Exils bessarabiens
269 pages
Français

Exils bessarabiens , livre ebook

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269 pages
Français

Description

A travers l'étude d'une association communiste d'émigrés bessarabiens, ce livre entend esquisser le passé de la Moldavie, qui fut extraordinairement diverse dans sa population. "Pion sur l'échiquier diplomatique européen", marqué par les influences russe et roumaine, ce pays comptait une importante minorité juive. L'exploitation d'archives policière et de témoignages oraux ont permis de retracer l'histoire des Etats et celle des individus.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 39
EAN13 9782296490741
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EXILS BESSARABIENS
Entre Kichineff et Paris, itinéraires d’une association d’émigrés bessarabiens en France (1925-1939)
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96533-1 EAN : 9782296965331
Danièle BRUHMAN
EXILS BESSARABIENS
Entre Kichineff et Paris, itinéraires d’une association d’émigrés bessarabiens en France (1925-1939)
L’Harmattan
À mes parents, À mes enfants Olivier et Iris. Je remercie Lydie Robert, Monique Le Yaouanq et les autres membres de l’Association desDescendants de Bessarabiens pour leurs témoignages et leur confiance. Un grand merci aussi à ma fille Iris pour son aide.
Introduction La Bessarabie et les Bessarabiens: non, il ne s’agit pas d’un pays imaginaire né de quelque canular comme celui de la Poldévie et les Poldèves, dont le sort fut soumis à l’attention des députés français en 1929 par un mauvais plaisant. Et pourtant, comme les Poldèves dont il était ditqu’ilsle joug de« sous  haletaient quelques grands propriétaires terriens», et qu’ilsétaient « transpercés par la soldatesque des grands bourreaux propriétaires terriens », les Bessarabiens étaient présentés par une certaine propagande comme subissant le « joug des boyards roumains » et comme des victimes de la soldatesque roumaine. L’analogies’arrête là, car si l’imaginaireparticipe à la naissance des nations, celui qui sous-tendait l’identité bessarabienne trouvait ses racines dans une histoire récente et dans un vécu souvent très dur, dans ces années entre le premier et le deuxième conflit mondial. La permanence de l’emploi du terme de Bessarabie, utilisé par les Russes puis par les Roumains, alors même que ces derniers voyaient dans cette province un territoire roumain apparenté à la Moldavie roumaine,et qu’ils lui déniaient une identité distincte, manifestait tout à la fois la difficulté pour la Grande Roumanie à intégrer et à effacer sa personnalité. Une Bessarabie qui s’ancrait dans un passé russe, parfois mythifié lui aussi,et dont les contours ethniques étaient loin d’être aussi nets que le prétendaient les propagandistes roumains. Si le terme de Bessarabien convenait à certains, ce fut bien aux membresde l’Association dont il est question dans cet ouvrage. Une petite association, qui eut la prétention de représenter l’ensemble de la colonie bessarabienne vivant en France dans l’entre»,-deux-guerres et qui chercha à diffuser la « bonne parole celle qui venait de l’Union soviétique. Si ce terme deBessarabien leur convenait, c’estaussi parce qu’il ne renvoyait à aucune identité ethnique précise, tout en reflétant bien la mosaïque
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ethnique qu’était le paysqui pouvait apparaître comme le ce meilleur rempart contre les dérives nationalisteset qu’enfin il s’ancrait dans un passé russe qu’ils revendiquaient, et dont ils gardaient jalousement l’héritage linguistique et culturel.C’esten premier lieu del’histoiredes militants de l’Associationdont il va être question et aussi un peu de celle de la Bessarabie, tiraillée entre la Russie et la Roumanie, une histoire quis’imbrique dans plusieurs mondes, celui de la Roumanie, de la minorité juive de Bessarabieet de l’immigration en France.Pour cela, j’ai voulu éviter des visions simplistes, entre celui qui avait choisi le communisme ou celui qui avait choisi le sionisme ; si le choix une fois fait, les ponts étaient coupés, à l’amont de ce choix,les lignes n’étaient pas toujours nettement tranchées,et le passage s’est parfois fait de l’un à l’autre, souvent de l’ancrage religieux et «nationaliste» vers l’internationalisme et le communisme,tant il est vrai qu’à l’époque l’engagement sioniste apparaissait comme étant l’apanage d’une poignée d’idéalistes et de rêveurs, alors que l’U.R.S.S., telle une forteresse  certes menacée à leurs yeuxbel et bien implantée aux était portes de la Bessarabie. Beaucoup des Bessarabiens dont il va être question ici, avaient vécu dans des milieux très traditionnels, il y eut même des enfants de rabbins qui, une fois adolescents, ont penché du côté de la révolution ; les parents se sont souvent résignés au choix de leur progéniture. Ce choix révolutionnaire correspondait-il à une mode alors en cours chez ces tout jeunes gens, qui à leur façon, rejouaient le scénario des révolutionnaires russes de la fin du XIXe, cette fois contre le régime roumain, ou bien les autres options étaient-elles discréditées ? Dans une même famille, les choix ont pu être divers, mais les sirènes du communisme en ont séduit plus d’un,à tel point qu’un rapport de la police roumaine estimequ’il suffit d’un signal de Moscou pour que la Bessarabies’enflamme; cet engagement communiste, souvent mis en relation avec avec une origine juive par la police roumaine, sera fatal à la population juive de Bessarabie en 1941. Bien peu de place est aujourd’hui faite à cette page de l’histoire des Juifs de Bessarabie. Outre le peu d’intérêt que suscite la Moldavie chez les historiens, on se contente bien souvent dans les livres consacrés à l’histoire desJuifs en Roumanie, de la vision de
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