Domitien: un empereur controversé
194 pages
Français

Domitien: un empereur controversé , livre ebook

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Description

Domitien a été décrit par certains auteurs, anciens et modernes, comme un tyran misanthrope, un empereur inflexible dénué de compétence et un général incapable ; d'autres l'ont qualifié de princeps habile capable de repousser les attaques barbares, et d'administrateur rigoureux. Qui était donc le véritable Domitien ?

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Date de parution 08 novembre 2017
Nombre de lectures 12
EAN13 9782806109231
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Chrîstophe Burgeon
Chrîstophe Burgeon DOMITIEN U N E M P E R E U R C O N T R O V E R S É
UN EMPEREUR CONTROVERSÉ
DOMITIEN
Domitien : un empereur controversé
Ouvrages du même auteur : Ch. BURGEON,La troisième guerre punique et la destruction de Carthage. Le verbe de Caton et les armes de Scipion, Louvain-la-Neuve, Academia, 2015. Ch. BURGEON,Guide bibliographique de l’étudiant et dujeune chercheur en histoire gréco-romaine, Louvain-la-Neuve, Academia, 2016. Ch. BURGEON,La première guerre punique ou la conquête romaine de la Sicile, Louvain-la-Neuve, Academia, 2017.Ch. BURGEON,Autour des valeurs romaines : lauirtus, lafideset lapietasdes guerres puniques à la dynastie flavienne, Louvain-la-Neuve, EME, 2017.
Domitien : un empereur controversé
Christophe Burgeon
D/2017/4910/56
© Academia – L’Harmattan s.a. Grand’Place, 29 B-1348 Louvain-la-Neuve
ISBN : 978-2-8061-0373-4
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
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Table des illustrations
er Figure 1 : L’occupation romaine de l’Écosse au I siècle…………...9900
Figure 2 : Peuples germains et Empire romain à la mort de Domitien………………………………………………………………….110022
Figure 3 : Frontière danubienne à la fin du règne de Domitien….......111121
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Introduction Domitien a été décrit par certains auteurs, anciens et modernes, comme un tyran misanthrope, un empereur inflexible dénué de compétence et un général incapable ; d’autres l’ont qualifié deprincepscapable de habile repousser les attaques barbares, et d’administrateur rigoureux. Qui était donc le véritable Domitien ? Il s’agissait indéniablement d’un homme mystérieux dont la personnalité était multiple. Il ne semble que très rarement avoir éprouvé de la joie et de la satisfaction, mais il se plaisait à lutter contre l’influence des sénateurs. En outre, si l’aristocratie lui vouait une haine implacable, une grande partie des Romains, des Italiens et des provinciaux le portaient aux nues. Dans cette étude, nous focaliserons notrepropos sur la vie de Domitien, laquelle n’a étrangement plus fait l’objet d’une étude globale en langue française depuis 1893, et plus particulièrement sur l’aspect politico-militaire de celle-ci, nous munissant d’un regard neuf et intègre tant sur les textes anciens, que sur les sources épigraphiques et numismatiques afin de contourner l’écueil d’une approche strictement littéraire. L’image traditionnelle de Domitien, celle d’un monstre pervers, narcissique et paranoïaque, nous est essentiellement transmise par des auteurs latins (Pline le Jeune, Tacite, Suétone et Juvénal) soucieux de noircir l’action socio-économique et politique du dernier représentant flavien à la tête de l’Vrbspar une série d’anecdotes, souvent invérifiables, dans le but de donner une image positive des représentants de la dynastie antonienne (Trajan et Hadrien principalement). Si aucune de ses seizeSatires ne fut composée contre le « Néron chauve », Juvénal, qui se montra sans doute le plus acerbe contre le prince, éprouva une satisfaction vengeresse à s’acharner contre celui qu’il appelait le « tyran ». Pline, pour sa part, appréciait autant Trajan qu’il exécrait Domitien : « J’aime le meilleur des princes, écrit-il, autant que 1 j’ai été haï du pire. » À l’en croire, sous le règne de ce dernier, un torrent de perversité avait déferlé sur Rome. Suétone, dont les écrits témoignent d’une certaine binarité, utilisait des expressions telles que « on dit que » ou « certains affirment que » de façon à éviter de devoir prouver l’exactitude de toutes les rumeurs circulant sur Domitien. Quant à Tacite, il traitait de la tyrannie de ce dernier avec la plus grande sévérité. En fait, les historiens er anciens ont imposé la vision d’un I siècle rythmé par l’alternance de bons et de mauvais empereurs, laquelle devait se terminer par unprincepsfantasque et cruel favorisant dès lors la mise en relief des projets du premier de la
1 Plin.,Paneg., 95, 4 :optimum principem diligo in quantum inuisus pessimo.
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dynastie suivante. Ainsi, critiquer le défunt Domitien, revenait à faire l’éloge de Trajan. A contrario, Silius Italicus, Stace, Martial et Flavius Josèphe, qui ont écrit pendant le règne de Domitien, lorsque l’expression d’une opinion qui lui était défavorable entraînait les plus grands dangers, étaient, au contraire, des partisans de l’empereur. Nul doute que leur objectif n’était pas de porter sur le présent un jugement impartial puisqu’il leur fallait louer ce dernier. Par ailleurs, à l’exception de Flavius Josèphe, ces auteurs étaient des poètes, dont les desseins se trouvaient être aux antipodes de ceux de l’historien. L’écho excessif donné à un épisode mineur du règne de Domitien, de même que le silence dissimulant l’une de ses actions majeures devront faire l’objet d’une explication d’ordre historiographique scrupuleuse. Toujours est-il que cette littérature hagiographique permet de mesurer le degré invraisemblable que la poésie de circonstance pouvait alors atteindre dans la flatterie hyperbolique et de percevoir son degré de duplicité, que Martial, notamment, avait du mal à dissimuler. Dans le dixième livre de sesÉpigrammes, postérieur à la mort de Domitien, il se livra en effet à une autocritique 2 sévère, tout en opposant l’empereur d’hier et celui d’aujourd’hui . On le voit : la coexistence de ces deux opinions antinomiques ne facilite nullement la tâche de l’historien moderne, qui doit trier et peser au cas par cas les affirmations des Anciens. Il est probable que Domitien n’ait mérité ni les invectives de Pline et de Juvénal, ni les éloges de Martial, de Silius Italicus et de Stace. La seconde tâche, la plus ardue, de cette étude, qui fait écho à la première, réside en la reconstitution minutieuse des événements du règne de Domitien. Un empereur ayant été frappé dedamnatio memoriae, une peine consistant dans la suppression du souvenir du défunt, a, en outre, tendance à ne pas être bien certifiable épigraphiquement. Ainsi, les monnaies et les inscriptions de l’époque domitienne qui nous sont parvenues indiquent les fonctions et les titres du Flavien, ainsi que les noms des consuls et ceux d’autres magistrats des années 81 à 96, mais ces informations sont loin d’être exhaustives. En dépit de ces limites, l’enjeu de ce travail est de rendre à Domitien ce qui lui a appartenu, et ce que lui a confisqué, adjointe à la fuite du temps, la condamnation sénatoriale de son œuvre et de son nom. Comme nous le verrons, les premiers mois du principat de Domitien constituèrent une surprise heureuse pour les Romains, qui n’avaient, avant son règne, qu’une estime mesurée pour lui. En effet, le fils cadet de 2 Mart., X, 72-81. 8 8
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Vespasien faisait alors preuve de générosité et de modération à l’égard du populus. En outre, durant cette période, il rendait la justice avec équité, réprimait les excès de l’aristocratie, et se montrait soucieux de restaurer tant les principes dumos maiorumque les rites de la religion traditionnelle. Toutefois, très rapidement, la nature tourmentée, blessée et égocentrique de Domitien semble avoir repris le dessus. Il fit montre d’une cruauté certaine, notamment à l’égard de nombre de sénateurs et de Romains qui osaient lui tenir tête, laquelle atteignit son paroxysme en 93, année en laquelle il instaura une période de terreur, frappant indistinctement ses opposants, réels ou fictifs, les philosophes, les chrétiens, etc. Il n’en demeure pas moins vrai que Domitien, qui entendait avant tout préserver la cohésion de l’Empire, fut un bon administrateur. Du reste, il jouissait de l’appui de pléthore de provinciaux et d’Italiens, tout en maintenant lafidesde son armée, même s’il ne s’illustra pas pas d’éclatantes victoires. Précisons que si, soucieux de n’avancer qu’appuyé sur des documents précis, nous n’avons pas voulu nous hasarder sur le terrain de la psychologie historique, nous avons cru bon de dresser un portrait aussi fidèle que possible de la personnalité de Domitien. Au surplus, son empreinte urbanistique et architecturale sur Rome ne fera pas l’objet d’une étude particulière, car elle dépasserait le cadre que nous nous sommes fixé.
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