Les Trabucayres ou les bandits du Roussillon

Henry Aragon

Description

Henry Aragon fit paraître, en 1928, cette étude imposante qui relate un horrible fait divers qui, sous Louis-Philippe, défraya la chronique judiciaire : l’affaire des Trabucayres. Les Trabucayres (en catalan : porteur de tromblon) en question étaient une bande de jeunes détrousseurs de diligence qui opéraient entre Espagne et Roussillon. Non contents de piller et maltraiter, ils rançonnent certains voyageurs qu’ils enlèvent et retiennent en captivité dans les grottes des montagnes. Ici, l’affaire tourne mal : la famille ne peut réunir la rançon exigée : en représailles, on coupe les oreilles du malheureux kidnappé, puis on le larde de coups de poignard et on finit par l’égorger... La bande des trabucayres est finalement arrêtée et ses principaux meneurs condamnés à mort en 1846. C’est à l’intégralité du procès que l’on assiste dans cette minutieuse relation qu’en fait l’auteur (dont l’oncle, Victor Aragon, avait été le président de la cour dans cette même affaire). Un ouvrage documentaire rare pour une affaire extraordinaire, sur fond de guerres carlistes en Espagne, qui contribuera largement à la légende des Trabucayres sur les deux versants des Pyrénées catalanes.

Henry Aragon (né en 1861), membre de la Société française d’archéologie, fut un historien prolixe qui, de 1914 à 1930, publia de très nombreuses études historiques et archéologiques, tout particulièrement sur le Roussillon.

Sujets

• Aragón (desambiguación)
• Perpiñán
• Perpignan
• Espagne
• Aragon
• France

Informations

• Publié par: Editions des Régionalismes
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782824050744
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 6 Mo

Extrait

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NMême auteur, même éditeur :
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Pour la présente édition :
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EDR sarl : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 CRESSÉ
ISBN 978.2.8240.0025.1
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que
nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux,
a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous
permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
2HENRY ARAGON
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ARCHÉOLOGIE
LES TRABUCAYRES
ou
LES BANDITS DU ROUSSILLON
eLe plus grand procès du XIX siècle à Perpignan
3
LogoEdRegionalismes (2013).indd 3 27/03/2013 19:01:224AVANT-PROPOS
près plus de trois quarts de siècle, il sera intéressant de retracer
les exploits de ces bandits qui avaient terrorisé le Roussillon. À Acet effet, j’ai réuni les principaux éléments, les pièces essentielles
qui ont trait à ce fameux procès.
Dans un ouvrage qui a paru, il y a quelques années, l’auteur, Isidro
(1)de la Vallobera sous forme de roman, racontait avec humour et
avec beaucoup d’esprit les péripéties de ce grand drame. L’auteur de
ce roman, qui avait assisté lui-même à ces débats en qualité de
Procureur du Roi, résume à la fin de son ouvrage ses impressions. Je les
reproduirai au moment opportun. Elles contribueront à jeter un jour
très vif sur ces émouvants débats et serviront à éclairer puissamment
les diverses phases de ce redoutable événement.
Voici au sujet du local où devaient se tenir les assises ce qu’écrivait
plus tard l’auteur de Le Mas de l’Alleu, roman relatif aux Trabucayres.
(2)On se demandait dans quel local se dérouleraient les débats .
Victor Aragon, dans son roman tiré de ce grand drame nous le dit :
« Le Palais de Justice, autrefois siège du Conseil Souverain, suffisait
alors à l’expédition des affaires, mais il ne répondait plus aux exigences
du service criminel moderne, surtout quand la cause présentait les
proportions considérables qu’offrait celle des Trabucayres ». L’ancien
couvent de Saint-Dominique, livré depuis 1793 au génie militaire, fut
mis à la disposition de la Justice, et la chapelle d’autrefois devint, pour
la circonstance, une vaste salle d’assises. C’est là que comparurent les
accusés au nombre de 23, surveillés de près par une forte escorte de
gendarmes et par un piquet de soldats faisant face à la Cour, l’arme au
pied. Cet appareil imposant n’était pas inutile. Il rassurait le nombreux
public avide de suivre les débats, et les témoins se sentant protégés
par un déploiement de forces exceptionnel, ne devaient pas craindre
de parler librement devant les Trabucayres impuissants.
Avant de suivre les débats, nous allons commencer par jeter un coup
1. Sous ce pseudonyme, mon oncle Victor Aragon, ancien Président de Cour, avait fait
le récit de ce procès.
2. Cf. Le Mas de l’Alleu, § XXVIII, p. 175, par Isidro de la Vallobera, pseudonyme du
premier Président Victor Aragon.
5d’œil sur nos frontières et les bandes espagnoles qui les parcouraient
sans cesse.
6PREMIÈRE PARTIE
erCHAPITRE I  :
Aperçu historique. — Notre frontière
et les bandes espagnoles
cette époque troublée, des bandes espagnoles s’introduisaient
en France et parcourant le pays, elles s’étaient mélangées aux A nombreux déserteurs qui fuyaient d’Espagne dans un moment
aussi critique.
Les bandes de guerilleros avaient redoublé d’audace ; elles avaient
même envahi les communes de Lamanère et de Prats-de-Mollo, ces
mêmes villages qui étaient devenus plus tard le refuge des bandits
Trabucayres.
Après les désastres de la campagne de Russie, à la fin de l’année 1812,
avant que Napoléon, demandant au Sénat de nouveaux renforts, ait
pu reconstituer une puissante armée, l’état moral du pays était pire
que son état matériel.
Le 12 janvier 1813, le Commissaire Général de police de Gerona
écrivait au Commissaire Général de police de Perpignan, que
« l’esprit public à Perpignan paraît être véritablement mauvais ; c’est
une remarque que font tous ceux qui s’y arrêtent et j’ai souvent
entendu déplorer l’effet fâcheux qui en résulte. Il existe entre les habitants
des deux pays une communauté d’intérêt, une conformité d’usages
d’où