LE Long parcours d une grande gueule
79 pages
Français

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LE Long parcours d'une grande gueule , livre ebook

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Description

Né au Congo belge, Patrick Beauduin a grandi dans un monde où le petit blanc faisait ce qu’il voulait du petit noir. C’est le début d’une vie construite pour faire de lui un gamin aux poings frustrés, un ado au mot méchant, un publicitaire au verbe vendeur… et éventuellement, un patron aux gestes carrés, vindicatifs et arrogants. Un dur de dur. Un tyran?
Puis, au dernier virage d’une carrière jalonnée de trophées, de reconnaissances flatteuses et autres flagorneries douteuses, l’homme se prend une spectaculaire claque sur la gueule. C’est le début d’un chemin de croix indispensable. Sa rédemption: il découvre qu’un patron, ça peut être authenticité, humilité, partage, fragilité.
Le long parcours d’une grande gueule raconte la renaissance d’un leader, sur un chemin semé de réflexions, jalonné de petits cailloux éclairants qui aideront assurément d’autres patrons à se réinventer. Pour leur propre bonheur. Mais surtout celui des autres.

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782897580834
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PATRICK BEAUDUIN
Guy Saint-Jean diteur
3440, boul. Industriel
Laval (Qu bec) Canada H7L 4R9
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
www.saint-jeanediteur.com

Donn es de catalogage avant publication disponibles Biblioth que et Archives nationales du Qu bec et Biblioth que et Archives Canada

Nous reconnaissons l aide financi re du gouvernement du Canada par l entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activit s d dition.

Gouvernement du Qu bec - Programme de cr dit d imp t pour l dition de livres - Gestion SODEC
Guy Saint-Jean diteur inc., 2016
R vision: Lyne Roy
Correction d preuves: milie Leclerc
Conception graphique: Rod o Atelier cr atif
Photo de la page couverture: Jean Vachon
D p t l gal - Biblioth que et Archives nationales du Qu bec, Biblioth que et Archives Canada, 2016
ISBN: 978-2-89758-082-7
ISBN ePub: 978-2-89758-083-4
ISBN PDF: 978-2-89758-084-1
Tous droits de traduction et d adaptation r serv s. Toute reproduction d un extrait de ce livre, par quelque proc d que ce soit, est strictement interdite sans l autorisation crite de l diteur. Toute reproduction ou exploitation d un extrait du fichier E-Pub ou PDF de ce livre autre qu un t l chargement l gal constitue une infraction au droit d auteur et est passible de poursuites p nales ou civiles pouvant entra ner des p nalit s ou le paiement de dommages et int r ts.
Imprim et reli au Canada
1 re impression, mars 2016

Guy Saint-Jean diteur est membre de
l Association nationale des diteurs de livres (ANEL).

TABLE DES MATI RES
PR FACE
CHAPITRE 1
Tintin au Congo: l apprentissage de l abus de pouvoir
CHAPITRE 2
Un rouquin au pensionnat: je pue donc je suis
CHAPITRE 3
Le ridicule pouvoir de ne rien voir
CHAPITRE 4
La travers e d un d sert: la premi re r v lation
CHAPITRE 5
Les podiums publicitaires: l aveuglement du succ s
CHAPITRE 6
Le Qu bec dans le mur
CHAPITRE 7
On prend le m me et on recommence
CHAPITRE 8
Sur le chemin de l humus
CHAPITRE 9
Posture d imposteur
CHAPITRE 10
L preuve du feu
CHAPITRE 11
Il est bien tard, mais pas si tard
PR FACE
J aime couter la radio lorsque je suis en voiture. Si j ai de la chance, le divertissement devient d couverte et apprentissage. Parfois m me merveillement. Il y a quelques ann es, alors que je roulais sur l autoroute 20, j ai subi un choc dont je ne me suis jamais vraiment remis. Une voix grave et forte avait capt mon attention. Elle portait une parole neuve, clairante et empreinte d une grande intelligence. Elle parlait - je m en souviens comme si c tait hier - de l image en "haute d finition et de l impact que ce genre d image avait sur nos vies, de cette exigence de perfection que nous prouvions, d sormais, propos de tout et de rien. Cette voix nous conduisait bien au-del de la surface et des apparences; elle effectuait un v ritable tour de force car, en l espace de quelques instants, elle nous donnait acc s la profondeur. Avec une habilet p dagogique qui tient la fois du don et du v cu, elle offrait un regard fin sur ces nouvelles r alit s qui nous fa onnent. Oui, soudainement, sur l autoroute 20, je d couvrais, j apprenais et je m merveillais. L mission, Indicatif pr sent , tait anim e par Marie-France Bazzo, et son invit s appelait Patrick Beauduin. J tais loin de me douter que cet homme deviendrait un grand ami et qu il se qualifierait un jour de "grande gueule . J tais loin de me douter que cette voix forte pouvait aussi servir d armure.
La premi re fois que j ai rencontr Patrick, j ai t intimid . Sa voix demeurait impressionnante de confiance, et ses propos, admirables de lucidit , d audace et d intelligence. S ajoutait cet ensemble un bagage de connaissances et d exp riences qu on ne rencontre que rarement au cours d une vie. J tais intimid , je dis. De quoi ne pas oser prendre la parole par crainte de dire des b tises ou de ne rien dire d int ressant. La peur pu rile de n tre pas la hauteur, d tre jug , voire rejet , par quelqu un dont on voudrait se rapprocher: les pirouettes de l ego son meilleur!
Puis, peu peu, cette peur s est dissoute; j ai connu l homme et sa qu te. La grande gueule a cess de m intimider, j ai appris aimer l homme qu elle cachait.
Il est toujours possible d apprivoiser soi-m me sa peur du rejet ou de l indiff rence, mais il arrive que l autre la fasse fondre pour soi, sans qu on ait rien eu dire ou faire. J ai eu le privil ge d assister la m tamorphose de la "grande gueule . Rien voir avec l image vieillotte du papillon qui quitte l enveloppe; c tait plut t une chrysalide qui donne acc s l int rieur de l enveloppe - pendant que la m tamorphose s op re. Par des gestes, des mots et des regards, Patrick contredisait cette id e re ue: " partir d un certain ge, on ne change plus. Il passait de la parole forte l coute forte; de l armure la nudit - celle du c ur, de l me. Il quittait le besoin de dominer pour entrer dans celui de servir.
Ce livre raconte cette courageuse transformation. Au fil d une criture somptueuse et lumineuse, nous suivons le parcours passionnant d un homme qui s veille ce qu il est v ritablement et qui, plut t que d utiliser sa grande gueule comme une arme protectrice, s en fait un outil qui contribue nourrir et relier.
Ce r cit s adresse des leaders, bien s r, mais il rejoindra ceux et celles qui croient encore qu on peut, partir de ses blessures, aller vers la bienveillance et la compassion. Il inspirera aussi ceux et celles qui d sirent b tir un monde meilleur, o le bien commun guide les cheminements et sert de trame aux r ves.
Merci Patrick!
Serge Marquis
CHAPITRE 1


