La psychiatrie francophone
284 pages
Français

La psychiatrie francophone , livre ebook

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284 pages
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Description

La psychiatrie francophone adhère aux principes spécifiques de la francophonie qui reconnait la prééminence des valeurs humanistes sur la puissance de l'économie (caractéristique de la culture anglo-saxonne) et privilégie en matière de psychiatrie les idées d'équité, de générosité, de fraternité, associés à des recherches scientifiques de haut niveau.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 7
EAN13 9782336354941
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

scientiIques de haut niveau, considérant la maladie mentale comme due à
émotionnelles, morales, aux difIcultés relationnelles avec le milieu
par une même équipe, justiIant l’organisation en secteurs géographiques de
PSYCHÉ DE PAR LE MONDE
Pierre DELTEIL avec la collaboration de Jean GARRABÉ
LA PSYCHIATRIEFRANCOPHONE Pour une psychiatrie humaniste
La psychiatrie francophone Pour une psychiatrie humaniste
PSYCHÉ DE PAR LE MONDE Cahiers internationaux de psychopathologie et de psychanalyse Collection dirigée par Alain Brun Collection multilingue, « Psyché de par le monde » promeut la psychanalyse et la psychopathologie dans ce qu’elles peuvent avoir d’universel, au-delà des langues, des territoires et des cultures. Elle publie des textes reconnaissant les principes d’une vie psychique, laquelle peut se décrire par la psychanalyse ou la phénoménologie, et illustrant une pensée originale, qui se distingue d’ouvrages à vocation universitaire. Dernières parutions JU Fei,La structure inconsciente et le Yijing. L’objet du désir : reste ou vide ?,2014. Emil KRAEPELIN,Troubles mentaux psychogènes carcéraux suivi de Les formes de manifestation de la folie, traduit de l’allemand et présenté par Marc Géraud, 2013. Yorgos DIMITRIADIS,Psychogénèse et organogénèse en psychopathologie. Une hypothèse psychanalytique, 2013. Johannes MÜLLER,Des manifestations visuelles fantastiques, traduit de l’allemand par Marc Géraud, 2013.Maria DORER,Les bases historiques de la psychanalyse, traduit de l’allemand par Marc Géraud, 2012.
Pierre DELTEIL avec la collaboration de Jean GARRABÉ La psychiatrie francophone Pour une psychiatrie humaniste
Pierre DELTEIL aux éditions L’Harmattan : Trilogie sur la justice Les racines criminelles (1995) -Naît-on ou devient-on délinquant ? Des justices à la Justice (2005) L’élaboration de l’esprit de justice -Justice un extraordinaire gâchis (2008) (avec la collaboration de Danielle Delteil) -De la justice vindicative à la justice réhabilitante
Jean GARRABÉ aux éditions Le Seuil :
La schizophrénie : un siècle pour comprendre
Nouvelle édition du traité médico-philosophique de Philippe Pinel (2005)
© L’HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03602-1 EAN : 9782343036021
Pierre DELTEIL La psychiatrie francophone Pour une psychiatrie humaniste La francophonie qui va imprégner l’esprit de la psychiatrie en France, et dans les pays qui s’inspirent de sa tradition, n’est pas seulement une forme de langage. Elle est aussi, et surtout, un mode de penser et d’agir, une base de comportements qui privilégient l’humanisme, l’amour de son prochain, l’équité, le souci de la liberté, de l’égalité et de la solidarité pour tous. Historique
Antiquité Moyen-Age
Les racines qui nourrissent la civilisation et la psychiatrie française puisent leur suc profondément jusque dans l’Antiquité où se situent les premiers fondements spirituels et intellectuels, en particulier en Egypte, en Mésopotamie, en Phénicie et surtout en Grèce où apparaît, pour la e première fois au V siècle avant J.C., un mode de pensée logique rationnel, libéré de la composante magico-religieuse qui altère les opérations mentales archaïques, mais aussi une conception évoluée des relations civiques. Le mode d’approche des malades mentaux va être largement influencé par cette progression du mode de la pensée aux confins de la science. La plus ancienne, la médecine égyptienne, riches de ses nombreux commentaires sur la nature des maladies et leur origine, la multiplicité et la spécificité des médicaments utilisés, était cependant d’un niveau scientifique conceptuel limité. Les
