Un jour, j’ai porté le monde : Ma traversée de la schizophrénie
133 pages
Français

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Un jour, j’ai porté le monde : Ma traversée de la schizophrénie , livre ebook

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Description

Le cerveau humain est complexe et mystérieux, et il nous entraîne parfois sur des sentiers bien étranges. Renée Charron en a fait l’expérience, frappée de psychoses dans la jeune trentaine. Grâce à ses efforts, au soutien de ses proches et au suivi médical, elle est néanmoins sortie grandie de la traversée difficile qu’elle raconte dans ces pages.
La schizophrénie est une maladie méconnue ; son nom seul fait frémir, et les personnes qui en souffrent sont souvent stigmatisées, associées malgré elles aux rares épisodes de violence qui en découlent mais qui font la manchette et marquent l’imaginaire. Dans ce texte lumineux et plein d’espoir, l’auteure offre des clés afin d’apprivoiser, de comprendre et de soigner la schizophrénie.
« Il ne faut pas négliger l’apport des malades eux-mêmes ni [celui] de nombreux artistes qui savent rendre tangibles et davantage compréhensibles les souffrances humaines, écrit la psychiatre Lucie Fortin dans sa préface. Le livre de Renée Charron s’inscrit tout à fait dans cette perspective. En plus d’être elle-même atteinte d’un trouble schizoaffectif, Renée est une auteure d’une grande sensibilité, qui sait trouver les mots justes, empreints d’une certaine poésie. »
Un soir, je crus que les médicaments allaient me tuer si je les prenais. Le pauvre infirmier chargé de me les faire avaler ne savait plus comment s’y prendre. Je gardais la bouche fermée avec obstination. C’était un vrai combat, et pour lui c’était perdu d’avance. Il partit à la fin en soupirant.

J’entendis, venant du corridor, cette phrase prononcée par l’infirmier : « Renée n’a pas voulu prendre ses médicaments. » Je trouvais cela étrange ; pour moi, c’était comme d’entendre : « Renée n’a pas voulu mourir », et je trouvais cela cruel. J’avais hâte de savoir ce que Laurie allait penser de cela, elle qui était de mon côté.

Il fallait que je vive, j’en étais persuadée. Aussi souffrant que fût mon quotidien, j’avais l’espoir, et j’étais persuadée qu’un jour la vie serait belle.

Porter l’espoir, même lorsque nous délirons, est peut-être ce qui fait la différence entre vivre et s’éteindre, que le corps soit ou non vivant. Michel me disait souvent : « Tu vas sortir victorieuse, et tu vas être très contente. Tu vas voir, ce sera une guérison complète. » Je vivais car je ne voulais pas rater ces jours où je serais bien, enfin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2016
Nombre de lectures 4
EAN13 9782764432648
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice

Conception graphique : Nathalie Caron et Sara Tétreault
Mise en pages : Andréa Joseph [pagexpress@videotron.ca]
Révision linguistique : Diane Martin et Chantale Landry
En couverture : © ImYanis / shutterstock.com, © Freepik.com
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Charron, Renée
Un jour, j’ai porté le monde : ma traversée de la schizophrénie
(Biographie)
ISBN 978-2-7644-3209-9 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3263-1 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3264-8 (ePub)
1. Charron, Renée. 2. Schizophrènes - Québec (Province) - Biographies. I. Titre. II. Collection : Biographie (Éditions Québec Amérique).
RC514.C42 2016 616.89’80092 C2016-941361-6 PS9581.R688S49 2015

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2016

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2016.
quebec-amerique.com





Pour mon ami Michel, qui m’a soutenue pendant toute la maladie,
et pour ma famille, qui me soutient depuis toujours.
Ensemble, vous avez soufflé les voiles vers ma liberté.


Préface
La schizophrénie est une maladie du cerveau. Il ne faut pas avoir peur des mots, car c’est bien de cela qu’il s’agit, une maladie, et ce sont les malades eux-mêmes qui nous en décrivent les symptômes et les souffrances depuis des siècles. C’est ce que l’auteure de ce livre propose au lecteur, un voyage, en quelque sorte, au pays de sa maladie. Cette maladie qu’elle assume désormais pleinement, ce qui ne la rend que plus accomplie, plus grande dans sa personne. À travers une description émouvante et authentique, elle témoigne d’un cheminement qui l’amène graduellement au rétablissement, à une « guérison de l’âme et du cœur », comme elle le dit elle-même.
Le cerveau est à l’origine de ce que nous possédons de plus intime et de plus secret : nos pensées. Ces pensées qui définissent notre sentiment même d’exister et de pouvoir jouir de la vie, qui définissent notre humanité, notre unicité. Il n’est donc pas étonnant que toute menace à cette intimité nous fasse peur, qui que nous soyons. C’est une telle menace que nous craignons lorsque nous pensons à la plupart des maladies du cerveau, et encore davantage lorsqu’il s’agit d’une maladie comme la schizophrénie. Rappelons qu’il fut une époque où cette maladie, tout comme l’épilepsie, était considérée comme étant le fruit d’une possession par le démon… Qui dirait encore ça, aujourd’hui, de l’épilepsie ?
Grâce à la démarche scientifique et à diverses découvertes, l’amélioration de nos connaissances nous a permis de mieux comprendre plusieurs maladies du cerveau. Mais cet organe du corps humain est très complexe tant dans sa « circuiterie » (dont s’occupent surtout les neurologues) que dans son fonctionnement chimique (dont s’occupent surtout les psychiatres), si bien que nous avons encore beaucoup à faire, et pas seulement sur le plan scientifique : bien des préjugés nous habitent face aux diverses maladies psychiatriques, et les personnes souffrant de ces maladies sont encore trop souvent stigmatisées. Un travail d’accompagnement et de vulgarisation des divers intervenants de soins s’avère donc très important et même essentiel, car mieux on comprend, moins on a peur, mais je crois qu’il ne faut pas négliger l’apport des malades eux-mêmes ni l’apport, si présent dans nos vies, de nombreux artistes qui savent rendre tangibles et davantage compréhensibles les souffrances humaines : je pense bien sûr à plusieurs documentaires, mais aussi à plusieurs films et livres, biographiques ou fictifs, qui traitent de diverses maladies.
Je crois que le livre de Renée Charron s’inscrit tout à fait dans cette perspective. En plus d’être elle-même une personne atteinte d’un trouble schizo-affectif 1 , elle est une auteure d’une grande sensibilité, qui sait trouver les mots justes, empreints d’une certaine poésie. En la lisant, il faut écouter, en quelque sorte, les phrases, en ressentir les émotions. Bien saisir aussi toute la maturité dont elle fait preuve.
Le diagnostic de schizophrénie doit être posé par un médecin et c’est le plus souvent un psychiatre qui l’établit, ou qui le confirme au médecin de famille ou à un autre médecin spécialiste qui le demande. Bien que le DSM 2 soit un outil diagnostique largement connu, seul un médecin est habilité à confirmer le diagnostic à partir des critères qui y sont décrits, car il faut savoir les interpréter. Les idées délirantes, les hallucinations, les incohérences de la pensée et du discours, l’appauvrissement de l’affect, l’apathie, les symptômes cognitifs tels que la diminution de l’attention et de la concentration, ou encore des troubles du comportement, sont certains des symptômes qui peuvent conduire à de grandes désorganisations et à beaucoup de souffrance, tant pour le malade que pour ses proches.
Le traitement consiste en une approche bio-psycho-sociale. Durant la phase aigüe, tout autant que durant le suivi de maintien à long terme, une prépondérance doit cependant être accordée à la prise d’une médication antipsychotique, de même qu’à l’abstinence de drogue. Plusieurs médicaments antipsychotiques existent, tant sous forme de comprimés que sous forme d’injectables à effet prolongé (pouvant durer de 2 à 4 semaines, selon les cas), et une discussion franche et ouverte avec le psychiatre traitant offre la meilleure garantie de maximiser les effets escomptés, tout en minimisant les effets indésirables.
On estime qu’environ 25 % des patients ont une évolution favorable après un premier épisode de psychose (soit une rémission des symptômes, soit une persistance des symptômes légers), environ 50 % ont des symptômes modérés malgré la médication, environ 15 % des symptômes graves, et environ 10 % se suicident. Bien que ces chiffres puissent sembler décourageants, ils représentent en fait une grande amélioration depuis l’introduction des antipsychotiques, dans les années 1950. Les taux de rechutes après l’arrêt de l’antipsychotique, quant à eux, sont d’environ 75 % après un an, et 95 % après deux ans… d’où l’importance d’accorder une prépondérance à la médication, et ce, précocement après l’établissement du diagnostic car c’est dans les cinq premières années de la maladie qu’on note la plus grande détérioration fonctionnelle.
Selon les malades, le suivi peut être fait avec le psychiatre seul, mais le plus souvent, d’autres intervenants s’avèreront fort aidants, et même nécessaires, tant pour le malade que pour les proches. Divers organismes communautaires peuvent également être mis à contribution, le tout visant, comme dans chaque maladie, le meilleur rétablissement possible (pour le moment, on ne peut pas encore parler de guérison, malheureusement).
Cette notion de rétablissement dont on ose désormais parler tient bien sûr aux progrès réalisés, comme dans bien d’autres domaines, depuis la deuxième moitié du 20 e siècle, mais tient d’abord, et surtout, au cheminement de malades déterminés qui font preuve de ténacité et qui deviennent source d’espoir pour bien d’autres malades et leurs familles.
C’est le cas de Renée, que j’ai rencontrée pour la première fois en 2003. Je considère même qu’elle m’a

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