C tait il y a longtemps.
Un autre si cle, un autre temps. C tait au temps des colonies belges.
Depuis 1908, la Belgique avait annex l tat ind pendant du Congo apr s l avoir re u par testament de son roi d funt, L opold II. Immense territoire riche de tous les minerais, de toutes les mati res premi res, ce Congo belge tait, au lendemain de la Deuxi me Guerre mondiale, une terre d accueil bien attirante pour les jeunes Belges en qu te de travail, d une nouvelle vie. Pour un jeune couple, la colonie tait une sorte d eldorado o il ferait bon fonder confortablement une famille loin des cendres d une Belgique puis e.
Mes parents avaient choisi le Congo pour fuir un autre mariage arrang par mes grands-parents maternels - eh oui d j - et pour ne rien arranger du tout, je baignais dans le ventre de ma m re en attendant de d barquer L opoldville 1 , o il tait pr vu que je pousse mon premier cri de futur leader.
J ai d trouver a tr s chaud de na tre dans un tel climat, ou peut- tre pas: 36 degr s l ombre comme f tus, a ressemblait pas mal l automne congolais que je d couvrais en ce mois de mars 1953. Aussi humide, aussi chaud, aussi collant.
Les premi res ann es de cette vie de fils de colons sont dans ma m moire comme une succession de petites photos jaunies aux bordures dentel es plus ou moins naturelles, plus ou moins nettes. Et si ces images ont r ussi traverser les ann es avec assez d insistance, c est sans doute pour m aider aujourd hui revivre ces premiers pas qui ont construit ce que je suis devenu: une grande gueule.
l poque, la vie des colons tait bien confortable. Et pourtant, mes parents n taient ni planteurs, ni exploitants de mines, ni propri taires d une quelconque entreprise d import-export. Ils taient juste de petits employ s. Papa vendait des camions GMC dans une concession, il avait toujours aim les camions. Maman tait secr taire l ambassade am ricaine, une ann e Cambridge et une bonne dose de st no lui avaient suffi pour d crocher le boulot. C tait le temps o les messieurs portaient des pantalons pinces et les dames, des robes aux imprim s fleurs.
Cela dit, leur statut de petits colons ne les emp chait pas d avoir la maison cinq personnes leur service: un cuisinier qui connaissait l art de la moambe - d licieux plat traditionnel qui go te les pinards - ou des bananes plantain, un jardinier qui veillait ce que les rats du fleuve Congo ne viennent pas tout ravager, un blanchisseur (eh oui! on l appelait ainsi) qui s occupait de la lessive et du repassage longueur de journ e (les couches l poque taient encore en tissu), un chauffeur et ma Mama.
Nourrice adorable, Mama, cette sorte d infirmi re toute de blanc v tue, accompagnait mon quotidien, que ce soit pour mes courses en jeep p dales autour de la maison, mes incessantes visites au zoo de la ville ou ma d couverte des albums de Tintin avec leur l gendaire dos de tissu rouge.
Je disais "ma Mama parce que oui, elle m appartenait: c est moi qui d cidais, c est moi qui voulais aller ici ou l et "ma Mama devait s arranger pour que cela se fasse en toute s curit . Ainsi, je serais un enfant heureux et mes parents auraient la paix. Dr le d apprentissage qu tre fils de colons en ces ann es 50.
En fait, colon, c tait d j tre chef, peu importe l ge, le sexe. Pourvu que ma peau soit blanche, j avais le droit de commander, le pouvoir de r ler et presque la l gitimit de punir. Du haut de mes trois ans, j avais d j le droit de menacer, sinon de d noncer.
Qu en ai-je fait en ces temps lointains? En ai-je tant abus ? Ai-je fait souffrir ma bien-aim e Mama? La m moire est tra tresse et, plus d un demi-si cle plus tard, je ne peux r pondre avec pr cision.
Ce qui est certain, c est que ce pouvoir de graine de colon, je l ai absorb mon insu, comme une perverse infusion, un doux poison que j appellerais aujourd hui, avec le recul, l arrogance des nantis .

On sous-estime souvent l influence de nos premiers

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