La naissance d Haïti à la croisée de trois voies révolutionnaires
248 pages
Français

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La naissance d'Haïti à la croisée de trois voies révolutionnaires , livre ebook

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Description

L'études des événements qui ont abouti à la création d'Haïti par les esclaves libérés ne saurait se limiter au cadre insulaire étriqué et à l'analyse des causes internes à l'économie et à la société coloniales. L'auteur replace la révolution haïtienne dans un large contexte historique et géopolitique, dominé, d'une part, par les antagonismes coloniaux entre puissances européennes et par les interactions entre les métropoles et leurs colonies, d'autre part. La révolution américaine, la révolution française et celles des noirs de Saint-Domingue sont des moments importants de cette histoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 90
EAN13 9782336275253
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747597975
EAN : 9782747597975
La naissance d'Haïti à la croisée de trois voies révolutionnaires

Yvette Farraudiere
Du même auteur :
École et société en Guyane française, l’Harmattan
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Table des Figures I. INTRODUCTION II. LE CONTEXTE AMERICAIN AU DIX HUITIEME SIECLE III. VERS LA REVOLUTION BLANCHE A SAINT-DOMINGUE IV. LA REVOLUTION FACE A LA QUESTION COLONIALE V. LES NOIRS DE SAINT-DOMINGUE : DE L’ESCLAVAGE A L’AFFRANCHISSEMENT VI. CONCLUSION VII. ANNEXES BIBLIOGRAPHIE
Table des Figures
Figure 1 Figure 2 Figure 3 Figure 4 Figure 5 Figure 6 Figure 7 Figure 8 Figure 9 Figure 10
I. INTRODUCTION
Reconstituer le contexte et la chronologie de la révolution aux Antilles conduit à mesurer l’ampleur des mutations qui affectent l’espace américain dans les trois décennies qui s’étendent de la fin du dix-huitième au début du dix-neuvième siècle, au cours desquelles on assiste à la victoire des mouvements de libération contre l’Exclusif colonial, contre l’arbitraire étatique, et enfin contre l’esclavage. La première révolution s’est déroulée sur le continent américain en prenant successivement l’aspect de la première guerre d’indépendance de la région, d’une confédération et enfin d’une république fédérale, face aux monarchies européennes. En 1789, Georges Washington, premier président des États-Unis prête le serment prévu par la constitution américaine votée deux ans plus tôt, mais la construction de la démocratie n’est pas achevée puisque les congressistes américains sont en pleine discussion d’un Bill of Rights lorsqu’une aventure révolutionnaire démarre de l’autre côté de l’Atlantique.
Aux États-Unis d’Amérique, la révolution s’achève au moment où celle de l’Europe commence, mais plus que la concomitance de l’épilogue américain et du prologue européen, c’est l’inversion des deux termes qui ne peut manquer de nous frapper : alors que le point final de la révolution américaine, c’est l’amendement du Bill of Rights de 1791 ajouté à la constitution fédérale après quatre années de fonctionnement, la Révolution française commence là où l’autre se termine. A la fin de 1789 est votée la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ayant comme corollaire la Constitution de 1791, la première constitution écrite française. Ainsi dans le contexte du triomphe des Lumières de la dernière décennie du dix-huitième siècle, l’élite éclairée de la France révolutionnaire a commencé par énoncer dans la déclaration de 1789 des idéaux qui devront subir l’épreuve des réalités, à travers leur concrétisation par la constitution et la confrontation des forces populaires aux forces de la réaction. En effet, la seconde révolution du dix-huitième siècle est la plus longue, la plus étendue, puisqu’elle s’est propagée bien au-delà des frontières françaises. Cependant, trois mois ont suffi, de mai à septembre 1789, pour emporter l’Ancien Régime, et définir les fondements du nouvel ordre dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen votée par la Constituante, le 26 août 1789.
Mais que deviennent les colonies dans un tel processus ? Quel sort sera réservé aux principes de la Philosophie des Lumières et aux idéaux révolutionnaires interpellés en termes brûlants dans un système esclavagiste générateur d’inégalités raciale et sociale, et qui fonctionne ici depuis un siècle et demi ? Dans ce système, il y a des hommes : des descendants des colons qui agissent pour consolider leur suprématie, des gens de couleur libres qui aspirent à devenir les égaux des blancs, et les nombreux esclaves qui font semblant d’attendre... En effet, pour l’aristocratie blanche des Antilles, c’était là l’occasion de concrétiser à leur profit un idéal d’autonomie sans bouleversement de l’ordre social. En sous-estimant la profonde aspiration à la liberté des masses esclaves, ils n’ont fait que créer les conditions favorables à la réussite de la révolte de ces dernières. Par conséquent, lorsque la nouvelle de la Révolution française éclate dans la sphère américaine, à la fin de l’année 1789, elle surgit dans un contexte déjà fort troublé depuis une quinzaine d’années. Elle se termine en France dix ans plus tard par la prise de pouvoir de Napoléon Bonaparte et l’instauration du Consulat, régime qui rétablit l’esclavage dans les colonies. C’était sans compter sur la résistance du peuple noir de Saint-Domingue qui avait conquis sa liberté et l’avait maintenue de haute lutte à la fois contre les Espagnols et contre les Anglais !

