Belfort et son territoire dans l imaginaire républicain
244 pages
Français

Belfort et son territoire dans l'imaginaire républicain , livre ebook

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244 pages
Français

Description

En 1922, suite à la défaite militaire de 1871, Belfort et les 106 communes avoisinantes deviennent le 90e département français. Les auteurs observent l'émergence du mythe belfortain dans l'imaginaire républicain, autour de trois thèmes: les mutations de la ville et de son territoire, l'émergence de la figure de Belfort dans l'imaginaire français et allemand, et l'enracinement patriotique de ce territoire autour de personnalités politiques et militaires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 71
EAN13 9782296514065
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

la ville et de son territoire, l’émergence de la Igure de Belfort dans
Sous la direction de Sidonie Marchal
BELFORTETSONTERRITOIREDANSLIMAGINAIRERÉPUBLICAIN
Préface de JeanPierre Chevènement
Belfort et son Territoire dans l’imaginaire républicain
CollectionHistoire, Textes, Sociétés
dirigée par Monique Clavel-Lévêque et Laure Lévêque
Pour questionner l'inscription du sujet social dans l'histoire, cette collection accueille des recherches très largement ouvertes tant dans la diachronie que dans les champs du savoir. L'objet affiché est d'explorer comment un ensemble de référents a pu structurer dans sa dynamique un rapport au monde. Dans la variété des sources – écrites ou orales –, elle se veut le lieu d'une enquête sur la mémoire, ses fondements, ses opérations de construction, ses refoulements aussi, ses modalités concrètes d'expression dans l'imaginaire, singulier ou collectif. Déjà parus Lydie Bodiou, Florence Gherchanoc, Valérie Huet, Véronique Mehl, Parures et artifices : le corps exposé dans l’Antiquité, 2011. Stève Sainlaude,Le gouvernement impérial et la guerre de Sécession (1861-1863),2011. Laure Lévêque (éditeur),Paysages de mémoire. Mémoire du paysage, 2006. Laure Lévêque (éditeur),Liens de mémoire. Genres, repères, imaginaires, 2006. Monique Clavel-Lévêque,Le paysage en partage. Mémoire des pratiques des arpenteurs, 2006.
Sous la direction de Sidonie Marchal
Belfort et son Territoire dans l’imaginaire républicain
Préface deJean-Pierre Chevènement
Centre pour l’UNESCO d’Etudes pour l’Education et l’Interculturalité
Avec le soutien de la Ville de Belfort
Ce livre a été réalisé avec le soutien de la Ville de Belfort et l’appui de Monsieur Etienne Butzbach, Maire de Belfort.
Les auteurs tiennent à remercier Monsieur Yves Pagnot, Conservateur en chef des Archives de la Ville et de l’Agglomération de Belfort, et Monsieur Jean-Christophe Tamborini, Directeur des Archives départementales du Territoire de Belfort, pour leur autorisation de reproduction des documents publiés dans cet ouvrage.
© L’HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99809-4 EAN : 9782296998094
Préface
C’est le mérite de cette somme impressionnante réunie par Sidonie Marchal et Florent Montaclair sur «Belfort et son Territoire dans l’imaginaire républicain » que de montrer comment la Troisième République a trouvé dans notre ville et la réalité de sa résistance sous le commandement du Colonel Denfert-Rochereau, le lieu d’incarnation du mythe patriotique qui lui était e nécessaire pour s’affirmer à la fin du XIXsiècle contre ceux qui auraient voulu restaurer l’Empire ou la monarchie. Le mythe était politiquement nécessaire, car la République ne pouvait durablement l’emporter que si elle mettait avec elle l’élan du patriotisme blessé. En ce sens, la résistance de Belfort est un mythe fondateur de la République, troisième du nom. Elle tend à faire oublier la défaite, l’armistice consenti à une très forte majorité de l’Assemblée Nationale, malgré l’opposition des députés républicains partisans de « la guerre à outrance », parmi lesquels bien sûr tous les députés alsaciens et lorrains. La protestation lue à la tribune de l’Assemblée de Bordeaux par Emile Keller, député de Belfort, est un texte fondateur. Il est la promesse d’une revanche victorieuse qui permettra le retour à la mère patrie des provinces qui lui ont été arrachées sans leur consentement. Voilà le grand mot lâché : il est important de remarquer que le patriotisme républicain est d’emblée fondé sur l’adhésion et non sur l’appartenance ethnico-culturelle. Belfort illustre par avance la définition de la nation qu’Ernest Renandonnera dans sa célèbre conférence de 1889 : «Qu’est-ce qu’une nation? » : «C’est un plébiscite de Tous les jours». En ce sens, le mythe de la Résistance de Belfort n’est pas seulement un mythe de compensation, comme on en trouve dans chaque défaite.Ce n’est pas seulement un instrument d’hégémonie, comme dira plus tard Antonio Gramsci: c’est ce qui fait consensus et permet d’agréger au parti au pouvoir les indécis et même les adversaires. Ce n’est donc pas seulement une habile récupération par une Troisième République encore mal affermie sur ses jambes, d’un épisode glorieux de la guerre de 1870-71. (« Nous nous appelons Belfort », lança, un jour, à la Chambre, un député républicain à Cavaignac, commandant en second de Bazaine en 1870 : « Et vous, vous vous appelez Metz ! »). La résistance de Belfort n’est pas qu’un haut-fait de patriotisme. C’est un moment idéologique, on pourrait dire philosophique, l’affirmation d’une conception de la nation fondée sur le consentement, sur l’adhésion des citoyens,l’affirmation du peuple républicain faisant corps avec la nation définie comme communauté de citoyens. D’où l’importance de la figure du Maire, Edouard Meny : le suffrage universel soutient le glaive de Denfert.
