Hôtel Rwanda ou le génocide des tutsis vu par Hollywood
114 pages
Français

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Hôtel Rwanda ou le génocide des tutsis vu par Hollywood , livre ebook

114 pages
Français

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Description

Dès le déclenchement du génocide rwandais début avril 1994, plus d'un millier de tutsis se sont précipités vers l'un des plus grands hôtels de la capitale, l'Hôtel des Mille Collines. Qu'ont réellement trouvé ces malheureux dans cette enceinte ? Ce livre établit une distinction entre les faits tels qu'ils se sont réellement déroulés dans l'Hôtel, et tels qu'ils ont été rapportés onze ans plus tard, par le film "Hôtel Rwanda" sorti sur les écrans en 2005.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2008
Nombre de lectures 420
EAN13 9782296191792
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296050457
EAN : 9782296050457
Hôtel Rwanda ou le génocide des tutsis vu par Hollywood

Alfred Ndahiro
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage, et particulièrement à Servilien Sebasoni et James Vuningoma. Merci également aux personnes qui ont lu le manuscrit et nous ont fait part de leurs précieux commentaires.
Naturellement, ce livre n’aurait pu voir le jour sans l’appui ferme et constant des survivants de l’Hôtel des Mille Collines. Nous les remercions d’avoir supporté des questions et des interviews qui, sans aucun doute, les ont ramenés aux jours les plus douloureux de leur vie. Nous tenons à leur rappeler que ce livre a d’abord été écrit pour eux, en tenant compte de leur volonté de faire connaître au monde ce qui leur est réellement arrivé dans ce « camp de concentration », comme l’ont décrit certains d’entre eux, de l’Hôtel des Mille Collines.
Nous sommes également débiteurs envers ceux qui nous ont donné accès aux documents qui se trouvent en leur possession et qui datent des mois d’avril, mai et juin 1994. Merci particulièrement à Tatien Ndorimana Miheto pour ceux qu’il nous a communiqués.
Nous ne voudrions pas omettre de remercier les éditeurs de ce livre, qui en ont bien compris la raison d’être et n’ont pas hésité à le publier.
Bien que nous nous soyons efforcés de présenter un récit basé sur des recherches et sur des faits, nous assumons naturellement la responsabilité d’éventuelles erreurs dans l’énoncé de ces faits ou dans leur interprétation.
Nous nous sommes également efforcés de citer nos sources. Si l’une ou l’autre n’a pas reçu la reconnaissance qu’elle mérite, nous souhaitons vivement en être excusés.
Les auteurs
Sommaire
Page de Copyright Page de titre REMERCIEMENTS Epigraphe INTRODUCTION CHAPITRE I - UN MYTHE HOLLYWOODIEN CHAPITRE II - LES TEMOINS ONT LA PAROLE CHAPITRE III : - LES TROIS FACETTES D’UNE MANIPULATION CHAPITRE IV : - DE L’HEROÏSME AU NEGATIONNISME CHAPITRE V : - LE COMPLEXE DE NARCISSE NOTES
« Le plus grand ennemi de la vérité est rarement le mensonge – délibéré, continu et malhonnête – mais le mythe – persistant, persuasif et irréaliste. »
John F. Kennedy
INTRODUCTION
Le monde entier sait aujourd’hui que les massacres à grande échelle qui se sont déroulés au Rwanda durant les mois d’avril, mai et juin 1994 méritent pleinement la qualification de génocide : les extrémistes hutus qui se sont déchainés, à l’arme blanche, sur les hommes, les femmes et les enfants Tutsis, n’ont entrepris de les exterminer que parce qu’ils étaient Tutsis. Le seul crime de ces malheureux était d’exister. Durant ces cent jours de folie meurtrière, plus d’un million soixante-quatorze mille personnes ont été ainsi massacrées, dans des conditions atroces, sous le regard d’une communauté internationale indifférente.

Dans la capitale rwandaise en pleine tourmente, un hôtel était demeuré ouvert : il s’appelait l’Hôtel des Mille Collines et il était protégé par les forces de la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR). Quand les massacres commencèrent dans la capitale, des gens affolés accoururent vers l’hôtel, tentant de trouver refuge dans ce qui leur apparaissait comme le seul havre de sécurité de la ville. Bientôt, ils se retrouvèrent plus de 1.200 réfugiés, hommes, femmes, enfants, vieillards, malades, dans ce bâtiment, presque dépourvus de tout, encerclés par une meute d’assassins susceptibles de faire irruption d’un moment à l’autre, ne sachant s’ils auraient seulement la chance de survivre vingt-quatre heures de plus.

