Correspondance politique de brumaire an IV  1823
250 pages
Français

Correspondance politique de brumaire an IV 1823 , livre ebook

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250 pages
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Description

Dans sa correspondance suivie avec l'opposant politique Pierre Mesnil, Robert Lindet fait part de ses sentiments sur la politique du Directoire puis de Napoléon Bonaparte, de ses efforts pour échapper l'exil suite au retour des Bourbons, et enfin de son opposition la loi sur la conversion des rentes. Une galerie de portraits de ses contemporains clôt cet ouvrage. Un témoignage des événements marquants de la société européenne relatés par l'ancien responsable de la politique économique du Comité de Salut public.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 76
EAN13 9782296458567
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Correspondance politique
de brumaire an IV à 1823
Illustration de couverture Portrait présumé de Robert Lindet par Jacques-Louis David, 1795.
Robert Lindet Ancien membre du Comité de Salut public
CORRESPONDANCE POLITIQUE
de brumaire an IV à 1823
Recueillie et annotée par François PASCAL
K KRONOS Ce volume est le cinquante-cinquième de la collection Kronos fondée et dirigée par Eric Ledru SPM 2011
Du même auteur
- Robert Lindet,L’économie dans la Terreur, Paris, SPM, coll. Kronos, 1999.
-Répertoire des familles nobles de l’Empire et de la Restauration titulaires d’un majorat sur demande, (avec Sigurd Stegmann von Pritzwald), Paris, SPM, coll. Kronos, 2005.
- Premièreédition complète desMémoires sur la Convention et le Directoire de Antoine-Claire Thiaudeau, Paris, SPM, coll. Kronos, 2007.
- Edition originale desMémoires d’exilde Antoine-Claire Thiaudeau, Paris, SPM, coll. Kronos, 2008.
En préparation
- Edition commentée desMémoires(Consulat et Empire) d’Antoine-Claire Thiaudeau.
Copyright : SPM, 2011 ISSN : 1148-7933 ISBN : 978-2-901952-80-0 SPM 34, rue Jacques-Louvel-Tessier 75010 Paris Tél. : 01 44 52 54 80télécopie : 01 44 52 54 82couriel : Lettrage@free.fr
DIFFUSIONDISTRIBUTION : L’Harmattan 5-7, rue de L’Ecole-Polytechnique 75005 Paris Tél : 01 40 46 79 20Fax : 01 43 25 82 03Site : www.harmattan.fr
PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE
La carrière politique de Robert Lindet, un des membres du « grand » Comité de Salut public de la Révolution française les moins connus, a été relativement brève. Né en 1746, avocat dans sa ville de Bernay, en Normandie, il en fest élu maire à la création des municipalités en février 1790, puis, procureur syndic de district (nos arrondissements actuels) à celle de l’administration locale, jusqu’à son élection à l’Assemblée législative en octobre 1791 où il se spécialisa dans les affaires ïnancières. Facilement réélu à la Convention, il y retrouva son frère aîné Thomas lequel avait embrassé, sans vocation particulière, la carrière ecclésiastique qui l’avait mené aux États-Généraux devenus l’Assemblée constituante puis, lors de la constitution civile du clergé, à la tête de l’évêché d’Évreux . Robert (comme Thomas) s’est situé à gauche sans s’afïlier toutefois aux jacobins. Chargé d’établir l’acte d’accusation de Louis XVI, il conclut par la demande de condamnation à mort présentée le 11 décembre à l’assemblée. C’est avec la création le 6 avril 1793 du Comité de Salut public que commence son rôle majeur, obscur, mais solide et constructif, qui se poursuivra, quoique diminué, pendant la Convention thermidorienne jusqu’à son arrestation, comme membre de « l’ancien Comité » en prairial an III (mai 1795). A sa libération deux mois plus tard (thermidor an III), il reprend la plume et se manifeste avec véhémence, prenant position essentiellement sur les problèmes ïnanciers, à tel point que le pouvoir veut l’arrêter pour le museler, en l’impliquant dans l’affaire Babeuf. Ceci l’incite à aller se cacher en Normandie jusqu’ à l’issue du procès et sa mise hors de cause
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chez Pierre Mesnil, administrateur du département du Calvados, un ancien opposant politique qu’il a naguère sauvé de la guillotine et dont il épousera alors la ïlle, Agathe, âgée de 25 ans. Il aura de ce mariage une ïlle unique, Arsenne, née en 1799, mariée en 1825 avec un ïnancier, Alexandre Bodin, petit-ïls d’Etienne de Montgolïer et ancêtre des descendants actuels. La correspondance privée qu’il tient à cette période du Directoire avec des divers interlocuteurs dont principalement son beau-père ainsi que quelques écrits politiques constituent la matière du premier chapitre du présent ouvrage. Il reste à Caen jusqu’à l’appel qu’il reçoit de Paris le 2 thermidor an VIII (23 juillet 1799) pour prendre possession du ministère des Finances qu’il dirigera pendant les trois derniers mois du Directoire. A la suite du coup d’Etat du 18 Brumaire, Robert Lindet prend une retraite politique déïnitive et renoue avec sa profession d’avocat tout en poursuivant, essentiellement avec son beau-père à Caen pendant plus de 20 ans, un commentaire épistolaire des événements auxquels il assiste, relatés dans les trois chapitres suivants : Consulat, Empire, Restauration, notamment 1816 pendant laquelle il se démène pour échapper à la proscription. Robert Lindet meurt le 16 février 1825, quelques jours avant sa femme. Sa sépulture au Père-Lachaise, allée Saint-Louis, a maintenant disparu.
Sa vie obscure, bien que son action ait été importante, a éloigné de lui les historiens. La seule biographie de lui œuvre au reste ouvertement partisane, était plus que centenaire et introuvable actuellement. Le présent ouvrage, qui peut-être considéré comme un complément de la nouvelle biographie publiée en 1999 chez le même éditeur, reprend, pour la cohérence de l’exposé, certains lettres qui y ïgurent, et est complété par les portraits qu’il a tracés de quelques-uns de ses contemporains qu’il avait bien connus. Les lettres présentées ici sans mention d’origine ou mentionnées « Papiers Lindet » proviennent des archives familiales qui m’ont été aimablement communiquées et photocopiées par ses descendants (famille Bodin et Galle-Bodin). Je les remercie chaleureusement. Celles sans nom de destinataire sont adressées à M. Mesnil et un grand nombre d’entre elles, où la signature de Lindet ne ïgure pas, sont fragmentaires. Plusieurs traitent au moins partiellement de sujets de politique locale : elles ont été néanmoins maintenues dans leur intégralité actuelle.
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LE DIRECTOIRE
Robert Lindet, qui avait été arrêté le 9 prairial an III comme ancien membre du Comité de Salut public, a été libéré le 12 thermidor suivant. Il est alors recueilli par son frère Thomas, rue de la Sourdière à Paris. Amnistié à la dernière séance de la Convention le 4 brumaire an IV, il est élu en Vendémiaire suivant au Directoire sur la liste complémentaire du département du Nord, mais cette élection est invalidé car il était resté inéligible. Il revient alors chez lui rue (Saint)-Honoré. Il entame alors une polémique avec ses contradicteurs sur la politique înancière du moment, comme en témoignent les lettres suivantes. Le texte ci-dessous est publié en forme de placard parl’Ami des lois.
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SAUVEZ LES FINANCES SAUVEZ L’ÉTAT
On a déclaré marchandises les espèces monnayées frappées au coin de l’Etat. 1 M. le Couteulx de Canteleu avait sollicité et obtenu cette disposition de l’assemblée constituante. Elle fut rapportée par un décret de la Convention nationale du 8 avril 1793. Ce décret et celui du 15 du même mois, en prohibant le commerce des espèces monnayées et en ordonnant le cours et la circulation des assignats dans toutes les parties de la république, nous donnèrent les moyens de lever et d’entretenir douze cent mille hommes sous les armes, de créer de nouveaux arts pour la guerre, de reprendre le territoire de la république envahi par l’ennemi, de réparer nos défaites, et d’entreprendre de vastes projets de conquêtes pour en imposer à de nombreux... ennemis et nous mettre en état de ïxer nos limites Si le commerce des espèces frappées au coin de l’Etat n’avait pas été sévèrement défendu, si les assignats n’avaient pas eu un cours légal, s’ils avaient été soumis à l’agiotage, la France n’aurait pas eu douze cent mille
1 Jean-Barthélemy Lecouteulx de Canteleu (1746-1818), banquier, aux Etats-Généraux, au Conseil des Anciens ; il se ralliera à Bonaparte. Il est le vendeur de Malmaison à Joséphine.
