Les quartiers populaires et la ville
276 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Les quartiers populaires et la ville , livre ebook

-

276 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Istanbul, Paris sont deux métropoles aux évolutions contrastées mais cependant confrontées aux mêmes dilemmes : comment croître en assurant l'intégration des couches populaires ? Comment positionner l'équation urbaine, allant du vivre ensemble déconflictualisé jusqu'à la cohésion sociale pleinement assumée ? Trois regards croisés abordent la question de la relation entre ces deux agglomérations et leurs périphéries et les enjeux qui les travaillent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296250772
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES QUARTIERS POPULAIRES
ET LA VILLE
Les varo ş d’Istanbul et les banlieues parisiennes
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11342-8
EAN : 9782296113428

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Mustafa Poyraz, Loïc Gandais et Sükrü Aslan
LES QUARTIERS POPULAIRES
ET LA VILLE
Les varo ş d’Istanbul et les banlieues parisiennes
L’Harmattan
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Steve GADET, La fusion de la culture hip-hop et du mouvement rastafari , 2010.
Jean-Olivier MAJASTRE, La culture en archipel. Pratiques culturelles et mode de vie chez les jeunes en situation d’apprentissage précaire , 2010.
Lucie JOUVET, Socio-anthropologie de l’erreur judiciaire , 2010.
Eric GALLIBOUR et Yves RAIBAUD, Transitions professionnelles dans le monde associatif et l’animation , 2010.
Stéphanie VINCENT, L’action publique face à la mobilité , 2010.
Marie-Christine ZÉLEM, Politiques de maîtrise et de la demande d’énergie et résistances au changement , 2010.
ZHENG Lihua, YANG Xiaomin, La confiance et les relations sino-européennes , 2010.
Hugues-Olivier HUBERT, Céline NIEUWENHUYS, L’aide alimentaire au cœur des inégalités , 2010.
Paul DUCOURNAU, Mettre en banque l’ADN. Enquête sur une biopolitique du consentement, 2010.
Jean-Pierre SIRONNEAU, Lien social et mythe au fil de l’histoire , 2009.
Introduction
L’expansion continuelle des villes, depuis la moitié du vingtième siècle et sur un rythme de plus en plus soutenu, a débouché sur de multiples questionnements concernant l’organisation de la vie quotidienne et la construction des rapports interindividuels. Les dynamiques de concentration ont bouleversé le rapport des citadins au temps et à l’espace. Les périphéries ont pris une ampleur telle que le centre-ville n’est plus en mesure d’établir des liaisons vitales avec celles-ci ; d’un autre coté, le souci de gérer les espaces de manière rationnelle contrarie le développement d’initiatives trouvant leur source au sein de la société elle-même. Au nom de la gestion, la séparation des espaces de vie se généralise et rend impuissantes toutes les tentatives visant à créer des lieux intermédiaires. La mondialisation des villes ne fait qu’aggraver cette logique de séparation des espaces de vie en introduisant plus de codes d’accès pour la circulation des personnes au sein des espaces sociaux et institutionnels. Le gigantisme des villes encourage l’organisation technique des espaces en s’appuyant sur un centre fort et doté d’outils de gestion perfectionnés. Ce même phénomène réduit inévitablement la marge de manœuvre des dynamiques de proximité.
Ce phénomène se traduit différemment selon le niveau de développement de chaque ville. Bien que certaines problématiques propres aux grandes villes s’imposent dans les grandes métropoles, telles que la sécurité, « les communications de personne à personne » (Chombart de Lauwe, 1963) ou le transport etc., l’organisation de la vie quotidienne diverge sensiblement selon le contexte sociohistorique propre à chaque ville. Alors que la réflexion commence à se développer aux États-Unis depuis le début du XX e siècle, en Europe, la prise de conscience ne devient visible qu’à partir des années 1980. Jusqu’alors les effets des concentrations massives sur l’organisation de la vie ne constituaient pas un champ d’étude propre puisque la question urbaine