Des roses et des épines
276 pages
Français

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Des roses et des épines , livre ebook

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276 pages
Français

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Description

Cet ouvrage éclaire la période du retour au multipartisme au Cameroun en 1990. L'auteur, journaliste, a vécu, à l'intérieur du régime, les soubresauts de cette période au cours de laquelle le bateau Cameroun a dangereusement tangué. On y découvre l'hypocrisie et la perfidie de certains personnages qui jouent encore un rôle politique majeur. Ce livre fourmille d'anecdotes, de témoignages sur une carrière peu ordinaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 510
EAN13 9782296809239
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des roses et des épines
Gilbert Tsala Ekani


Des roses et des épines


Souvenirs de 25 ans de journalisme


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54995-1
EAN : 9782296549951

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Le journalisme mène à tout même si on n’en sort pas
Avant propos
L’oralité, soutient-on, est le propre de nos sociétés africaines. Est-ce la raison pour laquelle de nombreuses personnalités africaines répugnent à rédiger des mémoires ? Toujours est-il que ces personnalités emportent avec elles des pans entiers de notre histoire et cela peut se révéler fort préjudiciable pour mieux comprendre le passé, bâtir le présent et préparer l’avenir. Loin de moi toute prétention historique. Il est certain que je pouvais donner beaucoup plus que ce que j’ai donné jusque là, mais il fallait qu’on me mette en position de pouvoir le faire. Cela n’a pas toujours été le cas. Je me console à l’idée que je ne suis pas seul dans cette situation. Je me console ? En réalité, je devrais m’en désoler pour le pays. Pas sûr que ce soit-là un vrai sujet de préoccupation pour nombre de ceux qui ont voix au chapitre. « Si le Cameroun réussit, c’est grâce à moi, s’il échoue, c’est à cause de moi », ces propos qu’on prête à Mgr Albert DONGMO ont probablement été enterrés avec leur auteur. Quel dommage ! Ce livre a été écrit sans acrimonie, sans le moindre esprit de revanche, avec pour seul souci de raconter les événements comme je les ai vécus. Cela plaira ou non, mais c’est ma vérité, sans doute même un peu la vérité.
J’ai d’abord voulu intituler ce livre « avocat du diable ». Je me rends compte en effet- et je ne suis pas seul dans ce cas – que ceux qui veulent agir normalement, logiquement sont de moins en moins nombreux. Ils apparaissent même comme des déviants, de doux rêveurs, de gros naïfs ou des réincarnations de Don Quichotte. La gloutonnerie, l’individualisme forcené font que chacun ne pense qu’à tirer son épingle du jeu dans notre société. Comme si ce sont les Martiens qui viendront construire ce pays, censé être nôtre. Parler de construction nationale, de sens de l’intérêt général c’est effectivement jouer les avocats du diable. On peut le faire dix mille fois sans provoquer autre chose que de gros éclats de rire. Pour éviter le ridicule, ne vaut-il pas mieux hurler avec les loups, siffler l’air du temps ? Un air qui soutient sans ambages que tous les moyens sont bons à condition qu’ils soient efficaces. L’efficacité, il n’y a que cela de vrai. Ceux qui vivent sont ceux qui luttent, dit-on. On pourrait le rectifier ici chez nous en disant que ceux qui vivent sont ceux qui se débrouillent. Et même si certain chanteur l’affirme, qui peut jurer que "débrouiller n’est pas voler » ? C’est en tout cas le terrain de prédilection de ceux qui bricolent, font semblant, s’entourent d’un épais brouillard. Ces charlatans se font passer pour ce qu’ils ne sont pas. Eux exultent : vive la débrouillardise. Un de mes amis leur propose de crier plutôt : vive la médiocrité. J’ai pensé un moment qu’il avait raison de me suggérer ce titre quitte à ce que je passe pour un… avocat du diable. Mais un de mes aînés, Kumé Talé, s’en est offusqué et son expérience professionnelle, sa qualité d’écrivain, le respect dû aux aînés professionnels au talent avéré et aux aînés tout court m’ont une fois de plus obligé à changer le titre de cet ouvrage. Et voilà comment j’en suis arrivé à parler simplement des roses et des épines qui ont jonché une carrière que je trouve malgré tout magnifique.
