La fascination des étoiles
143 pages
Français

La fascination des étoiles , livre ebook

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143 pages
Français

Description

La fascination des étoiles s'inscrit dans la suite logique du roman Un enfant des Isles. Il y est question des grandes vacances de la période post-baccalauréat, des quatre années du cursus universitaire de l'auteur et de sa découverte du Fouta dans sa partie Labé et Gaoual (Galaw). Justement, à Labé, il constatera que l'asservissement humain est toujours à l'ordre du jour et, à Galaw, il va faire une année scolaire où son idylle quelque peu tumultueuse avec Zaïna s'achèvera de façon assez inattendue. J.-M. Touré est aussi l'auteur de deux recueils de contes guinéens chez L'Harmattan.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 1
EAN13 9782296259935
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La fascination des étoiles
Jean-Marie Touré La fascination des étoiles
Du même auteur La bataille des deux coqs et autres contes de Guinée, L’Harmattan, 2005 Le lion et l’homme et autres contes de Guinée, L’Harmattan, 2005 Un enfant des Isles. Histoire d’un cheminement guinéen,L’Harmattan, 2006© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-12828-6 EAN : 9782296128286
Les grandes vacances de la période post-bachot Auréolé de la fameuse « Peau d’âne », je débarquai donc à Fabo assuré que je venais de tourner une autre page de mon existence. Si la chance me souriait, à la Rentrée d’octobre, j’allais, peut-être, me retrouver dans « la Cour des Grands ». Mais en attendant, je crus devoir profiter largement de la liberté que les grandes vacances m’octroyaient. Avec mes amis Georges et Ch. Sorry, nous « battions » la campagne. Et quand nous rentrions fourbus, nous écoutions nos disques favoris : « Pendant les vacances » de Sheila, «Tous les garçons et les filles» de F. Hardy, «Salade de Fruits » de L. Jouvet, « Je suis un homme » de M. Polnaref etc. Les scrupules hérités du séminaire constituèrent ma bouée de sauvetage dans un environnement où des condisciples du lycée classique voulaient, à tout prix, m’ouvrir les yeux sur les « choses de la vie ». J’avais un objectif : faire des études solides et susceptibles de me permettre d’aller le plus loin possible, puisque mon cheminement vers la prêtrise avait été dévié de sa trajectoire pour des raisons que j’ai déjà expliquées dans la deuxième partie de mon «histoire». Mais M. Nelce pensait qu’en insistant j’aurais fini par succomber à la tentation de ses charmes. Elle n’avait pas compris que j’appartenais à la race des hommes qui ne mettaient jamais la charrue avant les bœufs et n’entendaient pas manger leur blé en herbe. M. Nelce, sachant que je dormais seul, venait, tous les soirs, me rendre visite. C’était mal connaître la qualité de l’argile dont je suis pétri pour vouloir prendre à défaut lasolitidé et le sérieux de mes résolutions.
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D’ailleurs, à l’époque, je croyais dur comme fer que mon « innocence » pouvait constituer un atout certain dans la poursuite de mes études. Et, en fin de compte, je ne rencontrais plus ma «visiteuse» que sur le chemin du marché ou de la mission, les dimanches. D’ailleurs, un évènement va définitivement consacrer cette « rupture » : le mariage de frère G. Conté et d’Emma Camara, la nièce du vieux F. Planton. Il se célébra dans la plus stricte intimité dans l’Eglise de la mission. Papa F. Sorry et son épouse Maman Philomène Fomba en assurèrent, je crois, le parrainage. C’était une façon de renouer avec la tradition qui voulait que Bacoro (G. Conté en était originaire) et Farinya (le fief de la famille Sorry) avaient toujours entretenu de très bonnes relations même si le souvenir de Nyara Bèli assombrissait encore certains visages à la seule évocation de son nom. Le vin d’honneur de ce mariage eut lieu à la Permanence fédérale. Yenken comme Guirrasy qui avait disparu de la circulation depuis l’ «affaire Foulématou» et surtout depuis que M. Nelce s’était avisée de vouloir mettre le grappin sur moi, refit surface. Nous dansâmes au son du Fatala-jazz pratiquement jusqu’à l’aube. Emma, de blanc vêtue, produisit sur ma « cavalière » un effet certain. Elle souhaitait être ainsi à son mariage le jour où je lui passerais l’anneau au doigt. J’essayai de lui faire comprendre que l’avenir seul pouvait décider d’une telle opportunité. Mais je savais que l’endogamie à outrance, des alliances dans sa famille élargie excluait d’emblée une telle éventualité. D’ailleurs, en voulant prétendre à sa main, l’on m’aurait certainement demandé de « changer de côté » sur le plan religieux. Mais il n’était pas dans mes intentions d’envisager une telle possibilité. A 2 heures du matin, les mariés se retirèrent. Ils avaient besoin d’aller se reposer car ils étaient à l’orée d’une aventure qui n’allait pas être de tout repos.
