Demi-siècle de résistance (Un)
104 pages
Français

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Demi-siècle de résistance (Un) , livre ebook

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Description

Cet ouvrage relate la vie et les combats des Tatars de Crimée, depuis leur déportation sur ordre de Staline en 1944 jusqu'à la chute de l'URSS. Il apporte un éclairage des plus significatifs sur la situation actuelle de la péninsule criméenne, annexée par la Russie en 2014.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336828725
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Présence Ukrainienne

PRÉSENCE UKRAINIENNE
Collection dirigée par Iaroslav Lebedynsky et Iryna Dmytrychyn


L’Ukraine, aussi vaste et peuplée que la France, héritière d’une longue histoire intimement liée à celle du reste de l’Europe et d’une culture riche et diverse, demeure une inconnue pour le public occidental, longtemps habitué à ne la considérer que comme une partie d’un ensemble russe puis soviétique.

Fidèle à la vocation des éditions L’Harmattan, la collection Présence Ukrainienne se propose de faire découvrir les multiples facettes de ce pays à travers une documentation de qualité, comprenant aussi bien des études originales que des traductions et des rééditions de textes fondamentaux oubliés ou introuvables sur l’Ukraine.

Contact : presenceukrainienne@gmail.com


Les titres de la collection « Présence ukrainienne » sont à retrouver en fin d’ouvrage.
Titre


Goulnara B EKIROVA






Un demi-siècle de résistance

Les Tatars de Crimée de la déportation au retour (1941-1991)



