L Ouest Mexicain
372 pages
Français

L'Ouest Mexicain , livre ebook

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372 pages
Français

Description

Au XVIe siècle, on assiste à un événement qui marqua le continent américain : La Conquista. Un fait qui veut dire conquête mais aussi naissance. Ce livre présente donc l'étude d'une société nouvelle et ses premiers pas. Qu'y a-t-il avant les institutions ? Comment s'organisent les hommes de la première heure ? Quelle est la place des réseaux sociaux dans ce processus d'organisation ? L'Ouest mexicain représente un laboratoire riche pour une analyse sociale et historique.

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Date de parution 01 octobre 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782336327419
Langue Français
Poids de l'ouvrage 53 Mo

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Extrait

contacts entre indigènes et Ibériques jusqu’à la în du
centaine de kilomètres, coincé entre l’océan Paciîque et les hauteurs de
villa de la Puriîcación de Villa Puriîcación
Aristarco REgalado PinEdo
L’OUEST MEXICAIN À L’ÉPOQUE DES DÉCOUVERTES ET DES CONQUÊTES e e (xvi-xviisiècle)
R e C h e RC h e S A M é R I Q U e S L A T I N e S
Préface de Thomas Calvo
L’OUEST MEXICAIN À L'ÉPOQUE DES DÉCOUVERTES ET DES CONQUÊTES e e (XVI -XVII SIÈCLE)
Recherches Amériques latines Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin La collectionRecherches Amériques latinespublie des travaux de recherche de toutes disciplines scientifiques sur cet espace qui s’étend du Mexique et des Caraïbes à l’Argentine et au Chili. Dernières parutions Guillermo ZERMENO PADILLA,La culture moderne de l’histoire. Une approche théorique et historiographique, 2013. Guillaume LETURCQ, Frédéric LOUAULT, Teresa Cristina SCHNEIDER MARQUES (dir.),Le Brésil : un laboratoire pour les sciences sociales, 2013. Erwan DUFFAIT,et Vilcabamba.Les routes incas de Machu Picchu Pouvoir et mémoire des les Andes péruviennes, 2013. Maria Chaves JARDIM,Syndicats et fonds de pension durant le gouvernement Lula, 2013. Véronique LECAROS,La conversion à l’évangélisme. Le cas du Pérou, 2013. Elena CICCOZZI,Les Galápagos, gouvernance et gestion démocratique des ressources naturelles, 2013. e Guillaume GAUDIN,Penser et gouverner le Nouveau Monde au XVII siècle. L’empire de papier de Juan Díez de la Calle, commis du Conseil des Indes, 2013. Susana VILLAVICENCIO,Sarmiento et la nation civique. Citoyenneté e et philosophie de la nation (Argentine XIX siècle), 2012. Véronique LECAROS,L’Église catholique face aux évangélistes. Le cas du Pérou, 2012. Emilie DORÉ,Lima, Labyrinthe urbain. Quête de modernité et désarroi identitaire dans un quartier populaire, 2012. Patrick HOWLETT-MARTIN,La politique étrangère du Brésil de Lula (2003-2010). Une émergence contestée, 2012. e Enrique PILCO PAZ,Musiciens, religion et société dans les Andes auXXsiècle (Pérou), 2012. e Margot ANDRADE,La Colombie et la France. Relations culturelles XIX -e XX siècles, 2012.
Aristarco Regalado Pinedo L’OUEST MEXICAIN À L'ÉPOQUE DES DÉCOUVERTES ET DES CONQUÊTES e e (SIÈCLE)XVI -XVII Préface de Thomas Calvo
© L’HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29928-0 EAN : 9782336299280
PRÉFACE
« Quelle est la part de l’individu dans l’histoire de la construction de la société ? ». Question cruciale, qui anime la démarche de l’auteur, selon son propre aveu. Mais aussi question insolite peut-on penser dans des circonstances de violence extrême, lorsque l’isolement est synonyme d’échec, voire de mort, en un temps où honneur, réputation, identité passent par la famille, le lignage, voire le clan. Aussi l’auteur est-il amené à préciser, voire rectifier : l’individu, soit, mais pris dans les mailles complexes des réseaux de clientèles, de solidarité, de survie, comme on voudra. Et Regalado naviguera de l’un aux autres, du conquistador Nuño Beltrán de Guzmán seigneur d’une guerre sans pitié, sombre et solitaire – dans le miroir de l’histoire – jusqu’aux toiles encore ténues, mais pleines de promesses, que tissent des sociétés embryonnaires sur des espaces quasi infinis, de Culiacán, finisterre