La migration toscane à Marseille
139 pages
Français

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La migration toscane à Marseille , livre ebook

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Description

Pourquoi des Toscans ont-ils quitté leur pays pour venir s'établir à Marseille ? De toutes les régions d'Italie qui ont précipité des migrants dans cette ville, la province toscane est probablement celle qui en a le plus fournis. Leur attachement à la cité phocéenne ne reste pas sans écho. Sans vouloir amplifier leur importance, les témoignages de ces véritables estampilles du passé ont la particularité d'exhumer des circonstances anciennes qui authentifient les moments oubliés de cet exode.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 150
EAN13 9782296699977
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La migration toscane à Marseille
Marcel DOTTORI


La migration toscane à Marseille

Histoire d’une migration
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11998-7
EAN : 9782296119987

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
AVANT-PROPOS
Il est difficile d’échapper à la réapparition brutale d’instants qui ne sont pas définitivement effacés de la mémoire. Ne prêter qu’une oreille distraite à des confidences qui ressuscitent les péripéties d’une vie est quasiment impossible. Mésestimer leur réhabilitation serait d’une banalité désobligeante et occulter des caractéristiques qu’on croyait éteintes relèverait de l’ineptie et de l’impudence. L’engrangement des témoignages est le socle indispensable qui raccommode les liens. Ce serait une vue de l’esprit, et probablement une grossière erreur, de croire que le recueil d’une existence est purement imaginaire. Son déroulement et sa destinée sont faits pêle-mêle de raisons personnelles et les souvenirs heureux ou malheureux qui la parcourent expriment des comportements hétérogènes non choisis qui associent les personnes entre elles. Il n’y a donc rien d’étrange à les laisser s’exprimer pour qu’elles divulguent leurs actes à l’écart des schémas répandus.
Exposer de manière détournée une histoire de vie est une motivation légitime pour la réparer. Sans vouloir amplifier son importance, le témoignage oral est un excellent « laboratoire » et une quote-part utile pour le rétablissement de la vérité. Sans forfanterie aucune, le regroupement des souvenirs et la pertinence d’une parole sont une « œuvre d’utilité publique » qui authentifient la chronologie d’évènements antérieurs. Evidemment, montrer au grand jour la pertinence d’instants partiellement effacés est quelque chose de périlleux mais peut-on vraiment les passer sous silence et se dérober à leur audition ? Quand on s’intéresse au quotidien des gens, divulguer leurs propos qui dénoncent sans pudeur une quantité considérable d’anecdotes est inéluctable. Rien ne peut remplacer cet élément de choix qui a la particularité d’exhumer des circonstances anciennes qui font ressurgir des moments que l’on croyait à jamais oubliés.
INTRODUCTION
Qu’y a t-il de plus naturel à vouloir reconstruire une vie qu’on ignore parfois exagérément ? Est-il concevable de ne prêter qu’une oreille distraite à des individus qui évoquent leurs souvenirs ? Même s’ils sont flous et incorrects, peut-on occulter ne serait-ce qu’un court instant les clichés qui illustrent les méandres d’une existence passée ? Manifestement, il serait incongru dans une quête de la vérité de ne pas se soustraire à des évocations. Bien sûr, réveiller une mémoire suspendue à des épisodes lointains provoque de l’amertume et de la nostalgie. Néanmoins, sans vouloir le surestimer, le recueil des souvenirs est incontournable. Sans doute, est-il juste et approprié justement parce qu’il déchire le voile qui les entoure. En révélant le passé, il comble certaines lacunes et écarte les nombreux malentendus qui parsèment une époque révolue.
On ne peut douter un seul instant de la valeur inestimable de l’émergence du passé, tant par sa complexité que par l’authenticité des évènements vécus. Se méprendre sur la détermination qu’ont la plupart des gens pour transmettre leur histoire dans son intégralité serait une erreur. La résurgence d’évènements intimes jusque là demeurés flous est inévitable et, à divers moments de leur vie, tous les êtres humains ont connu des cheminements spécifiques pour révéler les moments oubliés. Est-ce parce qu’ils l’estiment tellement inaccoutumée qu’ils aspirent à mettre à jour les diverses étapes de leur existence ? Sans aucune rancœur et avec beaucoup de retenue, ces protagonistes témoignent de son ampleur et il n’est pas abusif de les considérer comme les témoins désignés qui clarifient des moments obscurs. Leurs émotions disparates ou hétéroclites sont loin d’engendrer de l’indifférence, et chacune d’entre elles sont des réponses adaptées aux pourquoi ? et aux comment ? qui nous interpellent. Sans probité aucune et en l’absence de toute allégorie, leurs témoignages sont des éléments indiscutables qui libèrent des aspects étroitement liés à un destin. Véritables exutoires contre de trop nombreuses zones d’ombres, leur contribution est utile à la reconstruction d’antécédents antérieurs. Eux seuls sont qualifiés pour apporter un éclairage équitable sur le déroulement de leur destinée. Il est indéniable que leur participation met en évidence les caractéristiques d’une histoire.