Carte 1  : L’Île de Saint-Domingue (Hispaniola) au XVIII e siècle
II. LE CONTEXTE AMERICAIN AU DIX HUITIEME SIECLE
La Révolution haïtienne qui provoque la transformation du Saint-Domingue colonial en état indépendant d’Haïti est un fait historique fondamental. Dans ces conditions, quels liens établir entre les trois séries d’évènements qui se succèdent de 1774 à 1804 : la révolution à Saint-Domingue est-elle fille des révolutions américaine et française ? S’agit-il d’une contagion révolutionnaire à partir des centres émetteurs d’Amérique et d’Europe ? Ou bien, la société coloniale est-elle déjà en crise à la fin du dix-huitième siècle en dépit de la façade de prospérité de la plus riche colonie de l’Amérique insulaire ? Ce questionnement nous amène à traiter le tissu historique de cette période de mutation à des échelles différentes dans l’espace et dans le temps.

A. La Côte française de Saint-Domingue : le paradoxe colonial
Deux colonies, l’une espagnole et l’autre française, coexistent sur l’île de Saint-Domingue, l’ancienne Hispaniola, berceau de la colonisation hispanique en Amérique. La colonie française est plus étriquée que sa voisine, puisqu’elle n’est que la frange côtière de l’île dont elle n’occupe que le tiers de la superficie. Sur cette bordure occidentale, elle s’étend de la baie de Mancenille au nord à l’Anse à Pitre au sud. Avec ses 27 000 Kilomètres carrés, elle n’est pas la plus grande colonie de la France, puisque la Guyane est la plus étendue depuis la perte de l’Inde et du Canada en 1763, mais elle soutient avantageusement la comparaison avec Santo Domingo ainsi qu’avec les autres colonies espagnoles ou anglaises de l’archipel antillais.
Pourtant les contrastes sont grands entre la Côte française de Saint-Domingue et la colonie espagnole de Santo Domingo. Celle-ci reçoit de plein fouet les alizés humides et dispose de terres basses plus étendues et plus fertiles ; ici c’est une exploitation extensive qui domine sous la forme de hattes d’élevage, alors que la colonie française est le domaine des habitations sucrières et caféières.
La diversité du milieu géographique tient au cloisonnement provoqué par les lignes du relief. La Côte française est placée plutôt sous le vent des alizés, par rapport aux dorsales montagneuses de la Grande Île, dont trois axes se prolongent en territoire français : la cordillère centrale devient le massif du nord entre la plaine du nord et la vallée de l’Artibonite ; la Sierra de Neiba devient les Matheux, et la grande presqu’île du sud qui s’avance d’est en ouest dans la Mer des Antilles est entièrement occupée par les Massifs de La Selle et de La Hotte. L’alternance de hautes terres avec les couloirs et les dépressions juxtaposent les microclimats depuis l’étendue torride de la Savane Désolée de la paroisse de Gonaïves, jusqu’aux frimas nocturnes des Grands Bois. Du fait de la variation en altitude de la côte à la frontière, on retrouve l’étagement classique des paysages insulaires antillais : les terres basses portent les habitations les plus riches cultivées principalement en canne à sucre, sans exclure l’indigo et le coton. Dans les étages intermédiaires, les plantations de caféiers sont en pleine expansion, alors que les versants et les sommets les plus élevés sont le domaine des bois debout , Les places à vivres , dans les parties accidentées des habitations so

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