Guerre et littérature de jeunesse (1913-1919)
412 pages
Français

Guerre et littérature de jeunesse (1913-1919) , livre ebook

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Description

Entre 1900 et 1933 quarante journaux pour enfants voient le jour, au nombre desquels La Semaine de Suzette, l'Epatant, Fillette avec leurs héros phares, Bécassine, Les Pieds Nickelés et Lili. Les périodiques comme les "Livres Roses de la guerre" de Larousse alimentent une paralittérature de "bourrage de crâne". En effet, la déclaration de la guerre en août 1914 donne une inflexion patriotique à ces publications alors avant tout récréatives. Elles vont devenir des vecteurs idéologiques polémiques tant par leur contenu nationaliste que par la forme contestée.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 21
EAN13 9782296490826
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

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Extrait

GUERRE ET LITTÉRATURE DE JEUNESSE (1913-1919)
Critiques Littéraires Collection dirigée par Maguy Albet Dernières parutions Ridha BOURKHIS,Lionel Ray. L’intarissable beauté de l’éphémère, 2012. Krzysztof A. Jeżewski,Cyprian Norwid et la pensée de l’Empire du milieu, 2011. Camille DAMEGO-MANDEU, Laisse-nous bâtir une Afrique debout de Benjamin Matip. Une épopée populaire, 2011.Bogdan GHITA,Eugène Ionesco, un chemin entre deux langues, deux littératures,2011. Debroah M. HESS,Maryse Condé : mythe, parabole et complexité, 2011. Armelle LACAILLE-LEFEBVRE,La Poésie dansA la Recherche du Temps Perdude Marcel Proust, 2011. Vera CASTIGLIONE,Emile Verhaeren, Modernisme et identité générique dans l’œuvre poétique, 2011. Jean-Pierre FOURNIER,Charles Baudelaire. Quand le poème rit et sourit, 2011.Jean Léonard NGUEMA ONDO,Le roman initiatique gabonais, 2011. Chantal LAPEYRE-DESMAISON,Résonances du réel. De Balzac à Pascal Quignard, 2011. Saloua BEN ABDA,Figure de l’altérité. Analyse des figures de l’altérité dans des romans arabes et francophones contemporains, 2011. Sylvie FREYERMUTH,». De lales yeux clos Jean Rouaud et l'écriture « mémoire engagée à la mémoire incarnée, 2011. François HARVEY,Alain Robbe-Grillet : le nouveau roman composite. Intergénéricité et intermédialité, 2011. e Brigitte FOULON,La Poésie andalouse du XI siècle. Voir et décrire le paysage, 2011. Jean-Joseph HORVATH,La Famille et Dieu dans l’œuvre romanesque et théâtrale de Jean Giraudoux, 2011. Haiqing LIU,André Malraux.deDe l’imaginaire de l’art à l’imaginaire l’écriture,2011. Fabrice SCHURMANS,Michel de Guelderode. Un tragique de l’identité, 2011. Connie Ho-yee KWONG,Du langage au silence, 2011. V. BRAGARD & S. RAVI (Sous la direction de),Ecritures mauriciennes au féminin : penser l’altérité,2011. José Watunda KANGANDIO,Les Ressources du discours polémique dans le roman de Pius Ngandu Nkashama, 2011. Claude HERZFELD,Thomas Mann.Félix Krull,roman picaresque, 2010.
