Médecin généraliste à l ancienne
68 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Médecin généraliste à l'ancienne , livre ebook

-

68 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le parcours humaniste du docteur Bressler-Campana montre, à travers des exemples de pathologies fréquentes, les progrès de la science durant ces dernières décennies. Dans une société menacée par la prévalence de l'intelligence artificielle, où le virtuel prend une place de plus en plus importante, l'auteure montre le rôle essentiel du médecin généraliste. Dans cette perspective, elle décrit plusieurs cas rencontrés au cours de sa longue carrière, tous révélateurs des maux de notre société.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 janvier 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782336807577
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Graveurs de mémoire
Cette collection est consacrée à l’édition de témoignages et récits personnels contemporains. Depuis 2012, elle est organisée par séries en fonction essentiellement de critères géographiques mais présente aussi des collections thématiques (univers professionnels, itinéraires individuels divers…).
Déjà parus
Saussol (Roger), Un pilote de chasse dans la Seconde Guerre mondiale, Mes combats, ma captivité, 2017.
Simon (Gérard), Souvenirs insolites d’un diplomate atypique, 2017.
Yong Kit (Brigitte), Mémoires d’une petite fleur de lys, 2017.
Cointepas (Michel), L’Alligator, Itinéraire d’un enfant de Mai 68 , 2017.
Oudiné (Bernadette), Une directrice raconte, Petits secrets sur le collège et le lycée, 2017.
El Houeiss (Rodrigue), Raymond Eddé ou une certaine idée du Liban, souvenirs politiques, 2017.
Messahel (Michel), Itinéraire d’un harki, mon père. De l’Algérois à l’Aquitaine. Histoire d’une famille, 2017.
Diallo (Boubacar), Le médecin de rapatriement, Chroniques d’une profession méconnue, 2016.
Souaré (Mamadou Bombâ), Servir son pays sans se servir, Itinéraire d’un haut fonctionnaire dans l’administration de la Guinée Conakry, 2016.
Chesnel (Gérard), Ambassadeur vas-tu savoir faire ? Itinéraire d’un Normand en Asie, 2016.

Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par
ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation
du contenu des ouvrages, peut être consultée
sur le site www.harmattan.fr
Titre

Docteur Juliette B RESSLER- C AMPANA







M EDECIN GENERALISTE A L’ANCIENNE
Copyright












© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-80757-7
Exergue

« Deviens ce que tu es »
Frédéric Nietzsche
Ainsi parlait Zarathoustra
Dédicace

A Jacques, mon mari
A Elisa et Frédéric, mes enfants
A Christoph et Jeanne, leurs conjoints
A mes chers petits-enfants, Raphaël, Eric, Alexandre, Cassandre et Carmen
Je les remercie tous pour leurs encouragements et leur aide.
Sommaire

Chapitre I De la Corse du sud à la Haute-Savoie
Chapitre II Evolution de ma pratique
Chapitre III Evolution de la médecine
Chapitre IV Mes fiertés
Chapitre V Une journée ordinaire
Conclusion
Chapitre I De la Corse du sud à la Haute-Savoie
Je devais avoir cinq ou six ans. Cet hiver-là, tous les après-midis, nous empruntions la route qui serpente à travers les superbes paysages de la Corse du sud, jusqu’au col de Bavella. Je me revois entourée de mes parents qui me recommandaient de respirer l’air pur à pleins poumons, pour guérir de ma primo-infection. Les pins lariccio lacérés, courbés par le vent et parfois encapuchonnés de brouillard m’offraient alors leur silhouette protectrice. Puis, après la promenade aux pieds des célèbres « fourches », nous allions chez l’apiculteur acheter le miel qui, avec les biscuits Lu du retour, constituent un souvenir gustatif encore présent.
En voiture, Tino Rossi, Line Renaud ou Charles Trenet chantaient à la radio leurs ritournelles les plus célèbres. Les enregistrements de l’Ave Maria de Gounod, la romance de Nadir des Pêcheurs de perles , tellement appréciés de mon père, Ma Cabane au Canada ou La Mer me renvoient immanquablement à cette époque. Nous remontions l’été à Bavella pour le pèlerinage de Notre Dame des Neiges.
J’avais été fragilisée par une naissance gravement prématurée, quelques années auparavant, à Lévie, gros village de montagne, allongé, étiré entre les arbres, les pampres et les jardins. J’arrivais au monde un premier janvier. Il gelait dehors à pierre fendre. Ma famille fut terrifiée : le pronostic vital de ma mère était aussi engagé que le mien. J’ai bien failli succomber : je pesais moins de deux kilos et m’évanouissais à tout moment. « Laissez-la crier ! » avait recommandé le vieux médecin du cru, « ça développera ses bronches ! » L’essai faillit tourner au désastre. Je restais livide, inanimée de longues minutes, comme morte. Cela effraya tellement mes grands-parents qu’ils décidèrent de se relayer à mon berceau nuit et jour, devant la cheminée. Non seulement pour entretenir le feu, ce qu’aurait pu faire Joséphine, dite Mamba , la fidèle employée de maison, mais surtout pour anticiper mes pleurs qui selon eux m’auraient été fatals, tant ma faiblesse les impressionnait.
Mon père, mobilisé à Corte, ne pouvait hélas apporter aucun secours. J’ai été probablement apaisée par la si douce berceuse corse : « O ciuciarella » que j’ai moi-même souvent chantée à mes enfants et petits-enfants. Ma petite fille âgée de quatre ans la réclame avant de s’endormir et la chante intégralement en langue corse, bien que vivant à Londres :
« O ciucciarella N’un sai quantu t’adoro Le to bellezze le to cullane d’oro »
Petit à petit, comme ma mère, j’ai repris du poil de la bête. Sans doute ma vitalité était-elle déjà assez grande pour surmonter ce premier obstacle.
En comptant ma sœur plus jeune, nous étions une brochette de cinq cousines plus ou moins éloignées à partager jeux et promenades sous le vieux chêne de Casavecchia et à échanger poupées et dînettes. Il ne serait venu à l’idée de personne de nous proposer des jouets de garçons, comme le préconisent certains pédopsychiatres !
Issue d’une famille de médecins et de pharmaciens, j’ai manifesté dès l’enfance une attirance pour les livres de médecine répandus dans le bureau de mon père. S’y mêlaient ces odeurs de vieux papiers, de médicaments périmés, de naphtaline émanant du placard où le trousseau de ma mère attendait les grandes occasions – mariages, deuils, réceptions – pour déployer la finesse de ses broderies. Sensations à jamais enfouies mais prêtes à ressurgir quand le cœur rit ou pleure. « Elle sera docteur, disaient les plus perspicaces. Elle connaît déjà le nom de tous les médicaments ! »
De la terrasse de cette pièce, la vue butait sur le quartier voisin, au-delà du jardin en espalier où embaumaient la menthe sauvage, le romarin, les lys et le seringua à l’ombre d’un vieux tilleul. Exhalaisons grisantes des cistes bruns ou cendrés, de la marjolaine, du mûrier sauvage, du myrte odoriférant, parfums du maquis portés par le vent que Napoléon dans sa jeunesse reconnaissait depuis la mer. Il se rappela plus tard à Sainte-Hélène qu’il identifiait l’odeur du sol de son pays, même les yeux fermés : senteurs âcres, résineuses, épicées et sucrées où se mêlent les parfums des plantes maritimes à ceux plus suaves des arbustes de la montagne.
Derrière les premières maisons, s’étageait le vieux village d’où sortaient des cris d’enfants dominés de temps à autre par les intonations d’habitants au verbe haut, mêlés aux bruits de crécelle des cigales et des grillons.
Puis, le soir, l’excitation retombait. Quand le rose du ciel épousait le gris du vieux granit, le village prenait la pose et se drapait dans sa beauté originelle.
Enfin, la nuit le rendait à l’obscurité et au silence réparateur, seulement déchiré de loin en loin par les aboiements de quelque chien errant.
A main gauche, l’église lançait vers le ciel son haut clocher, un des plus élevés de Corse et égrenait le chant de ses cloches : joyeux pour les mariages et les fêtes, lugubre pour les enterrements. Plus à gauche encore, les tombes éclaircissaient la colline du vieux cimetière : souvenirs attristés de retours à Lévie pour le décès de ma grand-mère et de mes parents. Occasion de revoir familles et amis lors du repas traditionnel donné pour la veillée du défunt avant de l’accompagner au cimetière ou à Casavecchia, la propriété qui abrite les tombeaux familiaux.
Remarquant mon goût pour la musique, ma mère assura mes premières leçons de piano sur le Pleyel familial. Ses interprétations brillantes mêlaient virtuosité et sensibilité. Personne ne pouvait la surpasser parmi ses amis les plus doués dans certains morceaux de Chopin – études, nocturnes – ou de Liszt – Rhapsodies , Années de pèlerinage , Etudes transcendantales . Plus tard, la retransmission du dernier concert de Dinu Lipatti, épuisé par la leucémie, jouant au Festival de Besançon quelques semaines avant sa mort des valses de Chopin et Jésus que ma joie demeure

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents