Beaumarchais
84 pages
Français

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Beaumarchais , livre ebook

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Description

Les facettes moins connues de la vie de Beaumarchais.

On ne connaît souvent de Beaumarchais que ses comédies. Homme de théâtre, il fut aussi horloger, maître de musique à la Cour, éditeur des œuvres complètes de Voltaire… Négociant, armateur, il mit ses activités au service de ses idéaux. En leur livrant des armes, il a notamment aidé les insurgés des jeunes États-Unis d’Amérique à se défaire du joug anglais. Aventurier, il a joué les agents secrets en Angleterre, en Hollande, ou encore en Autriche… Héritier de l’esprit des Lumières et libertin, il aura défendu au long d’une vie trépidante de nombreuses causes, réussissant toujours à concilier son ambition et son idéal de liberté.

Plongez dans la biographie de Beaumarchais, héritier de l’esprit des Lumières et libertin, qui aura défendu au long d’une vie trépidante de nombreuses causes, réussissant toujours à concilier son ambition et son idéal de liberté.

EXTRAIT

Ces privilèges exorbitants des comédiens sont difficiles à remettre en cause, parce que chaque auteur craint des représailles : si les comédiens ne sont pas satisfaits de lui, ils ne représenteront plus ses pièces ou les joueront mal à dessein. La situation est d’autant plus injuste que les acteurs vivent dans l’opulence, grâce à leur situation privilégiée (il n’existait pas de concurrent à la Comédie-Française, seule troupe autorisée par le roi). Les auteurs qui ne disposent pas d’une fortune familiale sont obligés, pour survivre, d’obtenir une pension royale, ce qui compromet fortement l’indépendance de leur création. Quand Beaumarchais cherche à assurer aux auteurs un revenu décent, il montre encore son attachement à la liberté de l’esprit et à son expression.
Avant lui, d’autres auteurs avaient tenté de s’élever contre les comédiens, stupéfaits du peu d’indemnités qu’ils recevaient au regard du succès de leur pièce : leurs protestations sont restées éphémères car solitaires. À l’inverse, Pierre-Augustin comprend que, pour obtenir gain de cause, il doit s’allier aux autres auteurs dramatiques pour créer un front commun. Il invite donc ses confrères à dîner chez lui, le 3 juillet 1777 : il s’agit de discuter de leurs intérêts et de voir comment les défendre. L’auteur du Barbier compte aussi sur un effet de publicité. En rendant l’affaire publique, il souhaite apitoyer le public sur la situation des auteurs, et compte ainsi obtenir son soutien.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Née en 1980, Marie Geffray a suivi des études de lettres : elle a rédigé une thèse de doctorat sur les écrits et les discours d'André Malraux et Charles de Gaulle. Agrégée de lettres modernes, elle cherche à transmettre auprès des plus jeunes sa passion pour la littérature. C'est aussi cette volonté de faire aimer les livres qui la pousse à écrire pour les adolescents.

Informations

Publié par
Date de parution 06 juillet 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782352844570
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0032€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
L’auteur

L’auteur

Marie Geffray a suivi des études de lettres : elle a rédigé une thèse de doctorat sur les écrits et les discours d’André Malraux et de Charles de Gaulle. Professeur agrégée de lettres modernes, elle cherche à transmettre auprès des plus jeunes sa passion pour la littérature.

Du même auteur

Conspiration , Éditions du Jasmin, 2011
André Malraux, un combattant sans frontières , Éditions du Jasmin, 2011
De retour , Éditions du Jasmin, 2013

De Gaulle et Malraux, le discours et l’action , François-Xavier de Guibert, 2011
En direction du large , Pascal Galodé Éditeurs, 2008


Collection Signes de vie

1.
Van Gogh, la course vers le soleil
José Féron Romano & Lise Martin
2.
Jacob et Wilhelm Grimm, il était une fois…
François Mathieu
3.
George Sand, le défi d’une femme
Séverine Forlani
4.
Frida Kahlo, les ailes froissées
Pierre Clavilier
5.
Simone de Beauvoir, une femme engagée
M. Stjepanovic-Pauly
6.
Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes et au-delà
M. Stjepanovic-Pauly
7.
Frédéric Chopin, l’âme du piano
Claude Clément
8.
André Malraux, un combattant sans frontières
Marie Geffray
9 .
San Martín, à rebours des conquistadors
Denise Anne Clavilier
10 .
Beaumarchais, ou l’irrévérence
Marie Geffray
11 .
Jean Jaurès, l’éveilleur des consciences
Pierre Clavilier
Avec le soutien du
Copyright










Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction réservés pour tous pays ISBN : 978-2-35284-457-0 © Éditions du Jasmin
Avec le soutien du
Titre
1 Un horloger de talent

À l’instant qu’il naquit
Il montrait de l’esprit.
Vers de Marie-Julie pour célébrer son frère cadet