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Egyptiens interprétaient la folie comme étant déterminée par la possession de l’âme par des esprits plus ou moins maléfiques, parfois en punition des fautes commises, conception surannée que l’on retrouvera au Moyen-Age. Cette médecine égyptienne très ancienne, puisque ses origines remontaient à l’Ancien Empire au début du troisième millénaire avant J.C., s’est maintenue relativement immuable jusqu’au Nouvel Empire. Elle a laissé des traces longtemps persistantes, d’abord en Grèce où, par exemple, Hippocrate emprunta à la tradition égyptienne une recette permettant de connaître la fécondité d’une femme et même le sexe de l’enfant à venir. Cette recette s’est aussi perpétrée en Europe puisqu’on la retrouve dans un livre anglais du XVIIe siècle, vestige probable de la science celte empruntée aux Grecs par les druides.
En Gaule, berceau de la civilisation française, c’est grâce aux druides, prêtres, médecins, juristes qui formaient une élite intellectuelle très imprégnée de la culture grecque, dont la langue et les connaissances leur étaient familières, que sont transmises les sciences médicales et psychiatriques helléniques et en particulier les concepts d’Hippocrate de Cos (460 vers 380 avant J.C.) Pour ce médecin, issu de la famille d’Asclépiade, la maladie est due à un déséquilibre entre les quatre humeurs alimentant le corps : le sang, la pituité ou phlegme, la bile jaune, la bile noire sensibles à la tonalité du chaud, du froid, du sec, de l’humide. La « coction » qui ensemble vise à rétablir leur homogénéité et le bon fonctionnement de l’organisme grâce à l’action bénéfique des médicaments, tels que l’ellébore et un régime alimentaire. Mais pour Hippocrate c’est surtout la nature qui est le meilleur médecin pour obtenir la guérison. Le cerveau joue un rôle déterminant dans l’expression psychique des maladies mentales par les perturbations humorales : « La vérité est que le cerveau est
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à l’origine de cette affection (l’épilepsie) comme de toutes les autres très grandes maladies : de quelle façon et par quelle cause ? Je vais l’expliquer clairement. Le cerveau est double chez l’homme comme chez les animaux, le milieu en est cloisonné par une membrane mince. Aussi la souffrance ne se fait jamais sentir dans le même point de la tête, mais elle est tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, et quelquefois aussi partout ». Hippocrate insiste sur l’importance du dialogue avec le médecin, prélude de ce qui deviendra la psychothérapie, et qui influencera aussi la médecine arabe.
C’est donc avec Hippocrate qu’apparaît pour la première fois une explication scientifique, rationnelle de la maladie, en particulier de la folie, qui se substitue aux approches magico-religieuses des civilisations anciennes qui en attribuaient l’origine à l’action des esprits ou des dieux. Cette conception va être poursuivie par les différentes écoles médicales grecques et romaines, qui vont se succéder pendant plusieurs siècles, avec d’importantes nuances dans la genèse des dysfonctionnements corporels.
L’école empirique va donner la prééminence à e l’expériences des médecins dans l’art de guérir, et, au 1 siècle avant J.C., l’école méthodiste avec Asclepiade, exerçant la médecine à Rome au premier siècle de notre ère, explique la maladie par des perturbations dans la circulation de l’air, le pneuma, et des particules à travers les conduits dont le libre passage favorise un bon état de santé, les maladies étant provoquées par des excès de resserrement ou de relâchement. L’agitation du corps au cours de déplacements, en voiture ou en bateau, peut avoir un effet bénéfique en facilitant la circulation dans les conduits.
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e L’école pneumatique avec Rufus d’Ephèse, au 2 siècle, reprend le concept de la circulation dans le corps humain du pneuma issu de l’élaboration de l’air inspiré, et explique la santé ou la maladie par l’état de tension interne de ce pneuma que l’on apprécie par le degré de tension du pouls.
e A partir du milieu du 1 siècle avant J.C., après la conquête de la Gaule par César, l’influence de Rome, déjà très présente économiquement et culturellement, va s’accentuer de façon importante, portant sur l’organisation sociale, les mœurs, la culture, la langue. La diversité raciale, culturelle et linguistique entre la Belgique, au nord, l’Aquitaine au Sud-Ouest, la Transalpine au Sud-Est, la Gaule celtique au Centre, et la division en tribus, n’excluant pas une certaine unité gauloise à dominante celtique, et avec l’élite intellectuelle des druides une imprégnation culturelle grecque qui va s’atténuer à partir e du 1 siècle de notre ère, sous l’influence de la domination romaine au bénéfice des dogmes latins.
e Sur le plan médical et psychiatrique, Celse, au 1 siècle, privilégie l’éclectisme, ainsi que Galien dont la notoriété s’impose. Né en 129 après J.C. à Pergame, province romaine d’Asie mineure, de culture grecque, Galien vécut longtemps à Rome où il fut considéré comme le médecin le plus célèbre. Il y rédigea son œuvre médicale qui exerça une influence pérenne sur la médecine pendant de nombreux siècles, dans le monde latin, mais aussi arabe. Il meurt à Pergame vers l’an 200 de notre ère.
Galien fragmente le corps en des organes ayant chacun leur utilité fonctionnelle, mais unis entre eux par un principe coordinateur, harmonisant, la sympathie. La maladie peut concerner un organe indépendant mais peut aussi s’étendre à d’autres organes, se transmettant par sympathie, par l’intermédiaire des nerfs, par des humeurs,
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ou par simple contact. C’est l’interaction entre le déséquilibre humoral et la lésion d’un organe qui crée le processus morbide. La nature du tempérament du sujet, sanguin, phlegmatique, colérique et mélancolique, peut présider à certains types de déséquilibre fonctionnel. Galien situe l’âme rationnelle, dirigeante, dans le cerveau, dont le dysfonctionnement est à l’origine de la maladie mentale, soit de façon spécifique, soit par atteinte sympathique à la suite de la lésion d’un autre organe. « Il convient cependant d’accorder une grande attention à la nature de l’affection. Le délire est un accident de l’organe sous la dépendance duquel est la pensée. Il en est de même du coma et de l’assoupissement qui ne reconnaissent pas assurément la même cause. Mais ces accidents peuvent se succéder ou alterner par relation de voisinage ou de communauté d’action des organes. »
Galien admet la distinction classique, dans l’Antiquité, entre la phrénitis ou frénésie, la léthargie, la manie et la mélancolie. La phrénitis caractérisé par un état d’excitation avec délire à caractère aigu, accompagné de fièvre intense et durable, d’un pouls petit, de carphologie a pour Galien son origine dans une affection du cerveau ou, parfois dans une atteinte du diaphragme. La léthargie se traduit par un état de stupeur, de sidération générale, de troubles somatiques graves, entraînant souvent le décès du sujet. La manie s’accompagnant d’excitation, de délire, d’aliénation persistant, sans fièvre, est opposée à la mélancolie où prédomine de façon durable le sentiment de tristesse, de crainte que les auteurs de l’Antiquité ont lié à un dysfonctionnement de la bile noire, mais que Galien rattache comme la manie, à une atteinte cérébrale. e Au VI de notre ère, à Byzance, Alexandre de Trolle va confirmer l’opinion de Galien sur l’origine encéphalique
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