Journalisme : l’appel du destin
J’ai toujours rêvé d’être journaliste. Journaliste ou quelque chose de semblable. En fait, j’ai été parfois tenté de devenir enseignant. Enseignant d’histoire. Et le journaliste dit-on, est l’historien de l’instant. L’actualité a, à mes yeux, un côté fascinant dont on ne se lasse pas. Très tôt, j’en ai été convaincu à telle enseigne que j’ai commencé très jeune à tenir une espèce de cahier d’actualité. A vrai dire, c’est sans doute un peu pompeux d’appeler cela cahier d’actualité. Le petit carnet que j’ai alors ne peut en aucun cas soutenir la comparaison avec le document bien léché, rigoureux qu’on m’apprendra plus tard à remplir, à tenir à l’ESIJY, l’Ecole supérieure internationale de journalisme de Yaoundé. Quand je parcours ce petit carnet aujourd’hui, j’ai néanmoins l’impression de voir défiler sur un écran l’actualité de cette période. Bien sûr il y a la politique mais il y a aussi du sport pour lequel j’ai toujours eu un net penchant. Edson Arantes do Nascimento dit PELE, Cassius CLAY qui s’appellera plus tard Mohammed ALI, MBAPPE LEPE, voilà les héros qui peuplent mon quotidien d’adolescent en ce début des années 70. A l’époque, il n’y a pas de télévision. Pas chez nous en tout cas. La radio seule me permet de suivre les exploits de mes idoles. La radio seule ? Pas vraiment parce qu’il m’arrive quand même de tomber sur un journal. Je le dévore de la première à la dernière ligne. Mais la radio se taille la part du lion dans mon information et pour le sport, PELE y occupe une place de choix. Longtemps, très longtemps l’émission Sports et Rythmes de Radio Cameroun démarrera sur un reportage d’un match de football avec PELE en vedette. Une séquence comme seuls savent les animer les reporters brésiliens.
A l’école primaire de la mission catholique de Mokolo à Yaoundé, j’ai la chance de bénéficier de l’encadrement d’enseignants dévoués comme Jacques AYISSI, Siméon MBIDA, Albert MEVOA, « Vieux coq » et tant d’autres. Ils nous forment à la dure n’hésitant pas à puiser dans leur temps de repos pour nous faire des cours de rattrapage. Ces maîtres nous aident à cultiver la mémoire mais s’efforcent aussi de nous expliquer ce qu’ils enseignent. A l’époque, la grande satisfaction d’un maître du CM2 est d’avoir cent pour cent de succès au CEPE. Il y a même comme une compétition entre les divers enseignants sur ce plan. On apprend aux élèves les vertus du travail bien fait et le sens de l’honneur ; tout cela les met, pense-t-on, à mille lieues des choses comme la tricherie, le vol d’ailleurs tous condamnés par le catéchisme qu’on nous enseigne chaque vendredi. On nous apprend également des chansons destinées à doper notre enthousiasme à l’école. Ainsi, on chante Les écoliers laborieux. Les paroles de ce chant sont tout à fait explicites.
Les écoliers laborieux
Vont avec joie à leur ouvrage
Mais les élèves sans courage
Partent les larmes dans les yeux
Allons il faut faire silence
Les jeux sont finis
Mes petits amis
Voilà le maître qui s’avance
Sans perdre de temps mettons-nous en rang
Nous apprenons aussi des chansons exaltant le courage à l’instar du Jeune marin ou de Debout camarade. D’autres chansons comme Frère Jacques ou Fleur d’épine ont un côté purement badin. Bien entendu, les chants liturgiques ne manquent pas. Nous chantons donc Tu es mon berger ou encore Victoire, tu régneras. La première de ces chansons est une déclaration de foi avec des phrases comme « dans la vallée de l’ombre je ne crains pas la mort, ta force et ta présence seront mon réconfort, tu m’as dressé la table d’un merveilleux festin…vers ta justice sainte tu traces mon sentier ». Je ne suis pas sûr que nous comprenions parfaitement les phrases de ces chants qui résonnent comme autant d’engagements mais on chante avec enthousiasme et c’est peut-être là l’essentiel pour nos enseignants. Il nous arrive de faire d’ailleurs pire ou mieux en chantant carrément en latin une langue qui pour nous est véritablement du… chinois. Pourtant, on entonne vaillamment Lauda Jérusalem et on cafouille les paroles. Il suffit d’avoir à peu près le ton et d’ajouter par ci par là des Dominium ou des Santum et le tour est joué. Nos enseignants ont de drôles d

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