Dynamiques des guerres civiles en Afrique
214 pages
Français

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Dynamiques des guerres civiles en Afrique , livre ebook

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Description

Cet ouvrage offre un essai de typologie des nombreuses hypothèses concurrentes dans l'analyse des causes des guerres civiles en Afrique. Il distingue 3 éléments dans la chaîne causale de leur émergence : les facteurs structurels, les éléments amplificateurs et les facteurs déclencheurs. Si les causes peuvent être similaires pour certains conflits, il restitue à chacun sa complexité selon les acteurs en présence, l'histoire sociopolitique particulière des sociétés et les conditions matérielles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 73
EAN13 9782336375908
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection Études africaines
dirigée par Denis Pryen et son équipe

Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc.

Dernières parutions

MOUANDJO B. LEWIS (Pierre), Le marketing de rue en Afrique , 2015.
TCHUIKOUA (Louis Bernard), Gestion des déchets solides ménagers à Douala. Acteurs, pratiques urbaines et risques environnemento-sanitaires , 2015.
MAÏKOUBOU (Dingamtoudji), Les Ngambayes. Une société de la Savane arborée du Tchad , 2015.
TOLNO (Charles-Pascal), Transition militaire et élection présidentielle 2010 en Guinée , 2015.
YAYA (Sanni), Santé publique, anthropologie de la santé et développement en Afrique , 2015.
FAYE (Malick), Le droit douanier sénégalais , 2015.
TAMA (Jean-Nazaire), L’odyssée du constitutionnalisme en Afrique , 2015.
NDAW (Colonel Abdoulaye Aziz), Sécurité pour l’émergence du Sénégal , 2015.
MATSIEGUI MBOULA (Fortuné), Les élections politiques au Gabon, De 1990 à 2011 , 2015.
DOUI-WAWAYE (Augustin Jérémie), L’insécurité en République centrafricaine. Quel rôle pour le droit international ? , 2015.

Ces dix derniers titres de la collection sont classés
par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation
du contenu des ouvrages, peut être consultée
sur le site www.harmattan.fr
Titre
Arsène Brice BADO, S.J. (dir.)





Dynamiques des guerres
civiles en Afrique

Une approche holiste
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72601-4
Contributeurs
Bado, Arsène Brice, Université Laval , Canada
Brun-Picard, Yannick, Collège la Peyroua , France
Gagné, Marie, University of Toronto , Canada
Hessou, Tohouindji Christian, Université Laval , Canada
Luntumbue, Michel, GRIP , Belgique
Mabou, Emmanuel, ESSTIC, Université de Yaoundé II , Cameroun
Nono, Guy Marcel, Université Laval , Canada
Remerciements
Ce volume regroupe une sélection des actes du colloque L’évaluation des approches théoriques de l’analyse des conflits civils en Afrique , tenu à l’Université Laval le 8 mai 2013 dans le cadre du 81 e Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).
Nous remercions le Département de science politique ainsi que les Hautes études internationales (HEI) de l’Université Laval de leur soutien financier pour l’organisation du colloque.
Nous remercions de mêmes les conférenciers, le comité scientifique et l’équipe logistique. Nous remercions particulièrement les étudiants suivants de l’Université Laval : Leea Craig, Joëlle Timma Toupé, Pierre Louis Moussavou Mbadinga et Stéfanie Lévesque ainsi que les professeurs Jonathan Paquin et Marie Brossier.
Nous sommes très reconnaissants à Yves Morel, S.J., qui a lu et corrigé avec une attention soutenue l’ensemble de ce volume.
Avec l’espoir que cet ouvrage collectif prolongera le débat sur l’étude des guerres civiles en Afrique, nous remercions d’avance nos lecteurs de leur intérêt.
1. Introduction : Approches théoriques des causes des guerres civiles
Arsène Brice Bado 1

