Gracchus Babeuf, Robespierre et les tyrans
378 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Gracchus Babeuf, Robespierre et les tyrans , livre ebook

-

378 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Babeuf, pendant l'épisode qui suivit la chute de Robespierre, écrivit contre les tyrans, ironisa contre les Jacobins et maudit le système de gouvernement révolutionnaire. Qu'a montré Babeuf ? Que la révolution en thermidor an 2 est loin d'être achevée ; que les riches, les ambitieux, les intrigants y ont prévalu depuis 1789 ; que la République est à fonder, qu'on est toujours en travail de liberté ; que les crimes commis résultent de la désappropriation du peuple souverain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 67
EAN13 9782296801318
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gracchus Babeuf,
Robespierre et les tyrans
A la recherche des sciences sociales
Collection dirigée par Philippe Riviale et Bruno Péquignot

Cette collection veut faire connaître au lecteur d’aujourd’hui, étudiant, enseignant, chercheur, ou curieux des chemins divergents pris par cet ensemble, que nous nommons aujourd’hui sciences sociales, des ouvrages, et donc des auteurs méconnus.
Que ces ouvrages soient méconnus ne veut pas dire qu’ils sont médiocres. Encore moins sont-ils dépassés. Car une discipline, science ou pas, se bâtit sur une succession de bifurcations. Elle laisse de côté des pensées, qui avaient fait sens dans un contexte socio-historique basculé depuis dans le bas-côté. Là, parmi les vestiges innombrables du passé, on peut reconstituer, à la façon de l’archéologue, des voies ébauchées, des espoirs perdus, des tentatives trop précoces pour leur temps, des cris de révolte au nom de principes, que jamais on n’aurait dû oublier. On trouvera aussi les précurseurs de la liberté du commerce, de l’apologie de la propriété, des apôtres de la différence sociale. Ceux-là avaient été mis au placard pour la gêne qu’ils auraient causée, parce qu’il est des choses qu’on fait, et qui ne sont pas à dire.
Ces auteurs, ces pensées, ne s’inscrivent pas dans une histoire des idées, entreprise perdue d’avance par ses présupposés mêmes : qu’il y ait un sens et une continuité dans les idées, que l’histoire sociale résulte d’une accumulation intellectuelle, chaque contribution appelant la suivante. Des auteurs ont été en vérité retenus, parce qu’ils convenaient. On entendra par là que le savoir académique pouvait s’édifier sur ces piliers-là. Aussi ont-ils été métamorphosés en lieux de mémoire, en patrimoine commun, en convention.
L’objectif de cette collection est de rappeler à nous les pensées écartées, les auteurs qu’on ne connaît que par leurs critiques, c’est-à-dire généralement leurs censeurs, qui les ont pesés et jetés à la fosse, trop légers pour la lourdeur du gros animal qu’est le social ou trop lourds pour être soutenus par la légèreté d’un temps insouciant, qui ne voulut pas porter son fardeau.

Philippe RIVIALE, Lamennais, de la différence en matière de religion , 2006
Philippe RIVIALE, Les infortunes de la valeur , 2006.
Philippe RIVIALE, Le gouvernement de la France 1830 - 1840 , 2005.
Philippe RIVIALE, L’État réformateur, État conservateur , 2005.
Philippe Riviale


Gracchus Babeuf,
Robespierre et les tyrans

suivi de
Du systême de dépopulation
ou la vie et les crimes de Carrier
par
Gracchus Babeuf
Remerciements à Laurence Riviale
et Xavier Legrand-Ferronnière


