Femmes, fêtes et philosophie en Grèce ancienne
186 pages
Français

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Femmes, fêtes et philosophie en Grèce ancienne , livre ebook

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186 pages
Français

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Description

Ce livre est centré sur les rapports entre religion et philosophie en Grèce antique. Il s'agit en particulier de dégager les fondements philosophiques du rituel féminin des bacchantes et de montrer comment celui-ci trouve un écho dans la vie quotidienne des Grecs, théâtre compris, et un prolongement dans les doctrines philosophiques, notamment dans les textes des philosophes pythagoriciennes, dans le platonisme par la voix de Diotime et dans le stoïcisme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 119
EAN13 9782336660028
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Du même auteur :
Dionysos en transe : la voix des femmes ,
L’Harmattan, Paris, 2002.
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-66002-8
Titre
Clara ACKER






Femmes, fêtes et philosophie
en Grèce ancienne
REMERCIEMENTS
Ce livre ne serait pas venu au jour sans le soutien intellectuel, affectif et spirituel d’un grand nombre de personnes, que nous voudrions ici remercier.
Pour le soutien qu’il nous a apporté pendant de longues années, nous remercions tout d’abord notre professeur et directeur de thèse, Gilbert Romeyer Dherbey, qui a toujours souhaité nous voir devenir à notre tour professeur. Les encouragements, les échanges intellectuels et l’amitié de Sylvana Chrysakopolou nous ont été précieux pendant toute notre trajectoire depuis notre rencontre, encore élèves, au Centre Léon Robin. Notre reconnaissance va aussi à Françoise Bonardel, Stella Georgoudi, Jean Louis Durand, Cristina Viano et Alonso Tordesillas. L’inestimable travail de Nicole Loraux a été pour nous une précieuse source d’inspiration. La confiance de Pierre Lévêque a transformé notre thèse en livre dans la collection qu’il dirigeait à l’Harmattan et nous a ouvert tant de portes que nous ne saurions les énumérer.
L’amitié, l’enthousiasme et les encouragements que nous avons reçus d’Anne Dumas ont également beaucoup contribué à la venue à jour de ce livre. Nous lui devons aussi la correction et la mise en page de ce travail.
Nous remercions également Luiza Cortes, Odette Ernest Dias, Priscila Lobianco, Susana Lage Drumond, Fátima Valença, Jeanine Solleau, Edith Albaladejo, Alain Ferrié, Laure Marie et Maryvonne Lapouge, Selma Rosadas, Luiz Falcão et Philippe Ingrand pour leur amitié sans faille durant toutes ces années. Nous voudrions aussi exprimer toute notre reconnaissance à nos élèves brésiliens, dont l’énergie, la curiosité et la soif de connaissance nous ont tant appris.
L’amour, la sensibilité, la confiance absolue que nous témoignait notre père sont jusqu’à aujourd’hui si présents dans notre cœur, qu’ils continuent d’être la source de l’énergie suprême qui conduisent notre foi et notre enthousiasme pour la vie. Nous remercions également notre mère pour qui nous nourrissons une profonde admiration intellectuelle.
Enfin, nous remercions Denis Pryen d’avoir accepté ce texte pour publication.
AVANT-PROPOS
Ce livre est le fruit de vingt années de recherche sur la Grèce antique, recueillant en un seul volume une série d’articles dont la plupart sont inédits et quelques uns ont été publiés dans des revues ou des actes de colloques.
Après Dionysos en transe : la voix des femmes , nous avons continué à nous intéresser à la religion grecque dans ses rapports avec la constitution de la pensée symbolique et philosophique en Grèce Ancienne. Les trois premiers articles de ce livre sont ainsi dédiés au dionysisme et en particulier aux mythes et au rituel des bacchantes, aux fêtes et aux calendriers grecs, puis aux rapports entre Dionysos et Osiris. Les trois articles suivants traitent du dionysisme et de son rapport aux femmes, d’abord avec le théâtre de Sophocle, puis avec les femmes philosophes dans l’école pythagoricienne et finalement avec la présence de Dionysos dans quelques dialogues platoniciens. Dans les trois derniers articles nous nous sommes tournée vers la question de l’Eros, d’abord en essayant de montrer la contribution capitale de Diotime de Mantinée à la philosophie, puis comment la mystique dionysiaque a pu être à l’origine de la théorie de l’Eros et finalement indiquant les prolongements de cette "Erosophie" dans la conception stoïcienne de l’ oikeiosis , fondement philosophique ancestral de notre moderne pensée écologique.
