Le carnet noir
108 pages
Français

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Description

L'auteur de ce journal consigne son emploi du temps jour après jour, décrivant un quotidien on ne peut plus banal….pourtant la période, elle, ne l'est pas : il porte une étoile jaune. C'est en le suivant dans le Paris occupé que sa petite-fille tente de reconstituer la vie sociale et intellectuelle qu'il s'est efforcé de mener, tant bien que mal, avant la date fatale du 13 octobre 1943, jour de son arrestation et de son transfert à Drancy, puis Auschwitz, dont il ne reviendra pas.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 13
EAN13 9782296496002
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Carnet noir
Mémoires du XX e siècle


Déjà parus

Jean-Pierre CÔMES, Algérie, souvenirs d’ombre et de lumière, 2012.
Claude SOUBESTE, Une saison au Tchad , 2012.
Paul OLLIER , Algérie mon amour , 2012.
Anita NANDRIS-CUDLA, 20 ans en Sibérie. Souvenirs d’une vie, 2011.
Gilbert BARBIER, Souvenirs d’Allemagne, journal d’un S.T.O , 2011.
Alexandre NICOLAS, Sous le casque de l’armée , 2011.
Dominique CAMUSSO, Cent jours au front en 1915. Un sapeur du Quercy dans les tranchées de Champagne , 2011.
Michel FRATISSIER, Jean Moulin ou la Fabrique d’un héros , 2011.
Joseph PRUDHON, Journal d'un soldat, 1914-1918. Recueil des misères de la Grande Guerre , 2010.
Arlette LIPSZYC-ATTALI, En quête de mon père , 2010.
Roland GAILLON, L’étoile et la croix, De l’enfant juif traqué à l’adulte chrétien militant , 2010.
Jean GAVARD, Une jeunesse confisquée, 1940 – 1945 , 2007.
Lloyd HULSE, Le bon endroit : mémoires de guerre d’un soldat américain (1918-1919), 2007.
Nathalie PHILIPPE, Vie quotidienne en France occupée : journaux de Maurice Delmotte (1914-1918) , 2007.
Paul GUILLAUMAT, Correspondance de guerre du Général Guillaumat , 2006.
Emmanuel HANDRICH, La résistance… pourquoi ? , 2006.
Norbert BEL ANGE, Quand Vichy internait ses soldats juifs d’Algérie (Bedeau, sud oranais, 1941-1943) , 2005.
Annie et Jacques QUEYREL, Un poilu raconte… , 2005.
Michel FAUQUIER, Itinéraire d’un jeune résistant français :1942-1945,2005.
Michèle Feldman
Le Carnet noir
Un notable « israélite » à Paris sous l’Occupation (1 er novembre 1942 – 12 octobre 1943)
Préface de Béatrice Philippe
Professeur émérite des universités
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96849-3
EAN : 9782296968493
À Suzon
Préface
Une lamentable cohorte d’aveugles se tirant par la main et s’entraînant les uns les autres vers l’abîme ……
Établir un parallèle entre cette œuvre saisissante de Bruegel et la tragédie des juifs français pendant les années terribles serait réducteur. À fortiori qui peut s’imaginer qu’Edgard Sée avocat estimé, en contact depuis son enfance avec la civilisation allemande, s’exprimant parfaitement dans la langue de Goethe, très au courant de la situation de ses coreligionnaires, attaché à la tradition juive ait pu être aveuglé et ne pas comprendre l’ampleur de la tragédie qui se déroulait sous ses yeux ?
Et pourtant les écrits de cet homme nous laissent pantois.
De 1942 à son arrestation en octobre 1943, Edgard Sée raconte sa vie au jour le jour ; il n’a pas quitté Paris, ni même son appartement en dépit de toutes les objurgations. Il tente de vivre comme si tout était « comme avant » s’accommodant tant bien que mal des restrictions et des ennuis journaliers, se préoccupant beaucoup des conditions météorologiques, suivant des cours en auditeur libre à la Sorbonne (il a 70 ans), admirant l’éternelle beauté de la capitale. En somme, il balaie d’un coup de manche les soucis du moment…, à un (gros) détail près : une étoile jaune est cousue sur ses vêtements.
Cependant c’est là encore une conclusion réductrice ; Edgard Sée n’a oublié ni qui il était, ni ce qui menace les siens.
Il agit en s’investissant dans l’UGIF (Union générale des Israélites de France), association mise sur pied sur ordre de l’occupant.
Quoique l’on ait pu penser a posteriori de l’action de l’UGIF, lui s’y consacre, corps et âme, pensant sans doute sauver ainsi de pauvres juifs de la misère totale. Il ne connaît guère de répit : se rendant à l’hôpital Rothschild pour y apporter son réconfort à des vieillards hospitalisés en attente de déportation ou allant régulièrement sans état d’âme à la synagogue, inconscient du danger.
Il s’évertue tant que faire se peut à mener une vie sociale, « comme si de rien n’était » et évoque, sans commentaires et sans colère, les noms de ses amis « absents » ou partis.
Était-il indifférent ? Certainement pas.
Était-il aveugle ? Certainement pas.
Pensait-il que paré de ses titres d’ancien combattant, de Français, il était au-dessus des interdits ? Il était trop averti pour être si naïf. Peut-être contrairement aux aveugles de la fable, savait-il vers quoi il s’acheminait mais sa dignité, son sens de l’honneur l’empêchaient de laisser entrapercevoir ses propres terreurs ?
Le saurons-nous jamais ?
Sa petite fille Michèle Feldman en a accepté le pari ; il lui revient le grand mérite d’avoir extirpé d’un placard où elles dormaient depuis bientôt 70 ans ces précieuses mémoires, de les avoir publiées, d’y avoir adjoint en pensant aux jeunes générations, des repères historiques et de poser surtout, les bonnes questions.
Pouvons-nous aujourd’hui comprendre l’avocat Edgard Sée, né au XIXème siècle dans une famille juive alsacienne, élevé dans le respect de l’ordre, de la discipline, où la pudeur était considérée comme une vertu cardinale ?
Ce livre nous interpelle mais nous ne savons pas y répondre, parce qu’il est difficile de sonder les consciences et les cœurs, parce qu’il n’y a tout simplement pas de réponse unilatérale.
Nous ne pouvons donc émettre que des hypothèses.
Edgard Sée, homme d’ordre et de raison a vu son univers s’écrouler, les valeurs de toute sa vie bafouées. Il n’a rien d’un aveugle, ni d’un autiste, il sait sans doute ce qui l’attend. Et alors ?
Il ne glose pas, il ne commente pas, il ne s’attendrit pas, il ne lance aucune imprécation car il lui est impossible d’expliquer l’indicible, l’inimaginable, l’irrationnel, le dément. Par ses silences et ses non-dits, ce témoignage est bouleversant.