LAURENCE OLIVIER-MESSONNIER GUERRE ET LITTÉRATURE DE JEUNESSE (1913-1919) Analyse des dérives patriotiques dans les périodiques pour enfants L’Harmattan
Publications du même auteur 1- Thèse en ligne sur le portail de la bibliothèque universitaire Lafayette : http:// bciu.univ-bpclermont.fr, rubrique « ressources électroniques ». GUERRE ET LITTERATURE DE JEUNESSE FRANÇAISE (1870-1919) De la voix officielle à la matérialisation littéraire et iconographique 2-« L’enfance en guerre dans “ Les Livres Roses de la Guerre” de Larousse », dans Christian Chelebourg (éd.),Ecritures Jeunesse 1, « Représenter le jeunesse pour elle-même », Dives-sur-Mer, Minard Lettres Modernes, « Revue des Lettres Modernes », 2010, p.145-167. 3- « Les : une littérature de jeunesse populaire et cocardière auxPieds Nickelés richesses insoupçonnées (1913-1917) » dansInterférences littéraires, nouvelle série, n°3, « Les écrivains et le discours de la guerre », s. dir. François-Xavier Lavenne & Olivier Odaert, novembre 2009, pp. 97-130. 4-«Antoine Chalamet, Jean Felber : un roman scolaire dévoyé ? », dans Cahiers Robinson, n°19, s.dir. Francis Marcoin & Guillemette Tison, février 2011. 5-«Le cas Fillette», ANR EVE : www.enfance-violence-exil.net, 2012. 6-« La poésie: une propédeutique à la production écrite de l’école au lycée ». http://www.gdr-pve.fr actes en ligne du colloque. Colloque LEESP « L’écriture et ses pratiques » 8-9-10 novembre 2010 Poitiers. 7-(1915-« L’iconotexte patriotique subversif dans les albums de guerre de Bécassine 1919) » dansL’ALBUM le parti pris des images, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2012, p. 55-62. 8-:Livre des heures héroïques et douloureuses 1914-1915-1916-1917-1918 « Le l’album entre témoignage et devoir de mémoire, la guerre à hauteur d’enfant »,RevueTémoigner. Entre Histoire et mémoire, n°109, « La bande dessinée à l’épreuve des génocides », éd. Kimé, mars 2011. 9-Daudet, Contes du lundi contes” : ».la France règle ses “ « Quand  Mise en ligne année scolaire 2011-2012 sur le site de l’Ecole des lettres lycée et revue papier collège, www.ecoledeslettres.fr 10-«Bandes d’enfants : enfants de troupe. Enfants des armées, enfants de l’armée, entre mythe et réalité », dansCahiers Robinson, n°21, s.dir. Francis Marcoin & Evelyne Thoizet, novembre 2011. 11-« De La Bruyère à Claveloux : les bienséances à l’épreuve de l’intertextualité et de l’iconotexte » dans Christian Chelebourg (éd.),Ecritures Jeunesse 2, Dives-sur-Mer, Minard Lettres Modernes, « Revue des Lettres Modernes », 2012. © L’HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96069-5 EAN : 9782296960695
A Pierre
Remerciements de l’auteur : A Madame Maguy Albet pour sa confiance et son enthousiasme. A Monsieur Georges Antoine Ventillard pour son aimable autorisation de reproduction des images desPieds Nickeléset deFillette. A la Librairie Larousse pour les reproductions des images tirées des « Livres Roses de la Guerre ».
INTRODUCTION 1  «Maxima debetur puero reverentia» e Le 19 siècle a particulièrement œuvré à la reconnaissance de l’enfant tant sur le plan littéraire que pédagogique. L’enfant héros né de l’introspection romantique acquiert un statut qui s’affirme au cours du siècle à une cadence rapide : à partir de 1870, presque chaque année voit surgir une publication dont il est le sujet. Un immense champ s’ouvre donc à ceux qui détiennent entre leurs mains la formation des esprits juvéniles : les éducateurs de la nation et les concepteurs de livres pour enfants. Cette donnée, essentielle au développement intellectuel et moral des plus jeunes est prise en compte par les officiers de l’Instruction publique et les auteurs de jeunesse qui ont saisi l’aubaine de la scolarisation massive et de l’alphabétisation instaurées par la Troisième République.  Consacrer un essai à la littérature de jeunesse est une entreprise paradoxale qui requiert un jugement adulte sur des productions destinées à la fraîcheur des esprits juvéniles. Un tel travail s’inscrit dans une démarche analytique générale de la production livresque enfantine et de ses satellites parascolaires. L’intérêt porté à ce qui était proposé il y a cent ans en dehors des murs de l’école s’est accompagné d’une distanciation nécessaire à la réflexion sur un domaine encore mal défini. L’immersion dans les méandres de l’histoire nationale et l’étude conjointe de la littérature qui en émane, sont de puissants révélateurs de mentalités. Une étude sur la production livresque à destination des enfants en temps de guerre se situe au confluent des axes sociologique, politique, pédagogique et littéraire. Le livre est le réceptacle émotif et éthique des idées sources jaillies en amont, de la société qui les essaime. Son impact sensitif sur le lecteur est bien compris par les auteurs et les éditeurs,a fortioridans une période troublée par les guerres. Avant 1870, la visée éducative ou récréative est subordonnée à une dichotomie antagoniste entre la morale et l’art mise au jour par Flaubert et Baudelaire. Toutefois la conception moderne de l’art opposé à tout didactisme n’est guère viable dans le domaine de la littérature enfantine. e Dans la seconde moitié du 19 siècle, les robinsonnades font florès ainsi que les récits idéalistes ou misérabilistes, et les romans nationaux d’Erckmann-Chatrian. La Comtesse de Ségur, Zénaïde Fleuriot, Jules Verne, Hector Malot, font des émules parmi les auteurs patriotiques comme Paul d’Ivoi ou le Capitaine Danrit. La narration prime au milieu des genres hétérogènes répertoriés. Elle peut faire vibrer grâce aux trépidations aventurières des conquérants dans un univers changeant, elle peut rassurer par l’installation 1  « Le plus grand respect est dû à l’enfant » : le précepte antique est rappelé par Victor e Toursch dans sa thèse,L’enfant français à la fin du 19 siècle d’après ses principaux romanciers, Paris, Les Presses Modernes, 1939.