était intégrée dans la question sociale. La gestion de la périphérie prend une forme fondamentalement différente par rapport à l’époque où le poids de la classe ouvrière constituait un élément d’intégration incontestable. Le débat devient de plus en plus intense et permanent en Europe. L’irruption des émeutes dans les aires de proximité des grandes villes remet à chaque fois cette question au cœur des politiques socio-urbaines. Sur ce point-là, les banlieues françaises et anglaises comptent parmi les références les plus citées. Parallèlement, les études comparatives portant sur les questions urbaines et l’organisation de la vie dans les aires de proximité des villes se multiplient.
Même si celles-ci se focalisent plus particulièrement sur les villes européennes, les villes situées dans les pays moins développés font également de plus en plus l’objet de comparaison. Ainsi, certaines villes d’Amérique latine et d’Asie suscitent un intérêt particulier chez les chercheurs. La démarche de comparaison portant sur les périphéries d’Istanbul et de Paris s’inscrit dans la continuité de ces réflexions menées au niveau mondial. Il s’agit de deux villes globales fortement intégrées aux réseaux mondiaux. Alors que Paris et ses périphéries sont structurés sur les acquis d’une période d’industrialisation et au gré des expériences et des conquêtes sociales qui en découlent ; Istanbul et ses aires de proximité portent les traces d’un processus d’urbanisation marqué par une longue période de compromis entre la tradition et la modernité, soit entre occident et m’oriente, la campagne et la ville. La construction de Paris et de ses banlieues s’achève vers les années quatre-vingt avec le constat d’une stabilité relative concernant la taille du parc de logements et le nombre d’habitants. Il faut rappeler que cette période d’urbanisation a été foncièrement marquée par l’initiative et l’impulsion des pouvoirs publics ; les espaces ont été transformés de manière volontariste et sans aucune marge pour une participation des habitants. Tandis que l’élargissement de la ville d’Istanbul suit un cheminement différent. Les périphéries d’Istanbul se développent de manière continue et spontanée en dehors de toute prise d’initiatives de la part des pouvoirs publics. Les habitants apparaissent comme des acteurs principaux dès le début du processus pour façonner et s’approprier les espaces d’habitat. Alors que le nombre d’habitants de la région parisienne reste quasiment stable depuis plusieurs décennies, la population d’Istanbul a été multipliée par trois depuis 1975. C’est une ville qui n’arrive pas à concevoir ni à préparer son achèvement sous l’angle de son emprise territoriale et de ses limites. Si Istanbul n’est pas une ville rationnellement développée ou structurée selon le sens occidental, elle n’est pas non plus une ville du tiers-monde où les caractéristiques des bidonvilles prédominent. Dans ce sens, les varoş {1} d’Istanbul constituent un exemple singulier par rapport aux expériences d’urbanisation observées en France et ailleurs.
Dans cet ordre d’idées, nous comparons dans cet ouvrage la rationalité urbaine française et ses conséquences, notamment dans les banlieues, face à la spontanéité créatrice et le désordre urbain istanbuliotes, caractéristiques d’une capacité singulière à une appropriation spontanée des espaces. Notamment, la question des rapports sociaux au sein des aires de proximité et l’appropriation des espaces nous préoccupent. Les lieux de rencontre et de reconnaissance occupent une place particulière dans notre analyse telle qu’ils sont décrits par Michel de cerceau : « Une ville respire quand, en elles, existent des lieux de parole, peu importe leur fonction officielle, le café, la place du marché, la file d’attente au bureau de poste, le kiosque à journaux, le portail de l’école à l’heure de la sortie » (1994). Et surtout, certains éléments inaperçus et difficilement identifiables dans l’immédiat, bien que constituant les sources vitales venant alimenter « l’hétérogénéité du quotidien » urbain (paquet, 2

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents