MAURICE GARDE-CHASSE EN PICARDIE
192 pages
Français

MAURICE GARDE-CHASSE EN PICARDIE , livre ebook

-

192 pages
Français

Description

L'accélération des rythmes de vie, la succession des impressions et des images, le manque de temps pour organiser en nous tout ce que notre esprit reçoit rendent plus précieux aujourd'hui un témoignage comme celui de Maurice, garde-chasse en Picardie. N'y a-t-il pas en chacun d'entre-nous un Maurice qui veille et qui pourrait, s'il savait s'arrêter un instant, s'émerveiller d'une hirondelle, guetter la nature sauvage par la trace d'un sanglier imprimée dans l'ornière d'un sentier, vivre plus en accord avec le rythme des saisons, du soleil et de la pluie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2001
Nombre de lectures 148
EAN13 9782296425798
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MAURICE
garde-chasse en PicardieDu même auteur
Paysans du Guatemala, quelle éducation ?, L'Harmattan, 1980.
Guatemala, les enfants dessinent, La Cimade, 1982.
Lire et Écrire, méthode pour les femmes immigrées, L'Harmattan, 1985.
Hawa, l'Afrique à Paris, L'Harmattan, 1993.
Parise, Souvenirs encombrants de la Guadeloupe, Ramsay, 1997.Catherine VIGOR
MAURICE
garde-chasse en Picardie
L'Harmattan@ L'Harmattan, 2000
5-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 Paris,... France
L'Harmattan, Inc.
55, rue Saint-Jacques, Montréal (Qc)
Canada H2Y 1K9
L'Harmattan, Italia s.r.l.
Via Bava 37
10124 Torino
L'Harmattan, Hongrie
Hargita u.. 3
1026 Budapest
ISBN: 2-7384-9875-2A VANT-PROPOS
La vie de Maurice Schweitzer, bûcheron, ouvrier
20èmeagricole et garde-chasse s'étend sur tout le siècle. Né
en 1911, il a commencé à travailler à l'âge de treize ans
dans une ferme, et son récit évoque le monde rural du
canton de Breteuil, dans l'Oise, pendant quatre-vingts ans.
Maurice a vécu de la même manière que des
quantités d'ouvriers agricoles en France au cours du siècle
dernier. Comme ses contemporains ruraux, il a été soldat,
puis mobilisé en 1939. Comme eux, il a vu imposer les
nouvelles techniques de culture, la quasi-disparition de la
main d'œuvre dans les fermes et de nouveaux modes de
vie surtout en matière d'alimentation, de confort et de
loisirs. Il est resté fidèle à la vie qui est la sienne depuis
son enfance.
Il était garde chez Monsieur de Baynast, dont
j'étais amie des nombreux enfants, et c'est ainsi que je l'ai
connu. Revoyant Maurice après des années, j'ai senti qu'il
fallait garder les paroles de sagesse et de bon sens de cetancien de Picardie où j'avais vécu moi-même jusqu'à
l'âge étudiant.
Nous avons commencé à parler d'un livre sur sa
vie. Maurice n'aimait pas le magnétophone, il m'a donc
dicté ce qu'il voulait que l'on retienne de lui, de son
enfance chez sa grand-mère à La Hérelle, de sa jeunesse à
la fois active et paisible et des meilleures années de sa vie,
celle où il était garde et piégeur de "fauves" dans les
divers bois du pays, surtout dans celui de la Borde.
Son amour illimité pour la nature l'amène à
devenir, sans le formuler de cette façon, un ardent
défenseur de l' éco-système et à pourfendre les faux
écologistes de la politique "qui n'y connaissent rien".
Maurice a passé une grande partie de sa vie à protéger des
animaux destructeurs qu'il déteste le petit gibier et les
espèces en voie de disparition, les oiseaux en particulier. Il
voit la nécessité de la chasse puisqu'elle a comme but de
maintenir l'équilibre naturel entre les espèces et il dépeint
son métier avec amour et traîcheur de sentiments.
Il a une manière claire, fine et souvent amusante de
s'exprimer. Son vocabulaire est si riche et si imagé que
bien sûr, je l'ai gardé tel quel, y compris les expressions
en picard, qu'il défend et parle avec ses contemporains de
la commune de Plainville.
Son récit est plein d'enseignement. Il nous rappelle
les valeurs simples de la vie: l'authenticité, la
persévérance, la fraternité, le contentement de ce que la
vie apporte, l'harmonie entre l'homme et la nature. Un tel
témoignage ne devait pas se perdre. C'est celui d'un
homme qui veut vivre en paix avec le monde et les siens,
près des arbres et des bêtes "pas si bêtes que ça", dans une
nature préservée.
2«Caroline, ma pauvre chienne, tu ne vaux pas
mieux que moi. Tu n'es même plus capable de courir
après un lièvre. Encore qu'on ne peut pas dire que ça te