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de personnages sages et conventionnels dans un milieu immobile et confortable. Les chansons constituent un filon prospère agrémenté par les images de Boutet de Monvel. La poésie enfantine issue du modèle hugolien fleurit la plume de Ratisbonne ou de Coppée. Le magazine renouvelle une dynamique lectorale à l’intention des enfants par la métamorphose du roman en roman-feuilleton ou la réécriture d’apologues classiques. Cette nouvelle presse enfantine soulève un problème moral et littéraire pour les spécialistes de la littérature et les parents. Les rubriques inhérentes au journal témoignent du désir d’instruire en divertissant, de lier l’utile à l’agréable. A la question éthique posée par des textes jugés parfois inconvenants, s’ajoute la remise en cause de leur valeur littéraire. Les productions sont dépourvues de haute tenue littéraire et ne satisfont pas aux exigences intellectuelles et émotives des enfants, dit-on. Entre les plaisirs faciles et les plaisirs délicats, le choix est difficile pendant les cinquante années qui séparent la défaite de Sedan du Traité de Versailles. Soucieux de marquer l’empreinte de l’histoire nationale prestigieuse, les auteurs et les illustrateurs pour enfants ont parfois dû brider leur imagination ou bien l’adapter aux circonstances, pour satisfaire l’entreprise d’acculturation des esprits juvéniles. La coexistence entre les guerres et la littérature de jeunesse française soulève le problème du rapport aux recommandations institutionnelles. Elle pose la question de l’obédience ou de la déviance par rapport aux consignes gouvernementales, d’une littérature extrascolaire, etin finede la contrainte ou du consentement patriotique auxquels sont soumis les enfants. Comment la voix officielle se communique-t-elle à la littérature de jeunesse pendant la Grande Guerre ? Quel impact a-t-elle sur les productions enfantines ? Quels moyens littéraires et iconographiques sont mis en place pour la restituer ? La pyramide hiérarchique de l’institution scolaire implique logiquement l’application des principes dans les écoles censées délivrer le catéchisme républicain mis en place par Jules Ferry. Les conditions de production livresque s’améliorant, l’étude perd son sens si l’on ne mentionne pas une littérature connexe qui pourrait se dédouaner des diktats officiels par son caractère extrascolaire. Des livres aux titres révélateurs de l’emprise patriotique ou guerrière, au contenu textuel et iconographique marqué par les circonstances politiques orientent l’attention sur des journaux, des albums et des collections issus de la tendance propagandiste des années de guerre. L’expression « littérature de jeunesse » est elle-même complexe, déviée en « littérature pour enfants » ou « littérature enfantine ». Sa définition est ardue tant pour ce qui est du fait littéraire que de son destinataire. Le souci de légitimer un objet d’étude longtemps négligé par l’historiographie et la recherche universitaire se heurte à une nébuleuse sémantique et une production hybride écartelée entre art et pédagogie. Le
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critère de la valeur littéraire d’une publication tient à la renommée de son auteur et à la clarté de son style. La multiplicité et l’hétérogénéité des publications enfantines de 1870 à 1919, compliquent la recherche d’ouvrages ciblés sur la patrie et la guerre. Pour les Républicains des années 1880, le livre est un marchepied du savoir et le moteur de l’ascension sociale. Tout concourt à sa sacralisation : er le développement des bibliothèques scolaires institué par l’arrêté du 1 juin 1862, l’extension des bibliothèques publiques, des librairies, la distribution de livres de prix, contribuent à l’ancrage de la foi en un idéal civique et laïque qui enracine les valeurs républicaines dès l’enfance. Toutefois la e vague des illustrés au début du 20 siècle inverse les enjeux, compte tenu de leur prix modique et de leur accessibilité à un large public. L’on assiste à une socialisation du lectorat juvénile parallèlement à celle déclenchée par les 2 mouvements de jeunesse comme le scoutisme . Cerner le public enfantin tient de la gageure. Aux soucis d’âge et de sexe, s’ajoute celui des bienséances inhérentes à une période donnée. La composante iconographique participe de l’acculturation civique, patriotique, puis guerrière. La recherche de documents originaux et la consultation effective des œuvres mentionnées sont la condition sine qua nond’une étude dédouanée des critiques et des poncifs. Un des objectifs majeurs est d’établir un lien transversal entre les deux périodes constituées par l’entre-deux guerres de 1870-1914 et la Grande Guerre. La réussite de cette entreprise est subordonnée à de nombreuses investigations auprès de fonds bibliothécaires et d’écoles primaires. La tâche se révèle plus simple pour les livres post bellum(après 1870) que pour les ouvrages de la Première Guerre Mondiale. En effet la rareté des spécimens, gardés dans les réserves de la Bibliothèque Nationale de France ou de la Bibliothèque de l’Heure Joyeuse à Paris, rend délicate leur consultation et il faut travailler à partir d’un fonds livresque constitué au fil des visites chez les bouquinistes spécialisés et des demandes aux collectionneurs. Le livre de l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau,La
