maturité – dans mes premiers accompagnements de « bébé-coach » juste sorti de l’école. Dans l’interaction avec eux, je me suis trompée, je me trompe encore. Certes, l’outil ne fait pas le coach, et cependant je fais allusion ici à des modèles théoriques bien commodes à utiliser dès lors qu’on veut les partager facilement avec la personne accompagnée. Ce que je considère en revanche comme l’outil le plus performant pour un coach est bien son enfant blessé. D’où l’emploi d’épithètes, pour ce qui me concerne (ma « mère assassine »), dont la violence pourrait passer pour excès de langage. En vérité, agit seulement l’inflation tragique du passé – à cet âge primitif où ne nous animent que des émotions de survie. Voilà pourquoi, au cours de ces confessions, dansent ensemble – sans qu’il y paraisse dans la réalité de 1 l’échange – deux enfants blessés, le mien, celui du coaché. Par la grâce du transfert* et du contre-transfert* s’élabore une chorégraphie non dite, durant laquelle se répondent deux histoires singulières. Dans ce dialogue crypté de ressentis divers – ballet de signaux non-verbaux – s’insinuent la connaissance de soi et celle de l’autre. Tel est l’apprentissagemouvement perpétuel de l’initiation – du donné-reçu de la relation de coaching. Et qui fait tout son sel. On ne trouvera dans ces confessions illégitimes, ni révérence dogmatique – en dépit de l’inévitable « bouillon de culture » du coaching –, ni prétention ni abnégation. Je revendiquerais volontiers le droit à l’illégitimité triomphante, à l’éthique non-étiquetée. A la fraternité de ceux qui se reconnaîtront en ces femmes et ces hommes qui leur ressemblent. Mes tâtonnements successifs ont pour fonction de me guider, non pas vers la perfection ou l’exemplarité, mais vers un peu plus d’amour – de la vie, des autres.
1 Les termes, expressions et concepts suivis d’un astérisque sont définis dans le glossaire placé en fin d’ouvrage.
Aide-moi à ne pas changer
Je veux arrêter de souffrir.La plainte déjà. Une prière dolente qui va tourner en boucle, s’alimenter infiniment d’elle-même. J’aperçois très vite, à son débit monocorde, non pas la complaisance mais l’emberlificotement du scénario bien affuté. A plus de quarante ans, C. déploie une silhouette haute et juvénile, yeux d’enfant, rire de tête. Quand il ouvre les dents sur un éclat d’autodérision, ça part en cascade aiguë. Ce rire du pendu*, je l’entendrai souvent ensuite, avec d’autres. Et en moi le même soupir navré. Solidement ancré dans le rôle du sauveur universel, il prend conscience, au fil de mon questionnement, qu’il répète méthodiquement avec les femmes la stratégie de survie amorcée au contact d’une mère dépressive. Une constance héroïque qui l’a conduit à porter à bout de bras des années durant une femme suicidaire – qui finira par réussir sa sortie – et dont il continue de thésauriser les bénéfices secondaires*. Remarié très vite, il a recomposé une famille avec enfants et une épouse-mère dont il attend la délivrance fusionnelle. Premier coaching, premier déferlement du contre-transfert*. Le « Papa-maman-plus jamais ça » me saute au visage avec une belle santé ! Rien ne manque dans l’effet miroir immédiat. C. résume à lui seul – sans l’indication pathologique –, la plainte obsédante de ma mère, l’excès de contrôle de mon père, la colère de l’enfant blessé qui accourt au galop pour réclamer son goûter. N’avais-je pas déjà touché du doigt la plaie béante, longtemps tenue demi-fermée comme on jette une passerelle au-dessus du vide – une planche pourrie ? N’avais-je pas déjà exploré ce couloir envahi d’ombres où j’écoutais, effarée, le clap-clap d’une balle de caoutchouc contre un mur ? Les petites filles tueuses jonglent avec les balles contre les murs. Elles s’exercent à l’habileté des femmes douces, elles convoitent leur docilité. C. en viendrait tardivement à exhumer sa révolte, en se trompant de cible. Pour l’heure, il convient d’une voix neutre qu’il n’a pas su tenir hier son rôle de mari, ni celui du père pour son fils. Auprès de sa mère autrefois, il s’était substitué à son père :Je n’existais pas. Aujourd’hui encore, il tremble de repartir en arrière, et cependant il tire incessamment sur l’élastique :Il faut être responsable jusqu’au bout.je l’invite à chercher l’enfant en lui aujourd’hui, il ne Quand trouve ni le jeu ni le rêve, ni la joie. Tout en écoutant C. qui tourne autour de sa mélancolie avec entêtement, me vient le rappel de toutes ces années à serrer les dents, mandibules figées, la nuit, sur des rêves méchants.Si j’avais pu ne pas avoir d’enfant,soupire-t-il. Lui ne serre pas les dents, il ouvre la bouche sur un lamentoen sourdine. A trop faire le Parent*, il a érigé sa rigidité morale en principe – forteresse de plâtre –, dissimulé son impuissance sous le ressac du gémissement.