plaisait quand tu étais jeune. Et moi qui croyais que tu
allais devenir comme tes parents qui, eux, étaient de
fameux rapporteurs. »
Je parle à Caroline comme je parlerais à n'importe
qui d'autre, c'est peut-être parce qu'elle m'écoute encore
mieux qu'un autre. C'est ça les chiens, je parle des chiens
de campagne bien sûr, pas de ceux des villes qui ne
pensent qu'à manger et dormir. Caroline connaît ma vie,
elle fait tout avec moi, elle me voit avec des yeux de chien
et si elle pouvait parler, elle raconterait peut-être ma vie
mieux que moi, ça serait plus naturel. Elle ne chercherait
rien de plus. Il fallait que je m'en doute qu'un jour elle
partirait, cette petite bête. Maintenant qu'elle va mourir, je
pense à ce que j'ai vécu. J'ai été quarante-quatre ans
garde-chasse chez Monsieur le Comte et c'est la meilleure
partie de ma vie, le reste, je n'en parle pas. Bien sûr
Caroline ne m'a pas connu tout ce temps-là, j'ai eu
d'autres chiens et de meilleurs chasseurs qu'elle.
Je ne fais que rêver toutes les nuits, ce sont des
rêves qui ne tiennent pas debout. Je rêve que je suis à la
3chasse avec Monsieur le Comte et Madame la Comtesse,
que j'attrape un renard, que je ramasse des champignons,
que je mets un arbre par terre ou que je suis au milieu du
bois, la nuit, avec mes chiens autour de moi. Je me
réveille, j'ai mal à la tête, je me rendors et je fais les
mêmes rêves.
J'ai de rudes bons souvenirs au château et dans le
bois. Si on me demandait aujourd'hui ce qui me ferait le
plus plaisir, je saurais quoi répondre. Je dirais: c'est faire
le bois de la Borde le matin avec Monsieur le Comte ou
bien même ce serait qu'on me laisse dans une cabane au
milieu des arbres, la nuit, mais pas sans mes chiens bien
sûr.
4I
LA HÉRELLE
Mon grand-père est né en Alsace dans le même
pays et dans la même rue que le docteur Schweitzer. Son
père à lui était venu faire la guerre de 70 par ici et il avait
fait venir sa famille à Saint-Just parce qu'il ne voulait pas
devenir allemand. Il tuait le cochon alentour. Il se levait à
quatre heures et allait à pied dans tous les petits pays. Il
traversait le bois, il coupait par les petits chemins et arrivé
sur place, il faisait tout: les côtelettes, le boudin, la
rillette. Ça lui prenait une bonne journée et il rentrait à
pied parce que, de ce temps-là, personne n'avait de vélo.
Il a eu six enfants et mon père est né rue Coq de
Largillière à Saint-Just en Chaussée. Ma mère est de la
Hérelle, ils se sont mariés là et ils y sont restés après leur
mariage vers 1900. C'est là où je suis né, en 1911, tout
près du bois, du temps de Monsieur le Marquis, le père de
Monsieur le Comte. Mais ma grand-mère maternelle
s'étant trouvée veuve à quarante-neuf ans, a voulu me
garder chez elle. l'étais le quatrième et çà faisait trop de
monde à la maison. Plus tard, mes parents sont partishabiter à Cardonnois et je suis resté avec ma tante Amélie
et ma grand-mère. C'est elle qui m'a élevé de treize mois à
treize ans.
Quand j'étais petit, je me rappelle, j'allais avec ma
tante dans un petit champ de violettes. J'en ramassais et
quand ma main était pleine, je me roulais par terre avec et
j'étais fin content. Je ne sais pas pourquoi je riais, c'était
de contentement.
Au commencement de la guerre de 14, j'avais trois
ans. En 1915, il Ya eu un régiment dans le presbytère de la
Hérelle en face chez ma grand-mère. J'allais voir les
soldats à leur cuisine roulante avec une casserole et ils me
donnaient des macaronis tout chauds. J'avais quatre ans
mais ces macaronis, je les vois encore. Les soldats
m'avaient donné un calot et plus tard, je le mettais pour
aller à l'école.
Les Allemands étaient à Montdidier à douze
kilomètres de là et la DCA tirait, on voyait tomber des
éclats d'obus sur Plainville à cinq kilomètres de chez nous.
On peut dire qu'ils ont dérouillé les gens de Plainville, ça
bombardait fort et quand le canon tonnait, ma grand-mère
nous faisait descendre à la cave avec une bougie. On
attendait un peu, je n'avais pas peur, ma grand-mère non
plus, pourtant on n'était pas à l'abri. Quand on n'entendait
plus rien, on remontait. Quelqu~fois, ça tonnait si fort que
ma grand-mère nous faisait évacuer à Ansauvillers à
quatre kilomètres de la Hérelle. Elle me disait:
- Vite, min tiot, on peut pas reste

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