Histoire de Siguiri (Nouvelle édition)
291 pages
Français

Histoire de Siguiri (Nouvelle édition) , livre ebook

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291 pages
Français

Description

Si l'histoire de la Guinée est peu connue, celle des entités socio-culturelles qui la composent l'est encore moins. Cet ouvrage, qui s'appuie sur un vaste champ documentaire (témoignages, cartographie, archives coloniales, photographies), s'ouvre par un bref aperçu de la situation précoloniale de la région de Siguiri en évoquant les contradictions internes qui ont engendré, parfois, des luttes acharnées entre chefferies rivales pour la conquête du pouvoir. Sont abordées les péripéties de la résistance africaine dont l'échec a abouti à la mise en place du système colonial.

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Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2020
Nombre de lectures 10
EAN13 9782140145452
Langue Français
Poids de l'ouvrage 39 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cheick Fantamady CONDÉ
Préface de Maladho Siddy Baldé
HistoiredeSiguiri
De l’implantation coloniale à l’indépendance
1888-1958
Nouvelle édition
Histoirede Siguiri
De l’implantation coloniale à l’indépendance
1888-1958
Cheick Fantamady Condé
Histoirede Siguiri
De l’implantation coloniale à l’indépendance
1888-1958
Préface de Maladho Siddy Baldé
Du même Auteur
Sport et politique en Afrique, 2009 Le football guinéen des origines à l’indépendance, 2015 Histoire de Siguiri, 2017 Le « Syli national » de 1958 à 1984, 2017 La Coupe PDG, 2019
© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’École-Polytechnique75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-19674-9 EAN : 9782343196749
Préface
Siguiri occupe, depuis le moyen âge africain, une place de choix dans le développement historique du Soudan occidental. Région facilement accessible et aurifère par excellence, son rôle a été déterminant dans les transactions commerciales à la fois transsahariennes et transatlantiques alors essentiellement basées sur l’achat et la vente de l’or dont une bonne partie venait de ses différents marchés intérieurs et de ses zones d’extraction minières, telles celles du Bouré et de Sèkè. Dès 1235, après la victoire de Soundiata Kéïta sur Somangourou Kanté à la Bataille de Kirina, Siguiri abrita à Niani la capitale de l’Empire du Mali, connu pour son étendue géographique, ses potentialités économiques et la stabilité de son pouvoir politico-administratif. Non loin de Niani, la province de Niagassola conserve jusqu’à nos jours l’un des plus vieux instruments de musique de l’Afrique occidentale, leSoso Balla, dont l’héritage remonterait au règne de Somangourou Kanté. Ce monumental instrument de musique qui a été récemment classé parmi les patrimoines culturels de l’UNESCO en Guinée, est un trésor emblématique, d’abord, pour sa valeur ancestrale et mystique, ensuite, pour sa mélodie poétique et musicale et, enfin, pour la notoriété de ses gardiens à la fois dynastiques, sélectifs et électifs. Il conserve, là aussi, une des écoles traditionnelles des sources orales des plus vieilles et des mieux connues dans la région ouest-africaine. En dehors de cet héritage médiéval, sinon à cause de lui, Siguiri reste un point d’attraction pour les chercheurs sur la Guinée contemporaine, notamment les historiens. Car, de façon remarquable et inlassable, il a résisté sur plusieurs fronts aux conquêtes coloniales françaises qui dominent e l’histoire de la Guinée à la seconde moitié du XIX siècle. Les faits, les évènements et autres monuments historiques qui rappellent cette résistance locale sont nombreux un peu partout dans la région, notamment dans l’actuelle Sous-préfecture de Niagassola. Là, se trouvent, en dehors du Fort Français, deux importants cimetières qui symbolisent cette dure période à Siguiri à savoir le « cimetière européen » et le « cimetière des tirailleurs africains ». Les souvenirs, les mythes et les légendes sur eux sont encore disponibles ; ils diraient long sur la cruauté des envahisseurs et sur la résistance inlassable des assiégés. Nombreux sont encore récupérables afin de les sauver de l’oubli qui ne cesse de les menacer. Aussi, autant Siguiri a vaillamment résisté aux conquêtes coloniales, autant il a combattu la domination étrangère en Guinée. Il a, ensuite, largement contribué à la lutte de libération nationale qui a conduit le pays à