L’examen de plusieurs États en Afrique amène à faire le constat de sociétés éclatées, sinon à « haute tension », dans lesquelles la cohésion demeure encore un souci majeur. Plusieurs États apparaissent comme des agrégats d’entités contraintes à vivre ensemble, et qui ne ménagent guère leurs efforts pour afficher leurs particularités. Aussi l’espace politique se transforme-t-il en un terrain sur lequel ces différentes entités se concurrencent, parfois bruyamment, mettant en péril l’unité nationale. Particulièrement depuis le début des années 1990, avec la fin du patronage de Guerre froide, le continent africain a vu éclater un nombre important de conflits civils qui se caractérisent par leur dimension régionale, par la multiplicité des protagonistes, belligérants ou non, par la diversité des motivations économiques ou politiques qui les sous-tendent, et par la brutalité de certaines stratégies utilisées. Cette multiplicité des confits en Afrique a suscité un fort intérêt dans la recherche académique où les hypothèses aussi nombreuses que contradictoires s’évertuent à rendre compte des dynamiques conflictuelles et de leur éventuelle spécificité africaine. Nous énumérons ci-dessous quelques approches les plus courantes dans la littérature académique au sujet des causes des conflits en Afrique :
Pour les approches identitaires , les causes des conflits civils en Afrique s’expliquent par l’échec des différents groupes identitaires (ethniques, religieux ou régionaux) à coexister pacifiquement.
Plusieurs États africains, en effet, apparaissent souvent comme un mélange de groupes socioculturels antagonistes que la colonisation a contraints à vivre ensemble au sein d’un même territoire étatique aux frontières arbitraires 2 . Par exemple, en République Centrafricaine, les populations du Nord ont davantage de liens historiques, culturels, linguistiques ou commerciaux avec les populations du Tchad qu’avec le reste de la population centrafricaine.
Mais les études quantitatives révèlent que le caractère multiethnique des sociétés n’est pas une cause en soi de conflit. Au contraire, les sociétés les plus multiethniques sont rarement en guerre dans la mesure où, d’une part, aucun groupe ethnique à lui seul ne pourrait faire face à l’ensemble des autres ; et d’autre part, il est plus difficile de parvenir à créer des alliances intercommunautaires susceptibles de constituer un front contre d’autres communautés. Empiriquement 3 , les pays dans lesquels les clivages ethniques ont nourri des conflits civils sont des pays dans lesquels soit il y a un groupe ethnique dominant représentant entre 45 et 90% de la population, soit il n’y a que deux à trois groupes ethniques comme au Rwanda ou au Burundi. Certains auteurs insistent plutôt sur la politisation des appartenances identitaires et leur instrumentalisation à des fins politiques. C’est le cas, par exemple, en Côte d’Ivoire avec le concept d’« ivoirité » 4 .
Les approches fondées sur l’existence de griefs réels ou perçus relativisent l’importance accordée aux clivages identitaires et postulent qu’à la source de chaque conflit civil se trouvent des revendications contre des injustices subies ou supposées et qui peuvent être d’ordre économique, politique ou social. Par exemple, les recherches de Frances Stewart 5 montrent que les questions identitaires ne conduisent à la guerre que si les identités de groupes sont couplées avec des inégalités horizontales, c’est-à-dire des inégalités entre groupes en ce qui concerne l’accès aux ressources économiques, aux services sociaux, au partage du pouvoir politique, ou encore l’inégalité dans la reconnaissance au niveau national quant à la langue, la religion ou autres marqueurs d’identités 6 . Dans cette perspective, les conflits au Mali, au Niger, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire ont pour cause les revendications contre la marginalisation sociale et économique des régions nord du Mali, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria ou de la Casamance pour Sénégal.
Pour les approches économiques , les guerres civiles en Afrique sont des guerres pour le contrôle des ressources. Comme le résume la formule désormais célèbre de Paul Collier, la cause des conflits est « la cupidité et non le grief » ( greed and not grievance ) 7 . Moins que les injustices subies, ce sont d’abord et avant tout la pauvreté des populations et plus encore la cupidité des élites dans l’accumulation et le contrôle des ressources qui seraient les causes majeures des conflits contemporains en Afrique. Pour Collier et Hoeffler, l’éclatement d’un conflit civil s’explique par l’opportunité et la capacité financière et organisationnelle dont dispose un groupe d’acteurs capable de se constituer en rébellion 8 . Pour les approches économiques, les ressources financières ne représentent pas seulement le nerf de la guerre mais aussi sa cause principale. L’importance des facteurs économiques dans le déclenchement des guerres civiles ne fait guère l’unanimité. Aussi les approches économiques sont-elles fortement controversées « selon les auteurs et selon les disciplines 

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