Le sexe, le genre et la psychologie
153 pages
Français

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Le sexe, le genre et la psychologie , livre ebook

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Description

La psychologie sociale a pu montrer que le genre assure une fonction cognitive, orientée par une asymétrie fondamentale entre les deux catégories de sexe. Et cette asymétrie, liée notamment au statut de référent universel donné au sexe masculin, façonne nos comportements, jusqu'aux plus automatiques et quotidiens. Si la théorie psychanalytique, théorie de la sexualité et de l'inconscient, ne peut être ignorée, le monisme phallique découvert par Freud et dialectisé par Lacan constitue la pierre d'achoppement entre psychanalyse et féminisme. Que peut apporter une pensée psychanalytique de la différence des sexes à une pensée politique des rapports entre hommes et femmes ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2005
Nombre de lectures 450
EAN13 9782336276472
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bibliothèque du féminisme
Collection dirigée par Oristelle Bonis, Daminique Fougeyrollas, Hélène Rouch
publiée avec le soutien de l’Association nationale des études féministes (ANEF)

Les essais publiés dans la collection Bibliothèque du féminisme questionnent le rapport entre différence biologique et inégalité des sexes, entre sexe et genre. Il s’agit ici de poursuivre le débat politique ouvert par le féminisme, en privilégiant la démarche scientifique et critique dans une approche interdisciplinaire.
L’orientation de la collection se fait selon trois axes : la réédition de textes qui ont inspiré la réflexion féministe et le redéploiement des sciences sociales ; la publication de recherches, essais, thèses, textes de séminaires, qui témoignent du renouvellement des problématiques ; la traduction d’ouvrages qui manifestent la vitalité des recherches féministes à l’étranger.

Réseau inter-universitaire et interdisciplinaire national sur le genre (RING)
Responsable scientifique : Claude Zaidman, e-mail : cedref@ccr.jussieu.fr

On assiste actuellement à une multiplication des débats, des enseignements, des études et des publications sur les femmes, la différence des sexes, les rapports sociaux entre hommes et femmes et leurs représentations.
En France, ce développement est encore peu visible en raison du faible nombre de départements, instituts ou centres universitaires d’études sur les femmes et/ou féministes et reste atomisé. Il existe dans ce domaine un véritable besoin de transversalité, d’échanges critiques, d’accumulation et de transmission des savoirs, au niveau de la recherche, de l’enseignement, comme auprès des acteurs sociaux et culturels.
Ce réseau, constitué à l’initiative d’équipes de Paris 7 Denis Diderot, Paris 8 Saint-Denis, Lyon 2 Louis Lumière et Toulouse 2 Le Mi-rail et financé dans le cadre du plan quadriennal de l’Université Paris 7 Denis Diderot, s’est désormais élargi à d’autres.
Le sexe, le genre et la psychologie

Patricia Mercader
Nous remercions le Fonds Social Européen, l’Université Lumière-Lyon 2 et le Centre Louise Labé pour l’aide qu’ils ont apportée à l’organisation par le RING de la journée d’études « Le sexe, le genre et la psychologie » qui s’est tenue à Lyon, le 22 mars 2003, et dont est issue cette publication.
© L’Harmattan, 2005
9782747583107
EAN : 9782747583107
Sommaire
Bibliothèque du féminisme Page de titre Page de Copyright Sexe et genre en psychologie : enjeux et problèmes À l’aune des rapports de domination Les automatismes dans les façons de penser les hommes et les femmes Relations intergroupes et catégories de sexe : le rapport de pouvoir Le vagin existe-t-il ? Des aléas théoriques de la négation du vagin Les femmes dans la problématique freudienne et lacanienne Le sujet de l’inconscient, question de genre ? Prolégomènes à toute utopie future. La « Révolution symbolique » est-elle possible ? Ouvrages parus dans Bibliothèque du féminisme Féministe à l’Harmattan
Sexe et genre en psychologie : enjeux et problèmes
Patricia Mercader
Maître de conférences Groupe d’Étude des Relations Asymétriques Université Lumière-Lyon 2