2  Le scoutisme né sous Lord Baden Powell prend son ancrage dans la nécessité d’ « éclaireurs » pour l’armée britannique pendant la guerre des Boers (en Afrique du Sud de 1899 à 1902). Son origine est donc militaire. Par la suite, le mouvement a pris d’autres orientations – éducatives (surtout pour le développement du sens pratique), corporatiste, compétitive (mais dans une conception « esprit de corps », donc collective) – et a pour devise « Be prepared », « soyez préparé ». Il existe une tension au sein du mouvement, entre l’aspect individualiste et la préparation collective : d’un côté il s’agit d’une préparation de soi, d’un « dressage de soi » ; de l’autre, il faut comprendre le sens collectif de l’œuvre, une éthique subjuguant les droits de l’individu à des valeurs transcendantes. La charnière entre la fin du e e 19 siècle et le début du 20 siècle est la scène d’une sorte d’affirmation de l’individu et aussi du bien de la collectivité, parfois vécue de manière conflictuelle. La coïncidence desNourritures terrestresde Gide (1897) et de la naissance du scoutisme va dans le sens de cette émancipation de l’individu, dans laquelle beaucoup voit pourtant un risque.
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3 guerre des enfants, est un précieux guide pour orienter des investigations patrimoniales. L’Institut National de la Recherche Pédagogique de Lyon divulgue 4 les exemplaires originaux du Manuel Général de l’Instruction Primaireafférant aux années 1914-1919, matrice d’observation indispensable à la compréhension de l’obédience de l’école aux décisions ministérielles pendant le premier conflit mondial et à la détection de leur immanence dans la littérature extrascolaire. L’ambivalence de certaines publications est telle qu’elle empêche une dichotomie simpliste, séparant les œuvres assujetties aux instructions officiellement promulguées, des ouvrages offrant des échappées ou des écarts. Deux types de publications fortement répandues illustrent ce flou : la presse enfantine et les collections patriotiques. La presse enfantine à ses débuts a été orchestrée par des e éditeurs comme Hetzel ou Hachette au milieu du 19 siècle et va connaître e une indéniable efflorescence au cours des trente premières années du 20 siècle. La richesse de la matière première découverte implique une exploitation détaillée qui fournit un aliment roboratif à cet essai. Il est indispensable de lui donner des formes et des couleurs : le texte sans l’iconographie est nu et perd de son sens, ce qui justifie la présence de commentaires illustrés. Il en va de même pour l’analyse : la dimension axiologique des ouvrages étudiés est inséparable de l’imagerie, en plein e essor au début du 20 siècle. La déclaration de la guerre en août 1914 va donner une inflexion patriotique à ces publications alors avant tout récréatives. Taxées de simplistes et de cocardières, elles méritent une étude de fond qui exhumera des richesses littéraires et imagières insoupçonnées. Les termes mêmes de la problématique impliquent l’analyse du lien entretenu entre l’univers imaginaire présenté et le fond idéologique de l’époque : il s’agit de savoir si le livre pour enfants n’est qu’un simple reflet « servile », patriotique, édifiant, ou s’il offre des indices de la liberté de l’imagination et de la créativité, quand bien même celles-ci restent étroitement encadrées par les directives institutionnelles. Le repérage d’une déviation par rapport à une orthodoxie de traitement officiellement promulguée, suppose une observation du fonctionnement des textes, en termes d’économie narrative et des composantes du canevas romanesque. Aussi la démonstration qui suit s’inscrit-elle dans la droite lignée de l’humour en temps de guerre, puisqu’elle consiste à examiner ce qui a été composé pour l’enfant dans une littérature dite « populaire » grâce à 3 Stéphane Audoin-Rouzeau,La guerre des enfants1914-1918. Paris, Armand Colin, 1993.4  Outil de travail référent, le Manuel est la bible pédagogique des instituteurs auxquels il délivre les recommandations des officiers de l’Instruction publique, mais aussi des progressions et des exercices exemplaires.
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