Afin d éviter l oubli
182 pages
Français

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Afin d'éviter l'oubli , livre ebook

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182 pages
Français

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Description

Charly Salvadore rapporte ici son engagement d'adolescent, la vie quotidienne dans les prisons de Vichy, puis dans les maquis de la Résistance dans les Alpes de Haute Provence, les dix mois passés dans les camps de la mort, la libération et le retour à la vie ; il raconte enfin comment, en 2007, il a retrouvé les témoins de son arrestation qui, depuis 1944, le croyaient mort... Son témoignage est illustré par des photographies d'époque et par des croquis, permettant de léguer, aux générations à venir, un véritable document historique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 75
EAN13 9782296694262
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AFIN D’ÉVITER L’OUBLI
CHARLY SALVADORE


AFIN D’ÉVITER L’OUBLI

Souvenirs sur la Résistance et la Déportation
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-1 1168-4
EAN : 9782296111684

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À celles qui ont embelli ma vie
À mes deux chéries
Michou, ma femme,
Évelyne, notre fille.
A VANT-PROPOS
Au début de l’hiver 1940-1941 (soit respectivement six mois et un an avant que les Soviétiques puis les Américains n’entrent dans la guerre), un garçon de 16 ans et demi, Charly Salvadore, distribue, dans la banlieue marseillaise, les tracts que lui confie un métallo communiste et qui dénoncent la politique réactionnaire de Vichy et la collaboration avec l’occupant nazi. Quelques mois plus tard, le garçon devient responsable de la propagande au sein des Jeunesses Communistes des Bouches-du-Rhône, mais il est arrêté le 6 décembre 1942 et incarcéré à Marseille puis à Aix-en-Provence. Relâché faute de preuves le 23 octobre 1943, il rejoint le maquis des Francs-Tireurs et Partisans dans les Alpes-de-Haute-Provence où, à 19 ans, il commande un camp de formation à la lutte armée. Le 27 mars 1944, au retour d’une réunion d’état-major, il est capturé dans la montagne, près de Moriez, par un détachement allemand, puis il est battu et remis à la Gestapo qui l’interroge et le torture pendant près de quatre semaines, à Digne. Charly Salvadore ne parle pas : il est alors déporté en Allemagne dans le camp de concentration de Sachsenhausen-Oranienburg où, le 3 mai 1945, après avoir accompli « la marche de la mort » vers la mer du Nord, il est libéré par l’avance des troupes soviétiques.
Cette chronologie n’est pas celle de la mémoire. Les récits qui constituent la deuxième partie du livre, et qui évoquent l’arrestation, les mois passés dans les camps de la mort, le retour à la vie, ont été écrits dès 1976, et alors préfacés par Virgile Barel. Dix-sept ans plus tard, en 1993, ont été composées l’histoire de l’engagement de l’adolescence, l’expérience des prisons de Vichy, puis celle du maquis. En 2007, enfin, Charly Salvadore raconte comment il a retrouvé le témoin de son arrestation qui, depuis 1944, pensait qu’il avait été tué par les Allemands. Ces souvenirs sont rassemblés aujourd’hui, tels qu’ils ont été fixés par des mots et des dessins, pour léguer aux générations à venir un témoignage sur une période que les livres d’histoire seuls sont impuissants à faire comprendre.
Une vie bien remplie
Est comme une bouteille bien pleine,
Elle n’aigrit pas.
P REFACE
Avec une simplicité admirable et une grande profondeur de sentiments convaincants, le communiste Charly Salvadore a écrit, trente ans après les avoir subis, les événements qu’il a vécus sous la torture permanente des nazis. Il s’agit bien de permanence, car tout est souffrance dans ces trois années de la vie de ce jeune homme de vingt ans : l’arrestation, la Gestapo, les coups, les blessures, les supplices, les mortifications, le travail forcé, la marche exténuante, la faim, la dénutrition, le sommeil, la soif, la non satisfaction des besoins naturels, le froid, l’humiliation, les heures de la libération, le retour.
C’est raconté sobrement, humainement, juste assez de mots pour que l’on sente la cruauté des tortionnaires, du régime nazi, leur inspirateur. Tout le long des pages du récit, j’ai souffert avec Charly et aussi avec ses compagnons de malheur, car s’il parle de lui, Charly évoque surtout le sort des hommes, ses camarades de combat, de détention, de privation, de douleurs physiques et morales, le bagne.
