La vallée du Vançon
314 pages
Français

La vallée du Vançon , livre ebook

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314 pages
Français

Description

La vallée du Vançon recèle une grande diversité de paysages. Pourtant, à bien y voir, une réelle unité s'en dégage. Cet ouvrage s'attache à faire revivre une terre hier très peuplée, aujourd'hui parsemée de villages oubliés. Il permettra de mieux étudier l'imbrication de différents niveaux : la Provence, la France, l'international. Enfin, cette première partie reviendra sur les épisodes les plus cruciaux de l'histoire de la vallée. Un second volume abordera la période de la Révolution à nos jours.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2016
Nombre de lectures 49
EAN13 9782140021022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 87 Mo

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Extrait

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Philippe NuchoTroplent
La vallée du Vançon Ce pays silencieux qui bruisse Tome 1 Des origines à la n de l’Ancien Régime
CONNAISSANCE DES RÉGIONS
Provence Alpes Côte d’Azur
La vallée du Vançon Ce pays silencieux qui bruisse Tome 1 Des origines à la fin de l’Ancien Régime
Collection « Connaissance des Régions »
Cette collection accueille des monographies régionales
Christian Ferault,Ermite en forêt mayennaise,2016. Claude Cretin,Deux siècles d’additions et de soustractions. Une histoire financière de Saint-Étienne 1790-2012,2015.Franck Buleux,L’unité normande. Réalité historique et incertitude politique,2015. Éric Fabre, Laine et drap en haut Verdon.Une haute e e Provence textile (fin XVII – milieu XX siècle),2015.Guy Penaud,Dictionnaire des sénateurs de la Dordogne,2015. Christine Belcikowski,Les chemins de Jean Dabailou la dissidence d’un fils du petit peuple de Mirepoix au temps de la Révolution française,2014.Cédric Carré,1805, Napoléon revoit l’Aube, 2014.
Raoul H. Steimlé,Francs-Comtois célèbres et moins connus, 2014.
Philippe NUCHO-TROPLENTLA VALLEE DUVANÇONCe pays silencieux qui bruisse Tome 1 Des origines à la fin de l’Ancien Régime
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09810-4 EAN : 9782343098104
À mes filles Magali et Aurélie,
À ma petite-fille Zoé,
En mémoire de mon père, Edmond, ce poète, cet inconnu, qui m’a légué le plus sublime des horizons, le Vançon.
Ce pays qui m’aimante… Dans mes jeunes années, la Haute-Provence n’avait qu’été. C’était un pays posé sous un bleu dur où la chaleur joyeuse contrastait avec la fraîcheur limpide du Vançon. L’hiver n’existait pas. Cette vision m’est restée à jamais. Ce n’est que bien plus tard que j’ai su que ce pays pouvait connaître d’autres saisons et d’autres couleurs. Ce pays m’aimante. J’en ai besoin. J’ai besoin de me plonger dans sa solitude, dans ses paysages vertigineux, dans le mystère de ses villages que l’homme a déserté. Ce pays est inondé de silence et de lumière. L’homme y a laissé une trace douce, évanescente. La pierre et l’eau y font jaillir une parole infime. C’est le langage qu’il me faut, exactement. Il est la pureté et l’absolu. Cette terre, c’est celle d’instants d’enfance entièrement heureux, à courir derrière les chats de ma grand-mère, parfois jusqu’au lavoir de Vilhosc où les couleuvres me chatouillaient, des baignades insouciantes, des ambitions de barrages et de moulins éphémères construits avec mon père, des nuits chaudes, noires ou étoilées, avec les grillons chantants et les vieux du village, englouti que j’étais dans la fascination. Ils racontaient l’avant et je les questionnais. Je vivais avec eux les temps anciens où le facteur traçait à pied dans les robines et les collets, où la jeunesse collectait la lavande sauvage pour se faire quatre sous, où les enfants étaient encore poursuivis par des loups en courant à l’école, lors d’un hiver extrême, entre Mens et Mouneaux, où l’on se levait à quatre heures du matin pour enjamber charrettes jusqu’à Sisteron, où l’eau s’économisait en été, où l’électricité encore timide s’éclairait au robinet de faïence, où les cabinets trônaient au milieu de l’écurie, où l’on ramassait le petit pont de bois du Davi pour le remettre en place après la grande crue, où le galetas était mon univers, le monde des fantômes et des secrets. À midi, la salade
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d’auriges et le civet longuement mijoté sur le poêle m’appelaient. Et puis il y avait la vieille horloge, la très vieille horloge. C’était un temps où le temps ne s’était pas encore emballé. Son cœur battait lentement et la vie avait le goût de la plénitude. Je vous parle d’un temps où le goudron s’arrêtait à l’école d’Entrepierres. À dix ans, c’était une piste en terre de Marguery jusqu’au pont de la reine Jeanne. Après, c’était un espace sauvage et indomptable où l’on était sûr de ne croiser personne. Quand j’avais douze ans, je rassemblais tous ceux qui le voulaient bien. Mme Lagier me racontait son combat pour le regain de Vilhosc, M clément, le facteur, me racontait les derniers de Saint-Symphorien ; je tirais même quelques mots à Mme Gervais, la vieille bergère muette à la peau tannée par un trop de soleil. Il y avait aussi cette vieille fermière énigmatique qui logeait dans les catacombes du château de Briasc et que nous allions voir de temps en temps pour lui acheter un poulet. Selon l’humeur, tantôt elle voulait bien, tantôt elle nous envoyait courir. Je crois que nous n’y allions ni pour son accueil ni pour son poulet, mais parce que ce vieux château décrépi était chargé de mystères. Mon oncle, Marcel Nevière, qui connaissait chaque colline, chaque ruine, chaque source, chaque secret, avait compris que j’étais l’un des leurs. Il m’a tout montré. Papa était mon compagnon de marche. Je lui ai fait arpenter toutes les vieilles drailles à moutons, tous les chemins pierreux, descendre le torrent en des endroits impossibles. Dans cette aventure, nous étions frères. Nous emportions toujours un antidote depuis qu’une vipère avait failli nous mordre du côté des Vigoureux. Ce texte a jailli à sa disparition et je me suis laissé porter. C’est une écriture vraie. Ce pays ne supporte que le cru. Ma seule référence, c’est l’amour qui m’anime. Rien de savant, juste le retour exact d’un témoignage, d’un après-midi de luxure passé dans le confort douillet de l’archive, un petit moment de plaisir et de partage pour qui aime les bouts du monde. Ce que les anciens ne m’ont pas dit, je l’ai cherché dans le calme feutré des salles d’archives. Je ne suis pas historien. Je suis seulement passionné d’histoire. Bien souvent, j’ai choisi de laisser parler l’archive brute qui recèle la saveur des siècles autrement plus
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vigoureusement que tous les commentaires. Cet ouvrage n’est qu’un début et ma faim reste intacte. Je n’aurais jamais fini avec toi, Vançon, si je m’éloigne, tu viens et nous nous cherchons. Si, parcourant Saint-Symphorien ravagé, je quitte ce lieu que j’ai tant aimé, meurtri, avec l’impression que l’on m’a volé quelque chose, j’y retourne et retourne encore. Vançon, tu es le havre des meilleurs jours. Tu es le lieu où je veux chercher la vie et le repos. À travers toi, c’est l’histoire de Provence et de France, c’est l’histoire universelle que nous redécouvrons. Ton prisme est une ouverture au monde.
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