Cabu de Châlons
120 pages
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Cabu de Châlons , livre ebook

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Description

Le 7 janvier 2015, la France est sous le choc après l’attentat de Charlie Hebdo. À Châlons-en-Champagne, on pleure Cabu, l’enfant du pays. Le dessinateur de presse Jean Cabut a été assassiné avec ses collègues et amis lors de la réunion de rédaction du journal satirique. Il allait fêter ses 77 ans la semaine suivante. C’est pour lui rendre hommage que le journaliste Fabrice Minuel a décidé de retracer la vie du père du Grand Duduche. Fabrice Minuel a fait la connaissance de Cabu en 1996. Pour écrire ce livre, il a rencontré Georges, l’ami de toujours, complice des premières heures et des premiers canulars. Il donne la parole à d’autres Châlonnais qui ont croisé Cabu et le portent dans leur coeur. Cabu de Châlons retrace le parcours étonnant de Jean Cabut, le petit gars de Châlons précocement diagnostiqué allergique à l’école et à l’église, mais talentueux en dessin et caricature. Ce livre n’est pas une biographie ordinaire, c’est un hommage de tous les Châlonnais pour que personne n’oublie l’un des défenseurs majeurs de la liberté d’expression !

Informations

Publié par
Date de parution 02 janvier 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782411000138
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Cabu de Châlons
Fabrice Minuel
Cabu de Châlons
LEN
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Ouvrage réalisé avec le concours d’Enviedecrire (www.enviedecrire.com)
Crédit photographique (couverture) : DR

Nouvelle édition augmentée d’illustrations


© LEN, 2017
ISBN : 978-2-411-00013-8
Aux Cabusiens de Châlons et d’ailleurs.
À la liberté d’expression .
S’ils veulent vraiment entendre le son de ta voix, parle-leur de Trenet, d’antimilitarisme, de vieilles autos, de non-violence et de Châlons-sur-Marne.
Maxime Le Forestier, Carton , numéro 4, 1975.
Cabu et Fabrice Minuel.
Avant-propos
Les raisons qui ont présidé à ce livre sont à rechercher à l’aune de l’extraordinaire émotion suscitée à Châlons par l’assassinat de Cabu : elle a révélé le désir de se réapproprier le dessinateur dont le pas ancien dans sa cité nous avait sans doute échappé depuis trop longtemps.
Comme l’hommage d’une ville à l’un des siens par l’un des siens, ce livre ne traite que de l’aspect exclusivement local de la vie de Cabu. Local, ai-je bien dit, et pas privé, ou si peu.
Le Cabu raconté ici, sans réel souci de chronologie et sans prétendre une seule seconde à l’exhaustivité, c’est tout simplement le Cabu des premiers pas, des premiers dessins, des premiers émois, et plus tard depuis la capitale en regardant dans le rétroviseur, des premières nostalgies.
C’est Cabu hors Paris. C’est Cabu en Champagne avec ses lycées de Châlons et d’Épernay, avec les personnages qui ont gravité autour de lui et qui se sont installés dans son œuvre pour la postérité, avec ses quatre cents coups, avec ses promenades en forêt d’Argonne, à l’air libre et en voiture ancienne.
Ce livre est aussi celui d’une farce et d’un cri. Le cri ? C’est celui qu’il pousse au milieu des années soixante-dix, quand il voit des décideurs s’empresser d’en finir avec un patrimoine ancien pour bétonner et toujours bétonner. En cosignant alors pour sa ville natale un réquisitoire abouti, trois cents pages de colère, Cabu ne fera jamais mieux, sur le plan de l’investigation, de toute sa riche carrière de pourfendeur de la bêtise.
La farce ? C’est la mystification en 1959, avec des copains, de la prestigieuse épreuve Strasbourg-Paris à la marche. Un canular qui, de son aveu même et avec le nécessaire recul des ans, est la chose la plus folle qu’il ait faite de toute sa vie.
Ces deux faits d’armes de l’humour et de la griffe, insolent et joyeux pour l’un, revanchard et un peu désespéré pour l’autre, campés dans un Châlons qui était encore sur Marne, se positionnent dans un espace qui laisse place bien entendu à d’autres chapitres de sa vie champenoise. De fait, à d’autres anecdotes. Souvent, ce ne sont que de simples blagues d’une vie à consommer. Ceux qui ont un peu brûlé leur jeunesse en piétinant parfois les pelouses du conforme s’y retrouveront dans plusieurs d’entre elles.
Elles sont pour la plupart sorties de la mémoire de Georges Schmitt, le copain d’enfance de Cabu. Et lui seul sait, selon les circonstances, les sublimer avec la connivence d’un joyeux drille à la gouaille truculente, ou les glisser avec la pudique prudence d’un confident.
Car ce livre est aussi celui d’une belle amitié, fil conducteur de ces pages.
J’aurais aimé illustrer le propos avec un maximum de caricatures de Cabu, qu’il offrait sans jamais compter son temps, lors de séances de dédicaces ou de demandes spontanées. Combien de fois a-t-il fallu qu’il soit arraché à ses croquis pour ne pas rater le dernier train du retour vers la capitale.
Le refus à ce projet de la part des ayants droit, bénéficiaires du droit moral pour chaque œuvre de Cabu, fut-elle réalisée sur un support privé rangé dans une bibliothèque privée, refus justifié par eux au regard « du caractère personnel de ces dessins », n’obère en rien du respect que je leur dois.