Nous espérons avec ce livre donner notre modeste contribution aux recherches en philosophie ancienne et rendre tribut à la Grèce, berceau de la pensée philosophique occidentale, qui n’a pas encore fini de nous donner tous ses fruits.
DE LA TRANSE DANS LE DIONYSISME
Dans cet article nous souhaitons aborder dans un premier temps les mythes dionysiaques ayant un rapport avec la mania , mot dont la signification en français varie de la folie à la transe sacrée. Ces mythes ont été à l’origine d’interprétations diverses et parfois abusives de la part des chercheurs. Étant donné le rapport intime et complexe qui les unit au rituel des bacchantes, il nous a paru nécessaire de les revisiter avant de nous pencher sur la pratique historique des femmes grecques, qui constituera le deuxième moment de cette étude.
La mania dans la mythologie dionysiaque
Sémélé, la mère de Dionysos, a été selon Pausanias la première Ménade ; son nom divin, Thyoné, en fait la bondissante ou la bouillonnante 1 . Eschyle et Nonnos de Panopolis décrivent la grossesse de Sémélé, en disant que l’enfant dans son ventre bondissait déjà, entraînant toutes les femmes qui l’approchaient dans le délire bachique. Sémélé elle aussi danse, saute et chante, possédée par l’enfant en son ventre 2 . La puissance dionysiaque se montre donc immédiatement, elle met en rapport grossesse et mania .
Voici une donnée du mythe longtemps négligée par les chercheurs et dont le contenu mystique trouve toute sa profondeur dès lors que l’on veut bien saisir le rapport établi par le dionysisme entre grossesse et délire mystique, puis celui créé par la Cité, entre maternité et folie pathologique.
Dionysos est rendu fou par Héra, représentante de l’institution du mariage et des valeurs de la Cité, après avoir découvert l’usage de la vigne. Le dieu se met alors à parcourir le monde en compagnie des Satyres et des Ménades 3 . Cybèle et Rhéa l’ont accueilli, purifié et initié 4 ; les initiatrices de Dionysos sont donc les grandes déesses. Selon Apollodore, Rhéa fait revêtir Dionysos d’une longue robe, qui le féminise 5 . Cette initiation a trait à la féminité et à la capacité maternelle de tout être.
La folie envoyée par Héra, déesse gardienne du mariage, se caractérise par une errance comme d’ailleurs l’atteste la folie d’Io, qui, persécutée par un taon 6 accouchera en Egypte du fils de Zeus, Epaphos, après des longues errances. Un autre exemple de cette folie est celle des Proétides, des jeunes femmes, n’ayant pas encore enfanté ; pour les Grecs elles sont donc encore des Nymphes. Frappées de folie par Héra 7 , les Proétides sont vouées à l’errance, Elien les décrira nues et affolées d’amour 8 . Les deux versions de leur guérison sont indicatrices de deux modes de vision, de deux manières d’approcher la mania des femmes. La première veut guérir la mania par la maternité, puisque c’est Artémis qui les guérit en les faisant se baigner dans le fleuve Lousios 9 , source qui donne l’horreur du vin 10 , caractéristique des femmes en début de grossesse 11 . La seconde veut guérir la mania par le mariage forcé, c’est l’œuvre de Mélampous 12 (cher à Apollon et lié au culte orphique 13 ), c’est ainsi qu’Iphinoé, une des Proétides, meurt d’épuisement après avoir subie une longue persécution.
La folie d’Héra trouve sa guérison en la grossesse selon Dionysos et les déesses, mais selon la Cité elle doit trouver sa guérison dans le mariage contractuel. Mélampous et son frère Bias se marient chacun à une des filles de Proétos, parce qu’ainsi ils seront les propriétaires des deux tiers du royaume. C’est exactement la condition imposée par Mélampous pour guérir les jeunes femmes, dangereuse guérison, puisque Iphinoé meurt.
Il nous semble que pour les Grecs la référence de la mania soit en effet la maternité, qu’elle soit un délire mystique ou qu’elle vire à une folie pathologique.
Nous voulons maintenant aborder le cas de la folie envoyée par Dionysos dans sa mythologie.
Lycurgue et Penthée étaient des rois qui dans les mythes se sont opposés à Dionysos et à sa religion. Après avoir capturé bacchantes et satyres et avoir contraint Dionysos à plonger dans la mer auprès de Thétis 14 , Lycurgue est aussitôt frappé de folie. Croyant voir en son fils un pied de vigne, le roi le tue d’un coup de hache 15 . Le refus de Dionysos symbolisé par la vigne est imm

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