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54204-4
EAN : 9782296542044

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Ce gouvernement fera disparaître les bornes, les haies, les murs, les serrures aux portes,
Les disputes, les procès, les vols, les assassinats, tous les crimes ;
Les tribunaux, les prisons, les gibets, les peines,
Le désespoir que causent toutes ces calamités ;
L’envie, la jalousie, l’insatiabilité, l’orgueil, la tromperie, la duplicité,
Enfin tous les vices ;
Plus, le ver rongeur de l’inquiétude générale, particulière, perpétuelle de chacun de nous,
Sur notre sort du lendemain, du mois, de l’année suivante,
De notre vieillesse, de nos enfants et de leurs enfants.
GRACCHUS BABEUF
Présentation
Lors de la publication de mes deux principaux ouvrages consacrés à Gracchus Babeuf, La Conjuration en 1994 et L’Impatience du bonheur en 2001, de bons esprits ont attiré mon attention sur le péril totalitaire. Babeuf premier communiste agissant : le mot communiste , devenu synonyme de criminel, suffit. À peu près personne n’a lu ce que Babeuf écrivit au péril de sa vie {1} . On croit le connaître par "l’histoire des idées", ce catalogue des penseurs réduits aux normes du savoir académique, quand ce n’est pas simple bavardage de petits pédants. Ainsi Babeuf va avec Fourier, Cabet, Marx, Lénine, Staline et Mao Zedong (je passe les petits-maîtres) : communistes ou socialistes , c’est selon et c’est tout comme. De l’autre côté du miroir, celui des honnêtes gens, Tocqueville va avec Thiers, Guizot, Constant, Stuart Mill, les "libéraux {2} ". C’est une imposture grossière, mais on lui demande de donner l’idée de continuité par plaques, si précieuse aux découpes qu’opère la communauté scientifique ; non la vérité des hommes, qui n’est que discords et mésententes. Ainsi le sinistre Cabet, poltron malfaisant, se réclama de Babeuf ; il est donc son disciple ! C’est aussi simple que cela. Sans élaborer ici une archéologie du savoir faire comme , je dirai seulement que, depuis trois décennies, nos penseurs officiels sont issus d’un courant "marxiste", sous la forme la plus grave, c’est-à-dire structuro-trotskiste. Ils ont fini par échouer sur la grève, d’où l’institution leur tendait des bras, métaphoriques certes, mais secourables ; car on cherchait des talents nouveaux, des nouveaux philosophes, des cracheurs sur tombe, en un mot le paradigme de la normalité retrouvée {3} . Faut-il dire que le présent écrit ne s’inscrit pas dans cette belle et riche perspective ? Je n’entre pas ici dans le débat interne des historiens. Brièvement, leur souci est estimable, mais j’y lis trop souvent des clichés tels que « l’évolution bien connue de Babeuf » : non, Babeuf n’a pas évolué, et c’est par méconnaissance du sens qu’on en arrive à ces platitudes. Les historiens s’interdisent de connaître de la vertu. Que les intrigants, ambitieux, faufileurs en postes et autres avides de réussite se tiennent à l’avant-plan, je le comprends ; mais on ne peut rien connaître tant qu’on fait abstraction de l’éthique. Les philosophes qui prétendent écrire l’histoire dans une clôture d’abstractions sont bien pires. Que dire ? Babeuf n’entre pas dans les catégories : ni politique ni théoricien, il fut un voyant, qui porta la parole de la dignité humaine. Il ne vécut que pour cette pensée, et mourut pour elle.
Le présent essai vise à reconstituer le vrai sens des écrits que Babeuf fit paraître contre les tyrans ; le véritable genre de tyrannie, à quoi on associe le nom terrifiant de Robespierre ; la portée de la dénonciation par Babeuf des crimes commis en leur nom et à leur profit, et notamment en Vendée, avant l’épisode dit de Grande Terreur. Je le fais suivre du Systême de dépopulation , qu’il rédigea après la chute de Robespierre, pour donner à voir quel système de gouvernement produisit les massacres, les dénonciations, les spoliations et les accaparements. Fixons l’époque : après la mort du roi, une levée de 300 000 hommes est décrétée ; le Tribunal révolutionnaire (mars), puis le Comité de salut public (avril) sont mis en place, mais aussi les comités de surveillance révolutionnaire ; le 4 mai, un premier maximum des grains et farines est décrété ; la Vendée est en guerre, Lyon en révolte, les fédéralistes soulevés à Bordeaux et en Normandie ; les journées insurrectionnelles des 31 mai et 1 er et 2 juin, aboutissent à l’arrestation des Girondins (on dit alors Brissotins) ; des décrets sont pris, qui punissent de mort les accapareurs. Robespierre entre au Comité de salut public le 27 juillet. Un an après, exactement, le 9 thermidor, il est mis hors-la-loi ainsi que son frère, Saint-Just, Couthon et Le Bas. Entretemps, après les journées des 4 et 5 septembre, la Convention met "la Terreur à l’ordre du jour" et le 19 vendémiaire {4} (10 octobre), sur le rapport de Saint-Just, le gouvernement est déclaré "révolutionnaire jusqu’à la paix". Après Thermidor, les députés démissionnaires du 2 juin, puis les brissotins, sont rappelés ; deux tentatives de soulèvement populaire à Paris sont réprimés dans le sang (12 germinal, 1 au 3 prairial) ; la répression "antiterroriste" s’installe ; l’assignat, puis les mandats territoriaux subissent un dépréciation ruineuse pour les pauvres ; depuis le 17 fructidor an II (cinq semaines après la chute de Ro

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents