Villes et territoires en Éthiopie
448 pages
Français

Villes et territoires en Éthiopie , livre ebook

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448 pages
Français

Description

Cette étude montre le rôle et la présence précoces en Éthiopie d'un semis de villes dont le but est demeuré la gestion et la fabrique de territoires éthiopiens. Une relation quasiment "féodale" s'est maintenue entre un État et sa population majoritairement rurale. Les modes de résilience de cette relation ainsi que les situations de crise potentielle sont analysés pour montrer quel rôle pourrait avoir la ville de demain dans le développement futur de l'Éthiopie.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 18
EAN13 9782296531611
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

En couverture : tableau sans titre de Debebe Tesfayé, représentant un paysage urbain éthiopien.
44ISBN: 978-2-336-29288-5
Bezunesh TAMRU
VILLESETTERRITOIRES ENÉTHIOPIE
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Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un programme de recherche en partenariat entre l’Institut de Recherche pour le Développement (I.R.D.), l’Ethiopian Civil Service College (E.C.S.C.) et le City Government of Addis-Ababa. Image de couverture: œuvre de Debebe Tesfayé Maquette, mise en page et typographie: Simon Imbert-Vier (Qolmamit) © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29288-5 EAN : 9782336292885
Bezunesh TAMRU     2  
Études africaines Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa Dernières parutions Erick CAKPO,Art chrétien africain, Caractéristiques et enjeux, 2013. José KAPUTA LOTA,Révolution culturelle et développement en Afrique, 2013. Jérémie TOKO,Rivalités ethniques mimétiques en Afrique. Déficit démocratique et sous-développement au Cameroun, 2013. Bernard SIMITI,De l’Oubangui-Chari à la République centrafricaine indépendante, 2013. Jessica HAMADZIRIPI,Poverty eradication in Zimbabwe,2013.M. Rachel ZONGO, La mondialisation et la société de l’information. Quelle place pour l’Afrique au sud du Sahara,2013.Essè AMOUZOU,Partenaires en développement et réduction de la pauvreté en Afrique noire, 2013. Essè AMOUZOU,La démocratie à l’épreuve du régionalisme en Afrique noire, 2013. Abou-Bakr Abélard MASHIMANGO,Les conflits armés africains dans le système international. Transnationalisme ethnique et États dans la Corne de l’Afrique (1961-2006), 2013. Joseph DOMO,Les relations entre frontaliers. Cameroun-Tchad, 2013. Idrissa BARRY,Migrations, ONG et développement en Guinée, 2013. Windpagnangdé Dominique KABRE,La conclusion des contrats électroniques. Étude de droits africains et européens, 2013. Yafradou Adam TAIROU,Préoccupations environnementales et droit de l’entreprise dans l’espace OHADA, 2013. Gabin KORBEOGO,Pouvoir et accès aux ressources naturelles au Burkina Faso. La topographie du pouvoir, 2013. Jean-Claude MASHINI,Le développement régional en République démocratique du Congo de 1960 à 1997, 2013. Kouamé René ALLOU,Les Nzema, un peuple akan de Côte d’Ivoire et du Ghana, 2013.Emmanuel NKUNZUMWAMI,Le partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation, 2013. Lang Fafa DAMPHA,Nationalism and reparation, 2013. Jean-François BARLUET,: l’affaireUn drame colonial en Côte d’Ivoire Quiquerez Segonzac (1891-1893),2013. Gervais MUBERANKIKO,La protection du locataire-gérant en droit OHADA, 2013. Gervais MUBERANKIKO,La contribution de la décentralisation au développement local, 2013.
A toutes celles et à tous ceux…
Qui de part le monde mǯont apporté leur concours sans ménager leur peine et leur temps, je ne saurai les nommer car la liste est si longue, dǯune longueur qui mǯétonne encore aujourdǯhui. Quǯils en soient tous remerciés, car je sais à quel point je leur suis redevable pour leur aide si précieuse à la réalisation de ce travail.
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Lorsque je suis revenue en juillet ͳͻͻ͹ à Addis-Abäba, après treize années passées en France, jǯai surtout été frappée par lǯaugmentation de la population. Partout il y avait foule Ǣ foule bruyante, foule grise de saison de pluies, foule de piétons déϐilant de part et dǯautre de rues défoncées aux trottoirs inexistants. Dans mon esprit il nǯy avait aucun doute, lǯÉthiopie faisait face à une explosion urbaine, qui me frappait dǯautant plus après ma longue absence. Mes visites en dehors de la capitale mǯont confrontée à ce même phénomène ǣ foule de paysans cheminant vers les marchés, omniprésence des hameaux à habitat dispersé, formant néanmoins un quasi-continuum dans des paysages fortement humanisés. Partout des hommes, des femmes, des enfants, tous très affairés, partout et toujours la foule Ǩ Malgré ma connaissance de lǯÉthiopie et de son fort peuplement rural, lǯimage concrète de ces densités avait de quoi saisir mon regard dǯadulte et de géographe. Plusieurs observations dans les campagnes mǯamèneront à relativiser ma première idée dǯune trop forte croissance urbaine. Un examen plus attentif de la capitale mǯa montré que, si de no uveaux quartiers étaient apparus en périphérie, la ville sǯétait surtout Ǽ densiϐiée ǽ malgré le décalage avec des équipements restés au mieux en lǯétat, sǯils ne sǯétaient beaucoup dégradés. Cette impression de masse, dǯafϐluence qui mǯavait au début oppressée trouvait son origine autant dans lǯévidence de la croissance urbaine que dans une carence dǯinfrastructures, conçues à première vue pour une population de moindre taille. Dans mon esprit, le problème ne se posait plus en termes de croissance excessive de la population urbaine, mais en termes de capacités dǯaccueil des nouveaux habitants des villes éthiopiennes et, au premier chef, de la capitale. Au ϐil des rencontres et des discussions sur place, transparaissait le problème dǯun autre surpeuplement, plus préoccupant encore ǣ celui du monde rural. Une image différente du pays se proϐilait dans mon esprit ǣ celle dǯun monde demeuré paysan et faisant face à une forte saturation de ses terroirs.
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La question urbaine ne pouvait donc être appréhendée sans cette réalité, et les chiffres le conϐirment ǣ la population urbaine en Éthiopie ne représente ͳ que ͳ͸% du total. Les villes me semblaient alors un semis dǯîlots, dans une immensité paysanne qui paraissait déborder vers elles avec lenteur. Sachant que lǯÉthiopie a souvent défrayé la chronique internationale par lǯampleur de ses disettes, la question logique qui vient à lǯobservateur est ǣ pourquoi le pays reste-t-il si profondément rural et si lent à sǯurbaniser ǫ Ses villes seraient-elles des lieux de surpopulation et de misère et Ȁ ou des pôles insufϐisamment développés pour être une des solutions possibles à la crise rurale ǫ Si jǯétais partie surtout à la redécouverte de ma terre natale et de ma famille, et avec de vagues idées de réaliser un travail scientiϐique, jǯen suis revenue avec la ferme intention dǯaborder une problématique urbaine. Mes premiers pas dans ces travaux mǯont surtout montré combien la thématique urbaine est bien trop souvent considérée comme mineure dans les travaux concernant lǯÉthiopie. Pourtant, la recherche française nǯa pas été avare de productions scientiϐiques sur le pays. Des travaux en archéologie, paléontologie, anthropologie, géographie, histoire, linguistique, pour ne citer que quelques disciplines, continuent à enrichir un corpus de connaissances déjà fort avancé. Mais de lǯensemble des résultats ressort un pays surtout dépeint par sa forte originalité dans lǯensemble africain. Lǯun des déϐis que je souhaiterais relever est de montrer les particularités mais aussi lǯuniversalité de lǯurbanisation éthiopienne dans le cadre de lǯAfrique subsaharienne. Cet ouvrage est issu dǯun mémoire dǯ(abilitation à Diriger les Recherches achevé à la ϐin de lǯannée ʹͲͲ͹. Lǯétude se propose de montrer le rôle et la présence précoces dǯun semis de villes, ou points de contrôle, dont le but est