Or, ces malheureux ont survécu. Comment ? Grâce à qui, ou en dépit de quoi ? La situation terrible dans laquelle ils se sont trouvés plongés, durant des semaines, avait tout pour séduire un scénariste de Hollywood : des centaines d’innocents terrorisés, manquant de tout, bloqués dans un espace confiné, encerclés par des hordes de tueurs implacables qui n’attendaient qu’une occasion pour pénétrer dans l’enceinte et les égorger tous. Quel secours pouvaient-ils espérer ? Des soldats des Nations Unies surgiraient-ils au dernier moment, à l’image des cavaliers en tunique bleue des bons vieux westerns ? Une figure humaine semblait s’élever au-dessus de cet océan de misères et d’angoisses, cristallisant tous les espoirs – et toutes les interrogations : un homme était là, par qui le dénouement allait sans doute survenir, mais lequel ? La mort ou le salut ? Ce personnage central, c’est l’homme qui faisait alors office de gérant intérimaire de l’Hôtel des Mille Collines. Lui seul en détenait les clefs, ainsi que les stocks de vivres et le seul téléphone en état de fonctionner.

Ainsi se trouvaient réunis à Kigali, en ces terribles semaines d’avril, mai et juin 1994, tous les ingrédients du film d’angoisse américain, tel que Hollywood sait si bien les produire. Le cinéma ne tarda d’ailleurs pas à comprendre quel profit il pouvait en tirer et à s’en emparer afin de le faire connaître au grand public. Pour que les lois du genre fussent parfaitement respectées, il suffisait de faire en sorte que le personnage central apparût comme un véritable héros et que le happy end – car Dieu voulut tout de même qu’il y eût happy end – pût être, sans équivoque, porté à son seul crédit.

Mais ce qui risquait de n’être pas vrai, pourrait-on le rendre vraisemblable ?

La production fit appel à l’homme qui fut ce gérant intérimaire de l’Hôtel des Mille Collines, un certain Paul Rusesabagina, qui était devenu entretemps chauffeur de taxi à Bruxelles. C’est lui, en fin de compte, qui construisit le scénario du film sur la base de ses souvenirs et de ses conseils. C’est lui, en fin de compte, qui raconta sa propre histoire, dressant du même coup sa propre statue. Aux yeux du monde, ce Paul Rusesabagina apparaissait désormais comme l’homme qui avait sauvé du génocide les 1.268 Tutsis qui s’étaient réfugiés dans « son » hôtel.

Etait-ce la vérité ?
Il est impératif, aujourd’hui, de poser la question.

Car pour conserver intacte et vivante la mémoire du génocide afin qu’une telle horreur ne se reproduise jamais, il faut d’abord œuvrer à l’établissement de la vérité. Or, toute la vérité n’a pas encore été dite, loin de là. Raison de plus pour ne pas laisser se créer des contre-vérités, qui ne peuvent qu’ajouter à la confusion et insulter la mémoire des victimes. C’est la vérité et rien que la vérité qui doit être dite sur les victimes, sur leur histoire et sur leurs souffrances ; la vérité sur les survivants du génocide, leurs hantises, leurs tribulations, leur quête de justice ; la vérité sur les Hutus honnêtes, qui furent malheureusement, pour certains, des témoins indifférents, mais qui ne furent pas criminels ; la vérité sur les Hutus qui se montrèrent droits et héroïques et qui accomplirent des actes de courage extraordinaires dans des circonstances très difficiles. Dire la vérité sur ce qui est arrivé à nos proches est plus qu’une obligation, c’est un devoir absolu. Dénoncer l’affabulation, le mensonge, la manipulation jusqu’au révisionnisme ou même à la négation du génocide, c’est un autre devoir, tout aussi impératif.

C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’écrire ce livre. Nous nous refusons à laisser l’industrie du divertissement, la machine à faire des dollars sur les malheurs de l’humanité qu’est le cinéma hollywoodien, imposer dans l’esprit d’un public malheureusement mal informé des stéréotypes qui garantissent, sans doute, le succès commercial d’une œuvre de fiction, mais déforment, voire travestissent délibérément la vérité du génocide des Tutsis rwandais.

Nous nous sommes tournés, pour l’essentiel, vers les survivants, vers ceux qui se trouvaient eux-mêmes à l’Hôtel des Mille Collines au moment des faits, mais au

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