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combattants, elle n’aurait pas conquis le Palatinat, la Belgique, elle n’aurait pas triomphé de la nature et de ses ennemis dans les déïlés et sur les hauteurs des Alpes et des Pyrénées ; elle n’aurait pas pris onze cents bâtiments aux puissances ennemies, dans 9 mois. Tout l’or et l’argent de la France et de l’Europe n’auraient pas sufï pour exécuter des entreprises aussi vastes avec l’ensemble et la rapidité qui en ont fait le succès. Cependant, la Convention rapporta, en oréal an 3, le décret du 3 avril 1793, et déclara les espèces monnayées marchandises, comme l’Assemblée constituante l’avait ordonné. Le 3 prairial, elle crut devoir rapporter ce dernier décret qui n’en fut pas moins exécuté. C’est enïn un décret rapporté qui ïxe notre état et notre législation sur le cours de la monnaie nationale. Depuis ce temps, les assignats sont tombés dans l’avilissement et n’ont eu ni valeur, ni cours légal. Tout honnête homme avait jusqu’alors été persuadé qu’un assignat de mille livres était une reconnaissance nationale d’une pareille somme ; que cette valeur devait être un jour réalisée, soit en effets, soit en domaines
nationaux, soit en monnoye, que la reconnaissance nationale devait faire la fonction de monnoye, que l’Etat émettant des assignats hypothéqués sur gage, devait être considéré comme un particulier qui délègue à ses créanciers des contrats ou des reconnaissances sur ses biens, qu’il n’était pas plus permis d’avilir ou de déprécier les reconnaissances nationales, que les contrats et le reconnaissances d’un particulier, garanties par des propriétés connues. On croyait que les assignats devaient bien moins perdre que n’avaient perdu les contrats sur l’Hôtel de Ville, les actions sur la Compagnie de Indes, les actions et les coupons des emprunts antérieurs à la Révolution ; puisque si l’on ne pouvait pas les réaliser sur-le-champ vis-à-vis de l’Etat, en monnaie, on pouvait les réaliser chaque jour en objets de commerce et en domaines nationaux. Pourquoi donc est-il arrivé que les assignats ont été plus avilis et ont plus perdu que n’auraient jamais perdu les contrats et les effets royaux. Il s’est trouvé des hommes qui ont voulu plus fortement perdre l’État que d’autres n’ont voulu le sauver. Nouveaux républicains, ils ont regardé la fortune publique comme le patrimoine de ceux qui osaient s’en emparer. Ils ont même regardé le gouvernement populaire comme un interrègne dont ils devaient proïter pour s’enrichir et qu’ils feraient cesser
lorsqu’ils seraient satisfaits. On a commencé par des dilapidations et des brigandages : on a volé ; on a prodigué les assignats. On a été corrupteur ou corrompu. Le problème de l’interrègne ou de l’abolition de la royauté n’était pas encore résolu, et l’édiïce des ïnances ne pouvait plus se soutenir, on tenta, en fructidor, de retarder la dégradation trop rapide du crédit public : les comités de gouvernement invitèrent et déterminèrent plusieurs banquiers et négociants à tirer des lettres de change sur l’étranger ; on jeta ces lettres de change sur la place ; on retira quelques millions d’assignats ; le crédit parut se relever ; on crut ramener bientôt la conïance ; mais ces traites, ces lettres de change, tirées sur des étrangers qui ne devaient rien, furent protestées. On reconnut la main ou le génie du gouvernement et le discrédit fut au-delà de tout ce qu’il aurait été possible de prévoir : le gouvernement fut obligé de venir au secours des banquiers et des négociants, qui avaient compromis pour lui leur fortune, leur crédit et leur honneur. Le gouvernement a, depuis, adopté un nouveau plan pour satisfaire ses créanciers sans émettre d’assignats. Il s’est proposé de leur délivrer trente millions de rescriptions remboursables en valeur métallique au premier oréal prochain. Il semblerait que ces rescriptions, qui sont réduites
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en valeur réelle à la trésorerie nationale, ne doivent plus éprouver ni perte, ni réduction ; cependant, elles perdent 30 ou 40 pour cent, mais ceux qui reçoivent ces nouveaux effets en paiement, ne veulent pas supporter cette perte ; le gouvernement pourvoit à leur indemnité et ne sera pas moins obligé de faire acquitter le montant des rescriptions entre les mains des porteurs. Le résultat de cette opération est pour l’État une surcharge de 30 à 40 pour cent de sa dette qui se trouve répandue dans les mains de ceux qui donnent au gouvernement de pareils avis. Lorsqu’on proposa l’emprunt forcé, qui n’était pas une mesure nouvelle, la discussion fut secrète ; l’inquiétude, générale et publique. La livre de pain, qui n’avait pas encre été vendue plus de 16 ou 18 francs, fut portée à 50 francs. En déterminant l’emprunt, on ne régla pas avec assez de précision les mesures assignats, le prix de toutes les denrées augmenta. Lorsque le Conseil des Cinq-Cents délibéra encore en comité secret, sur la demande de quinze cents millions présentée par le gouvernement et qu’il mit à la disposition du Directoire, des forêts, des châteaux et tout le mobilier appartenant à la république, les assignats, déjà si avilis, le furent encore plus ; les denrées reçurent une grande augmentation de prix.
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Lorsqu’enïn, le Conseil a, dernièrement, délibéré sur le sort des rentiers, il voulut leur accorder un secours, la livre de viande s’est élevée de 50 à 130 francs, et les assignats, dans leur avilissement, ont encore trouvé un terme d’abjection au-delà du néant. Quel secours accorde-t-on aux rentiers ? Celui qui avait 100 francs de rente recevra mille francs, c’est-à-dire la valeur de vingt livres de pain tandis que son revenu devait lui en assurer au moins 666 livres. Ce sexagénaire qui a travaillé 40 ans avec sa femme, pour se faire un revenu de 2 000 francs sur l’ancien hôtel de ville, recevra 6 500 francs avec lesquels il pourra se procurer cent trente livres de pain, sans viande, sans vin, sans bois, sans même qu’il puisse se procurer une voie d’eau ni payer le loyer d’un asile où il puisse manger ce pain de douleur. L’insufïsance des secours que l’on a voulu accorder atteste que ce n’est pas par des opérations et des calculs de ïnanciers qu’on peut sauver l’État : en vain le gouvernement s’engagerait-il de faire l’aumône aux indigents. Réduire deux cent mille citoyens, dans une seule commune, à vivre d’aumônes ! Quelle pensée ! Que deviendront les habitants des autres communes réduites au même désespoir dont le gouvernement n’entendra pas
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