Le corps en majesté :
158 pages
Français

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Le corps en majesté : , livre ebook

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Description

Comment gouverner et s'imposer quand on est une femme dans un royaume qui n'a majoritairement connu que des règnes masculins ? La gynécocratie présente-t-elle des spécificités dans une Angleterre en proie à des violences confessionnelles grandissantes ? Cet ouvrage apporte des éléments de réponse par le biais d'une histoire incarnée de la vie et du règne d'Élisabeth Ire (1558-1603). Il s'agit de considérer le corps - tant physique que symbolique - de la reine comme un palimpseste sur lequel s'inscrivent ses aspirations et ses évolutions de la naissance jusqu'au tombeau. L'éducation princière, les théories politiques, la vêture et la culture de l'apparence, les stratégies figuratives et différents rituels monarchiques sont examinés de près.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336891651
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Benoît Chêne



Le corps en majesté : Élisabeth I re d’Angleterre (1533-1603)
Copyright
















© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ‒ 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-89165-1
Sommaire
Couverture
4e de couverture
Titre
Copyright
Sommaire
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
CHAPITRE I : UN CORPS ET UN ESPRIT GARANTS DE L’ORDRE DU MONDE
1 – U NE PERSONA DE REINE PHILOSOPHE ET CHRÉTIENNE
a – Éducation, façonnage de soi et incorporation des vertus
b – Composition rhétorique de la figure d’exemplarité
c – Un modèle de sagesse et de ferveur chrétienne
2 – L E CORPS ROYAL : AXIOME IDÉOLOGIQUE DE L’ÉTAT ÉLISABETHAIN
a – Les deux corps de la reine : entre droit divin et tentation absolutiste
b – Une vision organiciste de l’État
CHAPITRE II : LA NÉCÉSSITE DE PARER SON CORPS
1 – D E LA CULTURE MATÉRIELLE À LA CULTURE DES APPARENCES
a – Le collectionnisme royal
b – De l’austérité à la magnificence
c – Le cadre somptueux de la cour
2 – R ÉPONDRE À DES IMPÉRATIFS DE BEAUTÉ
a – Une reine belle et pleine de bonté
b – L’art de l’embellissement
c – Le corps indésirable de la vieillesse
CHAPITRE III : PORTRAIT DU POUVOIR ET POUVOIR DU PORTRAIT
1– F AÇONNER LE CORPS MÉTAPHORIQUE DE LA REINE
a – Une nouvelle manière de voir, de représenter et de rendre présent le corps de la reine
b – La création d’un corps iconique
c – Le corps royal portraituré, un objet de propagande ?
2 – P ENSÉE FIGURATIVE ET CULTURE VISUELLE POLITIQUE
a – Virginité, grandeur d’âme et rêve de gloire
b – Héroïsme providentiel, incarnation de l’âge d’or et assimilation mariale
CHAPITRE IV : DONNER CORPS À L’IDÉE DE GYNÉCOCRATIE
1 – E SSAI D’AUTOPSIE DE LA « QUERELLE DES FEMMES » EN ANGLETERRE
a – Retour sur le pamphlet de John Knox et ses détracteurs
b – Traités philogynes et germination de l’idée de monarchie au féminin
c – L’Angleterre, une société patriarcale ?
2 – F AIRE PEAU NEUVE
a – Le mythe de l’androgyne : Élisabeth, une reine-mâle
b – Un cœur d’amour et de sacrifice
CHAPITRE V : RITUALITÉ ET THÉÂTRALISATION POLITIQUE
1 – É LISABETH ET LE GRAND THÉÂTRE DU MONDE
A – « Nous ne sommes que cérémonie »
b – Le primat de la vue et du contrôle émotionnel
c – L’exigence du secret
2 – L’ ENTRÉE ROYALE ET LE COURONNEMENT DE 1559
a – Une mise en spectacle du pouvoir
b – Le rituel du sacre : l’union de la nature et de la surnature en la personne de la reine
3 – L ES DÉLICES DE LA VIE DE COUR
a – Simulation et dissimulation
b – Corps et affects : séduction, faveur et relations de pouvoir à la cour élisabéthaine
CHAPITRE VI : LE CRÉPUSCULE DU RÉGNE : ÉLISABETH ET LA MORT
1 – S E PRÉPARER ET FAIRE FACE AU TRÉPAS EN BONNE CHRÉTIENNE
a – Accepter la finitude de la vie
b – Un corps dolent et un esprit mélancolique
2 – D U LIT DE MORT JUSQU’À LA MISE EN TOMBEAU
a – Toilette et effigie mortuaires : rendre visible l’invisible
b – Honneurs funèbres et tristesse rituelle
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE RESTREINTE
CORPUS ICONOGRAPHIQUE
Adresse
REMERCIEMENTS
Arrivé au terme de ce travail de recherches, je tiens à remercier l’ensemble des personnes sans lesquelles rien n’aurait été possible.
Ma profonde gratitude s’adresse d’abord à ma directrice, Naïma Ghermani, dont la bienveillance, la patience, le regard critique et clairvoyant m’ont porté tout au long de mes recherches et du travail de réécriture. Elle m’a transmis son goût immodéré pour le XVI e siècle. Ma dette intellectuelle à son égard est considérable, bien plus que les mots ne sauraient l’exprimer. Aussi, j’ai pour elle une admiration et un respect infinis.