Traduit par Iryna Dmytrychyn, Maxime Deschanet et Marta Starinska
Copyright




























© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-82872-5
Aux lecteurs français
Le sort des Tatars de Crimée, dont traitent quelques rares ouvrages et de plus nombreux articles parus dans des quotidiens ou des revues françaises, n’est pas très familier au grand public dans notre pays. La publication de la version française de l’ouvrage de Madame Bekirova vient utilement combler un manque. Elle s’appuie sur l’ouverture d’archives longtemps restées fermées et remet en lumière et en perspective des faits, « têtus » comme ils le sont, des textes et des décisions trop longtemps occultés à l’époque soviétique.
Ces pages rappellent opportunément
– à ceux qui répètent sans trop savoir que la Crimée a « toujours été russe », qu’un édit de Catherine II en 1784 a lancé la colonisation de ce qui était auparavant un khanat de l’empire ottoman, majoritairement peuplé alors par les Tatars de Crimée ;
– à ceux qui se laissent abuser par la thèse de Staline et Beria, ordonnant début mai 1944 la déportation du peuple tatar pour fait de collaboration avec l’occupant nazi pendant la Deuxième Guerre mondiale, que de très nombreux Tatars qui ont combattu héroïquement dans l’Armée rouge n’ont pas été autorisés, une fois démobilisés, à revenir en Crimée où le pouvoir soviétique entreprenait de remplacer cette population (pas loin de 200 000 personnes déportées vers l’Ouzbékistan et d’autres Républiques de l’Union soviétique) par des Russes ethniques ou des russophones venus d’autres républiques de l’URSS ;
– à ceux qui prêteraient aux Tatars de Crimée des vues sécessionnistes, les difficultés qu’ils éprouvent toujours a faire valoir leur droit au retour sur les lieux et dans les biens dont ils ont été chassés à compter du 18 mai 1944 par les troupes du NKVD, en dépit des décrets soviétiques et maintenant russes les exonérant de toute culpabilité collective, ce dont les avait défendus, au péril de leur propre liberté, des dissidents soviétiques connus, l’académicien Andrei Sakharov et le général Piotr Grigorenko ;
– à ceux qui ignoreraient que les représentants librement élus des Tatars de Crimée, dont le plus connu est M. Moustafa Djemilev, longtemps emprisonné au Goulag, député à la Rada d’Ukraine, Président et maintenant Président honoraire du Medjlis – le parlement des Tatars de Crimée –, sont interdits de séjour en Crimée depuis l’annexion de cette République autonome au sein de l’Ukraine par la Russie en février-mars 2014.
Faire vivre des populations différentes sur un même territoire est certes difficile mais ne devrait pas être impossible. Le soleil ne luit-il pas pour tous ? Et il n’y a pas si longtemps, avant mars 2014 il est vrai, la population de la Crimée, composée majoritairement de Russes (environ 60 %), d’Ukrainiens (environ 20 %) et de Tatars (environ 12 %) s’était exprimée à 56,21 % en faveur de l’indépendance de l’Ukraine en décembre 1991. Et Sébastopol était une belle cité où flottaient simultanément les drapeaux ukrainien et russe, avec celui de la République autonome de Crimée, dont le personnel dirigeant était russophone… sans entrave venue de Kiev. Les nombreux retraités des forces armées soviétiques puis russes qui souhaitaient agréablement passer leurs vieux jours au soleil, ne rencontraient pas d’obstacles à leur installation. Alors que les Tatars de Crimée qui souhaitaient revenir dans leurs villages ou quartiers n’avaient souvent pas d’autre choix que de marquer, par de petits enclos ou de minuscules édifices inachevés, qu’ils avaient un jour grandi ici.
Après la chute de l’ex-URSS, Russie et Ukraine ont conclu de nombreux accords régulant leur coopération et leur voisinage pacifique, dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance et de la sécurité de chacun des Etats. Hélas, depuis l’épisode des « petits hommes verts » apparus en Crimée et puis ensuite actifs au Donbass, Moscou n’a pas honoré la signature apposée sur ces documents.
Jacques Faure Ancien ambassadeur de France en Ukraine
Préface
Le livre de Goulnara Bekirova Un demi-siècle de résistance : les Tatars de Crimée, de l’exil au retour (1941-1991) est consacré à des événements dramatiques dans l’histoire du peuple tatar de Crimée : la déportation de 1944, la vie dans les colonies spéciales, dure et longue, pleine de sacrifices et la lutte pour revenir dans leur patrie historique.
La déportation des Tatars de Crimée et des autres « peuples punis » comportait une vilenie toute particulière : le gouvernement soviétique déportait la population civile, à un moment où la partie masculine de ces peuples, servant dans l’Armée Rouge, continuait à se battre sur les lignes de front pour ce même pouvoir soviétique. Une telle trahison par l’Etat de ses propres citoyens est sans précédent dans l’Histoire.
Il faut admettre que les Tatars de Crimée, par comparaison avec les autres ethnies de Crimée, ont davantage résisté à l’établissement du régime soviétique, à la collectivisation, à la russification et, en conséquence, avant la déportation massive, ont été soumis à de graves « purges » et répressions. Ici, probablement, on peut spéculer sur la mentalité des Tatars de Crimée, leur attitude envers les formes totalitaires de gouvernement et la propriété privée.
Mais, comme l’ont noté de nombreux historiens et voyageurs en Crimée, les Tatars de Crimée n’étaient en conflit avec aucune autre nationalité vivant sur la péninsule. Presque tous les auteurs, dès les premières années de l’annexion de la Crimée par la Russie (1783), notent la bienveillance et l’amabilité des Tatars de Crimée envers les personnes d’autres nationalités, une combinaison de religiosité profonde et de tolérance religieuse exceptionnelle. Je citerai seulement les mots de l’écrivain, poète et historien russe, Vladimir Izmaïlov, qui a traversé la Crimée dans les années 1801-1802 et la décrit dans son livre Voyage dans la Russie méridionale 1 (je cite de mémoire) :
« … Les simples huttes des Tatars, Là où respirent la chaleur pure de l’amitié, L’innocence du cœur, la conscience de la vérité, Où les gens sont heureux de tout cœur de vous voir… Adieu, je vous quitte ! Au revoir »
Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis que j’ai lu ce livre d’Izmailov dans le département des raretés de la bibliothèque Alicher Navoï de Tachkent, mais ces lignes perçantes n’ont jamais quitté ma mémoire.
La principale motivation de la déportation était, à mon avis, la stricte continuation de la politique russe depuis l’époque de Catherine II, qui visait à « purger » cette pr

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