demeuré la gestion et la fabrique de territoires éthiopiens. Lǯexistence et la pérennité de ce semis dépendent étroitement de celles de pouvoirs, politique dǯabord mais aussi religieux et commercial. Dans ce sens, lǯorganisation territoriale éthiopienne selon une armature de lieux de contrôle, nommés villes de par leurs fonctions, est intimement liée à celle de la hiérarchie des pouvoirs politiques et Ȁ ou religieux. Cǯest grâce à la présence de tels lieux que tout espace acquis a pu devenir un territoire dǯaction de ces pouvoirs et, à terme, intégrer les domaines culturels et idéologiques qui leur sont liés. Les villes éthiopiennes sont caractérisées par une fonction politique dominante Ǣ lǯurbanisation qui en découle est donc considérée comme un projet territorial, les cités possédant un rôle primordial dans la fabrication et la gestion des territoires du pouvoir selon un semis quasi matriciel de points de contrôle. Ces
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derniers ont permis la permanence, au travers de régimes fonciers favorables au pouvoir, dǯune politique populationniste paysanne. Cette population sous contrôle a constitué la véritable rente, de longue durée, de lǯÉtat éthiopien. Une relation quasi Ǽ féodale ǽ sǯest ainsi maintenue entre un État, omnipotent mais garant de la continuité dǯune nation, et sa population majoritairement rurale et consciente de la nécessité de défendre cette idée dǯune nation quasi religieuse et identitaire. Le projet territorial dont les cités constituent les pierres angulaires est, de ce fait, fondé sur une véritable idéologie Ǣ les villes éthiopiennes possèdent donc une nature fondamentalement politique quǯil nous appartiendra dǯessayer dǯéclairer. Le thème de lǯurbanisation éthiopienne nǯa pas attiré un grand nombre de chercheursensciencessociales, maisil existeuncertaincorpusdeconnaissances techniques directement lié aux cités ou aux territoires quǯelles polarisent. Dans le domaine strictement urbain, une littérature spécialisée assez abondante se distingue, qui traite surtout du problème de lǯaménagement global des villes et de leur sous-équipement. La capitale Addis-Abäba est la plus investie par ces travaux dǯurbanistes qui se penchent régulièrement sur les possibilités techniques de son aménagement. La recherche fondamentale aborde la question urbaine comme un phénomène récent dans la longue histoire du pays. Ceci nous amène au débat de ce quǯest une ville Ǣ les déϐinitions les plus couramment utilisées sont imprégnées de concepts internationaux imposant de prendre en compte la taille de lǯétablissement humain, ses fonctions, sa morphologie, voire la nature des matériaux utilisés dans ses bâtis. Plusieurs auteurs ont donc afϐirmé dans leurs écrits la quasi-inexistence de villes dans lǯhistoire e éthiopienne ancienne Ǣ les quelques cas admis au ĝěĎĎĎ siècle sont décrits comme des lieux de résidence temporaires des pouvoirs politiques. Mais des ʹ contributions comme celles de D. Crummey pour la partie chrétienne, et les ͵ fouilles plus récentes dans les aires musulmanes, permettent de revisiter ces assertions et ouvrent des voies novatrices pour la recherche historique urbaine. Les premières hypothèses de lǯabsence de villes dans le passé éthiopien ont inϐluencé la majorité des travaux consacrés à ces dernières. Ceux-ci soulignent le développement de villes au sein de cultures non urbaines et produisant des cités sous-équipées, sans activités, et dont la croissance trop rapide conduit à lǯémergence dǯespaces de dénuement. Ces discours sur la misère urbaine ne sont pas neufs et ont été développés dans maints cas africains et mondiaux. )l existe également une tendance à considérer lǯurbanisation africaine comme
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D. Crummey, ͳͻͺ͹. CNRS communiqué de presse, Ǽ Éthiopie ǣ des archéologues découvrent trois villes musulmanes dǯépoques médiévales ǽ, ʹ͹ mars ʹͲͲ͹.
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