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Description
Sujets
Informations
Publié par | Nouvelle Cité |
Date de parution | 15 février 2018 |
Nombre de lectures | 4 |
EAN13 | 9782853139878 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Jacques Mulliez
Thomas More
(1478-1535)
Au risque de la conscience
dessins de Tipi
(Valentine del Moral)
préface de Matthieu Rougé
récit
nouvelle cité
Composition : Pauline Wallet
Couverture : Laure d’Amécourt
Illustration de couverture :
p. 1, Bas-relief de Jean-Marc de Pas, basilique Sainte-Clotilde, Paris – © photo Michel Levassort
© Nouvelle Cité 2013, pour l'édition papier
© Nouvelle Cité 2015, pour l'édition électronique
Domaine d’Arny 91680 Bruyères-le-Châtel
ISBN édition papier : 978-2-85313-694-5
ISBN édition numérique : 978-2-85313-987-8
Du même auteur Aux mêmes éditions
Prier 15 jours avec Thomas More, 2010
Sommaire
Préface
Introduction – Renaissance et XXI e siècle, des similitudes
Chapitre 1
Une enfance à la fin du Moyen âge
Chapitre 2
1494-1501 – Les Belles-Lettres ou le Droit Première rencontre avec Érasme
Chapitre 3
1501-1514 – Le monastère ou le mariage ? Juriste, humaniste et parlementaire
Chapitre 4
1515-1518 – Premiers pas dans la vie publique et célébrité littéraire
Chapitre 5
1518-1520 – Service du roi et vie familiale
Chapitre 6
1521-1523 – Défenseur du roi Henry VIII contre les attaques de Luther
Chapitre 7
1523-1528 – Amitiés, prospérité, renommée et… Nuages
Chapitre 8
1529-1532 – De la gloire au renoncement librement décidé
Chapitre 9
mai 1532-avril 1534 – Les jours sombres
Chapitre 10
17 avril 1534-30 juin 1535 –Emprisonnement, liberté intérieure, élévation spirituelle
Chapitre 11
1 er au 6 juillet 1535 – La primauté de la conscience
Chapitre 12
De 1535 à nos jours – Survie intellectuelle et spirituelle
Conclusion
Pour aller plus loin avec Thomas More, les essentiels (en français)
Annexe 1
Repères généalogiques
Annexe 2
Morceaux choisis d’humour morien
Annexe 3
Écrits spirituels de Thomas More, prisonnier à la Tour de Londres
Annexe 4
Dossier du Procès de canonisation de 1935
Annexe 5
Bibliographie
Dans la même collection
Fin
C’est ici un livre de bonne foi, Lecteur.
Il t’avertit dès l’entrée,
que je ne m’y suis proposé aucune fin,
que domestique et privée.
Je n’ai eu nulle considération
de ton service, ni de ma gloire :
mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein.
Je l’ai voué à la commodité particulière
de mes parents et amis.
(Montaigne, L’auteur au lecteur, Essais)
Ce livre est dédié à Céliane Mulliez, mon épouse,
qui a rejoint le 18 octobre 2012
son ancêtre direct, saint Thomas More,
pendant l’impression de cette biographie
qui a pu bénéficier de ses conseils
et de sa relecture attentive.
Suivant l’exemple de Montaigne,
je dédie cette biographie
à mes parents et amis,
Alain, Carole, Céliane ( † ), Éliane,
Francine, Germain, Henri,
la discrète M.-J., Serge et Thérèse,
partenaires attentifs et exigeants,
grâce auxquels ce livre a pu voir le jour.
Une mention particulière s’impose
pour Carole Mulliez-Le Louarne
enseignante agrégée d’anglais
en classe préparatoire
au Lycée Saint-Louis à Paris,
et pour Serge Antès, agrégé de lettres,
maître de conférences de latin
à l’Université de Picardie d’Amiens
qui ont réalisé des traductions françaises
inédites d’écrits de Thomas More.
Au début de cet ouvrage, je tiens à remercier mon éditeur.
Il me permet une fois encore de partager
ce que j’ai découvert au fil des années,
dans la vie et les écrits de Thomas More,
avec celles et ceux qui sont en recherche pratique
de nourritures intellectuelles et spirituelles vivifiantes.
Préface
Le Bienheureux et bien-aimé pape Jean-Paul II a fait un beau cadeau aux responsables politiques, et à ceux qu’ils ont à servir, en leur donnant saint Thomas More comme modèle et intercesseur privilégié.
Il s’agit d’un martyr – ce qui met d’emblée le service politique sous le signe du courage – mais d’un martyr bien particulier. Car Thomas More n’est pas mort en défendant directement la divinité du Christ ou sa présence dans l’eucharistie, mais en restant fidèle au discernement intime de sa conscience. C’est ce que Jean-Paul II a voulu mettre en lumière dès le début de sa proclamation du 31 octobre 2000 : « De la vie et du martyre de saint Thomas More se dégage un message qui traverse les siècles et qui parle aux hommes de tout temps de la dignité inaliénable de la conscience, dans laquelle, comme le rappelle le concile Vatican II, réside “le centre le plus secret de l’homme et le sanctuaire où il est seul avec Dieu dont la voix se fait entendre dans ce lieu le plus intime” (Gaudium et spes, n. 16). Quand l’homme et la femme écoutent le rappel de la vérité, la conscience oriente avec sûreté leurs actes vers le bien. C’est précisément pour son témoignage de la primauté de la vérité sur le pouvoir, rendu jusqu’à l’effusion du sang, que saint Thomas More est vénéré comme exemple permanent de cohérence morale. »
« Martyr de la conscience », Thomas More manifeste d’une manière particulièrement adaptée à notre époque, si rétive à tous les conformismes, le creuset de la justesse et de la fécondité politiques. Encore faut-il bien percevoir que la conscience n’est pas le sentiment individuel immédiat mais plutôt la détermination intime à laquelle on ne peut parvenir que grâce à un long travail d’observation, de réflexion et de recherche intérieure. More n’est un « docteur de la conscience » que parce qu’il a été d’abord un homme d’amitié, de culture et de vie spirituelle. Le martyre de sa conscience a été l’expression ultime de la richesse, de la rectitude et de la profondeur de sa foi.
C’est ce que le récit de Jacques Mulliez permet de découvrir de manière particulièrement vivante. La formation, la tournure d’esprit, la famille, la vie intellectuelle et spirituelle, la complexité et les interrogations, les amitiés, les engagements, les écrits de Thomas More sont présentés avec enthousiasme mais aussi avec précision, lucidité et finesse. Grâce à Jacques Mulliez et grâce à Thomas More, on découvre le monde foisonnant de l’humanisme chrétien, si souvent limité dans la culture générale ordinaire à la figure d’Érasme. La personnalité d’Henry VIII, dont on ne retient habituellement que le caractère brutal, apparaît complexe et même, à certains égards, attachante. Le chemin qui mène Thomas More au martyre n’est pas automatique ou rectiligne : il est le fruit de débats intérieurs, amicaux, familiaux menés avec persévérance et disponibilité aux lumières de Dieu.
Parmi les aspects du parcours de Thomas More les plus féconds pour notre temps, il y a la recherche permanente de cohérence. Loin de l’opposition revendiquée entre vie publique et vie privée, loin de la distorsion entre éthique de conviction et éthique de responsabilité établie en postulat, More se présente, sans simplisme ni naïveté, comme l’apôtre d’une quête durable d’unité. Il la mène en dialogue avec les clercs, son ami et compagnon de martyre John Fisher en particulier, mais sans jamais rien abdiquer de sa responsabilité de baptisé engagé directement dans la gestion de la cité. De manière très significative, son ultime discernement porte sur la distinction entre autorités spirituelle et temporelle. Il n’est pas légitime que les clercs prétendent s’emparer de la seconde, mais le totalitarisme s’annonce dès que les princes veulent se saisir de la première.
À une époque où le discernement des politiques est sollicité sur des sujets de plus en plus sensibles et où peut surgir la tentation de dépasser la responsabilité proprement politique en prétendant redéfinir la vie telle qu’elle nous est donnée, saint Thomas More est un compagnon singulièrement précieux pour ceux qui ont le beau courage de s’engager dans la cité. En c