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Le mythe de Belfort n’a pas fonctionné quedans l’imaginaire national. Sidonie Marchal et Florent Montaclair montrent le développement de la ville après 1871. Elle sera bâtie, au tournant du siècle, avec ses monuments publics prestigieux (Préfecture, Palais de Justice, Chambre de Commerce, Salle des Fêtes) comme une petite capitale française face à l’Allemagne impériale, où les Alsaciens pourront être fiers de venir fêter le 14 juillet. Le mythe de la résistance d’un Belfort héroïque a aussi fini par imprégner l’imaginaire local. Le lion de Bartholdi qui veille sur la Ville depuis 1880 a fini par se greffer sur le cerveau des Belfortains : « Nous sommes des lions ! » était le cri de ralliement des manifestants lors de la célèbre grève du centenaire de l’Alsthom, en 1979. On pourrait même soutenir que, cent quarante ans après le siège, Belfort reste le lieu d’une vigilance particulière quant au contenu politique et social de l’Europe en train de se faire… Mais c’est un autre débat, que les auteurs ont prudemment, et à juste titre, évité. Comme il faut laisser vieillir le vin, il faut donner à la politique le temps de se décanter pour devenir « Histoire ». Comme disait Malraux de Samarcande, Belfort est une ville faite pour l’imagination…Jean-Pierre Chevènement Janvier 2012
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Introduction « Et en offrant à Belfort, c’est à toi-même que tu offres, ô France ! car 1 tu n’as plus nobles enfants que les siens pour garder ton Gibraltar». C’est en ces termes que Belfort est qualifié en 1872 dans un journal national,LeMoniteur Universel: Belfort est une incarnation de la nation française, gardienne d’un territoire désormais situé sur les nouveaux confins de la France. Elle est, en 1873, la « ville admirable auquel tout Français doit une reconnaissance 2 éternelle » . Belfort était pourtant décrite en 1868 comme une cité peuplée de juifs alsaciens à l'accent germanique insupportable, pour qui « le cabaret tient 3 lieu de franc-maçonnerie » . Le basculement des représentations vient bien sûr du conflit franco-4 prussien. La perte del’Alsace-Lorraine est une déchirure géographique et morale. La stupeur devant la défaite militaire traverse toute la Troisième République. Hommes politiques, artistes ou écrivains tentent alors d’apporter réponse à cette déroute de la France. Ainsi prennent place dans l’imaginaire républicain Belfort et son territoire. Au cours de l'année 1871s’ouvre le champ des réflexions sur la défaite que vient de connaître la France, réflexions qui se poursuivent sur les décennies suivantes, et qui modifient durablement l'image que la France se fait du territoire entourant l'ancien canton du Haut-Rhin. Cette guerre et le traité de Francfort (1871) marquent la naissance de ce qui deviendra officiellement en 1922 le Territoire de Belfort. Vient d’abord le temps de la réflexion sur les dimensions militaires du 5 conflit : conseils de guerre qui blâment ou félicitent les soldats , réflexions sur le 6 mode de formation et de recrutement des troupes , mise en accusation des 7 officiers ayant rendu aux forces ennemies les places qu'ils défendaient . Quarante ans plus tard, leGauloisrappelle encore, dans son numéro du 31 mars 1916, que si le colonel Denfert-Rochereau est mort, le commandant Teyssier, 8 qui avait défendu Bitche , est encore vivant et souhaite la victoire sur l'Allemagne. 1 James Long, « Appel en faveur des incendiés », inLe Moniteur Universel, 28 juillet 1872. 2 Edmond About (1828-1885),Alsace, 1871-1872, Paris, L. Hachette, 1873, p. 279 sq. 3  Edouard Moriac,Passant en Alsace, lettres critiques et fantaisistes, Bordeaux, A. Lavertujon, 1868, p. 56-60. 4 Expression usitée mais impropre. Toute l’Alsace n’est pas annexéeBelfort puisque demeure français ; en Lorraine la Meurthe-et-Moselle reste française. 5  Présidée par le maréchal Baraguay d'Illiers, elle émet 7 blâmes, 5 jugements mitigés, 4 appréciations élogieuses. Voir François Roth,La Guerre de 1870, Le Livre du Mois, Paris, 2004, p. 563. 6 Débats à la Chambre en mai 1872. 7 Conseil de Guerre pour Bazaine du 6 octobre au 10 décembre 1873. 8 Bitche est la seule autre place que les Prussiens n’auront pu prendre par les armes.9
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