Le dénouement
186 pages
Français

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Le dénouement , livre ebook

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Description

Jean Masbou, Figeacois miraculeusement épargné par la féroce division Das Reich, s'engagea à 18 ans dans la Résistance au moment du débarquement. Nous le suivons ici dans son apprentissage de la clandestinité, lors des sabotages de voies ferrées, ou à l'attaque d'un convoi allemand. Nous découvrons son quotidien de maquisard dans la région de Gabaudet, de Tulle, d'Oradour-sur-Glane, jusqu'à sa participation à la libération d'Egletons et de Toulouse.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 206
EAN13 9782336666280
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

François Sauteron
LE DÉNOUEMENT Jean Masbou, un Résistant en Quercy occupé
Le dénouement
Jean Masbou, un Résistant en Quercy occupé
François Sauteron
Le dénouement
Jean Masbou, un Résistant en Quercy occupé
Du même auteur Trois jours comme les autres, Julliard ͳͻ͸ͳ. Comps sur Artuby, Chronique d’un village provençal ȋouvrage collectifȌ, ͳͻͺͶ. Histoire d’une aventure, Kodak-Pathéȋavec Michel RemondȌ. Cent ans de cinéma, Glénat ȋBD avec Catherine Zavatta, dessins de Gilbert BouchardȌ, ͳͻͻͷ. Pathé, premier empire du cinémaȋouvrage collectifȌ, éd Centre G. Pompidou, ͳͻͻͷ. Au pied de mon arbre ; Le Monument ; Illusions perdues, Diffusion Mairie de Faycelles Ͷ͸ͳͲͲ ȋhistoire illustrée en ͵ volumes d’un village du Lot, avec Arlette SauteronȌ, ʹͲͲͶ-ʹͲͲ͸. Quelques vies oubliées. Une enfance Vendéenne,L’(armattan, ʹͲͲ͹. Une si jolie usine, Kodak-Pathé Vincennes, L’(armattan, ʹͲͲͺ. La chute de l’empire Kodak,L’(armattan ʹͲͲͻ. Un gars de Ménilmontantȋavec Guy MoisanȌ, L’(armattan, ʹͲͳͲ. Deux beaux salauds, L’(armattan, ʹͲͳͳ. Le Quercy Martyrisé, L’(armattan, ʹͲͳʹ. La photographie de la couverture fait partie de la collection d’Antonio MART)N-ALBA, photographe à Figeac. . © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr )SBN : ͻ͹ͺ-ʹ-͵Ͷ͵-ͲͲ͸͸͸-͸ EAN : ͻ͹ͺʹ͵Ͷ͵ͲͲ͸͸͸͸
À Delphine.
 Le souvenir, c’est la présence invisible.  (Victor Hugo).
 Il n’y a pas de hasard. Je tournais et retournais sans cesse cette certitude dans ma tête, une obsession. Il faut que je m’en débarrasse une bonne fois pour toute, et ne plus embêter ma femme Lucette avec ça. C’est à propos de ce nain, Paul Leroy, surnommé Hercule par dérision. Il avait trahi ses camarades du maquis, en avait même torturé certains, et désigné ceux qui devaient rejoindre les usines, les mines ou les camps de la mort. C’est lui qui avait décidé de ma vie.  Il avait voulu se cacher en Suisse, comme tant de gestapistes ou de miliciens, et il s’était arrêté à Dijon, venant de Paris. Mais enfin, il aurait pu tout aussi bien descendre du train avant ou après, se rendre à Dole ou à Besançon, par exemple. Passons. Il choisit donc Dijon, ville libérée depuis le 21 septembre, pour sa dernière nuit française, et descendit àL’Hôtel de Lorraine,chambre 16. Parce que cet établissement était situé à côté de la gare ? Le soir, pour tuer le temps, il se rendit au cinéma, tout naturellement àLa Grande Taverne,le même dans quartier. Pourquoi pas. Il ne restait qu’une seule place, ce lundi 4 décembre 1944, et précisément à côté de l’ex-gendarme Albert Espalieux ! La situation devient incroyable car, quelques mois plus tôt, Hercule avait fait arrêter cet homme à Sousceyrac - tout de même à 500 kilomètres de là - et l’avait fait déporter au camp de Neuengamme. Or, il était parvenu à s’évader du train, ce qui n’était pas courant, et, malgré de belles promesses d’avancement dans la gendarmerie, que ses vingt-trois ans
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pouvaient laisser espérer, il avait voulu réaliser son rêve : s’engager dans l’aviation. Il avait donc postulé pour intégrer la prestigieuse base 102 de Dijon, devenue célèbre depuis que le capitaine Guynemer y avait reçu le premier drapeau de l’armée de l’air sur le front des troupes. Il y était caporal-chef. Ce soir de décembre, notre ex-gendarme se trouvait permissionnaire. Alors que les cinémas abondaient dans la ville, il avait, lui aussi, choisi de se rendre avec un ami àLa Grande Taverne.Évidemment, Espalieux reconnut Hercule qui fut arrêté, jugé et fusillé. Ne me parlez pas de hasard, de coïncidence, enfin ne soyez pas naïfs, c’est la mort qui attendait le nain dans ce cinéma, c’est elle qui lui avait organisé cette rencontre. Il existait donc une justice quelque part, je n’en démordais pas et saoulais passablement mon entourage en le répétant.
 Non, il n’y a pas de hasard. Et, comme il se trouve encore un peu de place dans ma tête, y cohabite une autre histoire tragique, celle de Bousquet, Roger de son prénom. Je ne résiste pas à l’envie de vous la raconter car elle aussi souligne cette évidence. Roger était un simple, qui passait davantage de temps à traîner dans les rues de Cajarc qu’à aider son père à la ferme voisine. Il avait réussi à mettre la main sur un vieux revolver et, souvent, jouait à la guerre avec les gosses autour de l’église et dans les ruines, à l’époque nombreuses au centre-ville. Le voilà désigné pour partir en Allemagne, au STO. La plupart des gars se cachaient, rejoignaient alors le maquis comme René Mirabel, René Bosc, Robert Grimaud. Ainsi, le 25 août 1943, sur 85 jeunes convoqués à la gare de Cahors, deux
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seulement se présentèrent… Le Reichsführer Himmler, de passage le 11 avril 1944 à Montauban, en était reparti furieux : pour la deuxième tranche de la classe 42, sur 840 jeunes désignés, 14 départs ! Il fit rappeler que tout manquement serait puni par trois à cinq années de prison, assorties d’une amende de 10 000 francs. Mais lui, Bousquet, il y va lorsque son tour arrive, et en courant, sans même essayer d’établir un dossier médical avec l’aide des médecins complaisants qui fournissaient des radios effrayantes, des solides preuves de tuberculose avancée, jouant sur la peur panique des Allemands lorsqu’on évoquait des maladies contagieuses. C’était l’époque où les jeunes, saturés de bombardements alliés et d’un régime épouvantable, essayaient de se faire rapatrier par tous les moyens. Les classiques télégrammes « Père très mal », « Mère décédée », trop nombreux, éveillèrent la méfiance allemande. Mille certificats arrivaient chaque jour dans le Reich ! On mourait vraiment trop dans les familles des Français du STO, qui, de retour au pays, prenaient le maquis. Les nazis décidèrent alors d’exiger, à l’appui de toute demande de permission, un certificat médical récent, précis, accompagné d’une attestation de la Kommandantur portant en allemand la mention : « Les renseignements donnés par le docteur… ont été vérifiés et reconnus exacts. »
 Tout le corps soignant de Cahors soutenait la Résistance, Bousquet n’aurait eu qu’à demander un rendez-vous, et l’affaire aurait été vite réglée. Mais, si on se retrouvait en Allemagne, la seule solution pour revenir demeurait alors les blessures volontaires. Elles se
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