Béatrice PHILIPPE
Professeur émérite des universités
Genèse d’une recherche
Depuis des années était conservé dans les dossiers familiaux un journal intime tenu du 1 er novembre 1942 au 12 octobre 1943 par mon grand père, Henri Edgard Sée ; cette date du 12 octobre marque la veille du jour de son arrestation à Paris.
Plus de 60 ans après sa mort en déportation, je me suis penchée sur ces notes écrites pendant cette période de persécutions ; j’ai tenté de redonner vie à cet aïeul dont je n’ai qu’un souvenir très flou car j’étais trop jeune à l’époque et me suis efforcée de reconstituer la vie quotidienne de ce notable « israélite » parisien.
Ce journal ne commence que le 1 er novembre 1942, mais rien n’indique qu’il n’en ait pas tenu un précédemment. Il s’agit d’un petit carnet en moleskine noire à petits carreaux où sont d’abord consignées des notes d’un voyage qu’il avait fait en Grèce en 1935. Sur la page de garde, on peut lire « Voyage en Grèce août 1935-septembre 1935 » , puis son nom, son adresse, ses titres professionnels, et enfin en-dessous : « Journal 1 er novembre 1942
Que de précisions et quelle émotion lorsque l’on connaît la suite.
Son écriture est régulière, facile à déchiffrer à quelques exceptions près, bien que dans les dernières pages, le trait paraisse beaucoup plus nerveux.
J’ai retrouvé dans ce journal tenu pendant la guerre les mêmes notes brèves, la même concision et le même type de données sur les personnes rencontrées -essentiellement leur profession et leur nom de famille – que ce qu’il avait consigné dans son récit de voyage. Aucun sentiment personnel si ce n’est l’admiration pour les monuments, la nature et les paysages grecs.
La deuxième partie de ce carnet se présente donc sous la forme d’un ensemble de notations rédigées jour après jour, portant aussi bien sur les difficultés de la vie quotidienne rencontrées à l’époque que sur toutes les réglementations et interdictions sévères entravant la vie des juifs, restreignant chaque jour un peu plus leur liberté en les faisant vivre sous la menace perpétuelle de l’arrestation et de la déportation. Chaque jour, et presque toujours en préambule, l’auteur s’intéresse au temps et à la température extérieure, ce qui jouait, de toute évidence, un grand rôle compte tenu des difficultés de chauffage qu’il évoque à diverses reprises, puis sont consignés les soucis de la vie inhérents à chaque citoyen -juif et non juif -, les événements nationaux et internationaux (il lisait régulièrement Le Petit Parisien ), ses activités personnelles : promenades, visites à des amis ou rencontres d’amis chez lui, courses indispensables, vie intellectuelle – cours à la Sorbonne, fréquentation d’une bibliothèque – e

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