En ce jour de l’année 1754, Pierre-Augustin Caron reçoit un grand honneur : il est introduit à la cour du roi. Il s’avance sous le regard envieux des courtisans. Les boucles brunes de ses cheveux encadrent un visage aux traits décidés. Ses yeux brillent d’ambition. Ses mains sont fines et soignées : ce sont celles d’un artiste, bien plus que celles d’un artisan. Parmi les plus nobles de la cour, il est présenté à Louis XV. Pierre-Augustin est un simple fils d’horloger, âgé d’à peine vingt-deux ans. Que lui vaut une telle réussite ? Paradoxalement, c’est à une tentative d’usurpation qu’il la doit. Il a dû combattre pour obtenir la reconnaissance de son habileté et de son bon droit : dès le début, sa vie est ainsi placée sous le signe d’une lutte à mener pour s’élever dans la hiérarchie sociale, lutte qu’il remportera finalement grâce à son génie, contre ceux qui jouissent de privilèges de naissance.
Le succès de Pierre-Augustin Caron repose d’abord sur son talent d’horloger. Durant plus d’un an, il a travaillé sur un nouveau système d’échappement permettant de régler le ressort des montres afin de corriger un défaut dont souffrent alors tous les petits mécanismes d’horlogerie, quel que soit leur degré de sophistication : une légère avance, cumulée au cours d’une période de vingt-quatre heures. Pour remédier à ce problème, il existait déjà différents systèmes ; le jeune horloger les remanie, les synthétise, pour inventer finalement l’échappement à repos, qui permet l’exactitude de la montre sans pour autant compromettre sa miniaturisation. Cette trouvaille fera date, puisqu’elle est encore utilisée aujourd’hui pour les montres à ressort.
Naïf, Pierre-Augustin Caron s’était ouvert de l’avancement de ses travaux à un horloger de grand renom, Jean-André Lepaute. De douze ans son aîné, celui-ci a déjà fait un certain nombre de découvertes dans le domaine de l’horlogerie. Il conseille à son jeune collègue de déposer son invention à l’Académie des sciences, ce dont Beaumarchais s’acquitte à la fin de 1752. Le 23 juillet 1753, Pierre-Augustin est fou de joie : après des mois de minutieux travaux, il est enfin parvenu au bout de ses peines ! Son système d’échappement est terminé. Il en avertit Lepaute, qui prend la loupe pour examiner attentivement l’œuvre de son ami.
Quelques semaines plus tard, Pierre-Augustin est frappé par la foudre : Lepaute annonce dans Le Mercure de France , revue littéraire, artistique et scientifique, qu’il vient de créer pour les montres un nouveau système d’échappement… celui justement que Pierre-Augustin a inventé.
C’est mal connaître le jeune homme : il ne va tout de même pas se laisser voler son invention ! Il dépose promptement un mémoire à l’Académie des sciences pour protester de l’attitude de Lepaute et envoie au Mercure une déclaration proclamant qu’il est bien l’inventeur du système dont se prévaut son ancien mentor. « Mon entreprise était sans doute téméraire : tant de grands hommes, que l’application de toute une vie ne me rendra peut-être jamais capable d’égaler, y ont travaillé sans être parvenus au point de perfection tant désiré, que je ne devrais point me flatter d’y réussir ; mais la jeunesse est présomptueuse, et ne serai-je pas excusable, Messieurs, si votre jugement couronne mon ouvrage ? » Cet énorme orgueil enrobé de modestie se flatte de séduire les académiciens.
L’article est d’une grande habileté : Pierre-Augustin a déjà compris que l’institution n’avait pas tous les pouvoirs, et que des pressions pouvaient s’exercer sur l’Académie. Grâce au Mercure de France , il prend à témoin l’opinion publique, qu’il souhaite rallier à sa cause, ce qui vaut mieux que tous les appuis haut placés. Le 16 février 1754, Pierre-Augustin Caron triomphe : l’Académie des sciences rend ses conclusions sur l’affaire. Il y apparaît que le jeune horloger est bien l’inventeur légitime du système et que Lepaute a tenté de se l’approprier.
Pierre-Augustin est trop fin pour se contenter de ce premier succès. Il devine déjà que sa réputation doit être soigneusement entretenue, sous peine de s’effriter et de périr en peu de temps. Il répand donc son nom dans les cercles importants, fait paraître un nouvel article dans Le Mercure , soigne sa clientèle la plus raffinée. Il parvient ainsi à obtenir des commandes royales : durant l’été 1754, il crée une montre à gousset pour Louis XV. En tant que fournisseur du roi, il a désormais ses entrées à la cour et est fréquemment invité au lever du roi – cérémonie fort enviée par les courtisans – pour remonter la royale horlogerie.
En cette époque férue de sciences, les montres sont à la mode. Elles indiquent également un certain niveau social, en tout cas de richesse. Tous les grands veulent leur pièce d’horlogerie personnalisée afin d’indiquer leur rang. Pierre-Augustin fabrique pour Madame Victoire, l’une des filles du roi, une petite pendule raffinée, et pour Madame de Pompadour, la favorite, qui possède sur le souverain une grande influence et règne en quasi-reine sur la cour, un bijou d’une grande délicatesse : une montre minuscule, insérée dans le chaton d’une bague. Avec cette réalisation, qui a demandé une grande dextérité, Pierre-Augustin Caron souligne son excellente maîtrise de l’art horloger, mais également sa compréhension du monde courtisan. C’est elle qui va lui permettre de s’élever aussi haut que le pousse son ambition.
Le jeune parvenu à la cour du roi n’est qu’un simple fils d’artisan, originellement destiné à le rester. Né en 1732, il a grandi dans l’atelier parisien de son père, rue Saint-Denis, au cœur d’un quartier commerçant voisin des Halles. Avant de devenir cet ouvrier d’une grande adresse, le garçonnet déploie d’abord des talents de fripon avec les autres enfants de son âge. Il jouit d’une grande liberté et quitte souvent l’atelier où règne son père, horloger à Paris depuis 1722, pour rejoindre ses camarades et faire les cent coups en leur compagnie. Son enfance est heureuse, notamment grâce à la gaieté de ses sœurs. Ses parents ont dix enfants ; Pierre-Augustin est le septième, mais la mortalité infantile, très importante à l’époque, n’épar

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