perdu, à Compostela, capitale déchue, à Guadalajara capitale à peine éclose, jusqu’à la resplendissant (déjà) Mexico, voire Séville, ou même l’exotique Manille. Pour le reste, nous décrit Regalado, « les montagnes cohabitent avec les vallées, les marais, la mer, et permettent l’existence d’une grande variété de ressources naturelles », peu ou pas exploitées, parce que peu ou pas de bras ; tout ceci marqué au sceau de la nature tropicale, jusque dans ses excès (inondations, volcanisme, faune incommode), que les Espagnols apprennent progressivement à « apprivoiser ». En tout cas l’auteur a ici remarquablement su domestiquer aussi bien les témoignages et les descriptions des contemporains que la cartographie d’hier et d’aujourd’hui. Sur ce point on peut tirer d’ailleurs une grande leçon : la connaissance de la géographie est la première condition à l’appropriation de l’espace et à l’établissement d’un pouvoir dominant. En Nouvelle Galice les Espagnols appliquèrent parfaitement le précepte : en 1530 c’est uneterra incognita. En 1550 la carte que fait dessiner le magistrat Martínez de la Marcha révèle non seulement une profonde maîtrise d’un ensemble au moins aussi grand que la France, pratiquement désert, à peine chevauché, mais de plus c’est une intelligente manipulation pour obliger la Couronne à transférer la capitale de Compostela à Guadalajara. Finalement la carte qu’en tire en 1579 Abraham Ortelius pour son atlas ne sera pas dépassée avant plus d’un siècle et 1 constitue un chef-d’œuvre de précision pour son époque .
1  Sur ce point, très révélateur de la gestion d’un tel espace et sur les modalités de l’accès à la connaissance, voir Thomas Hillerkuss et Elizabeth Flores Olague, « El mapa de la Nueva Galicia (1579) de Abraham Ortelius, sus fuentes y su génesis », dans Francisco Roque de Oliveira et Hector Mendoza Vargas (ed.),Mapas de la mitad del mundo. La cartografia y la construcción territorial de los espacios americanos. Siglos XVI al XIX, Lisbonne-Mexico, Université de Lisbonne-UNAM, p. 43-56.
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Voilà le grand argument, voilà le grand pari : il y en a toujours un au cœur de tout livre qui fut d’abord une thèse de doctorat, c’est-à-dire précisément cela, une idée à défendre ou à débattre. En fait ici il y avait encore plus en jeu : Aristarco Regalado s’emploie à faire surgir de l’oubli de l’histoire un lambeau de territoire, étiré en latitude sur presque 800 kilomètres, jamais plus large d’une centaine de kilomètres, coincé entre l’océan Pacifique et les hauteurs de la Sierra Madre Occidentale. Est-ce une région ? Il faudrait une masse critique humaine qui ici est insuffisante, en Espagnols puis en créoles, plus encore en Indiens, population rabotée en larges copeaux par l’épée, par l’exploitation coloniale, surtout par les vecteurs épidémiques, depuis l’arrivée en 1530 de Nuño de Guzmán et sa horde. Des zones entières, dans les plaines littorales, se trouvent ramenées au stade de désert humain, pour une longue période. Est-ce une région ? Il faudrait un centre ordonnateur : or cet espace a été très tôt décervelé. En 1560-1561 les pouvoirs politique et religieux, d’abord installés à Compostela, au cœur de ce territoire occidental du royaume de Nouvelle Galice, sont transférés à Guadalajara, dans un autre contexte géographique et humain, à 200 kilomètre plus au sud-est. Et le centre de gravité d’une région e – acceptons le terme, finalement, pour le XVII surtout – martyrisée, disloquée, se trouve en dehors de son propre espace. Voilà bien le cœur du défi : un chantier pour lequel il manque des ouvriers, sans grande cohésion, marginal dans le cadre de la Nouvelle Galice, elle-même marginale dans l’ensemble impérial. « Et pourtant elle se reconstruit » : j’entends l’auteur murmurer, du cœur de son livre. Et oui, elle se construit – difficile de parler de reconstruction, lorsque les bases sont si différentes de la réalité première. Et ici l’ouest de la Nouvelle Galice devient un bon observatoire, par ses traits précisément extrêmes et aux limites de l’impossible, de ce que l’expérience accumulée (pendant