Hitler voulait l Afrique
392 pages
Français

Hitler voulait l'Afrique , livre ebook

392 pages
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Publié par
Date de parution 01 janvier 1985
Nombre de lectures 141
EAN13 9782296268951
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HITLER VOULAIT L'AFRIQUEALEXANDRE KUM' A N'DUMBE III
Hi tIer voulait
l'Afrique
Le projet du 3e Reich
sur le continent africain
Librairie - Éditions l'Harmattan
18, rue des Quatre-Vents
75006 ParisDU MÊME AUTEUR
La politique africaine de / 'Allemagne bit/érienne - A/rique du
Nord; A/rique centrale; A/rique du Sud - 1933-1943, thèse
de doctorat, Centre d' Histoire économique et sociale de la région
lyonnaise, Laboratoire associé au C.N.R.S., Lyon, 1974 (tirage
offset, édition intégrale), 2 tomes, 700 P:
Le Cameroun et l'Allemagne: 1840-1903 - Comment le
Cameroun perdit sa liberté (à paraître).
Ka/ra-Biatanga, tragédie de I 'A/rique (traduction de l' allemand),
Ed. P.]. Oswald, Paris - actuellement L'Harmattan.
Cannibalisme, Ed. P.J. Oswald, L'Harmattan.
Lisa, la putain de..., Ed. P.]. Oswald, L'Harmattan.
Le soleil de l'aurore, Ed. P.].
Amilcar Cabral ou La tempête en Guinée-Bissao, Ed. P.]. Oswald,
L'Harmattan.
Nouvelles interdites (Éd. Federop, Lyon).
Sur le 3e Reicb et l'Afrique, l'auteur a publie de nombreux
articles que l'on trouvera dans les pages de bibliograpbie de
cet ouvrage.
@ L'Harmattan, 1980
ISBN: 2-85802-140-6Avant-propos
La Deuxième Guerre mondiale a marqué de son
empreinte l'évolution de notre planète, et, trente-trois ans
après cette indicible catastrophe orchestrée par le génie
humain, elle demeure la principale référence des événements
majeurs que nous vivons aujourd'hui. Tous les continents
ont été atteints, et les soubresauts de l'actualité qui nous
tiennent en haleine ne sont souvent que les détonations
tardives des charges conçues à l'époque de la confrontation. Si
le conflit naquit en Europe et partit de là, il embrasa
bientôt la planète entière. Il ne demeura point européen, il fut
authentiquement mondial, non seulement à cause de la
position géographique des champs de bataille, mais aussi des
objectifs mêmes de la guerre, des peuples qui y prirent
part, et de leurs aspirations. La guerre dépassa aussi très
rapidement le cadre d'un conflit n'engageant que les
grandes puissances qui se disputaient la domination du monde,
car des peuples eux-mêmes dominés furent appelés, comme
ce fut le cas déjà pendant la Première Guerre mondiale, à
prendre les armes pour défendre une patrie qui, ni de droit
ni de tait, n'avait jamais été la leur. Seulement, lorsque
l'on évoque la Deuxième Guerre mondiale, l'impression
reçue laisse supposer que le conflit aurait été européen,
avec la participation des Américains et des Japonais, sans
guère plus.
Les recherches effectuées sur cette confrontation, les
livres publiés, les colloques et séminaires tenus renforcent
sérieusement une impression d'euro-centrisme qui va
d'ailleur aussi prédominer dans l'interprétation du conflit. Cette
tendance a manifestement l'avantage d'éclairer au mieux les
conflits qui opposèrent les puissances européennes, surtout
dans leurs rivalités hégémoniales. Elle révèle les ambitions,
la stratégie, le génie de chaque nation et en retrace les
répercussions. Une telle orientation de la recherche
maintient cependant des éléments importants dans l'ombre. Si
les recherches euro-centriques permettent encore de montrer
comment le centre de gravité des décisions de la planète
glissa de l'Europe centrale vers l'Union soviétique et les
Etats-Unis d'Amérique depuis la première et surtout après
5la Deuxième Guerre mondiale, elles ignorent presque
totalement l'assaut des peuples colonisés contre les empires
coloniaux. Or la lutte pour l'émancipation des peuples jugulés
par l'Europe fut l'une des suites majeures des deux conflits
mondiaux.
Cette lutte n'attendit pas les guerres mondiales pour se
déclencher, elle fut menée depuis que l'Europe assujettit
d'autres pays et continents, fut poursuivie pendant toute la
période de la « pacification»; elle ne cessa ni pendant la