Ma reconnaissance se tourne, ensuite, vers l’ensemble des professeurs et maîtres de conférences qui ont eu l’extrême obligeance de me guider dans mes recherches et me conseiller : Bernard Cottret, Isabelle Fernandes, Susan Doran, Carole Levin, Sylvène Édouard, Ilaria Taddei et Fabrice Micallef.
Le personnel de la British Library , de la BU Droit-Lettres et de la bibliothèque de l’ARSH de Grenoble m’ont été d’une grande aide par leur disponibilité et leur professionnalisme. Je tiens à exprimer toute ma gratitude au laboratoire du CRHIPA (actuel LUHCIE) pour m’avoir aidé à financer une partie de mon séjour de recherche à Londres.
Je suis extrêmement redevable à mes relectrices et à mon relecteur : ma directrice, Ophélie, Fabrice et Nicole.
Difficile d’oublier mon cercle de proches. Merci de m’avoir permis d’aller aussi loin dans mes études.
Enfin, je souhaiterais dédier cet ouvrage à la mémoire de mon grand-père.
I NTRODUCTION
« Toutes les grâces princières qui ont servi à façonner un tel chef-d’œuvre, avec toutes les vertus dont le bien s’accompagne seront doublées en elle. Nourrie de vérité, toujours inspirée de saintes et célestes pensées, elle sera aimée et crainte. Son peuple la bénira ; ses ennemis trembleront champ de blé battu et tristement baisseront la tête ; le bien pousse avec elle » 1 .
C’est en ces termes que s’achève le Henri VIII de Shakespeare dans lequel est retracé le baptême de la jeune princesse Élisabeth, fruit de l’union entre Henri VIII d’Angleterre et sa maîtresse, puis deuxième épouse Anne Boleyn. Représentée pour la première fois en 1613, cette pièce historique prend la forme d’une prophétie rétrospective, prononcée par l’archevêque Cranmer qui chante les vertus et les triomphes de la future souveraine. Le panégyrique qui en ressort fait d’Élisabeth I ère une souveraine providentielle qui propulse l’Angleterre dans une ère de renouveau et de prospérité jusqu’alors inégalée. Ce qu’il convient de remarquer d’ores et déjà, c’est le ton laudatif de la citation plus propice à un traitement mythographique qu’historique. En l’occurrence, l’œuvre de Shakespeare est clairement teintée d’aspirations patriotiques, tant il se fait le chantre du « mythe élisabéthain ». Quatre siècles se sont écoulés depuis et, face au foisonnement d’ouvrages et d’œuvres cinématographiques que continue de susciter le personnage d’Élisabeth, il est évident que le portrait encomiastique de Shakespeare n’a rien perdu de sa vivacité 2 .
Mais peut-on uniquement associer son règne à l’idée d’une grandeur hiératique et sereine ? L’éclat du règne élisabéthain, qui s’étale sur presque un demi-siècle, est souvent perçu comme un âge d’or. Bien que cette idée appartienne plus au domaine de la mythologie que de l’histoire, on ne peut nier l’ampleur de son œuvre réformatrice, tant la souveraine sait prendre des décisions centrales pour l’avenir de son peuple. Élisabeth consolide en profondeur le système politico-institutionnel et veille à l’affirmation du pouvoir royal. Ce regain d’autorité confère, de toute évidence, à la nation anglaise une relative période de paix et de prospérité. Sous l’autorité de la reine vierge, l’Angleterre s’affirme comme une puissance montante de l’échiquier européen sur les plans politique, économique et culturel. C’est aussi sous Élisabeth qu’a concrètement lieu le passage de l’Angleterre à la Réforme, à la suite de la tentative de retour à l’orthodoxie catholique sous Marie Tudor. Certes, la politique religieuse élisabéthaine ne naît pas ex-nihilo , puisqu’elle entend parachever l’œuvre paternelle. Pourtant, il est difficile de conférer au schisme henricien le statut de Réforme protestante, « car Henri VIII prit d’assaut l’Église au nom de la suprématie royale et non par la Parole de Dieu » 3 . Si le roi entreprend cette scission avec Rome, c’est en premier lieu pour des motifs d’ordre personnel : la répudiation de Catherine d’Aragon en est l’élément catalyseur. Quant aux mesures qui en découlent, elles sont improvisées et incomplètes. Dans la construction laborieuse de l’Église anglicane, l’époque élisabéthaine constitue le véritable tournant durant lequel l’Angleterre s’engage de manière pleine et entière sur le chemin de la foi réformée. Élisabeth fixe les croyances et les rites de l’anglicanisme ; elle entend mettre en place une via media , à mi-chemin entre le catholicisme post-tridentin et tous les courants protestants.
Ce serait, cependant, une erreur de tomber dans l’écueil d’une vision téléologique, car aucun é

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