Une force vitale affadie
Quelle déformation la colère imprime-t-elle sur son visage ? Parvient-elle à froisser cet air de bon garçon soumis ?Je veux apprendre à gérer mes émotions,pose-t-il, exprimant sa difficulté à communiquer autrement que dans le reproche.Il faudrait que j’arrive à contenir tout...
Lapremière femme
Comment deviner, dans ces yeux bruns vivants, que cette femme abrite en elle un désert ? Quand elle secoue ses cheveux lisses et qu’elle rit, sa lèvre étroite découvre des dents parfaitement alignées, elle s’illumine. Je tends l’oreille à sa parole brève, à son humour lapidaire. Parfois émane d’elle une gouaille réjouissante dont on ne sait d’où elle vient. Aux autres, elle oppose un silence circonspect, ou pis encore, une répartie jaillie sans sommations. Ce corps plein, ces formes harmonieuses apportent un surprenant démenti à une sécheresse de ton qui peut déconcerter. Jai besoin d’y voir clair, je ne trouve pas la sortie du labyrinthe,d’une voix commence-t-elle nasale. Avec des mots simples – elle dira plus tard qu’elle est « terre-à-terre » –, elle décrit une situation professionnelle pesante, anxiogène, violemment attentatoire à son estime de soi. Cinq ans déjà qu’elle végète devant son ordinateur, flanquée d’un chef alcoolo-dépendant et omni-absent :J’essaie de ne pas compter les heures. Soit je cherche un autre poste, soit je prends ma retraite et je file dans le Sud.Ses parents ont un mas dans le Midi – une maison de famille –, pourquoi ne pas en faire un gîte d’été ? L’idée semble prometteuse, on verra que le rappel à la réalité sera rude. Pour l’heure, L. ne s’autorise pas à rêver là-dessus :Tant que je n’y suis pas, je n’ouvre pas les tiroirs dans ma tête. Avant de me lancer, j’aime bien savoir. Elle aimerait qu’on l’embarque dans un projet, que quelqu’un lui donne un coup de pied et lui dise : vas-y ! Je fais l’hypothèse d’une impasse paradoxale : la passivité du « on » dans :J’attends qu’on me propose quelque chose qui m’éclate ; et l’envie puissante de prendre son envol.Je suis encore coincée ici, répond-elle,je ne me permets pas encore. D’entrée de jeu, je sens en elle une frustration géante. En quatorze ans de parcours professionnel, elle n’a jamais eu l’occasion d’êtrele chef d’orchestre d’un truc qui avance. Emane d’elle, avant même qu’elle ne trouve les mots pour le dire, la béante solitude intérieure d’une femme stoppée net. Une femme empêchée. Mariée à vingt ans, quatre enfants en sept ans, un seul homme dans sa vie – l’époux aimant et nourricier –, chacun son job, une vie de famille bien réglée. Rien ne se passe. Rien qui dépasse, même pas l’ennui. Et voilà qu’à mi-vie, l’édifice se lézarde. Elle et lui – les enfants s’acheminent à grands pas vers l’autonomie – vacillent jusqu’à basculer dans le marasme. L’un et l’autre aspirent à autre chose. La vie de travail qu’ils ont connue jusqu’ici ne leur apparaît plus que comme une vaste fumisterie – pour elle –, un stress insurmontable pour lui. L’envie n’y est plus mais le besoin de sécurité verrouille l’imagination : on ne saute pas dans le vide sans filet. On voudrait « tout envoyer balader » mais il faut assurer les arrières.