Première, ni pendant la Seconde Guerre mondiale, et ne fit
que s'amplifier après ces conflits. Lorsque l'on parle des
peuples colonisés pendant le second conflit mondial, on les
inclut. très souvent, pour ne pas dire toujours, dans la
nation européenne dont ils dépendaient. Leur déniant ainsi
toute personnalité propre, les auteurs les investissent d'une
patrie qui ne peut être qu'européenne et d'un nationalisme
qui ne connaît de défense que pour la puissance européenne
colonisatrice. Cette démarche amène certains historiens à
prétendre que les colonisés se levèrent avec loyalisme pour
défendre la patrie agressée, qu'ils acceptèrent de donner
leur sang pour la liberté, contre le fascisme. C'est ainsi que
les Africains colonisés par la France, à lire certains, se
lèveront loyalement pour défendre la patrie, tandis que ceux
colonisés par la Grande-Bretagne, le Portugal, etc.,
accepteront le sacrifice de leurs vies pour sauver les métropoles.
Les Allemands, quant à eux, éloignés des colonies depuis le
Traité de Versailles en 1918, prétendront que les Africains
ne les auraient pas oubliés, et qu'ils n'attendraient que
l'heureux moment pour manifester leur indéfectible fidélité
au Reich. La présence de milliers de soldats africains sur les
différents fronts et sous la bannière des puissances
colonisatrices ne saurait justifier des interprétations aussi rapides.
Le grand danger qui guette tout travail historique dans
lequel des peuples colonisés sont mêlés de près ou de loin
réside dans la pratique qui consiste à ne pas leur demander
leur opinion, leur intention, l'interprétation qu'ils donnent
de leurs actes, etc., bref, à ne pas leur donner directement
la parole pour qu'ils parlent d'eux-mêmes. Or les structures
économiques, politiques et culturelles qui régissent le
monde font que les colonisés, même émancipés par les
indépendances nationales, utilisent encore actuellement les
manuels et livres d'histoire conçus en Europe ou ,contenant
de fortes interprétations euro-centriques. lis perpétueront
alors une interprétation unilatérale de lel,lrs relations avec le
colonisateur et, par-delà, avec le monde, au risque de
con6tribuer à la perpétuation d'une domination plus feutrée du
colonisateur. Les pays qui échappent à cette règle se
comptent parmi ceux qui ont mis radicalement en question leurs
relations avec la puissance coloniale, sous les aspects non
pas seulement ouvertement politiques, mais aussi
économiques et surtout culturels. Ils entreprennent alors les
recherches sur l'histoire de leurs relations avec l'ancien
colonisateur, en fait, ils étudient l'histoire de leur libération de la
domination coloniale. Cette démarche historique est
diamétralement opposée à celle du colonisateur et de ses
historiens. Tandis qu'une interprétation centrée sur la métropole
coloniale tend à faire de la nation européenne le véritable
moteur de l'histoire dans la colonie et traite le peuple
colonisé de quantité négligeable, si elle ne l'ignore pas
simplement et le met entre parenthèses, l'interprétation axée sur
la libération nationale prend le contrepied. Elle dévoile
l'intrusion du colonisateur dans la vie nationale, désigne
celui-ci comme un élément nocif et porteur de régression,
et retrace les voies dégagées par le peuple en lutte pour
recouvrer sa liberté. En fait, c'est le colonisé qui est
rétabli dans ses fonctions de moteur de I'histoire. Cette
démarche, opposée à la première, met surtout en évidence
la domination du colonisateur sous toutes ses formes et
l'aspect libérateur de la lutte. Elle permet d'obtenir des
résultats inescomptés dans une in~rprétation euro-centrique,
et le fascisme en est un 'exemple. Comment?
L' interprétation ~uro-centrique de la Deuxième Guerre
mondiale révèle la dimension de l' horreur du nazisme et
nous éclaire sur la démesure des ambitions hitlériennes. Elle
n'a cependant pas permis de dégager le sort que Hitler
réservait aux peuples colonisés, et en l'occurrence aux
peuples africains. Cette question ne fut même pas posée par
bon nombre d'historiens de haute comp

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