Une collègue sociologue me confiait récemment qu’elle s’était toujours demandé comment on peut être à la fois psychologue et féministe. Comme c’est bien ainsi que je me définis depuis près de vingt ans, et comme j’ai plusieurs collègues et amies qui se définissent de même, j’ai été un peu sidérée. Ce n’est pas si difficile, ai-je soutenu, si l’on admet que l’intégration de l’idée d’égalité des sexes exige un degré d’acceptation de l’altérité, c’est-à-dire une maturation psychique, un accès au symbolique, difficile à atteindre de toute manière, et surtout, bien sûr, dans un environnement social où cette idée est loin d’aller de soi, dans un système politique qui rend cette maturation particulièrement difficile. Au fond, c’est un peu comme de soutenir que les formes de psychopathologie sont à la fois socialement prescrites et adoptées par les sujets, et que leurs figures emblématiques varient avec les époques, idée aujourd’hui bien admise en psychologie 1 . Le fait que nous sommes, dès la naissance, socialisés dans le sens d’une différenciation hiérarchisée entre masculin et féminin a été très largement démontré, tant par des sociologues ou anthropologues que par des psycho-sociologues (parmi bien d’autres références possibles : Lezine et coll., 1975 ; Tap, 1985 ; Baudelot et Establet, 1992 ; Zazzo, 1993 ; Le Maner-Idrissi, 1997). Et pourtant, cette sociologue n’avait pas tort : les relations entre psychologie et féminisme soulèvent bel et bien toute sorte de problèmes, surtout, d’ailleurs, quand la psychologie prend appui sur la métapsychologie psychanalytique. Notre propos, dans cet ouvrage, est d’en explorer quelques-uns, en nous centrant sur les points qui nous semblent le plus cruciaux : les apports du modèle psychanalytique à la compréhension de ce que signifie le fait d’être un homme ou une femme, et l’utilisation possible et impossible du concept de genre en psychologie. En d’autres termes, si notre réflexion porte explicitement sur « sexe et genre en psychologie », elle questionne aussi, et peut-être surtout, la compatibilité difficile entre analyses féministes de la société et interprétations cliniques du devenir des individus.

Entre psychanalyse et sciences sociales, les débats sont extrêmement vifs et chauds, et surtout pour tous les domaines où des relations asymétriques sont engagées, c’est-à-dire tous les champs où la question de l’inégalité ou du pouvoir se pose. Côté sciences sociales, on entend volontiers dire que la psychanalyse n’est jamais qu’une rationalisation complexe des rapports de domination en l’état : exemple, l’argumentation que certain-e-s chercheur-e-s opposent à la notion freudienne de monisme phallique, selon laquelle le monisme phallique à trois ou quatre ans est causé par les rapports de domination entre hommes et femmes (Rubin, 1975). Inversement, côté psychanalytique, on entend aujourd’hui deux grandes sortes d’arguments. Le premier, ce serait de dire que, de toute façon, la sociologie est un système défensif, au sens où prendre les problèmes humains sous leur angle collectif et quantifiable, c’est par définition s’empêcher de comprendre leur dimension subjective, et une défense contre la dimension subjective : si je crois que je suis déterminée par la classe sociale où je suis née, c’est parce que je ne veux pas savoir que je suis aussi déterminée de l’intérieur par mon inconscient. Un autre argument, qui a peut-être davantage de poids sur la scène publique, consiste à dire que la façon dont les sociologues analysent les rapports de pouvoir dans la société, dans une perspective libéraliste, conduit à nier les conditions nécessaires du développement humain, et en particulier conduit à ébranler les bases de notre système symbolique (Legendre dit ceci dans toute son œuvre). Donc, nous qui faisons de la psychologie sociale, nous sommes au cœur de ce débat, contraints de nous entraîner à l’art de se tenir entre deux chaises, puisque nous partons du postulat que tout phénomène humain est déterminé de l’extérieur par les conditions sociales et de l’intérieur par les mouvements inconscients. Ce débat, pour quelqu’un comme Isabelle Stengers, est en fait une véritable guerre, dont l’enjeu est politique : sur quels critères va-t-on prendre des décisions sociales voire législatives ; qui va décider de ce qui est bon pour les individus et pour l’évolution de la société ; plutôt des sociologues ou plutôt des psychologues ? Même dans le débat public, on voit à plusieurs occasions s’affronter des théories portées par des groupes sociaux différents, et il s’agit toujours de savoir qui aura le plus d’influence sur les décideurs, ou sur les mouvements sociaux.
Je vais illustrer cette idée de guerre, et les enjeux de cette guerre, autour de deux questions liées au genre : 1- la disjonction actuellement admise en sociologie et aussi dans certains courants de la psychologie, entre sexe (biologique) et genre (psycho-social), et les effets sociaux de cette

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