F.M.



Avertissement :
Quand elles ne sont pas créditées, les citations de Cabu ont été recueillies de mai 1996 à décembre 2014 lors de la trentaine d’entretiens que j’ai eus avec lui. Celles de Georges Schmitt ont été collectées depuis mai 2009. Les témoignages des Marnais qui ont rencontré Cabu à des degrés divers ont été rassemblés entre janvier et septembre 2015.
1. Le retour
Je jouais du trombone. Il m’a représenté avec mon instrument de musique et à côté de moi, une fille à la jupe relevée par le souffle ! C’était comme ça que je draguais, à en croire la légende du dessin. En tout cas, Cabu pour moi maintenant, c’est un martyr, un martyr de la déconne.
Alain Monasse, 76 ans, cadre commercial retraité
Châlons-en-Champagne. Mercredi 14 janvier 2015, fin de matinée, pratiquement la même heure que celle du massacre une semaine auparavant à Paris dans les locaux de Charlie Hebdo. C’est trois jours après le rassemblement de toute une ville, unie face à la mairie sous la photo géante de Cabu, « un homme libre », tout sourire. C’est au lendemain, devant le lycée de son adolescence, celui du Grand Duduche, d’un lâcher de soixante-dix-sept ballons multicolores pour l’anniversaire des soixante-dix-sept ans qu’il n’a jamais eus.
Il grisaille. Un temps que le dessinateur aimait. Les obsèques sont confidentielles. Le rendez-vous pour la petite dizaine de Châlonnais que nous sommes se situe au restaurant Chez Souply. Sans étoile, sans chichi, c’est un établissement à son image : simple et bon. Un bus venu de Paris sous escorte, avec sa cinquantaine de personnes à bord, s’arrête devant l’entrée pour nous emmener au cimetière de l’Ouest. En montant, quelques-uns ne peuvent s’empêcher de sourire malgré le moment : ce cimetière n’est en effet qu’à deux cents mètres et d’ici, les croix nous sont déjà visibles.
Y aller à pied serait plus rapide. Il n’en est pas question toutefois, dispositif sécuritaire oblige.
Le bus se love au plus près de la porte d’entrée gardée par les forces de l’ordre. Seuls ceux qui sortent du véhicule sont autorisés à passer l’enceinte. La presse écrite et la télé, leurs photographes et cameramen respectifs, ainsi que les quelques fans du dessinateur – ceux qui ont réussi à être informés ou ceux qui ont instinctivement flairé le coup – sont invités à rester derrière les barrières Vauban, de l’autre côté de la rue. Un ou deux paparazzis sont planqués en hauteur dans des habitations voisines. D’où ils sont, ils ne pourront voler aucun cliché digne d’intérêt.
La petite cérémonie a été prévue sous une tente. Le temps champenois s’installe maintenant. La pluie, hésitante jusque-là, se décide. Une goutte a réussi à traverser la toile blanche, elle coule à présent sur le visage souriant du Grand Duduche, portrait installé sur un lutrin posé sur le cercueil. De part et d’autre se font face famille et amis. Il y a aussi les représentants du Canard enchaîné et de Charlie. De ce dernier, Luz notamment, est présent, pour qui Cabu était le mentor. Aujourd’hui, c’est lui qui signe la une du premier hebdo postattentat. Les dépositaires ont tous été dévalisés ce matin, mais à défaut pour l’instant d’avoir le journal en poche, chacun a quand même en tête ce numéro pas comme les autres : « Tout est pardonné », assure en couverture un Mahomet en larmes tenant une pancarte avec écrit Je suis Charlie.
Pardonner un jour, ne pas pardonner, la question est à cent mille lieues de là pour la petite foule discrètement protégée par une police impliquée et discrète autour des pierres tombales. Seul prime le recueillement.
Les pleurs sont intimes, retenus au fond des yeux rougis. Les poings enfoncés dans les poches de mon manteau, je me revois la semaine dernière, plié en deux par la douleur à l’annonce de la nouvelle, dans une brasserie de la ville. À cette heure-là, Betty, ma compagne, s’apprête à boucler sa demi-journée de travail et aller poster une lettre : mes vœux adressés à Cabu. Dans l’enveloppe, j’ai aussi glissé – je lui avais promis au téléphone quelques jours auparavant – un article concernant un livre à paraître ces jours-ci sur les citations de Pierre Dac, autre Châlonnais qu’il aimait, ouvrage dont il avait assuré les illustrations. La lettre n’est jamais partie. Je m’en veux de ne pas l’avoir envoyée plus tôt.
Comme un film, je revois ma première rencontre avec cet homme rare et délicieux. À Châlons, lors du vernissage à la bibliothèque annexe Diderot d’une exposition de son père dont les toiles de peintre amateur de haute tenue étaient douces et sensibles, je lui avais demandé ce que ces œuvres lui inspiraient. Il avait suspendu le dessin qu’il était en train de faire pour un

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