Plaidoyer pour l égalité des femmes
134 pages
Français

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Plaidoyer pour l'égalité des femmes , livre ebook

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Description

Pour affronter leur destin, les femmes africaines doivent pouvoir neutraliser les traditions qui continuent à leur imposer de se soumettre aux hommes, en faisant valoir une autre parité, la parité des femmes et des hommes dans l'usage du jugement. Elles doivent pouvoir faire reconnaître qu'elles partagent leur faculté de juger avec les hommes en raison de leur usage commun du langage.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 77
EAN13 9782296466166
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Plaidoyer pour l’égalité des femmes
La parité du jugement
COLLECTION FEMMES AFRICAINES


Dirigée par Irma Julienne Angue Medoux,
Ariane Djossou et Aïssata Soumana Kindo
Pendant longtemps, la femme africaine a été cantonnée dans ses rôles d’épouse, de mère, de sœur et de gardienne de la cellule familiale. Ces fonctions, pourtant essentielles, ont abouti à sa servitude sociale, intellectuelle et politique. Malgré un processus d’émergence et d’émancipation amorcé depuis les années 1980, la femme africaine se trouve toujours exclue des milieux où s’élabore la pensée et se décide le devenir du monde.
La présente collection cherche à combler ce retard en rassemblant les travaux des intellectuelles africaines de tous bords. Recherchant l’émergence d’une « voix intellectuelle » spécifiquement féminine, elle privilégiera les analyses originales en sciences humaines (la philosophie, la sociologie, la psychologie, le droit, l’économie, l’art et la littérature) aussi bien que les témoignages de vie les plus significatifs offerts par les femmes africaines afin d’offrir à la femme africaine une place dans le dialogue interculturel international. Il ne s’agit pas d’un manifeste féministe de plus, mais cette collection entend témoigner de la façon dont les Africaines, par leurs réflexions, leurs témoignages et leurs productions critiques, participent à l’épanouissement intellectuel du continent africain et à l’enrichissement de la culture mondiale. Elle est donc ouverte à tous les intellectuels du monde, femmes ou hommes.
Irma Julienne ANGUE MEDOUX Ariane DJOSSOU Aïssata SOUMANA KINDO
Plaidoyer pour l’égalité des femmes
La parité du jugement
L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55335-4
EAN : 9782296553354
Présentation - LE SORT DES FEMMES AFRICAINES DANS L'AFRIQUE POSTMODERNE1
Par Irma Julienne Angue Medoux


Le diagnostic de postmodernité a beau être attaqué par certains post-colonialistes africains comme un discours décadent, voire comme l’une des expressions idéologiques du capitalisme avancé2, il n’en constitue pas moins un outil d’analyse important pour qui-conque désire comparer les diverses communautés africaines réparties dans le monde. Car elles affrontent toutes une cohabitation entre des aspirations modernes, liées à la volonté de démocratisation des régimes politiques où elles sont implantées, et un retour à des habitudes traditionnelles qui s’opposent, qu’elles le veuillent ou non, à cette marche vers la démocratie.





Ce clivage est peut-être moins visible dans la diaspora afro-américaine d’Amérique du Nord où la lutte contre le racisme a dû mobiliser ses leaders aussi bien que ceux qui ont cherché à s’intégrer dans les élites de la communauté multiculturelle nord-américaine. Elle a dû trouver des modes d’adaptation à l’expérimentation néolibérale de l’être humain qui caractérise la démocratie nord-américaine. Mais ce clivage est l’objet de toutes les attentions, par exemple, du gouvernement brésilien lorsqu’il veut ménager l’accès de ses anciens esclaves à l’éducation, du primaire jusqu’au supérieur, à partir de ses programmes dits « d’intériorisation ». Ce clivage est alors envisagé comme un manque d’accès à l’éducation, un manque qu’il faut traiter en instaurant et en développant cet accès à toute la population de la diaspora africaine.

