Survivre au travail
228 pages
Français

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Description

Aimez-vous votre travail ? Est-ce que c'est dans votre travail que vous vous épanouissez ? voyez-vous un avenir dans ce que vous faites, ou travaillez-vous en attendant de pouvoir vous arrêter bientôt ? Etes-vous de ceux qui ont pu aménager leur travail à distance ? Surfant sur une vaste culture, l'auteur présente tour à tour les visions de Weber, Kafka, Jorge Luis Borges ou Machiavel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 11
EAN13 9782296472716
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SURVIVRE AU TRAVAIL
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot

En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Bernard FORMOSO, L’identité reconsidérée. Des mécanismes de base de l’identité à ses formes d’expression les plus actuelles , 2011.
Isabelle LOIODICE, Philippe PLAS, Núria RAJADELL PUIGGROS (sous la dir.de), Université et formation tout au long de la vie, Un partenariat européen de mobilité sur les thèmes de l’éducation de s adultes , 2011.
Maxime QUIJOUX, Flaviene LANNA, Raúl MATTA, Julien REBOTIER et Gildas DE SECHELLES (sous la dir. de), Cultures et inégalités. Enquête sur les dimensions culturelles des rapports sociaux , 2011.
Nathalie GUIMARD et Juliette PETIT-GATS, Le contrat jeune majeur. Un temps négocié , 2011.
Christiana CONSTANTOPOULOU (sous la dir. de), Récits et fictions dan s la société contemporaine , 2011.
Raphaële VANCON, Enseigner la musique : un défi , 2011.
Fred DERVIN, Les identités des couples interculturels. En finir vraiment avec la culture ?, 2011.
Christian GUINCHARD, Logiques du dénuement. Réflexions sociologiques sur la pauvreté et le temps , 2011.
Jérôme DUBOIS (sous la dir. de), Les usages sociaux du théâtre en dehors du théâtre , 2011.
Isabelle PAPIEAU, La culture excentrique, de Michael Jackson à Tim Burton , 2011.
Aziz JELLAB, Les étudiants en quête d’université . Une expérience scolaire sous tensions, 2011.
Odile MERCKLING, Femmes de l’immigration dans le travail précaire , 2011.
Hermano Roberto THIRY-CHERQUES
SURVIVRE AU TRAVAIL
Traduit du portugais (Brésil) par Armelle Le Bars
L’Harmattan
Du même auteur

Techniques de modélisation de projets culturels,
Traduction de Sonia Vieira, L’Harmattan, juin 2006

Ce même livre paru au Brésil :
Sobreviver ao trabalho
FGV editora, Rio de Janeiro, 1ª Ed. 2004

© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56594-4
EAN : 9782296565944
Prologue
Dans ce livre j’ai essayé d’aborder la lutte que mène le travailleur pour survivre dans le monde des organisations et de décrire les stratégies utilisées pour concilier la subsistance matérielle et la survie spirituelle, afin de rester rationnel dans le monde du travail. Un monde qui nous paraît souvent hostile, incohérent et contradictoire mais auquel nous ne pouvons pas encore échapper.
Mon approche est fondée sur des données et informations obtenues grâce à des recherches empiriques. Comme le savent bien tous ceux qui se sont chargés un jour d’aborder ces questions, les recherches scientifiques dans le domaine des relations sociales sont insuffisantes pour exprimer ce que l’on voit et ressent dans l’activité quotidienne avec les personnes et les institutions. La relation rigoureuse des faits et l’annulation méthodique des émotions, troublent plus qu’elles n’éclairent. Les données masquent plus qu’elles ne révèlent les modes de vie. Au-delà des données, j’ai cherché à décrire les sentiments et la façon d’agir de ceux qui luttent pour survivre aux organisations.
Différents observateurs ont vécu ou décrit des stratégies de survie, à des occasions et dans des contextes différents. Le récit ou la légende de la vie du golem m’a servi de référence vis-àvis de ceux qui s’écrasent devant l’organisation du système. J’ai utilisé le système kafkaïen pour aborder ceux qui séparent le travail et la vie de l’esprit. Le machiavélisme m’a permis de mieux comprendre ceux qui essaient de survivre dans les organisations grâce au pouvoir sur les autres et même à leur assujettissement. Le professionnalisme wébérien, pour comprendre ceux qui prennent de la distance par rapport au travail des organisations qui les absorbent. La vision de Borges, enfin, pour appréhender ceux qui trouvent dans l’individualité non présentielle, la façon de concilier le besoin de travailler avec la raison d’être des organisations.
Le choix de ces auteurs et personnages n’est pas fortuit. Tout au long du processus de recherche, d’interprétation et de rédaction, je me suis rendu compte que d’autres - beaucoup plus compétents que moi -, avaient vécu, appris et décrit les raisons qui déclenchent des stratégies que nous adoptons consciemment ou inconsciemment, en tant que travailleurs, pour garder notre raison tandis que nous essayons de faire survivre notre corps. J’ai emprunté leur regard éclairé pour comprendre ce que j’ai vu et recherché dans les documents sur la subsistance dans le monde du travail. Ce sont les auteurs de ce que j’ai développé. Ce qui dans les explications peut paraître obscur ou erroné, voire confus, est à mettre sur le compte de ma maladresse.
1 - Survie
Le travail salarié, tel que nous le connaissons, est en train de disparaître. Les mutations dans les organisations et les technologies ont fait de l’employé un facteur mineur dans la production. La survie du salarié est menacée par un adversaire sans pitié : le fait que l’on puisse s’en dispenser. Dans de nombreux cas, la quantité d’énergie et l’intelligence dépensée pour obtenir et conserver une occupation est déjà égale à celle de l’effort consacré à produire. Actuellement, le rêve du progrès indéfini et de son corollaire, le travail pérenne, n’est plus possible. Nous luttons pour rester au travail et pour résister au travail.
Les recherches 1 qui ont été à l’origine des idées présentées ici, avaient comme objectif de mieux saisir les transformations que connaît aujourd’hui le monde du travail. Avec le temps, le contraste entre ce qui est décrit dans la littérature technicoscientifique et les préoccupations ressenties dans les organisations ont provoqué un changement de cap. En mettant en relation le travail et la production, l’emploi, la vie en collectivité, la réglementation et tous les éléments qui composent le monde des organisations, le thème de la survie a commencé à apparaître de manière récurrente. Dans le contact quotidien avec les responsables, l’encadrement et les ouvriers, il est apparu clairement que l’économie et les formes d’organisation sont en train de transformer en victime, non seulement le travailleur, mais le travail lui–même en tant qu’activité socialement établie.
Cette constatation m’a progressivement amené à orienter différemment ma recherche (de l’analyse hypothético-déductive conventionnelle vers la recherche phénoménologique) et à inverser l’objet même de la recherche. J’ai voulu comprendre comment le travailleur situé à tous les niveaux, suivant les formations et les secteurs, élabore et met en pratique des stratégies qui lui permettent de survivre spirituellement et qui lui permettent non seulement de vivre du travail mais de vivre en harmonie avec le travail.
Dans notre système universitaire, une vieille habitude d’autosatisfaction perturbe nos mécanismes de compréhension, plus encore qu’elle ne discrédite le monde universitaire. Au début de mes recherches, les conditionnements culturels et une pseudo-objectivité méthodologique m’ont amené à percevoir la survie comme une chose imposée, nécessaire à la subsistance matérielle. Mais, peu à peu, il m’a semblé évident que ce n’était pas le sentiment profond qui animait la survie dans le contexte dans lequel je menais cette recherche. En tous cas ce n’était pas là le sens prioritaire émanant des données et figurant dans les discours des travailleurs. Les termes de l’équation étaient autres. Au-delà de l’impératif évident de la subsistance et donc du travail en tant que moyen de survie, il y avait la question sous-jacente d’essayer de survivre au travail. L’activité productive du début du XXIe siècle est devenue si spé

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