le Reconquista, dans les Caraïbes), l’obstination d’aventuriers qui ont tous brûlé peu ou prou leurs navires, le refus de l’échec après les révoltes indiennes, et surtout le mirage américain peuvent faire. « Mirage américain », terme à manier avec précaution : ni Guachinango et les premières mines d’argent découvertes dans la région, dès 1535, ni surtout Zacatecas (1546), il est vrai hors de notre espace, ne sont pas des miroirs aux alouettes ; pas plus que les troupeaux qui depuis cet occident de Nouvelle Galice gagnent sa partie centrale, de là les boucheries de Mexico ; pas plus que les ballots de crevettes séchées que les mules conduisent, en Carême, depuis les estuaires de ce littoral jusqu’au Michoacán, et au-delà ; sans oublier le sel nécessaire aussi bien à l’élevage qu’aux mines. Ceci nous renvoie à des centaines de kilomètres de distances, une longue chaîne de
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1 producteurs, de capitalistes , d’intermédiaires, de fournisseurs, d’acheteurs, et tout un délestage de bénéfices qui stimulent l’ardeur, l’imagination, l’esprit d’initiative des uns, et qui contribue à mieux intégrer les autres dans une économie-monde précoce. Sur cette façade pacifique, Espagnols et Indiens, à des degrés différents, tirent profit du contact avec l’Europe et avec l’Asie : qu’un cacique des Coras, indiens insoumis des montagnes environnantes, essaie de se procurer de la vaisselle de Chine est une anecdote. Mais elle est révélatrice des engrenages multiples qui font de cette région un ensemble sinon harmonieux, dans une certaine mesure dynamique, voire viable : après tout c’est d’ici (la baie de Navidad) que partit en 1564 l’expédition de conquête des Philippines, ultime maillon de la grande boucle de l’économie-monde. De façon peut-être discrète, mais décisive, l’ouest de la Nouvelle Galice a contribué au rétrécissement du monde cette réalité qui fait, nous dit Regalado, qu’un paria de l’Inde est seulement (?) à six encablures relationnelles du président du Pérou. Affirmation séduisante, mais utopique : La réalité c’est qu’ils ne se rencontreront jamais… Mais sans doute faut-il incriminer ici mon scepticisme de littéraire non rompu aux jeux des réseaux. Ceci dit, en la matière, je dois reconnaître plusieurs points : le travail sur les systèmes réticulaires est une forme renouvelée de conjuguer le quantitatif. Voire de façon plus convaincante que nos vieilles pratiques sérielles – c’est l’historien démographe qui écrit –, qui aboutissaient à une dilution totale de l’individu dans la masse de l’anonymat. Ici l’articulation se fait d’homme à homme, à travers leurs divers degrés de proximité, leurs diverses accointances amicales, familiales, professionnelles, politiques. Des personnalités hautes en couleur, comme Juan Fernández de Híjar conquistador, fondateur de ville et patriarche trouvent ainsi un autre relief. Les graphes où ils se logent peuvent même venir au secours de notre imagination, nous aider à mieux relier ces destins – qui semblent tout aussi bien issus d’un roman de chevalerie que du Macondo de Gabriel García Márquez –, avec leurs circonstances et leurs entourages. La référence à l’Amadis de Gaule ou autre rêverie de l’époque n’est pas gratuite : Nuño Beltrán de Guzmán partit a la recherche du royaume des Amazones. Quant au colonel Aureliano Buendia de Cent ans de solitude, nombre de personnages qui sillonnent alors l’ouest de Nouvelle Galice le préfigurent. Mais il est des personnages plus modernes, comme cet Antonio de Aguayo, habitant de Purificación d’abord, puis comprenant que le pouvoir de décision est à Guadalajara venant s’y installer, jouant au Rastignac au petit pied, manipulant les uns et les autres à l’ombre du tribunal de l’audience. Évoquons un acteur connu, car il fut le père d’un grand poète – et évêque de 1 Dans ce contexte, à cette époque, ce terme peut faire sursauter le lecteur. Qu’il lise alors John Tutino, Making a New World. Founding capitalism in the Bajío and Spanish North America, Durham et Londres, Duke University Press, 2011, 697 p.
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