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A 4 heures, l’orchestre exécuta son dernier morceau et chacun de nous rentra se coucher. Et puisqu’ Emma n’avait pas failli à la tradition des Vestales, Georges, Charles et moi mangeâmes en sa compagnie, une semaine durant, du poulet, et ce, matin, midi et soir. C’était la façon de récompenser sa force de caractère face aux assauts certainement répétés de tous ces beaux parleurs qui réussissaient à rouler dans la farine les filles les plus naïves de la ville. Et, au bout d’une semaine, le frère G. Conté reçut une invitation de son beau-frère de Sumbuyadi. Il nous proposa de l’y accompagner. Il devait y poursuivre sa lune de miel avec sa nouvelle «épousée». Le lendemain, nous fîmes escale à Cocaya et y passâmes la nuit. Le hululement des hiboux, le ricanement des hyènes, le miaulement des chats sauvages nous donnèrent la chair de poule. Et notre sommeil fut entrecoupé de veilles prolongées. Et nous appelâmes de tous nos vœux le lever du jour. Après un petit déjeuner réellement copieux, nous fîmes nos adieux à la famille qui nous avait offert le gîte et le couvert, l’espace d’une nuit, à Cocaya, puis, nous- nous mîmes en route pour Sumbuyadi. Le voyage fut agréable. Et au bout de deux heures de marche, nous arrivâmes à notre point de chute. Notre hôte, le beau-frère du frère G. Conté et sa famille nous firent un très bon accueil. On nous logea dans une case assez spacieuse. Les mariés en occupaient la chambre la plus vaste. Marie, la sœur d’Emma et la fille aînée de l’Hôte, la seconde. Georges, Charles et moi, la troisième. Il y faisait frais presque à toutes les heures de la journée. Cela allait de soi. Le Général « Hivernage » avait installé ses quartiers même ici. Tout Sumbuyadi fit fête à la nouvelle mariée. La nuit de notre arrivée, les Tam-tams et les balafons résonnèrent, tard la nuit. Les femmes et les jeunes filles rivalisèrent d’adresse
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pour faire étalage de leur talent de danseuses « hors pair ». Et les hommes vidèrent force gourdes de vin de palme. Ce qui me surprit, c’est que les animateurs de cette «soirée» firent don de leur recette à la nouvelle mariée. Ce qui lui permit de se constituer ainsi un pécule avant de se retrouver à Conakry où «tout s’achète et rien ne se donne.» Dans ce village, une route principale séparait les deux rangées de cases que surplombaient colatiers et manguiers à frondaison épaisse. Essentiellement peuplé de travailleurs de la terre, à cette période de l’année, il se vidait de ses habitants le matin. Et c’est, la nuit tombée, qu’il se remettait à bourdonner comme une ruche. Et quand la nature était clémente, se rallumaient ici et là quelques « foyers ardents » et l’on entendait alors tout le village résonner de la lecture des sourates du Coran dont presque aucun disciple, pour le moment n’entendait que dale. Qu’importe !. L’essentiel était que s’imprime dans les cerveaux de ces néophytes la parole du prophète. A une autre période ; les maîtres se chargeraient d’en expliciter le sens. Quant aux jeunes filles, par bande de cinq ou six, elles échafaudaient déjà leur projet d’avenir avec les hommes qui lieraient leur destin au leur. Mais parfois, leurs confidences passaient à travers les mailles d’un verlan difficilement décodable. Encore sous l’influence de l’éducation du séminaire, aucun de nous trois (Georges, Charles et Moi) ne crut devoir se mettre en peine de vouloir séduire certaines de ces filles qui auraient manifestement pris le risque de s’afficher avec nous dans Sumbuyadi au grand dam de leurs soupirants potentiels ou carrément de leurs fiancés. Mais nous recevions, très souvent la visite des copines de N’Sira, la nièce du frère G. Conté. Nous savourions alors ensemble de la musique que distillait le lecteur de cassettes que nous avions emmené à Sumbuyadi.
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