Arménie : de l abîme aux constructions d identité
246 pages
Français

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Arménie : de l'abîme aux constructions d'identité , livre ebook

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Description

Ces contributions évoquent les ondes de chocs aux résonances multiples provoquées par la déflagration génocidaire de 1915. Le pluralisme des interventions permet des ouvertures, des percées inhabituelles, des rapprochements culturels. C'est moins l'austérité de l'histoire qui est ici convoquée qu'une quête de sens opérant dans toutes les directions possibles de l'esprit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 47
EAN13 9782336264677
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Arménie : de l'abîme aux constructions d'identité
Actes du colloque de Cerisy-La-Salle du 22 août au 29 août 2007

Denis Donikian
Georges Festa
Mise en page : Julien Denieuil
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296091917
EAN : 9782296091917
Argument
La thématique contemporaine du métissage culturel et du retour au religieux recompose un territoire inédit, global où émerge le paradigme arménien. Dans cette optique, le colloque L’Ange exterminateur (Cerisy, 1993) a constitué un premier seuil : universalité du génocide, définitions nouvelles de l’être au monde.
L’on peut parler d’un paradigme arménien en ce sens que l’objet Arménie focalise mythes et hantises historiques, déplie les avatars d’une destinée européenne et cristallise la tectonique des plaques Orient-Occident.
L’on peut parler aussi d’un paradigme du sujet Arménien/Arménie au carrefour des influences, des transcendances et des engagements : féminisme, radicalité, intégration, éthique, témoignages.
Cette situation nous invite à réfléchir, en l’étendant, à partir de l’Arménie et de ses voix et voies multiples, des Antilles au Vietnam, du Maghreb aux Amériques, à l’actualité des diasporas, et aux récits de vie. Récits de vie qui posent tour à tour des questions comme celle de la résilience, de la normalisation ou du métissage familial ainsi que les bouleversements que produit l’irruption d’identités nouvelles, en particulier sexuelles, mais aussi là où l’histoire personnelle se heurte à l’histoire collective, que ce soit dans ses désastres ou son évolution.
Enfin, nous interrogerons le regard des autres sur cette société arménienne et sur les enjeux, compte tenu de ses spécificités, de sa création artistique.
Introduction
Quand, à l’initiative de Georges Festa, nous est venue l’idée d’un colloque sur l’Arménie, deux objectifs se sont aussitôt imposés : celui du pluralisme et celui de la modernité.
Les Arméniens auront été rayés de leurs terres historiques au terme d’un processus génocidaire commis en trois actes : après les préliminaires des massacres hamidiens des années 1895-1896, viendra la «Grande Catastrophe» ou Medz Yeghern de 1915, perpétrée par les Jeunes-Turcs, suivie du coup de grâce donné par la Turquie kémalienne de 1923. Mais à ces trente années d’annihilation physique devaient succéder des décennies de négation de l’Histoire orchestrée par l’Etat turc, tandis que l’onde de choc n’aurait de cesse qu’elle alimente le grand chambardement des âmes, au sein d’une diaspora éparpillée aux quatre coins du monde. Dès lors, il nous a semblé opportun de choisir l’Arménie comme modèle de réflexion pour comprendre le phénomène génocidaire dans ses répercussions psychiques et dans son actualité internationale, depuis les traumatismes imposés par l’Histoire jusqu’à l’invention des modes individuels de survie, quitte à puiser des exemples aussi bien parmi les Arméniens de la diaspora qu’auprès des communautés ayant connu des trajectoires similaires. Par ailleurs, il paraissait indispensable d’offrir une tribune à des voix nouvelles ne répondant pas forcément aux impératifs d’un groupe défini, sans pour autant négliger ces personnalités qui avaient consolidé par leurs travaux universitaires ou littéraires des thématiques « éclairantes » sur cette part obscure et secrète de notre humanité.
De ce fait, choisis pour leur sensibilité et leurs centres d’intérêts, les intervenants nous ont conduits sur des lignes de réflexion qui embrassaient naturellement le spectre thématique que cristallise autour d’elle la question du génocide. Mais comme tout commence par l’exploration d’un lieu, Antoine Chaudagne, géographe de l’imaginaire autant que documentariste de terrain, s’est aventuré sur les chemins de l’Arménie et de l’Ethiopie, après de nombreux voyages et explorations livresques, jusqu’au jour où ont émergé dans son esprit de troublantes gémellités entre les deux pays et les deux peuples. Abordant l’actualité de l’« inactualité » du génocide de 1915, Grégoire Krikorian aura à coeur de clarifier les valeurs de la conscience européenne, fondées sur la dignité de la personne, au regard des tentatives d’entrée de la Turquie dans l’Europe. Pour sa part, Georges Festa livrera les résultats d’une véritable enquête sur la manière dont les manuels d’enseignement de 2007 ont présenté l’histoire dans les lycées français, pour reconnaître finalement leur caractère novateur concernant la question arménienne et son intégration dans la problématique des génocides, des droits de l’homme et des mutations politiques et économiques du monde turc. De ce fait, Hélène Piralian-Simonyan a voulu placer la reconnaissance du génocide de 1915 dans le cadre d’une ouverture, aujourd’hui irréversible, entre Turcs et Arméniens, nécessitant de part et d’autre « désapprentissage et réapprentissage », pour reprendre les mots de l’intellectuel Halil Berktay, afin que se créent un changement de mentalité et une réelle perception de ses enjeux psychiques autant que politiques. De son côté, Wadad Kochen-Zebib, originaire du Liban, va revisiter Cana à la lumière du génocide, toujours nié, des Arméniens, pour comprendre que l’effacement même du désastre, qui institue du déni à l’infini, peut être reconnu comme quelque chose qui marque l’intemporalité de la terreur moderne. Cette terreur dans l’avant psychique d’une exécution a été abordée par le slameur Frédéric Nevchehirlian, à l’occasion d’un texte intitulé Dans le stade , dans lequel l’angoisse du jeu devient angoisse de la mort. Quant à l’après, à savoir l’héritage traumatique, Janine Altounian constate, en s’appuyant sur le livre d’Antonia Arslan, La masseria delle allodole , que c’est son déplacement dans le temps et l’espace culturel qui permet d’en dire quelque chose. L’autre après du meurtre génocidaire est la diasporisation des rescapés. En s’attachant aux Arméniens d’Algérie, Georges Festa évoquera l’échelonnement de leur implantation depuis l’époque hamidienne jusqu’au conflit gréco-turc de 1920, en passant par le génocide de 1915, soulignant le rôle central de Marseille comme pôle référent et vecteur économique. Cette expérience de l’errance qu’elle qualifie d’expérience d’un « hors-lieu », Martine Hovanessian l’aura étudiée dans ces « sommes d’identités narratives » recueillies sur le terrain d’une « histoire en déplacement », dont le mouvement s’inscrit « entre effacement et résurgence, entre déni d’existence et existence héroïsée ». Le travail poétique de Denis Donikian, décrivant, à partir du Disque de Phaïstos, l’imaginaire en acte d’un guerrier en train de rentrer chez lui, s’inscrit lui aussi dans le cadre d’une errance animée par le tropisme de l’appartenance à un lieu d’origine. Dès lors, l’exil s’impose comme un mal identitaire. Mais quelle identité, s’interroge Varvara Basmadjian dans son étude consacrée aux peintres arméniens de l’Empire ottoman, si l’artiste doit servir le Palais en même temps qu’il éprouve la légitimité de travailler hors de toute contrainte ? Pour sa part, dans un texte intitulé « ArTménie, Le Temps de la joie », Anahit Dasseux Ter-Mesropian s’adressant à elle-même tente de pénétrer directement dans la problématique du sentiment d’exil et de la perte, tout en puisant chez des artistes d’aujourd’hui, qu’elle aura pris soin d’interroger, des modes de réconciliation et de dépassement. En effet, l’art semble avoir son mot à dire aux blessés de l’Histoire en attendant que l’Histoire solde ses propres comptes. La réflexion d’Annick Asso sur la transmission du traumatisme génocidaire au théâtre la portera à conclure que la scène peut servir de tribune quand il s’agit d’un fait historique encore dénié, mais aussi d’exutoire pour quelque chose d’enfoui, tout en soulignant : « Aujourd’hui, la représentation du génocide au théâtre n’est pas seulement un acte de retour sur le passé [mais] un acte de préparation de l’avenir. » Pour sa part, interrogeant l’oeuvre intimiste d’un Martin Melkonian confronté à « l’horreur sans nom », Jacqueline Starer la définira comme relevant d’une « identité au carrefour d’elle-même » et à partir de laquelle l’écriture sera conçue comme une pratique esthétique du plaisir. Autre livre, autre auteur - mais horreur non moins innommable - le W. ou le souvenir d’enfance de Georges Pe

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