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l’indépendance politique en 1958. Les exemples foisonnent dans la région et nombreux sont les témoins qui y sont encore vivants. Cette séquence de l’histoire de Siguiri qui englobe la résistance à la pénétration et à la domination coloniales ainsi que la lutte de libération nationale en Guinée constitue un domaine de recherche qui n’est pas facile à aborder dans une seule étude, surtout quand celle-ci se veut être profonde et cohérente. Si la résistance des victimes au phénomène colonial semble être propre à la conquête, à la domination et à la lutte de libération nationale, les réalités qui caractérisent et déterminent chacune de celles-ci ne sont souvent pas à comparer, encore moins à confondre. Autres difficultés non moins inévitables résident dans la démarche pédagogique qu’une telle étude exige du chercheur. Parmi ces difficultés, il y a notamment la question des documents écrits, soit qu’ils sont rares et inaccessibles, soit qu’ils sont teintés d’affirmations malsaines et de conclusions hâtives. A cela s’ajoutent les difficultés liées à l’identification, à la collecte des traditions orales, souvent du fait de la réticence ou des incertitudes que l’on rencontre au niveau de certains informateurs. En abordant son sujet, Cheick Fantamady Condé montre qu’il était conscient de toutes ces difficultés qui l’attendaient. En le lisant, on comprend aisément qu’il n’est ni étranger à son sujet sur lequel il travaille depuis plusieurs années, ni étranger à Siguiri qui l’a vu naître et grandir, ni aux méthodes de la recherche en histoire. En tenant compte de tout cela et en alliant si harmonieusement son métier d’historien à celui de journaliste de carrière ou d’administrateur territorial de longues expériences, on comprend aisément aussi qu’il s’est imposé une grande rigueur de recherche et d’analyse. La passion qu’il affirme avoir en traitant ce thème me semble renforcer davantage cette rigueur. Le résultat est à la fois original et impressionnant ! L’ouvrage qu’il propose, en seconde édition, permet de mieux saisir l’histoire de Siguiri entre 1888 et 1958. Les nouveaux éléments d’information (faits, évènements, souvenirs, anecdotes, images et autres témoignages poignants) rapportés pour l’enrichir montrent éloquemment l’effort consenti dans la collecte et dans le traitement des données tirées à la fois des documents écrits accessibles que des traditions orales du terroir. C’est un pan important de l’histoire de la Guinée qui est ainsi disponible. Il est recommandé de lire cet ouvrage non seulement pour savourer son contenu scientifique évident, mais aussi pour encourager l’auteur à davantage renforcer son autorité et sa notoriété sur son champ de recherche.
Maladho Siddy Baldé Maître de Conférences Département d’Histoire Université de Sonfonia – Conakry/Guinée
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Introduction
L’histoire africaine ne peut être comprise qu’en prenant en compte non seulement la littérature écrite existante, mais aussi et surtout les sources orales, qui hélas ne cessent de disparaître dans la nuit des temps. Face à cette évidence, l’historien africain est appelé à répondre à de nombreuses interpellations. L’une des méthodes sûres pour satisfaire à ces attentes pressantes et récurrentes repose sur les études monographiques. D’où, il y a déjà bien longtemps, l’idée que j’avais eue de choisir le thème : "La monographie historique de Siguiri de l’implantation coloniale à l’indépendance" pour sanctionner la fin de mes études supérieures. Un thème qui revêt toujours un intérêt historique évident, car Siguiri fait penser à une zone d’accès très facile par voie terrestre et fluviale à multiples directions et provenances. Siguiri est, dit-on, à la croisée du Mandingue et au cœur des mouvements migratoires qui ont toujours caractérisé cette région du Soudan occidental. En plus, Siguiri fait penser à l’important potentiel agricole et minier qu’il recèle. Des atouts majeurs grâce auxquels, il est situé à l’épicentre des transactions commerciales des marchés locaux tout en étant le point de croisement des routes commerciales transsahariennes et /ou transatlantiques. Siguiri fait immédiatement penser aussi au grand Empire du Mali, dont il abritait la capitale Niani et qui a été le berceau d’une des civilisations les plus brillantes et les plus solides de l’époque médiévale ouest-africaine. ème Pour avoir servi de chef-lieu à l’Empire fondé au 13 siècle par Soundiata Keita, Niani est de nos jours un des « centre-mémoires » de l’histoire de la Guinée. Il a été le cadre de la grande œuvre historique du fils de Sogolon Condé et de ses multiples descendants. Ils furent tous des meneurs d’hommes infatigables, des guerriers intrépides et des hommes d’Etat exemplaires, dont l’héritage historique continue de braver inexorablement le temps, les mémoires humaines et les vicissitudes de l’histoire. De cette période féconde de l’histoire du Mandingue survivent des vestiges d’une portée historique et culturelle inestimable. On peut ainsi, dans l’actuelle sous-préfecture de Niagassola, contempler le célèbre balafon hérité de Sumanguru Kante, vieux de neuf siècles environ. Le monumental instrument de musique servait à bercer les repos de l’énigmatique ‘‘roi sorcier entre deux campagnes. Connu sous le nom de Soso Balla, il est toujours soigneusement conservé par les descendants de Balla Fasseké (ancêtres des griots du clan Kouyaté) selon des normes de succession bien connues et respectées de tous dans le Mandingue. Le Soso Balla est fort logiquement depuis quelques années, classé patrimoine culturel mondial de l’UNESCO en Guinée.
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Par ailleurs, Siguiri, pour l’historien, fait penser à la pénétration coloniale française en Guinée, car la région fut une de ses portes d’entrée les plus importantes en Haute-Guinée. Les nombreux sites, symboles et autres témoignages d’intérêt évident, connus et inconnus, dont dispose la préfecture de Siguiri en font largement foi. Ils en disent long sur non seulement la conquête et la domination coloniales, mais aussi et surtout sur la résistance africaine. Deux binômes qui se complètent sans se confondre. Parmi les témoignages de la conquête coloniale à Siguiri, les forts français de Niagassola et de Siguiri construits respectivement en 1884 et en 1885 figurent naturellement en bonne place. Ils font partie des symboles vivants des conquêtes coloniales françaises au Haut Niger. Autres symboles vivants de la même période dans la localité de Niagassola, le "cimetière européen" où reposent plusieurs soldats du corps expéditionnaire français et le "cimetière des tirailleurs." Les deux monuments attestent de l’intensité des combats qui se sont déroulés sur différents sites éparpillés à travers la région en provoquant des hécatombes tant du côté des assaillants étrangers que de celui des assiégés locaux. A ce propos, les maîtres de la tradition orale abondent et rivalisent d’ardeur sur non seulement la cruauté des troupes de l’envahisseur mais aussi et surtout sur la résistance héroïque que les combattants africains leur opposèrent. Nombreux furent les grands hommes qui marquèrent l’histoire de cette résistance héroïque dans cette partie de la Guinée, notamment, l’Almamy Samory et ses intrépides sofas (soldats). Victime de ce fait de l’occupation coloniale française, la région demeura longtemps la citadelle redoutée de l’impérialisme français au Soudan occidental. La colonisation fidèle à sa devise : « la force prime le droit » eut recours à de multiples méfaits, arrêtés, et décrets anti-africains, construction de forts… tout en procédant au pillage systématique des richesses traditionnelles locales et à un abrutissement culturel brutal, incessant et intense. Cependant, ces excès n’auront jamais réussi à endiguer la conscience nationaliste des populations locales. Bien au contraire, des circonstances, nombreuses et diverses, favorisèrent très tôt la naissance d’un mouvement national de prise de conscience, de revendication et d’affirmation de la personnalité africaine. Et ainsi, plusieurs nationalistes africains s’illustrèrent au cours de cette période douloureuse. L’amour « tyrannique» pour le pays, le sens élevé de l’honneur, le dévouement inconditionnel à la mère patrie galvanisèrent leurs énergies combattives. Ces dignes fils du pays se distinguèrent comme les fidèles héritiers des devanciers qui se sont battus vaillamment durant les conquêtes coloniales européennes sur le continent africain : Almamy Samory Touré, El Hadj Oumar Tall, Séourou Koula Mamby pour ne citer que ceux-là parmi une gamme variée de héros, dont la vie est au centre des récits et chants épiques des Dyeli ou griots, ces mémoires institutionnelles des sociétés africaines.
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