De Sedan à Sarajevo
230 pages
Français

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De Sedan à Sarajevo , livre ebook

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Description

Au lendemain de la bataille de Sedan, l'Europe est parcourue par un flux entrecroisé de revendications territoriales et de prétentions économiques. Simple prétexte au déclenchement de la Grande Guerre, l'attentat de Sarajevo n'est que la dernière pièce d'un puzzle complexe sur lequel les historiens n'ont pas fini de se pencher... Synthétique, la présente analyse voudrait contribuer à démêler cet écheveau des relations internationales entre 1870 et 1914.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2011
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296457102
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De Sedan à Sarajevo
Historiques
dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland
La collection “Historiques” a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d’étude et des périodes historiques. Elle comprend deux séries : la première s’intitulant “Travaux” est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la seconde, intitulée “Sources”, a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien.
Série Travaux
Sébastien EVRARD, Les campagnes du général Lecourbe, 1794-1799 , 2011.
Jean-Pierre HIRSCH, Combats pour l’école laïque en Alsace-Moselle entre 1815 et 1939 , 2011.
Yves CHARPY, Paul-Meunier, Un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau , 2011.
Jean-Marc CAZILHAC, Jeanne d’Evreux et Blanche de Navarre , 2011.
André FOURES, L’école du commissariat de la Marine (Brest 1864-1939), Regard sur soixante-dix promotions et un millier d’anciens élèves , 2010.
Nenad FEJIC, Dubrovnik (Raguse) au Moyen-Age, espace de convergence, espace menacé , 2010.
Jean-Paul POIROT, Monnaies, médailles et histoire en Lorraine , 2010.
Manuel DURAND-BARTHEZ
De Sedan à Sarajevo
1870 – 1914 : mésalliances cordiales

L’Harmattan
Du même auteur
Être autrichien : la problématique de la faute chez les écrivains autrichiens au début du siècle . Bern, Peter Lang (Europäische Hochschulschriften. Reihe 1, Deutsche Sprache und Literatur ; 1594), 1997.
La photographie de la couverture est tirée du fonds du Brooklyn Museum (N.Y.) : Exposition universelle, Paris 1900 : Pavillon de la Bosnie-Herzégovine. Brooklyn Museum Archives, William Henry Goodyear Archival Collection, New York (S03_06_01_014 image 1504)
Photographie libre de droits :
http://www.flickr.com/photos/brooklyn_museum/2485999257/in/photostream/

© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54386-7
EAN : 9782296543867
AVANT-PROPOS
Au lendemain de sa défaite à Sedan, la France doit payer un lourd tribut à l’Allemagne au terme du Traité de Francfort.
Néanmoins, le chancelier Bismarck agit en sorte que la dette soit juste suffisante pour mettre la jeune République à genoux, dans les limites de sa solvabilité.
La vigueur de la nation française modifie toutefois ce tableau trop optimiste et Bismarck est le premier surpris de la rapidité foudroyante avec laquelle « Monsieur Thiers » et son gouvernement entreprennent de solder cette indemnité colossale. Peu à peu, les cabinets qui se succèdent à Paris remodèlent l’infrastructure économique et militaire de la France. Mais le contexte géostratégique européen ne lui permet pas d’agir seule. Un bicéphalisme se constitue progressivement autour des deux foyers de tension que constituent la République et le Reich.
La spirale qui devait monter entre la Triple Entente et la Triple Alliance n’apparaît pas encore en 1907. La défensive est alors le maître mot, pas franchement l’offensive. Et ce besoin de sécurité nécessaire à la création de deux forces équivalentes en Europe pour maintenir un équilibre général est surtout perceptible en France où, depuis trente-six ans, on essaye de briser l’encerclement allemand. La nomination à Berlin, cette année-là, d’un ténor de la diplomatie française, Jules Cambon, est à certains égards symptomatique de la vigilance de Paris, à la veille de l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par François-Joseph.
Peu à peu, le voisin français recommence à devenir sinon encombrant, du moins un sujet de préoccupation grandissant outre-Rhin. Il faut en quelque sorte distraire les politiciens français de leur désir de récupérer l’Alsace-Lorraine. Les colonies offrent, dans cette perspective, un exutoire idoine.
Certes, les facteurs qui ont pu contribuer de façon déterminante au déclenchement de la Première Guerre mondiale sous-tendent de multiples aspects, tant économiques que politiques ; mais la composante coloniale nous semble revêtir une importance toute particulière. Les manifestations d’hostilité allemande vis-à-vis de l’expansion française en Afrique à ses dépens sont loin d’être négligeables. Peut-être doit-on voir là les rouages premiers d’une mécanique entraînant peu à peu l’Europe vers la Guerre.
« D’heure en heure, de minute en minute, les conversations s’entrecroisent, comme si les nations les engageaient à la fois sur les mêmes fils téléphoniques » écrit Poincaré en relatant les événements survenus en 1912 1 . Il est paradoxal, alors qu’un flot brouillé et continu d’informations inonde aujourd’hui le réseau Internet, de constater qu’à cette époque déjà des flux d’ordres et de contre-ordres filent sur les câbles. Les représentations diplomatiques transmettent, reçoivent, parfois simultanément, des instructions, des objections, qui peuvent se chevaucher à la minute près et à un rythme accéléré. Les interceptions de messages, non seulement du fait des ennemis, mais aussi à l’intérieur des services où le soutien d’un même objectif stratégique ou politique n’est pas unanime (au Quai d’Orsay par exemple, entre 1905 et 1911), contribuent au désordre. Par ailleurs, les séjours « aux eaux » ou en villégiature de tel ou tel responsable politique de haut rang, peuvent retarder ne serait-ce que d’une heure, l’exécution d’une directive capitale.
L’étude des relations diplomatiques de la France avec ses partenaires européens, et plus précisément l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, permet de mieux décrypter les étapes de la déconstruction. Les représentations françaises en Europe cherchent à calmer le jeu ou bien à attirer l’Autriche et l’Italie dans le camp de l’Entente. Mais bien vite, l’Italie profite de l’affaiblissement de la Sublime Porte pour pénétrer en Tripolitaine et en Cyrénaïque tandis que les Balkans secouent le joug ottoman fissuré par les Italiens. D’alliées, toutefois, les nouvelles nations de la péninsule balkanique deviennent ennemies : c’est la lutte fratricide engagée pour le partage du butin laissé par l’empire éclaté de la Porte. La Serbie va profiter de ce désordre pour manifester son hostilité à l’encontre de l’Autriche-Hongrie qui annexe la Bosnie-Herzégovine en 1908.
En coulisse, l’Allemagne se tient à l’écart, attend calmement que la situation évolue. Elle proclame son pacifisme, mais n’agit pas concrètement dans ce sens. À Paris, les services du Quai d’Orsay, conduits par des agents frais émoulus de la jeune institution des Sciences politiques, court-circuitent les messages de paix et de détente émis par les représentations diplomatiques françaises, tant en Allemagne qu’en Autriche ou en Italie. La revanche est à l’ordre du jour dans les couloirs d’un ministère des Affaires étrangères souvent mal encadré, ce qui sert indirectement les intérêts allemands.
Au lendemain de l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, l’Autriche-Hongrie, avec une lourdeur et une maladresse insignes, contraint la Serbie à se déclarer malgré elle coupable, attisant la colère de la Russie qui fait jouer la solidarité slave. Londres et Paris restent sans voix, tant la surprise est grande. C’est alors que Berlin intervient, profitant au dernier moment du chaos généralisé, se présentant en quelque sorte comme le sauveur inespéré. Une action armée, très courte et d’envergure, donnerait une leçon aux Slaves et compenserait les insuffisances d’un empire austro-hongrois décadent et incapable d’assumer ses responsabilités.
Dans ce contexte, l’Allemagne peut alors prétendre réaffirmer sa position dominante en Europe. Elle a, est-il encore bien nécessaire de le souligner, le soutien plus ou moins volontaire de ses ennemis dans cette entreprise. Leur impéritie, leur égoïsme, leur aveuglement, servent le Reich. Il ne peut pas, de ce fait, être désigné seul « coupable » (alors même que ce vocable ne peut s’appliquer à qui que ce soit en particulier d

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