Mais c’est surtout dans le continent africain que ce clivage est ressenti comme un handicap permanent, qui peut presque être décrit actuellement comme l’invention d’une diaspora interne des pauvres et des exclus par rapport à des élites économiques et politiques exagérément favorisées.
La communauté africaine est en effet actuellement confrontée au clivage quotidien entre ses traditions et l’échec de leur « adaptation » aux défis expérimentaux posés par l’expérimentation néolibérale de l’homme aussi bien que par les sciences qui en réfléchissent les résultats : les sciences humaines. Les problèmes de corruption de ses dirigeants entraînent les pays africains dans les mêmes procédures d’hyper-tribunalisation que celles qui ont cours dans les pays riches, les luttes tribales et la prolifération des ethnocides se déploient de façon parallèle à l’holocauste juif, puis aux génocides qui ont accompagné la dissolution de l’empire soviétique, famine et sida y étendent leur empire dans l’indifférence de tous, de façon parallèle aux effets de la spéculation financière la plus éhontée qui frappe l’Europe comme les Amériques du Nord et du Sud, produisant la croissance exponentielle des pauvres et des exclus dans les pays dits « riches ».
La répercussion de tous ces effets sur les problèmes du « genre », sur les rapports entre hommes et femmes, s’effectue dans tous les pays du monde en surchargeant celles que leur sexe semble disposer à être dominées : les femmes, sans que l’idéologie moderniste de la parité entre hommes et femmes qui caractérise le modernisme contemporain de la révolte féministe, puisse constituer un paravent efficace. Tout se passe comme si ces symptômes de la faillibilité du modernisme affectant l’Afrique devaient être lus comme un abandon de la raison. Ces symptômes accompagnent en tout cas ce phénomène de diaspora interne qu’on pourrait lire comme un nouvel « apartheid » entre hommes et femmes adve-nant cette fois au sein de la communauté présente dans le continent africain.
Plus généralement, ce clivage entre élites et populations, entre « dirigeants » ou « décideurs » d’une part, et d’autre part, les « masses » pour reprendre les catégories contestables des sociologues, accompagne les effets de la mondialisation économique menée comme expérimentation néolibérale contemporaine de l’être humain. Il advient dans l’horizon du destin expérimental auquel l’homme contemporain se voue en s’expérimentant lui-même comme il expérimente le monde. L’accord expérimental avec le monde, recherché par les scientifiques en expérimentant la vérité de leurs hypothèses, n’est pas garanti d’avance. L’accord avec autrui, expérimenté comme consensus par les sociétés contemporaines dites « démocratiques » n’est pas non plus garanti d’avance.
La modernisation recherchée par les Tempsmodernes à travers l’autonomisation de ses institutions par rapport aux religions semble ainsi avoir été une passion collective inutile : son échec programmé semble donner raison à tous ceux qui l’ont rejetée comme un idéal purement occidental, propagé par la colonisation européenne du reste du monde, puis, travesti sous divers masques et relayé par les diverses instances du capitalisme avancé.
Aussi ce clivage se manifeste-t-il comme clivage entre tradition et modernité. Abandonnés par leurs gouvernements dans la conduite quotidienne de leurs vies, les individus et les groupes qui en sont victimes, ne peuvent trouver le sens de leur vie dans la globalisation économique, ni dans la cosmopolitique qui tente de l’endiguer. Ils cherchent à nouveau ce sens dans leurs racines, dans leurs « traditions » qui semblent pouvoir guérir tant leur santé physique que leur santé sociale. C’est ainsi qu’elles affrontent des crises culturelles semblables à celles des sociétés dites modernes qui les avaient colonisées, mais leurs propres crises se trouvent renforcées par la conscience de ne pas avoir les moyens de les surmonter.
Les diverses crises qui ont ébranlé les sociétés du monde entier, emportées par un idéal de modernisation effrénée, ont été décrites par les sciences humaines et sociales comme crises de rationalité, de légitimation et de motivation, ou encore, comme neutralisation des institutions et du psychisme. Liées à une perte du sens de la réalité, obnubilées par la volonté de maîtriser économiquement, moralement, psychologiquement, politiquement, voire par les systèmes logico-mathématiques, les catastrophes politiques, totalitaires et/ou racistes, aussi bien que les catastrophes provoquées par une spéculation cupide et aveugle, elles ont provoqué toutes les

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