S’il fallait décrire en quelques mots la finalité d’un recueil de vie, on pourrait dire qu’il met le narrateur sur le devant de la scène. Peu importe si les témoins sont des anonymes ou des personnages publics, le locuteur qui raconte son histoire ne fait que rapporter son implication dans les grands et les petits évènements. Détenteur de son vécu, il possède en exclusivité un récit en adéquation avec ce qui est attendu et définit lui-même les enjeux de son engagement pour le divulguer. Il est apte à évaluer ses déficiences et sait évaluer les limites et les risques encourus par ses révélations. Seule la mémoire orale a la propension pour rétablir la cohérence d’une histoire ancienne. Elle a cette redoutable capacité de rassembler et de ressusciter des souvenirs enfouis au plus profond pour les restituer le plus fidèlement possible. Elle invite à une lecture nouvelle de l’actualité en apportant des réponses franches aux questions posées, tout en démêlant les contingences antérieures et en respectant le cours des évènements. Ce qui est prodigieux chez elle, c’est son irascible efficacité pour examiner dans le détail chacun des aspects étroitement liés à un destin. Elle a ce don extraordinaire de parfaitement bien exprimer les contraintes langagières des gens et une façon inégalée de révéler une quantité infinie d’informations. Sans exagération, son introspection dans la guérison de la vérité et sa disposition pour décrypter les méandres du passé est prodigieuse.
Les qualités infinies des témoignages oraux ne sont plus à faire, et on doit reconnaître qu’ils sont performants pour s’emparer de l’authenticité d’une période et pour restaurer dans leur intimité des images demeurées floues. Sans entrer dans les détails, ils ont la prédisposition naturelle à rétablir l’authenticité des faits auxquels ils donnent la pleine mesure. Toutefois, les récits de vie ont leur propre faiblesse et leur déficience n’est pas à sous-estimer. Comme on peut s’y attendre, ils ne sont pas aussi crédibles qu’on pourrait l’espérer et beaucoup d’entre eux n’apportent que des réponses partielles aux questions légitimes qui se posent. Ce n’est un secret pour personne mais souvent les exégèses audacieuses et les propos hasardeux qu’exhument les confessions anciennes ne rendent pas fidèlement compte dans son intégralité d’une parole perdue (ou méconnue). Des péripéties qui n’ont souvent qu’un rapport lointain avec la réalité ou des supputations évasives, donnent parfois une mauvaise appréciation d’un bien-fondé. Les digressions sont relativement nombreuses et les révélations excavées de certains propos fantasques et exagérément évasifs sont de véritables menaces qui empêchent de mesurer l’ampleur des véritables élucubrations. Trop souvent, ces aveux qui ne sont pas en totale harmonie avec la pertinence des faits empêchent la reconstitution d’une histoire dans son entité. Ce qui est forcément dommageable pour mesurer avec appétence la distance qui sépare les faits d’une existence passée. Cependant, aussi critiquables soient-elles, les interprétations fantaisistes et les nombreuses imprécisions qui les parsèment ne peuvent être rejetées toutes en bloc. Sans s’embarrasser d’une banale forme de parodie, cette navrante constatation ne discrédite pas la valeur des témoignages qui demeurent la condition sine qua non pour raccommoder les souvenirs d’autrefois.

Pourquoi étaler sans pudeur ni scrupule des confessions revêt-il autant d’importance ? Le privilège immodéré des souvenirs pour légitimer une vie justifie-t-il le besoin de certains à révéler leur intimité ? Les anecdotes souvent risibles, qui révèlent des instants parfois douloureux, suffisent-elles à l’émergence de ré

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