Une absence à vivre
Ma compassion fonctionne à plein régime, assortie d’une sorte de stupeur : L. me laisse entrevoir, avec une touchante ingénuité, le vertige de la page blanche. L’étendue vierge de la non-connaissance. Comme si jusqu’alors, la vie avait ressemblé pour elle à ces plages que vient lécher incessamment une mer étale. Aucune trace de pas sur le sable. Et autour, l’écho lancinant du vide. En l’écoutant, j’ai des fourmis dans les jambes. A cette...
Comme un cheval sauvage
Composer avec la tentation de copiner ? Réfréner son empathie ? Incarner la grande sœur plutôt que la bonne mère ? Souvent, j’ai eu à accompagner des femmes en situation de grande solitude, privées du secours d’un fan-club, de l’épaule d’un homme ou de l’oreille d’une amie. J’étais cette oreille. D’où la sensation d’accueillir – non pas la mélodie de la plainte – mais un non-dit parfois drôle, parfois joyeux. Avec B. m’a sauté au visage un précipité féminin contrasté : émanait d’elle une force vitale impressionnante, amortie par une profonde vulnérabilité intérieure. Ronde, tonique, B. ouvrait de grands yeux bleus pétillants dont l’eau se troublait dans les moments de doute. Belle bouche, rire sonore. Comment en était-elle arrivée à pulvériser son rêve ? Venue tard à la musique, elle était entrée au Conservatoire de Paris à vingt-trois ans. Chanteuse lyrique – soprano dramatique – elle aspirait à devenir soliste. Après avoir vécu en couple avec un musicien dont elle a eu deux enfants, elle a rompu et changé de région. Aujourd’hui, elle court le cachet comme choriste pour élever ses filles, et alors qu’elle l’avait négligé pendant des années, son rêve vampirise désormais toute sa vie. Son obsession : passer des auditions et obtenir le statut d’intermittent du spectacle. Elle frémit d’énergie contenue, se disperse – elle envoie des CV dans tous les opéras pour obtenir une audition –, effrayée à l’idée de bientôt perdre les aides sociales. Elle se cherche un agent mais rechigne à passer des auditions : pas prête.Quand on a le trac, ça ne monte pas, dit-elle,il faudrait que je trouve des airs plus vaillants pour me donner du courage. Tatiana ou Desdémone ? Je ne l’ai pas entendue chanter – je le ferais plus tard. Elle m’explique qu’elle a une voixqui met du temps à aboutir.airs dramatiques exigent beaucoup d’investissement Les physique et technique. Sa relation aux agents souffre de souvenirs encore...
Laleçon de billard
Egoïstement, j’apprécie à sa juste mesure l’intelligence de l’autre. J’en ressens chaque fois de la gratitude. D’abord parce ma tâche s’en trouve grandement facilitée. Ensuite parce que la circonstance – la fluidité du tête-à-tête – confirme l’évidence du pouvoir de chacun sur sa vie, sans qu’il soit besoin d’aller chercher ailleurs qu’en soi. D’où l’apparente vanité de l’accompagnement. En réalité, je donne non pas ma vacuité mais mon hyper-vigilance à tous les indicateurs du sursaut de la compréhension. La mise en mouvement suivra. Parfois très vite, avec une étonnante régularité dans la progression, comme si l’énergie produisait à mesure toujours plus d’énergie. L’effet de chaîne du dégivrage. Avec D., mes premiers pas de coach me portaient au-devant d’une femme jeune – elle n’avait pas la trentaine –, gracieuse et réfléchie, bien élevée. Beaucoup de charme, élocution parfaite, pensée claire. Et une assertivité* fluctuante qui la conduit tout droit à la colère – sans identifier son besoin – après avoir collectionné les timbres. De la position du sauveur* impénitent où elle s’engouffre par automatisme, elle passe invariablement dans celle du persécuteur. D’abord contre elle-même. Quand elle regarde autour d’elle, les « victimes » se pressent en rangs serrés. Elle prend conscience du cercle vicieux :Jaccours, c’est ma façon de me nourrir, dit-elle,je ne sais pas dire non donc je donne des conseils. Je ne veux plus rentrer dans ce schéma.
– Qu’est-ce que ça t’apporte ? – Je me sens généreuse, aimée, appréciée. – Quoi d’autre ? – Ça me remplit, ça me donne confiance en moi. Ça me donne de l’énergie, de la plénitude, je me sens vivante. – Puissante ? – Oui. – Est-ce que la générosité, c’est prendre le pouvoir sur l’autre ? – Oh non !
C’est bien la première fois que j’entends aussi distinctement le bénéfice secondaire* de...
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