Charly ne nous explique pas : il touche au fond de l’être humain, il éveille sa réflexion, ne crée pas la haine des hommes, mais il crée celle de la monstrueuse conception des crimes pour la sauvegarde des privilèges de la minorité dans une société où aucun sentiment humain n’existe en dehors de l’appât du profit, du vil argent.
Quelques éclairs dans le récit nous révèlent l’âme, la pensée sociale de l’être bon qu’est Charly. Ces éclairs accusent ! Ils accusent le régime des monopoles capitalistes.
Ils accusent par anticipation un Président de la République et sa décision de stopper à jamais la célébration du 8 mai 1945, car le manuscrit a pour titre Afin d’éviter l’oubli. Le but est atteint. Tout dépendra de l’audience que ces pages auront.
Nous souhaitons qu’elle soit large.
Que chaque lecteur de vingt ans médite ce récit.
À mon tour, imitant Charly Salvadore, complétant son livre par de « courtes histoires » apportant « une petite lumière », je veux en relater une… C’était à Cannes, en présence d’Henri Pourtalet, peu de temps avant sa mort ; nous allions procéder à une séance de signature du livre de Charles-Marie Cardon, Max Barel. Charly m’offre un tableau : c’est, dessiné par lui à la plume, le portrait de Max. Je le trouve beau. Je le lui dis.
Et voici que j’ai lu Afin d’éviter l’oubli . Cette scène du portrait, dans mon esprit, a maintenant une tout autre signification. En dessinant Max, Charly a pensé au héros, au martyr. Y a-t-il dans le trait un reflet de son émotion ? Quant à moi, j’y vois la dure souffrance de Français. Il me semble qu’il y a une communion entre le rescapé du « Chemin de la mort » et le père de celui qui a eu « une courte vie et une longue mort ».
Nice, mars 1976
Virgile Barel
Doyen de l’Assemblée Nationale
Député du « Chemin de l’Honneur »
P REMIERE PARTIE ÇA COMMENCE À DIX-SEPT ANS
L’engagement
Cinquante ans… Oui, déjà un demi-siècle s’est écoulé, et voilà que je voudrais mettre, noir sur blanc, les souvenirs de ma jeunesse en pleine guerre, cela alors que je ne suis ni un écrivain ni un littéraire.
Le mari de ma fille m’a offert un livre de Madeleine Riffaud, Les Linges de la nuit. J’ai beaucoup de sympathie pour le grand reporter audacieux qu’elle fut. J’avais dévoré les livres issus de ses reportages, lorsqu’elle se trouvait en pleine fournaise de la guerre du Vietnam : De notre envoyée spéciale (1965), Dans les maquis Vietcong, Au Nord Vietnam : écrit sous les bombes .
Ainsi, dans Les Linges de la nuit , il y avait une phrase de Madeleine Riffaud qui est restée dans mes pensées : « Trop d’amis disparus dans la guerre, malgré la plaque noircie au coin des rues, seront tout à fait morts quand nous, les survivants, ne serons plus ».
Peu de temps après (j’avais à peine fini de lire ce livre), je suis allé assister, à Claviers, près de Callas où nous habitons depuis quelques années, à l’inauguration d’un monument en hommage aux résistants du Haut Var, cinquante années après ; j’ai pensé à la phrase de Madeleine Riffaud.
À mon retour, alors que je racontais à mon gendre quelques détails de la cérémonie, celui-ci me posa cette question :
« Pourquoi ne raconterais-tu pas cette période de ta jeunesse ? Tu as écrit, en 1976, un livre de souvenirs sur ta déportation, mais pourquoi ne pas reprendre, depuis le début de ton engagement, simplement, comment tu as vécu cette clandestinité ? Il faut qu’il reste des documents sur cette période ».
Voilà donc l’idée lancée. Je ne sais si j’irai jusqu’au bout. En tout cas, je vais le faire sans trop de bruit. Il est vrai que les manuels scolaires d’histoire sont assez avares de détails sur cette période, ce qui laisse notre jeunesse dans l’ignorance, et peut-être quelques-uns seront-ils intéressés par cette histoire vécue. Je ne suis pas assez Don Quichotte pour penser que mon nom entrera dans l’Histoire : eh bien, disons que je vais le faire pour mon plaisir, pour comptabiliser mes souvenirs et essayer de faire ressurgir ceux qui ont pu s’effacer après tant d’années !
J’ai dit cinquante ans… Le compte y est, puisque, pour moi, cela a commencé en 1941, quand j’avais 17 ans.
La guerre était terminée pour nous Français. L’Allemagne hitlérienne nous avait écrasés en 1939-1940. Ses troupes occupaient la moitié nord de la France, alors que la moitié sud était appelée « zone libre ». Libre de quoi et pour qui ? L’État français, soumis aux ordres du vainqueur, ne concevait la liberté que pour les collaborateurs de sa politique, et, pour les autres, la répression.
Le 26 septembre 1939, le gouvernement Daladier avait pris la décision de dissoudre le Parti Communiste Français. Le 27, les arrestations commencèrent. Le 6 octobre, un grand nombre de déput&#

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